AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Le Golfe



Le long été commence où croît et décroît l’ambition

Je vis au niveau des éruptions stridentes des sauterelles

Et parmi les insectes de papier que disperse le vent

Il y a du seigle sur les genoux de l’écrivain et dans son dos

pleuvent les blés

L’oreille appliquée à la terre entend son sang

Il est le désoeuvré



La roue du paysage tourne sous le triomphe du soleil

Les raies blanches du ciel convergent au-delà de la terre

Les îles s’effilochent, la marée décèle des ruches d’algues couleurs

de débris

Où fermentent des invertébrés

Vois toute la rotation horizontale du golfe,

Le glissement des bocages, le grincement des bornages de genêt,

Rayons verts sur le moyeu de l’horizon !



Si je reprends les chemins profonds – faut-il encore s’en entretenir ?

Je vais lentement aux rendez-vous essentiels

Le vent traverse la presqu’île pliant les blés vers l’Est

Partout la mer m’assaille car le vent du large lui ouvre le passage

entre les haies

Entre les orges entre les châtaigniers

L’Océan épais monte entre les toits



Le vent rapide descend les trois hauts degrés des pins, des genêts et

des blés

Il se rue frôlant les oreilles et passe

Le soleil à reculons fait face Le soleil acrobate descend du chapiteau

Interminable

Parfois des spectateurs repèrent l’exercice Mais beaucoup l’été se

couchent avant la fin



Le vent parle trop fort

Dans les trous du vent se glissent les chiens des fermes éloignées

L’alouette ne cesse de tomber Le vent se fraie un passage

jusqu’aux premiers rangs des champs

Il enjambe violemment la lisière de paille et se jette aux oreilles



Des chiens gardent des chemins sans importance d’où je suis

Les voix qui miment les bêtes pour leur commander

Issues des niches plus hautes où elles veillent sur les biens

Passent par les trous du vent

Hélant pour des travaux sans importance d’où je suis



Promenades en vue de quoi ?

Le corbeau sans couleur

La mouette qui arrête le vent

La lune, cirrus obèse, qui marque où le vent ne souffle plus



Car il manque au pas la constance du vent

Du vent qui sait aux papillons aux fougères aux nuages

Indiquer la direction

Orienter insistant courber repassant diriger rassembler dans

son souffle incliner joindre

- et tout à coup redresser cabrer recourber tordre

Le vent parcourt le site, adjointe et fait communiquer les

lignes du site

Lui de haut de partout les suit

C’est lui qui trace les sillons du site



Tout en moi répond au vent – sauf…

Tout plie sous l’injonction qui assemble :

Les cheveux comme un champ plus dense

Le dos pareil aux troncs, les yeux dessillés sous le sel

Les jambes écroulées dans les pierres

Et la manducation au bruit de charrette ; tout…

Sauf la voix debout qui demande où elle naît ; tout

Sauf la voix étonnée de sa dissemblance !



Le grand vaisseau du matin appareille :

Cris de poulies des mouettes ; cordages du soleil dans

les yeux ; hautes trinquettes des cumulus hissées brassées

drossées ; un équipage d’alouettes qui survole les basses

vergues des frênes ; les corbeaux quartiers-maîtres

Et le grand spinaker de l’orage…



Du Morbihan
Commenter  J’apprécie          30





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}