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Citation de enkidu_


…on a en vue ici, notamment, une certaine ambiguïté qui est au cœur de la métapsychologie freudienne : à un schéma essentiellement symétrique – le grandiose équilibre cosmique d’Éros, la force qui unit, rassemble et édifie, et de Thanatos, la force qui sépare, disperse et détruit – s’oppose un schéma asymétrique – à savoir, le principe selon lequel l’inorganique ou l’inerte est plus « ancien », en tout cas plus stable, plus probable statistiquement, que l’organique, le complexe, le vivant. Or ce second schéma repose sur une intuition fondamentalement matérialiste et réductrice, présente d’un bout à l’autre de l’œuvre freudienne, et qui aboutit, d’une manière aussi logique que paradoxale, à poser que le principe de plaisir lui-même est au service de la pulsion de mort.

Sans chercher, pour l’instant, à porter un jugement sur cette construction, on peut remarquer qu’elle se traduit, à notre échelle tout au moins, par un privilège évident de la destruction sur la construction. Si les conduites humaines les plus inspirées par l’Éros sont en même temps secrètement animées par une nostalgie du repos, de la non-souffrance, de l’anéantissement, cela implique que sadisme et autodestruction gangrènent le désir, tout désir, et que la vraie paix à laquelle nous aspirons est celle des cimetières.

On comprend alors que Freud, comme s’il devait inévitablement reculer devant les conséquences de ses propres découvertes, se soit mis en quête d’antidote, de moyens artificiels de rétablir, dans l’existence sociale, un certain équilibre entre Éros et Thanatos. (pp. 32-33)
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