Sa réussite en affaires avait été aussi brusque que totale.
Lieu économique stratégique de la Chine des Song, Kaifeng ouvrait à qui avait le commerce dans le sang des possibilités infinies. Située à l’embouchure du Grand Canal, la ville symbolisait la richesse, le cosmopolitisme, la fièvre de ces cités marquées par les échanges. Le fondateur de la nouvelle dynastie impériale s’était détourné de l’art militaire ; il avait montré sa préférence pour le wen, principe axé sur l’ingéniosité des acteurs de la société civile, la culture, le bien commun, la littérature. Pour peu que l’on fît preuve de loyauté envers le régime, que l’on manifestât les vertus essentielles et que l’on témoignât de sa volonté opiniâtre de réussir, les portes s’ouvraient, quelles que fussent son origine ou sa situation de famille.
Wang Chun était précisément de cette trempe d’homme à s’être bâti, en dépit de son origine modeste, une réputation de commerçant impeccable, dont la réussite fulgurante avait couronné les indéniables et éclatants mérites.
Ponctuel, travailleur, intelligent, courageux, inventif, il avait érigé en un peu moins d’une décennie un ensemble qui comprenait, outre un centre administratif unique chargé des achats, des ateliers, des magasins, des échoppes, une banque. Il possédait à Kaifeng une demeure vaste et superbe, entourée d’un parc gigantesque clos de murailles, qui l’abritait des regards et des importunités. De là, levé tous les matins avant l’aube, il contrôlait ses affaires, dirigeait ses succursales, régentait ses gens tel un général à la bataille. D’un homme de guerre, il manifestait d’ailleurs les traits essentiels : impitoyable, il traitait ses affaires ainsi que l’on bouscule un corps d’armée. Rien ne résistait à sa volonté farouche, à ses calculs ingénieux et précis, à la rigueur de sa démarche.
La seule faille humaine dans cet homme de fer était sa fille.
Il lui avait donné le nom de Précieuse. A ses yeux, en effet, elle l’était : absolument, farouchement. Pour elle, il eût tout sacrifié.
P 80 Depuis son retour de Henri, les livres lui étaient devenus étrangers. L’émotion que lui procuraient les textes, la communion profonde entre son intelligence, les mots écrits et la texture même des ouvrages, lloin de se fondre en une fulgurante qui le comblait s’était effilochées, au point que sa mémoire en avait presque perdu la trace.
P 177 Quelques plantes à infusions étaient utilisables mais ne convenaient pas en l’occurrence. En revanche Zhao-de reconnut de l’arachide hypogaea ( arachide cacahuète) dont l’action anti hémorragique pouvait s’avérer précieuse. A quelques pas s.elevait un cana va odorante ( ylang- ylang) aux vertus antiseptiques et cicatrisantes.
P 171 Si chateaubriand avait été chinois, il n’eut pas été emprunté pour décrire les beautés de la nature et en déduire l’existence de Dieu. La région de Kafeing a inspiré de nombreux peintres et poètes, elle demeure, de nos jours encore préservée dans certains endroits.
P 12 et 14 Réalisant. Le rêve des potiers depuis l’Antiquité, il conférait à ses céramiques l’apparence, la musique et la pureté du jade.
Il s’agissait de ces porcelaines au vert tendre appelées « céladons »