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Critiques de Michaël Prazan (46)
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Varlam

J'ai beaucoup aimé ce livre pour tout ce qui concernait Varlam Chalamov, l'écrivain et poète russe rescapé in extremis de la Kolyma et pour tout ce que l'auteur fait découvrir à ses lecteurs à propos du goulag, de la toute puissance mortelle de Staline, avec des récits d'atrocités que le devoir de mémoire doit obliger à connaître, surtout dans le contexte de cette guerre dévastatrice de la Russie contre l'Ukraine.



Ce voyage documentaire à travers la Sibérie accompli par Michaël Prazan est riche d'enseignements, écrit dans un style qui n'oublie pas les descriptions de la nature glaciale, des villes aux barres d'immeubles délabrés voire insalubres, de cette route des ossements construite sous les corps de ses ouvriers bâtisseurs, de ces camps où le cannibalisme était devenu une condition de survie, où tous, enfants, adolescents, adultes, vieillards pouvaient être écrasés par les bottes staliniennes.



Michaël Prazan n'omet pas de rappeler les 28 millions de vies détruites par le petit père des peuples, nombre effrayant auquel il faudrait ajouter d'autres millions de russes sacrifiés dans la deuxième guerre mondiale.



Le document de Michaël Prazan s'avère donc passionnant jusqu'à un certain point, non par le sauvetage d'un chat sauvage auquel il va donner le nom de Varlam, passe encore, mais par les 50 dernières pages, soit quasiment un cinquième du livre, consacrées au chat, emmené en France, soigné par différents vétérinaires, le livre tournant au reportage animalier qui, à mon sens, n'avait pas sa place dans ce document historique que j'aurais souhaité voir rester sur le terrain des rencontres et de la mémoire, porteuse d'une vérité tellement dure qu'elle ne devait pas être mêlée à autre chose.



Les trois dernières pages sauvent un peu ces errements félins avec une trop courte analyse de l'invasion de l'Ukraine et quelques réflexions sur la scission idéologique de son peuple pris dramatiquement en tenaille par deux totalitarismes qui ont causé tant de martyrs en Europe et dans le monde.
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La passeuse

Dans une enquête fouillée et minutieuse, à la fois personnelle et historique , l'auteur remonte le fil intime , singulier de la mémoire familiale persécutée, infiniment meurtrie par la guerre et la déportation....



Mêlant l'histoire de son père, Bernard Prazan, devenu un galériste connu, qui, en 1942, à l'âge de 7ans , échappait à la Shoah, en devenant un enfant caché....et le destin de-La-passeuse , cette inconnue, qui les a fait passer , lui et sa soeur , en zone libre.

Dénoncée à son tour et déportée, elle reviendra ( elle a côtoyé dans les camps : Charlotte-Delbo" et Maryse-Vaillant-Couturier....entre autres....)

L'auteur l'a retrouvée et interrogée.

Bernard Prazan, de son vivant a toujours affirmé qu'elle travaillait pour la Gestapo?

Qui était - elle vraiment ?

Collabo repentie ?

Une juste ignorée ?

Ce livre- Document, lu d'une traite, est animé par la volonté farouche, vibrante, de comprendre enfin, ce père, celui, qui, une grande partie de sa vie, resta fermé, taiseux,silencieux, pudique, muré, paralysé dans le silence.....

Un témoignage viscéral, bouleversant , puissant, un sauvetage énigmatique.

Une enquête qui bouscule et montre que L'Histoire n'est pas Peuplée que de Héros ou de Salauds.

Ce serait trop simple !

Je n'en dirai pas plus .

" L'histoire, c'est la passion des fils qui voudraient comprendre les pères "

Au final, un récit passionnant et dérangeant , pétri d'émotions où l'héroïsme se mêle aux actions les moins avouables.

Toutes les familles ont leur secret.La Passeuse, un livre à lire absolument .Merci à Marie , ma libraire de la taverne du livre à Nancy.!

Ce n'est que mon avis, bien sûr !
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Varlam

C'est le récit d'une expédition dans une région de la Sibérie orientale que les russes appellent "l'enfer blanc" à cause du climat et de son histoire qui se confond avec celle du Goulag de la Kolyma. C'est le sujet du documentaire que réalise Michaël Prazan qui débarque avec son équipe à Iakoutsk après six heures de vol depuis Moscou sous des températures glaciales d'un mois de février. Ils s'apprêtent à partir sur les traces de ce Goulag à travers les ruines, les petits musées de bric et de broc qui jalonnent la route et bien sûr les habitants dont l'existence est marquée par ce passé récent. C'est une équipe qui se connait bien, avec notamment Asia, installée en France mais née en Sibérie et habile à résoudre les contretemps administratifs qui ne manquent pas de pimenter l'aventure. Asia dont l'adolescence a été éclairée par l’œuvre de Varlam Chalamov, écrivain déporté comme nombre d'intellectuels victimes de la politique de Staline, et qui, une fois libéré écrivit Les récits de la Kolyma, témoignage littéraire poignant et source d'étude pour les historiens. Un survivant, un miraculé. L'ombre de Chalamov plane sur ce voyage alors, quand sur la route gelée Asia fait soudain arrêter le véhicule qui les transporte pour secourir un petit chat blessé et à moitié mort de froid, l'évidence s'impose à l'auteur : on le prénomme Varlam.



C'est le récit d'une rencontre entre le présent et le passé, qui nous fait remonter le temps pour mieux comprendre l'histoire récente de la Russie à l'aune des politiques de terreur qui ont contribué à formater un territoire. Ceux qui étaient envoyés au Goulag, les Zeks étaient employés à construire la route dite "de la Kolyma" ou "des ossements" car elle se confond avec les restes de ceux qui mouraient à la tâche. Les témoignages des survivants, ceux des écrivains, ceux des témoins plus ou moins directs viennent peu à peu mettre en évidence la réalité du quotidien dans ces contrées hostiles. Le récit est dense, documenté, extrêmement fort car il respecte aussi les silences. On y sent la patte du réalisateur habitué à écouter, à regarder et à se laisser imprégner. J'ai appris énormément de choses et apprécié la mise en perspective proposée par l'auteur. Au milieu des ruines encore fumantes de cet enfer, quelle qu'en soit la couleur, suivre les progrès du frêle Varlam et la relation qui se noue peu à peu entre lui et Michaël Prazan fait figure de temps de respiration. C'est donc aussi le récit d'une rencontre improbable entre un homme qui n'aimait pas spécialement les chats et une bestiole qui lui prouvera le contraire. L'émergence de la vie parmi les ruines, le miracle renouvelé de la survie.



Un récit absolument remarquable, dont on ressent les conditions extrêmes, dont on ressort plus instruit et avec l'impression d'une meilleure compréhension des enjeux actuels, qui peut même donner envie de lire Chalamov et ses acolytes auxquels est dédié un "Musée des écrivains du Goulag" dans un petit village de la région. Comme le dit sa conservatrice "c'est grâce à eux si nous pouvons connaître la vérité sur ce qu'il s'est passé". Quant à Varlam le chat, rescapé de la route des ossements, il veille désormais sur la plume de celui qui témoigne à son tour.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Varlam

Varlam Kovrigina Prazanovitch.

Ne cherchez pas. Vous ne le trouverez dans aucun dictionnaire ni aucune anthologie.

Sous ce patronyme très dostoïevskien se cache en réalité un petit chat, trouvé par l'équipe de tournage de Mickaël Prazan le jour de don départ sur la route de la Kolyma. Par moins 50°, l'animal était quasiment mort. Il est ainsi baptisé par l'auteur en hommage à un autre Varlam, l'immense Chalamov, qui fût l'un des forçats de cette "route des ossements" au "pays de la mort blanche".

C'est sur les conseils d'une amie Sibérienne que Mickaël Prazan a lu les Recits de la Kolyma, l'oeuvre de Chalamov, quelque peu éclipsée en France par celle de Soljenitsyne. Cette lecture sera décisive pour entreprendre un tournage sur les traces de ces milliers de prisonniers exilés loin à l'est et au nord de la Sibérie, la région la plus froide de la planète où survivre était la première gageure.

Ce récit relate les coulisses du tournage de Goulag(s), documentaire sorti en 2018.



Pour qui a lu Soljenitsyne, Ehrenbourg, Mandelstam, Tsvetaieva ou Chalamov, il faut reconnaître que l'auteur ne nous apprend rien de nouveau. Son regard historiquement distancé donne à voir et à sentir une réalité qu'il ne peut qu'imaginer ou effleurer.

Le froid (-35°) qui les cueille à Yakutsk et s'amplifie jusqu'à Magadan ne sera jamais celui vécu par les déportés.

Tout, dans cette région de plus de 1200 km, a été construit à mains nus par les Zeks: villes, ponts, routes. Un chantier de plus de 20 ans pour servir tout à la fois la folie paranoïaque de Staline et des enjeux très économiques puisque cette région regorge d'or, d'étain et autres minerais rares. Prazan souligne ce point crucial dans l'histoire du Goulag. On a affaire à une entreprise techonocratiquement très organisée où la mort est banalisée, l'humain réifié, mais où la finalité est surtout économique et coloniale.



Mais le chat? me direz vous...

Lui et l'auteur vont mutuellement s'adopter. Varlam ira à Paris dûment muni de son beau patronyme et d'un passeport tout neuf. A contrario d'autres billets d'amis babeliotes, ces nombreuses pages sur l'animal ne m'ont nullement gênée. Comme l'auteur, j'ai vu dans cette rencontre improbable et miraculeuse un clin d'oeil malicieux de Chalamov, qui lui aussi décrivait dans "La chatte sans nom" sa rencontre émouvante avec un félin.

Ce livre m'a intéressée. Toutefois, je n'ai pas vraiment compris son pourquoi. Le film Goulag(s) suffisait à témoigner de ce travail mémoriel.

J'avoue m'être souvent agacée aux desriptions de la splendeur des paysages ou à la place prise par les commentaires sur des conditions de tournage, il est vrai, dantesques.

Le film est excellent et je le verrai à nouveau.

Quant aux Varlam, ils occupent désormais une place commune sur les rayons de ma bibliothèque.
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La passeuse

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours pratiqué la lecture alternée, ce qui --- je trouve--- délasse tout en stimulant l'interêt . Plongé en plein" lambeau" de Philippe-Lancon, j'ai pensé me détendre en lisant "La passeuse" de Michaël Prazan . Ce livre m'a ( beaucoup ) intéressé mais pour la détente je repasserai .

Ce n'est pas un roman, c'est un récit, complexe et douloureux dont je ne suis pas certain qu'i intéressera la "masse lectorale"car le thème, loin de tout romantisme échevelé, est celui de la recherche par un fils du destin de son père et de sa famille (juive ) pendant et après la seconde guerre mondiale ( "l'après" ne concernant bien sûr que les survivants ) .

Je me suis toujours intéressé à l' Histoire et à la Shoah, j'ai vécu, gamin, cette époque aux relents nauséabonds et je trouve que Michaël Prazan a remarquablement rendu l'ambiance, l'atmosphère de la période tout en effectuant un gigantesque travail de recherche,il recueillera les suffrages des mordus de l'Histoire comme il a recueilli les miens et je me suis rendu compte en le lisant que si "le diable se niche dans les détails", la vérité peut s'y glisser aussi . Un bouquin vraiment intéressant donc,mais qui ne sera pas forcément goùté par tout le monde
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La passeuse

Merci à net galley et aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire La passeuse de Michaël Prazan.

Cet ouvrage n'est pas un roman, c'est un documentaire en deux parties, la première avec le témoignage du père de l'auteur : Bernard Prazan, et la seconde partie est sur la passeuse, qui a aidé Bernard a passé en zone libre pendant la seconde guerre mondiale.

C'est très intéressant car nous avons deux points de vue, celui de l'enfant devenu adulte. Mais aussi celui d'une vieille dame qui n'a pas oublié les risques pris pour faire passer Bernard et sa sœur, tous deux juifs.

Le narrateur est Michaël, fils de Bernard, qui a fait toute une enquête pour découvrir qui était vraiment Thérèse. Car son père était persuadé que celle-ci jouait un double jeu et qu'elle allait les livrer aux allemands !

J'ai beaucoup aimé La passeuse, très bon documentaire dont l'enquête est passionnante.

C'est bien écrit, bien ficelé et le fait que ce soit en deux parties distinctes est une très bonne idée.

Je m'attendait à un roman, ce n'en n'est point un mais c'est malgré tout un bon ouvrage, captivant, à qui je mets quatre étoiles.
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Souvenirs du rivage des morts

Livre qui introduit de manières spectaculaires le non-dit et le non-sens du terrorisme enfouit dans l'Histoire. Au Japon, mais cela peut se passer en France, il met en évidence la légèreté d'une opinion de masse qui cherche un coupable face à des crimes de guerre non jugés et au désarroi de ces victimes.

A lire, à recommander!!!
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Frères Musulmans

Ce livre fait suite à un documentaire réalisé pour la télé FR3 .



C'est un livre indispensable pour comprendre qui ,où et pour quel projet oeuvrent les Frères musulmans. Construit autour d'interviews, de rencontres et de l'histoire de ce mouvement, l'auteur nous ouvre les portes de cette organisation aux nombreux bras, implantée dans le monde arabe mais pas seulement.



Ce livre est passionnant tout simplement, très bien structuré il se lit facilement alors que le sujet est complexe et que nombre de noms m'étaient inconnus.



Un regret, j'aurais aimé un organigramme des Frères Musulmans pour pouvoir visualiser en une feuille l'ensemble des personnes importantes du mouvement en croisant avec les dates et les lieux. Le livre a été édité en 2013, il nous manque donc les informations des dix dernières années , il nous faut compléter par d'autres ouvrages.



Je suis ravie de cette lecture qui m'a rendue un peu moins bête.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Le massacre de Nankin : 1937, le crime cont..

Un livre très complet, traitant de tous les aspects du massacre aussi bien en Chine qu'au Japon.

Bien équilibré entre témoignages, mise en contexte, recherche des faits.

Une lecture indispensable dans un contexte tendu entre ces deux pays.



Le massacre de Nankin n'est que très peu connu en Occident. Passionné par le Japon, il me semble indispensable d'en connaitre toutes les facettes même les plus sombres. Mickaël Prazan nous livre ici une enquête minutieuse et bien documentée d'une portée universelle.



Le livre aborde le massacre par de multiples aspects.



Contexte historique



Le contexte historique aussi bien japonais, chinois que mondial y est très clairement présenté.

Il m'a permis de découvrir, entre autres, que l'alliance entre l'Allemagne nazie et le Japon impérialiste ne s'est pas faite du jour au lendemain. Par certains côtés, elle n'était même pas évidente.

L'influence de la campagne de Chine sur l'attitude de l'armée est très bien abordée.



Témoignages directs



C'est une véritable enquête de terrain à laquelle s'est attelé l'auteur.

Il a recueilli des témoignages de victimes chinoises, de soldats japonais, mais aussi de contemporains Chinois et Japonais. Tous les points de vue sont traités des plus nationalistes aux plus humanistes.

Le tout est raconté sans jugement et nous offre une palette nuancée de participation ou réaction face au massacre.



Les témoignages des victimes et des soldats sont durs.



Témoignages indirects



Quelques étrangers présents à Nankin lors du massacre se sont interposés. Leurs destins sont édifiants.

L'un, allemand, fut accusé et arrêté par la Gestapo. Une religieuse, ayant portant tellement fait pour protéger les femmes de Nankin, n'a pas supporté l'épreuve.



Après la guerre



Procès, évaluations du massacre, responsabilités sont très bien synthétisés depuis une documentation fournie.

L'impact du massacre n'a pas toujours été aussi grand que l'on peut le penser.



Le nombre de victimes est un des points sensibles. Il est

L'attitude de la Chine et du Japon ont toujours été ambigus. Le contexte politique fut très différent et a laissé des marques profondes. Alors que l'Allemagne stable politiquement, au coeur de l'Europe, a dû se réconcilier rapidement avec ses voisins. À l'inverse, la Chine maoïste avait vu son ennemi intérieur Tchang Kaï-chek écrasé par les Japonais. La construction communiste, avec ses aléas comme la révolution culturelle, a d'un certain point de vue repoussé le dialogue Chine-Japon.



Le livre dresse un portrait complet de l'utilisation faite par la Chine et le Japon du massacre.



Un point très bien mis en valeur est l'impact du massacre sur la prise de conscience politique de la jeunesse chinoise d'aujourd'hui. Contrairement à leurs pères, le massacre de Nankin a eu beaucoup plus de place dans l'histoire enseignée. Par cette histoire douloureuse, les idées de souffrance individuelle, de procès équitable, de justice internationale, d'équité, de réparation et parfois de pardon se diffusent dans la société chinoise. Le sentiment nationaliste est à la fois une conséquence et une raison de la place qu'occupe le massacre de Nankin dans le discours officiel chinois.



Il faut reconnaître que dans la société japonaise la prise de conscience est plus difficile. Les révisionnistes occupent une place bien trop grande dans le débat national et dans les médias.



Le mot de la fin



Il se conclut par un magnifique discours de Kenzaburō Ōe
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Varlam

L'auteur nous livre ici un carnet de voyage. Et non un "road-book" comme le dit l'éditeur en 4ème de couverture. Pourquoi aller chercher un anglicisme quand nous avons une expression française parfaite pour dire la chose ? Mais, c'est un autre débat, passons...

Donc, un carnet de voyage dans la Sibérie profonde à la recherche des traces du Goulag et des derniers témoins.

Si la description des paysages et l'épreuve du froid extrême sont attendus et nous surprennent à peine, les témoignages sont bouleversants.

Tout cela est écrit en hommage à Varlam Chalamov, écrivain majeur victime du Goulag à l'instar de Soljenitsyne et d'Evguénia Guinzbourg, qui ont déjà témoigné dans leurs livres.

Si le prénom de Chalamov donne son titre au livre, c'est aussi le nom qui sera donné à un chat misérable et mourant de faim, trouvé au bord de la route et sauvé par l'auteur.

Ce Varlam-là sera ramené à Paris et prendra une place folle et hors sujet à la fin du livre. Une erreur d'aiguillage qui sera pardonnée par ceux qui aiment les chats.
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Einsatzgruppen : Les commandos de la mort n..

Einsatzgruppen signifie littéralement "groupes d'intervention". L'auteur nous précise que "le travail de ces commandos spéciaux était la traque et l'assassinat de sang-froid, derrière les lignes de front, de tout Juif, homme, femme et enfant, tombé entre leurs mains. De même avec les Tsiganes. De même avec tout ennemi potentiel du Reich."



Le terme "potentiel" est d'importance, qui justifiera l'assassinat des femmes et des enfants. Tués méthodiquement, scientifiquement à l'économie des balles et du moral des troupes.



On plongera, dans le moral des troupes. On trouvera des séquelles et des explications en terme de dynamique de groupe.

Prazan interroge également les témoins, les victimes, raconte ses difficultés avec des interprètes. En 600 pages,il décrit comment "tout ou presque, au delà même de ce que l'esprit humain peut concevoir, fut expérimenté pour venir à bout des populations vouées à la mort par les nazis".



L'écrivain fait oeuvre d'historien. Atteint-on les sommets de l'horreur ? Non ! Les sommets de l'horreur sont inaccessibles par procuration. Ces récits sont "tellement invraissemblables , hors de portée de notre imagination, qu'ils en revêtaient un caractère abstrait." C'est néanmoins un livre d'histoire clair, bien écrit, et qui porte à la réflexion.



Alexandre Jardin écrit dans "Des gens très bien" :"Si l'on désire brûler une synagogue, il suffit de rameuter une poignée de canailles sans foi ni loi ; mais pour pratiquer un antisémitisme d'Etat, il est impératif de mobiliser des gens très bien, dotés de vertus morales solides. Les détraqués, les sadiques huileux et les pervers professionnels ne sont pas assez nombreux. Ni suffisamment efficaces. L'exceptionnel, dans le crime de masse, suppose le renfort de la normalité."



L'homme est un monstre comme les autres. Le diable est finalement assez mal fichu, mesquin, méprisable.



Spécialiste des idéologies meurtrières, Michael Prazan est écrivain et réalisateur. Cette enquête sur les Einsatzgruppen est également parue sous la forme d'un reportage diffusé en avril 2009 sur France 2.
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Varlam

Michaël Prazan s’est rendu en 2019 et à l’occasion de la préparation d’un reportage au sujet des goulags, dans la région la plus froide de la Russie. Il veut ainsi retracer l’histoire personnelle du grand écrivain Varlam Chalamov. C’est d’ailleurs alors que son équipe et Michaël sont sur les traces de cet auteur, qu’ils vont faire une rencontre inattendue. Au bord de la route, ils découvrent un chat mal en point et affamé dans la neige. Avec Asia, qui l’accompagne dans son équipe de reportage, ils ne vont pas hésiter à recueillir l’animal. C’est décidé, ils s’appellera Varlam.



Ce roman est vraiment intéressant à plusieurs égards. Michaël va, avec un style simple et clair, nous mener sur les traces des goulags, et avec une multitude de témoignages, il va ainsi nous narrer les différents drames qui se sont succédés au fil du temps.



Il va décider de prendre pour fil rouge l’histoire de l’écrivain Chalamov, et retracer ainsi son parcours. Mais il ne va pas s’en tenir uniquement sur l’histoire de cet écrivain. Au fil des diverses rencontres afin d’étayer son reportage, Michaël va nous livrer des témoignages bouleversants. Le travail de l’auteur est immense et l’on ressent les recherches accomplies afin de nous retranscrire au mieux cette page historique.



D’autre part, Michaël va égalent se livrer un peu plus personnellement et nous narrer ainsi le lien si spécial qu’il a pu créer avec son petit chat. J’ai trouvé ces passages très touchants et j’ai beaucoup aimé suivre les aventures du chat.



La plume de l’auteur est très fluide. Ce n’est jamais rébarbatif, et Michaël a su romancer le tout. Malgré la grande quantité d’informations qu’il nous livre au fil des pages, cela demeure toujours très intéressant.



Un roman reportage très bien réalisé, et très intéressant. À découvrir.
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Souvenirs du rivage des morts

Premier roman de la #rentreelitteraire2021 pour moi et quel début! Avec un réalisme à couper le souffle et une précision psychologique troublante, Mickaël Prazan s'attaque dans cette fiction historique à un pan méconnu de l'histoire du Japon.

Le personnage principal, M .Mizuno est en apparence un grand-père attentionné que l'on découvre en famille au bord de la piscine d'un hôtel de luxe de Bangkok. Mais rapidement, la rencontre fortuite d'un ancien camarade de lutte fait remonter les relents nauséabonds d'un passé qui le hante jusque dans ses cauchemars. Ce retraité n'est pas ce qu'il prétend : dans une autre vie, il s'appelait Yasukazu Sanso, fut activiste pendant les mouvements universitaires des années 60, avant de rejoindre les rangs de l'Armée Rouge Japonaise dans les années 70. Par conviction idéologique, il a intégré la violence et la terreur comme des moyens au service d'une cause qui lui semblait correspondre à ses idéaux.

Des campus de Tokyo aux camps d'entraînement de l'Armée rouge japonaise, de l'Ambassade de France à La Haye à l'aéroport de Tel-Aviv, Mickaël Prazan relate à travers son personnage les pires atrocités commises par ces terroristes japonais, dans leur pays mais aussi de par le monde.

J'ai été happée par la descente aux enfers du personnage de Yasukazu, mais aussi médusée par les méthodes ultra-violentes de purge au sein de l'Armée rouge japonaise autant que par l'internationalisation des luttes armées. Grâce à un travail de documentation et de recherche incroyable, Mickaël Prazan restitue dans un style incisif et implacable ces années sombres et la douleur infinie des familles, des innocents sacrifiés sur l'autel des idées. Il parle aussi brillamment des anciens bourreaux, de ceux qui se repentent en vain et de ceux qui meurent avec la conviction d'avoir fait le bien.

« On peut considérer cela comme des erreurs de jeunesse ; il y a prescription... - Pour nos victimes, il n'y a pas prescription. Je suis persuadé que leurs familles pensent encore chaque jour au mal qu'on leur a fait ».



Un roman qui marque et un auteur à suivre !



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Einsatzgruppen : Les commandos de la mort n..

Si je mets trois etoiles a cet ouvrage,c'est que je reconnais tout le travail de recherche,d'interview,car il y a de nombreuses passees dans les documents,les photos,les enregistrements.

Par contre,l'auteur m'a mise mal a l'aise a plusieurs reprises par ses commentaires désobligeants quand il rencontrait un SS responsable de massacre de masse.

Je comprends sa frustration,sa colere en tant qui juif,son desir plus qu'intense que ces hommes soient emplis de remords,d'excuses,son besoin de laisser des traces pour qu'on n'oublie pas,qu'on reconnaisse les massacres.

Je trouve que maltraiter verbalement des personnes agees qui le recevaient avec beaucoup de courage manque de professionnalisme;il n'a pas su mettre la distance necessaire avec son sujet de recherche,je trouve ca dommage car ce livre me laisse triste,et je n'aime pas etre triste quand je lis un ouvrage documentaire

Dommage.
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La passeuse



À la gare des Aubrais, non loin de la ligne de démarcation, Thérèse lance un regard ambigu aux 2 jeunes enfants qui l’accompagnent. Il s’agit de Bernard et Jeannette. Ils sont juifs, nous sommes en 1942 et ils ont été confiés à cette femme pour être mis à l’abri en zone libre.

Bernard n’oubliera jamais ce regard et dans les récits parcimonieux qu’il fera plus tard de cet épisode, il évoquera toujours sa conviction : Thérèse était de mèche avec la Gestapo et pourtant, ce jour-là, elle a décidé de faire passer les enfants.

Ce récit n’est pas un roman. Le narrateur est le fils de Bernard et par l’intermédiaire d’une enquête sur les enfants juifs rescapés, il va obtenir de celui-ci des détails encore non transmis sur ce passage.

Dans une seconde partie, c’est la retranscription de l’entretien avec Thérèse, finalement retrouvée et qui va mettre en lumière les circonstances de ce périple mais aussi ses conséquences.

Ce récit fait suite à un documentaire, La passeuse des Aubrais, diffusé sur Arte en juin 2017, multi-primé.

Je m’attendais à un roman. J’ai trouvé un récit bouleversant sur l’histoire de ce jeune garçon devenu homme, les multiples circonstances qui l’ont épargné, ses relations avec son fils, avec la vie. Et encore plus inattendu dans ma lecture, l’entretien avec Thérèse, femme âgée de plus de 90 ans qui apporte des détails poignants sur le prix qu’elle a payé pour son acte de bravoure, sur l’affection qu’elle a toujours gardée en son cœur pour ce jeune garçon.

C’est doux, c’est touchant, c’est bouleversant, c’est une somme de coïncidences, de rencontres. C’est la vie.

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Souvenirs du rivage des morts

Très bon livre sur l'histoire du terrorisme international des années 60-80. Il faut un peu s'accrocher quand on ne connait pas cette période mais cela permet en même temps de s'instruire à ce sujet.

L'auteur nous raconte avec un personnage de fiction M. Mizuno, retraité paisible qui passe des vacances en Thaïlande, les périodes sombres du terrorisme japonais, du FPLP, des brigades rouges, de Carlos...... tout est vrai , les événement relatés sont exacts seul le héro de ce livre est imaginé, il est un terroriste parmi les autres qui eux sont morts ou en prison ou encore en cavale aujourd'hui.

M Mizuno est donc un ancien terroriste que le hasard de vacances fait rencontrer un de ses anciens équipier, un allemand, terroriste sous la bande à Baader. Les souvenirs reviennent au fil des pages, les remords, la culpabilité, le silence et peut être la rédemption par l'aveu.
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La passeuse

Un récit poignant et bouleversant, servi par une belle écriture. A la fois roman autobiographique (sur la vie du père de l'auteur) et enquête documentaire, Michaël Prazan retrace l'histoire de Thérèse qui a fait passer son père et sa sœur en zone libre pendant la guerre et essaie de démêler le vrai du faux.

Une belle lecture, que je vous recommande !
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Einsatzgruppen : Les commandos de la mort n..

Ce livre m'a fait mal, je l'ai lu en 2 jours. Pourtant j'en ai lu des horreurs sur la shoah mais là on a à faire aux ultimes témoinages des derniers survivants. Tout ça a l'air de s'être passé dans un autre monde alors que c'était il y a seulement 65 ans à quelques heures d'ici... Si vous avez des doutes sur le genre humain ou si vous souhaitez conserver vos illusions, passez votre chemin vous n'en aurez malheureusement plus aprés. A lire absolument.
Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Souvenirs du rivage des morts

Au club de lecture, il y a deux listes, celle des nouveautés et celle du thème. Le thème du mois de février, c’est le Japon. Ce roman va nous dévoiler un aspect terrible de ce pays dans les années 70 : l’auteur décrit avec une précision et une absence de pathos les horreurs commises par « l’armée rouge » japonaise, la lecture est parfois à peu près insoutenable, et quand je levais les yeux de ce roman pour vérifier les faits, je découvrais avec horreur que l’auteur n’avait rien inventé. Il s’agit d’un roman car pour construire ce récit Michaël Prazan, a créé le personnage principal, un Japonais qui aurait participé à toute les exactions des terroristes et aurait réussi à survivre sous un nom d’emprunt. Il crée aussi un personnage allemand pour permettre aux deux de se faires des confidences et ainsi nous faire découvrir de l’intérieur l’engagement et la vie des terroristes. Ce qui s’applique aux fanatiques japonais peut être vrai pour tous les terroristes capables de tuer des innocents pour leur cause.



Ce roman permet de comprendre le cheminement particulier de la jeunesse japonaise . Le personnage principal découvre que son père a participé aux massacres de Nankin que le Japon a toujours préféré oublier. Lui, il participera aux révoltes étudiantes des années 70 pour lutter contre la présence américaine et l’aide que le Japon apporte dans la guerre du Vietnam. À travers les romans, on voit (encore une fois) que ce pays n’a jamais fait le travail de mémoire sur son passé impérialiste et fasciste. Les Japonais se sont considérés comme victimes de la force nucléaire américaine. La jeunesse dans les années 68, trouvait insupportable que le gouvernement Nippon apparaisse comme le vassal des américains. Il y a eu un aspect ultra violent dans les rangs de la jeunesse comme dans la répression policière.

Un des épisodes les plus insoutenables se passe dans les montagnes japonaises où la folie meurtrière s’empare des dirigeants de l’armée rouge qui épurent en les torturant jusqu’à la mort ses propres membres. Ces meurtres marqueront la mémoire du Japon. Les rares survivants chercheront une autre cause pour s’enrôler, et ils rejoindront les rangs des terroristes palestiniens.



Le roman se termine par les « exploits » de Carlos en France.



Malgré le poids de l’horreur et du cafard que pourront vous donner la lecture de ce livre, je salue par mes cinq coquillages, le sérieux du travail de cet auteur. Il écrit comme un journaliste de façon simple et directe. J’ai eu des difficultés au début avec les noms japonais, mais on s’habitue parce qu’ils sont régulièrement répétés au cours de cette histoire. Ces noms tournent en boucle dans la mémoire du personnage principal et je suppose dans celle de l’écrivain. Lorsqu’on a passé cette difficulté des noms, on est pris par ce récit sans pouvoir le lâcher. Ce fut le cas pour moi.
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Souvenirs du rivage des morts

C’est un grand-père paisible, veuf depuis peu. Il passe quelques jours de vacances dans un hôtel luxueux avec ses petits-enfants et sa belle-fille, Hiromi. Il n’a pas une grosse retraite mais son fils, qui a bien réussi, paie le séjour. D’ailleurs, ce dernier rejoindra les siens bientôt. Ce papy, Monsieur Mizuno, profite de sa famille, des agréables moments passés avec les petits, apprenant à nager à l’un, racontant des histoires, « tricotant » des souvenirs, se reposant aussi ….

Et puis un regard et tout bascule…. Un regard ce n’est rien pourtant, mais celui-ci va faire office de grain de sable dans la belle mécanique bien huilée de sa vie. Pourquoi ? La personne dont il croise les yeux est un allemand, connu il y a longtemps dans un passé qu’il a voulu oublier, soigneusement enfoui au plus profond de lui.

Un regard et tout change. Les cauchemars reviennent, les nuits agitées se réinstallent, la peur lui noue les tripes, il perd la maîtrise. Il tremble. Et si ce qu’il a construit année après année s’écroulait ? Quel avenir aurait-il ? Il essaie de se faire discret, de ne plus y penser. C’est peine perdue. Les réminiscences remontent, violentes, encombrantes, effrayantes, douloureuses. Elles l’envahissent, le submergent et le laissent vidé, défait… Mais pourquoi ? En plus, Hiromi semble se poser des questions….

Cet homme, dont le véritable nom est Yasukazu Sanso, a été combattant de l’Armée rouge japonaise. Qu’est-ce qui l’a conduit à faire ce choix, lui qui était parti étudier à Tokyo ? Qu’est-ce qui pousse un être humain à commettre l’irréparable, à devenir une machine de guerre ? Comment Yasukazu s’est-il construit ? Quelles ont été ses décisions ? En quoi ont-elles influencé le cours de son existence ? Aurait-il pu faire autrement ?

C’est avec une plume d’une qualité indéniable que Michaël Prazan nous présente le passé et le présent de cet aïeul. Trois jours pour ici et maintenant, plusieurs années (de 1968 à 1974) pour « l’avant Monsieur Mizuno ». On découvre le cheminement de l’étudiant, les raisons qui l’ont poussé à faire sien les combats des activistes de l’Armée Rouge. Monsieur Mizuno est attachant, il semble fragile, fatigué, on s’interroge sur ce qu’il va devenir. En retournant en arrière, le lecteur découvre ce qui a été vécu dans différents lieux du monde (je ne veux pas en dire trop). C’est parfois très dur, et lorsqu’on sait que ça a existé, c’est encore pire.

Remarquablement documenté, (en fin d’ouvrage l’auteur a écrit une note complémentaire), ce récit globalement véridique fait froid dans le dos. C’est âpre, terrible, dur. C’est la folie des hommes dont il est quasiment impossible de sortir indemne. Monsieur Mizuno vit avec ce fardeau sur les épaules. Pendant quarante ans, il a réussi à vivre avec, non sans peine, et puis un regard a tout déséquilibré.

L’écriture de l’auteur est puissante. Les phrases courtes, parfois sans verbe, résonnent en nous. Comme les bruits qui accompagnent certains actes et qui hantent le vieillard. Ils rythment le récit, comme autant de coups de poings reçus pour ne pas oublier, pour ne pas faire « comme si » …. Ce recueil est passionnant, intéressant, il tient le lecteur en haleine sur les deux aspects qu’il présente.

Cette lecture m’a secouée car elle m’a fait connaître des faits que j’ignorais et qui interrogent sur l’homme et ses dérives. Je ne connaissais pas cet auteur et je suis admirative du travail de recherches qu’il a dû effectuer. De plus, tout sonne juste, nous interpelle, et nous captive. C’est un ouvrage à lire absolument !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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