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Des mets et des mots de Michel Caffier
Colette raconte [...] J'ai beau me poser en vieux garçon, c'est un plaisir encore très féminin que je goûte à être la seule femme des déjeuners Goncourt, entourée d'un aréopage d'hommes. Cinq, six, huit, neuf hommes. D'authentiques hommes- et l'âge ne fait rien à l'affaire-avec des défauts, des séductions d'hommes. (...) Humainement ils se disputent, et Dieu merci ils sont gourmands... Aucun d'eux n'a quitté l'amour d'écrire ni l'amour des écrivains. Qui donc, sinon cet amour, nous soutient, annuellement, sur le chemin pavé d'oeuvres que nous lisons ? Car nous lisons. Nous lisons cent, cent vingt volumes. (...) Je vous répète que nous lisons. Etrange assemblée, qui sur dix membres compte dix lecteurs scrupuleux! Consciencieux, capables d'erreurs, capables de récompenser un écrivain encore vert, de faire crédit à une promesse, et de le regretter l'année suivante ... Croit-on que nous sommes sur un lit de roses, quand sonnent les dernières heures des compétitions ? (...) Pour me contenter, il faudrait que les Dix fussent une vingtaine- au moins. (p. 95) Colette [ Déjeuner, vote..." Le Fanal bleu, Fayard, 1987 ] + Lire la suite |