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Citations de Michel Bataille (51)


Le ciment des sociétés humaines, c'est la routine et la bêtise. Si, par malheur, chacun se mettait à penser, au lieu de ressasser indéfiniment les mêmes conneries, comme c'est heureusement le cas, tout s'emballerait. Le moteur de la machine sociale chaufferait au rouge, puis à blanc et exploserait, dispersant la baraque dans l'éther.
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On vit, dans une lueur violente, au milieu de l'espace nu, un enfant aux cheveux blonds trop longs, flottant sur les épaules, qui tenait au poing une flamme. À vrai dire, il ne la tenait plus; il n'avait déjà plus de main. Au bout de l'avant-bras, la boule de feu en occupait la place. Illuminé de la tête aux pieds, entouré de foudre, il dressait son bras droit terminé par un soleil rouge. Un projecteur, blanc, cruel, chirurgical, le saisit dans son pinceau. En une fraction de seconde, avec une infinie lenteur, les spectateurs atterrés, indifférents, virent ce boulet incandescent jeter tous ses feux puis, rougeoyant, s'éteindre. Là où il avait brûlé, du poignet coupé, un jet de sang s'élevait. Plus de main.
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Je continue ma trajectoire régulière sur cette mélancolique pelouse, accomplissant cette tâche agricole et destructrice modérément, qui consiste à couper l'herbe sans lui laisser le temps de pousser.
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Tout se défait. Les maréchaux eux-mêmes perdent leur sang-froid. Murat, beau-frère de l'Empereur, éclate en imprécations contre lui, oubliant qu'il lui doit tout. Tout le monde est à bout.
Plus de trois cent mille hommes sont morts de faim, de froid, sous la mitraille…

… La Grande Armée a cessé d'être.
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L'amour des enfants pour les trésors cachés est vraiment singulier. Que cherchent-t-il vraiment, quand ils s'acharnent à penser comment ils pourraient découvrir l'or ancestral ? Il est probable qu'ils cherchent en réalité leur âme perdue, comme les pauvres loups féroces qui battent la campagne la nuit, errant à la lueur de la lune, galopant derrière leur ombre fuyante sur la neige, laissant de faibles traces, comme les hommes qui combattent dans les villes et, le soir venu, boivent de l'alcool dans les bars et cherchent la compagnie des femmes, pour oublier qu'ils doutent de tout, et souffrent à hurler à la lune. Car la lune tient une place importante dans ces sortes d'affaires. C'est quand elle est pleine qu'on crie le mieux son désespoir.
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L'homme doit désespérer, en ce monde horrible où le bonheur n'a pas sa place. Mais l'homme doit alors regarder les dieux : il verra une statue grossière de basalte au carrefour de deux chemins dont aucun ne mène en un lieu bien notable, il verra deux orbites vides lançant vers lui le plus brûlant des regards, celui de l'invisible espoir, de la vie éternelle, celle qui flamboie dans la douleur et qui jamais ne s'éteindra.
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Dans les moments de paroxysme, il faut savoir être fou délibérément pour ne pas mourir sous le choc de la vie.
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- Il est arrivé un malheur ! me dit Pascal.
Je me retourne brusquement vers lui : il est si oppressant d'entendre nommer le malheur par l'enfant même qui incarne tous mes malheurs en un seul. Mais dès le second mouvement, je me raisonne. Avec les enfants, l'insolite est toujours le plus probable.[...]
- Oui ? De quoi s'agit-il ?
- Eh bien, tu sais que tu m'as dit de ne plus sortir seul pendant quelques jours, à cause du cheval fou du père Vernet ?
- Oui, et alors ?
- Alors je cherche de nouveaux jeux dans la maison. Je suis descendu à la cave et me suis avancé dans le tunnel des loups...
- Je t'avais dit de ne pas y aller. Ils t'ont attaqué ?
- Non, pas du tout. L'un d'eux est tombé dans le puits du couloir...
(extrait du chapitre 43)
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La compagnie a fait halte. Certains, assommés de fatigue, se sont étendus sur le dos, les membres épars, sans même défaire les courroies de leur sac. Chez d'autres, la douleur l'emportait sur la lassitude, et, assis au rebord du fossé, ils se sont déchaussés, pour tenter de soulager leurs orteils meurtris. Les soins sont impuissants : les ampoules ont crevé depuis longtemps, puis tout s'est mis à saigner, et, souvent, paraît le pus. Caillac contemple les dégâts d'un œil navré.
- S'ils voulaient vraiment connaître la vérité de la guerre...
- Qui ça ?
- Les gens, plus tard. Au musée des Invalides, ce n'est pas le képi de Joffre qu'ils mettraient, comme il ne vont pas manquer de le faire, mais la photographie de mes panards. Là, ils auraient idée de la souffrance du soldat français.
- Ça ne les intéresse pas, mon vieux, les embusqués de l'arrière. Tout ce qu'ils veulent, c'est la bonne vie, et puis sauter ta femme.
- Je ne suis pas marié.
- C'est ta seule chance.
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La France, à l'ouest de l'Europe, est un pays qui sommeille sur ses œuvres.
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" Papa, dit Pascal, j'ai eu très peur.
- Oui, dis-je, le coeur serré.
- Brigitte, tu sais, l'infirmière blonde ?
- Oui.
- En rangeant la chambre, elle a trouvé ma patte de poule auvergnate dans le tiroir de la table de nuit. Et, en plus, elle sentait assez mauvais cette fois. J'ai vraiment cru qu'elle était perdue. Eh bien, elle ne me l'a pas confisquée. Elle l'a même trempée dans l'alcool pour la conserver. C'est gentil, hein ?
- Oui.
- Seulement il y a quelque chose de triste.
- Oui ?
- Je veux dire pour une jeune fille comme Brigitte, qui est jolie. Penche-toi, je ne peux pas parler trop fort. J'ai peur qu'elle entende. Voilà, elle est un peu folle.
- Oui ?
- Par exemple, ce matin, je lui ai dit que, lorsque je serai
grand, je serai aviateur. Tu sais ce qu'elle a fait ?
- Non.
- Eh bien elle a pleuré. Tu vois bien qu'elle est un peu folle. "
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-Si tu emmenais Pascal en Amérique ? Il parait que les médecins sont forts là-bas...
-Pas plus fort qu'ici pour cette maladie là. On ne peut la guérir nulle part. Tu le sais aussi bien que moi.
-Tu emmènerait l'enfant à l'étranger, toi ?
-Non,je ne crois pas.
-Et je n'arrive pas à me résoudre à le conduire d'un hôpital à l'autre.
-Mais, j'ai déjà comprit , dit Pascal, en entrant.
-Tu écoutes derrière les portes depuis longtemps ?
-Je n'arrivais pas à dormir. Alors, je suis monté vous voir. Mais, je ne suis pas pieds nus, regarde.
-Tu sais, ce que nous disions, ce n'est pas sûr du tout. C'est une idée des médecins. Ils se trompent tout le temps.
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Celui qui fut l'orgueil incarné ne brave plus personne du regard, ne dévisage plus avec insolence qui lui parle. Ses épaules ne se sont pas voutées, il reste droit, son maintien n'a pas varié. Simplement quelque raideur secrète de l'âme a, pour jamais, quitté son corps, et son dos toujours plat n'est plus celui d'un révolté mais d'un homme calme de trente six ans. Il a trente six ans, va mourir et le sait. Il n'a rien contre.
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La louve s'accroupit près de lui et le regarde faire. Parfois elle se lève et prend dans sa gueule quelques poignées de paille pour en modifier la place et la disposition. D'autres fois elle s'étend, comme pour procéder à l'essai de leurs aménagements, et prend la main de l'enfant entre ses mâchoires, lui témoignant sa camaraderie et sa fraternité.

(page 212)
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Le sordide secret des affaires est infiniment simple : personne n'a d'avis très arrêté sur rien. On a des attitudes. Aussi l'entrée de jeu d'un homme résolu fait place nette et balaie l'échiquier.

Page 41.
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Les maladies causées par la bombe atomique sont-elles remboursée par Sécurité sociale ?
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" Considérez que vous venez de naître, en compagnie d'un enfant de dix ans, et que vous avez tous les deux trois mois à vivre. C'est long , trois mois. Vous auriez pu ne pas disposer d'un seul jour. Pénétrez-vous peu à peu de votre chance commune et profitez-en. Faites ce qui vous plaît. Amusez-vous. Soyez heureux."
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Chez Vladimir, tout est force. Il est plus pesant que son ami, plus large et plus haut. Il semble inébranlable, et l'on songe au mot de Napoléon : "Il ne suffit pas de tuer un soldat russe, il faut encore le pousser pour qu'il tombe."
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La pêche aux écrevisses, ce n'est pas comme en tout, il faut de l'art et de l'instinct..Parfois, tandis que les ronds s'estompent sur l'eau, on distingue une agitation alentour de l'appât que, déjà se disputent les truites. En fin d'après-midi les pêcheurs reviennent, pieds nus et la démarche lourde
"Papa, regarde, j'ai mis de côté la plus grosse écrevisse, pour que tu la voies;
-C'est un homard, dit Verdun.
"J'ai froid aux pieds, dit Pascal.
Je le fait grimper sur mes épaules et tiens ses pieds nus et ses orteils dans mes mains pour les réchauffer.
Nous regagnons la voiture, l'enfant éternue.
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Ainsi commence une nouvelle phase de notre vie car, dans les moments de paroxysme, il faut savoir être fou délibérément pour ne pas mourir sous le choc de la vie.
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