Il y avait là quelque contradiction avec les exigences de la règle cistercienne. L'action contre les hérétiques, bien souvent infructueuse, la participation aux grandes tâches de l’Église entravaient la contemplation et la fuite du monde. La richesses des maisons cisterciennes acquises grâce à une bonne gestion, posait de redoutables problèmes. Faute de pouvoir concilier l'idéal originel et les réalités du temps, l'expérience cistercienne perdit de son dynamisme dès la fin du XIIe siècle.

Issue de la recommandation, couramment pratiquée pendant tout le haut Moyen Age, la vassalité demeure un contrat conclu entre deux individus et n'engageant que deux personnes, au cours d'une cérémonie dont l'hommage est l'acte essentiel. Décrit par les chroniqueurs et les actes de la pratique, illustré par maintes représentations figurées, le rite comporte un don de soi-même du dépendant au seigneur. Le futur vassal se présente tête nue, sans armes, s'agenouille, place ses mains dans celles du seigneur (immixtio manuum), geste qui rappelle sans doute le mélange des sangs qui scellait les compagnonnages anciens ou le don total de soi-même puisque les mains sont sans armes. Il devient ainsi l'homme du seigneur. Ce geste rituel suffirait à créer les liens de subordination, mais afin de préciser que la dédition est l'acte volontaire d'un homme libre, il est souvent accompagné d'une déclaration de volonté qui en renforce la portée. La subordination du vassal, contrairement à celle de l'esclave, est librement consentie.
p.120.