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Citations de Michel Deguy (99)


Âmes moins sœurs à corps moins frères
et toujours moins de moins en moins
Cet aphélie nous intéresse
est-il encore possible de convivre
...à moins que justement cela
ne soit ce qui nous tienne
ensemble à l'impossible
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Ce lieu me suffit
Où le parfum n'est pas rare
Mais la même senteur d'algue et d'hortensia
Dans les linges frais de l'air
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La soixantaine de photos que nous considérons ici, que « disent-elles » ? Elles disent quelque chose dans la mesure où elles sont lues en étant vues comme « message » au sens moderne – et nous savons que, par les nouvelles conditions postales, le message se faisait image et inversement ; message et image échangeant une neuve réciprocité de preuves – « émettant » des signes et des significations, et parfois des signaux : prenant ce caractère que notre modernité dira sémiotique, d’icônes à recevoir comme légendes à demi muettes et par rébus. Ce caractère sémiologique, nous nous persuadons que les cartes le possèdent, et de plus en plus au cours de leur multiplication et de notre examen, si nous essayons de les classer, de les ordonner, à divers titres, ou comme dirait la discipline, sous divers sèmes. Et certes nous devons jouer – c’est important – à détitrer, à retitrer, ou surtitrer ; à nommer et faire varier les nominations. Mais d’une nomination qui étonnerait – non pas tant descriptive et résumante que poétique au sens où Mallarmé improvisé le poème de la circonstance du poème – nous attendons précisément qu’elle déconcerte l’attente commune, au sens commun, (comme un) donc implicite (celui que nous élaborions si nous voulions décrire la carte à quelqu’un qui ne l’aurait pas sous les yeux) qui permet que les cartes soient pour tous, offertes à tous, lisibles à tous, échangeables, glosables (fables)…
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Alluvion des cris Minerai d'hirondelles
Dans le delta du vent les plissements du vent
La trembleraie bleuit
Le pouls de l'étang bat
Toutes les trois heures un poème
Devient nouveau puis se ternit
Sous la lecture Recroît dans le silence
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2. Généalogies.


ROI SOLEIL

Quand le roi se levait de bonne heure
Marchait au fond dans l'eau du matin

Le scaphandre aux souliers de soie
Longe les combles poissonneux
Hante les palais démâtés.
Dans l'aube dorée sans courant
Luit un banc d'ardoises squameuses

La vase et l'épave le roi rêve
De les quitter si haut qu'il connaisse
À l'autre bord du jour transparent
Le pêcheur rouge penché qui verse
Au fond ses hameçons de lumière

p.57
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Michel Deguy
Le Suspens


Est sublime ce qui retombe
moins vite que nous, les pesants

Sublime la chose, l’être.
qui retient un instant sa chute

Le dégravir le ralenti le frein du périr
l’escalier dans le ciel
  la fontaine romaine
      le feu d’artifice
            Le thrène populaire

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OUÏ DIRE


Bleu gris peu de couleur permis au ciel
Permises à la terre mais variées dans les bornes
Je viens de voir passer les canards stochastiques

Silence aux castagnettes du pommier
L'automne où refroidit le corps
Il corrompt ses oronges aux fanges des vicinales

Du seuil d'où il y a, qui encadre le champ
Il buissonne de roux le houx qui résiste
Et laisse s'assombrir les troncs osmotiques

p.135
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Je t'ai baisé la main pour te dire adieu
Comme si nous pouvions t'envoyer là
D'où tu nous veillerais nous parlerais
Sachant qu'il n'y aurait ni au revoir ni à dieu

Extrait du poème Prose du suaire - Pour Abdelwahab Meddeb
traduit en vingt langues dans ce recueil
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TOMBEAU DE DU BELLAY


Coup de silence
la distance détale
Écho de sans bruit

le premier cri rejoint la douleur décalée
décapitée lucide

Le printemps dégorge un froid miocène
Déjà l'été courcit le jour
Et le retard annonce
Et le premier succède

p.286
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Tout se tolère et se juxtapose nombres et hortensias
Les bleus et verts dans le spectre du jour
Cependant que du balcon parfaitement mobile
Véloce l'homme arthropode se penche à travers
L'âme à facettes sur toutes choses
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Moraine bleue dans le glacier du soir

La vigne rentre sous le vert, le bleu reprend le
ciel, le sol s'efface dans la terre, le rouge
s'exhausse et absorbe en lui les champs de Crau.
Les couleurs s'affranchissent des choses et
retrouvent leur règne épais et libre avant
les choses, pareilles à la glaise qui précédait Adam.

Le saurien terre émerge et lève mâchoire
vers la lune, les années rêveuses sortent des grottes
et rôdent tendrement autour de la peau épaisse. Falaise se
redresse, Victoire reprend son âge pour la nuit. Les nuages
même s'écartent, les laissant.

En hâte quittée cette terre qui tremble
ils se sont regroupés dans la ville, bardée de portes.
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Écus de lumière au fond des ruelles leurs dernières
oriflammes
Le non sens de regarder dans la fête absente
Un visage oblong
Forceps du temps au coin des yeux
Boucles d’acacias
Les voix ne parviennent
Mouvement des murs comme les bateaux se volent
La visibilité dans le port

p.137
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Michel Deguy
Qu’espères-tu des yeux



J’étais sur ta route
Une seconde pour la vie et
Tu ne m’as pas regardée
– Mais qu’espères-tu des yeux ?
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OUÏ DIRE
Chant royal


Le poète de profil
Le poète à l’équerre de corps et d’ombre sur les seuils
Le poète Gulliver qui retrace un roncier d’hiver avec la
pointe de Hopkins
Ou décroît pour accorder l’herbe au zodiaque avec
compas de Gongora
Génie des contes perses car il refuse l’indifférence

Il entretient la lymphe bleue dans le réseau des ormes
Veille zêta epsilon delta d’Orion sur la branche basse
Œil triple posé de witch 1 witch 2 witch 3
qui s’envole constellation subtile de corbeaux

Il est ici pour inventer quelque chose d’aussi beau
qu’un mot saxifrage inventé par personne
S’il cherche un trésor il le trouve
(Imagine un poisson cherchant un poisson dans
l’obscurité des mers…)

p.93
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QUI QUOI


II y a longtemps que tu n'existes pas
Visage quelquefois célèbre et suffisant
Comment je t'aime Je ne sais Depuis longtemps
Je t'aime avec indifférence Je t'aime à haine
Par omission par murmure par lâcheté
Avec obstination Contre toute vraisemblance
Je t'aime en te perdant pour perdre
Ce moi qui refuse d'être des nôtres entraîné
De poupe (ce balcon chantourné sur le sel)
Ex-qui de dos traîné entre deux eaux
Maintenant quoi
Bouche punie
Bouche punie cœur arpentant l'orbite
Une question à tout frayant en vain le tiers
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OUÏ DIRE


Quai gris d'où tombe l'appât de neige
Le jour décline dans sa coïncidence
L'homme et la femme échangent leur visage
Le vin est lent sur le tableau
À passer dans son sablier de verre
Et l'artiste rapide au cœur par symboles
Doué de confiance hésite :
La pierre est-elle plus belle dans le mur ?

p.123
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2. Généalogies.


LIBERTÉ

 Mais torsion de la vie, liberté, identique à flo-
raison exubérance venin, liberté négroïde, con-
vulsion des hommes jeunes inventeurs en plus
rapide de fleurs et de nuages incessants, liberté
feu, la flamme qui jette en avant dans d'impré-
visibles courts-circuits de déterminisme, et qui
te laisse juste en deçà du seuil d'un destin.

p.61
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OUÏ DIRE


Remonte l’entropie sous l’os
Reviens hanter comme un amour
Sans violence la terre
Ce que je sais je ne le sais pas
En douce ubiquité plus fort que le mortel
Fantôme à mi-hauteur sous la lumière de l’élu
Mais à lambeaux de chair et de toile telle
Une mort sculptée du quinzième.

p.125
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OUÏ DIRE
Les rocs les fleurs les fleuves hantés de forme héroïque
Dieux hydrifiés pyrifiés hylifiés choses
Comment y eut-il corneille laurier
Qui sont-ils ce masque ce moulage d’homme
Dont le poème soupçonne la genèse sur son silence
Paraître fut mourir et l’immortel se retirait

p.144
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OUÏ DIRE


C'est entre nous
L'air entre les mains salut
Et la main entre les saluts
Et le salut pur intervalle
Rien avec rien jouant à
S'envoyer la belle apparition

p.113
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