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Alger sans Mozart de Michel Canési
Les souvenirs sont des tableaux accrochés sans ordre ni raison sur les murs lézardés de la mémoire. Ils surgissent juxtaposés et peuplent le vide de nos vies presque achevées.
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Note moyenne 5 (sur 92 notes)
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Alger sans Mozart de Michel Canési
Les souvenirs sont des tableaux accrochés sans ordre ni raison sur les murs lézardés de la mémoire. Ils surgissent juxtaposés et peuplent le vide de nos vies presque achevées.
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Alger sans Mozart de Michel Canési
Donner le plus cher de soi, aimer sans réserve et, pour finir, crever de solitude. Et en prime, ce putain de cœur qui battait comme volaient ces oiseaux: inutile. Je n'avais rien vu venir.
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Villa Taylor de Michel Canési
On dit que les murs se souviennent et que, de temps à autre, ils laissent échapper des sons, des images, des parfums du passé.
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Alger sans Mozart de Michel Canési
Rue Michelet, sur la faïence bleue de La Princière - ma pâtisserie préférée - le saint-bernard des chocolats Suchard, son tonnelet de rhum autour du cou, guettait les rescapés. Je tirais maman par la manche et la suppliait d’acheter un roulé au citron, génoise fourrée d’une onctueuse crème acidulée ; du sucre glace l’enrobait, j’aspirais le poudre blanche les yeux fermés et toussais comme une tuberculeuse, ravie d’inquiéter mes parents. La Princière a cédé la place à un magasin de fripes et le saint-bernard de la façade bleu azur fracassée par les barbares ne sauvera plus personne. D’horribles pancartes de plexiglas aux couleurs criardes ont remplacé la porcelaine. Les statues de Jeanne d’Arc, du maréchal Bugeaud, du duc d’Orléans qui ponctuaient nos promenades dominicales, le monument aux morts du plateau des Glières, les noms des places et des rues : Michelet, Burdeau, Clauzel, Dumont d’Urville, les terrasses de café où filles et garçons se mêlaient, les magasins opulents et parfumés, tout a disparu. Mort. La nuit, les bruits du port parviennent toujours, lourdes masses tombant sur les quais, chaînes d’acier raclant le béton, sirènes de navires, cris de dockers. Leur écho s’estompe dans l’air humide des collines. Sur le balcon, dans les bras de mon père, je regardais les lumières tremblées de l’été, sa peau était moite, légèrement citronnée. Le phare du cap Matifou tournait dans le noir. « Compte jusqu’à cinq, il reviendra », disait papa, et s’il ne revenait pas, il fallait aller jusqu’à vingt. + Lire la suite |
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Alger sans Mozart de Michel Canési
La tragédie de ma vie s'est jouée dans un décor somptueux. Une ville si blanche qu'elle s'éblouit dans le soleil, si blanche qu'elle brûle les yeux de ses murs immaculés en procession immobile vers la mer, si blanche qu'elle boit, les jours de pluie, tout le ciel et sa lumière. Des montagnes au loin encerclent la baie et ses collines, bleu sombre au printemps, enneigées l'hiver, obscurcie par les incendies d'été, elles sont frontières ; au delà, le bled : terres arabes ou berbères, étendues hostiles et meurtrières. La mer, sans frontière, enchâssée dans une baie au cercle parfait, s'évanouit loin vers le nord. Tous les jours, je guette les bateaux qui nous lient à Marseille, à cette France étrangère et lointaine, à ce pays qui s'éloigne chaque jour un peu plus, oubliant qu'autrefois, son coeur battait ici. |
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Villa Taylor de Michel Canési
Je te souhaite de vivre la même expérience, violente et charnelle...solaire... car enfin, tout ce qui reste de nos vies, c'est ce feu, cette intensité, cette joie avant la poussière, cet éclair entre deux néants.
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Alger sans Mozart de Michel Canési
Tu comprends, ces arriérés voudraient me faire sortir dans la rue en pingouin et m’empêcher d’écouter Mozart… Tu imagines Alger sans Mozart ! La vie, c’est la liberté : la liberté de croire, de voir, d’entendre et d’aimer sans contraintes, des le respect de soi et des autres. Pas cet ersatz de religion qui veut fixer un cadre à tout et rythmer la vie avec des règles du Moyen-âge. L’islam de ton cousin est un islam d’interdit, d’abêtissement et d’anéantissement qui privilégie l’étiquette et jette à la poubelle le spirituel
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Le Syndrome de Lazare de Michel Canési
Bruit de papiers glissés sous la porte, le concierge dépose le courrier. En ce milieu d'août, je n'attends rien. Sur le balcon, les yeux perdus dans les nuages, je cherche l'ennui... |
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Villa Taylor de Michel Canési
Quitter un cimetière après une cérémonie est une épreuve amère. Jusqu’à la mise en terre, la mort de Moune était une abstraction. J’étais portée par sa mémoire et sa tendresse, j’étais pleine d’elle. Elle vivait comme jamais, trente-cinq années de souvenirs défilaient sans ordre ni raison. Elle ne pouvait être morte, elle était si présente, presque palpable. Peut-être suffisait-il d’étendre le bras pour effleurer sa silhouette fragile ? Le sol excavé mit un terme à mes divagations : la mort était bien là, habillée de chêne et de bronze. Quand la dernière motte s’effrita sur la terre rouge de Marrakech, les muscles de mon visage se détendirent, ils échappèrent à tout contrôle et, enfin, le masque se fissura. J’étais seule à présent, le dernier pan du dernier rempart s’était effondré, je n’avais plus de famille et aucun espoir d’en fonder une. La solitude serait ma compagne. |
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Alger sans Mozart de Michel Canési
Seule la révolution industrielle avait séparé l’Orient de l’Occident, les scientifiques du siècle dernier ne s’y étaient pas trompés. Découvrant la Régence d’Alger, ils s’étaient écriés : « Mais c’est l’Antiquité vivante ! »
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"Dire que j’ai gâché des années de ma vie, que j’ai voulu mourir, que j’ai eu mon plus grand amour, pour une femme qui ne me plaisait pas, qui n’était pas mon genre !". Qui est l'auteur et dans quelle oeuvre ? Indice : des jeunes filles en fleur