Révolutions dadaïste, surréaliste, lettriste qui accomplissent les prophéties de Rimbaud et de Lautréamont.
Rejet des dogmes artistiques au profit de la création spontanée, de l'art brut, de la bande-dessinée, du happening.
Contestation de la science officielle, soif d'irrationnel, retour aux racines mythiques de la civilisation.
Jaillissement de la "Pop musique", du cinéma "super-huit", de la science-fiction, Situationnisme, écologie, vie en communauté.
Anarchiques ou géniales, toutes ces manifestations de la contre-culture répondent au besoin vital de sauver l'art de l'académisme, de la bureaucratie, du pouvoir de l'argent.
C'est avec une passion qui n'exclut pas la lucidité critique que Michel Lancelot dresse le panorama de ce phénomène révélateur de notre époque.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "J'ai Lu" en 1974)
Dérision qui n’est pas automatiquement du genre : "Avez-vous lu Glaires et Pets de Tolstoi?" mais plus proche — pour mon gout — de cet étudiant, notre ancêtre, qui renversa sur la tête de Louis XI le Pieux, un pot de chambre alors que Sa Majesté se rendait au couvent des Cordeliers. Dérision encore à la Jean Genet dans ses Paravents à l’Odéon en octobre 1966. Dérision enfin à l’image de cet homme auquel on demandait : "Quelle toile de maitre il sauverait si le Louvre était en flammes? et qui répondit, sans sourciller : — La plus proche de la porte de sortie !"
[p.21 Ed. Albin Michel]
Dans un reportage extrêmement original, Alain Dister (...) a donné à ce phénomène ambiant une explication poétique: "Sur ces hauteurs, il y a quelques siècles, vivait une tribu d'Indiens Shoshone qui s'adonnaient à la chasse, au palabre, à la méditation. Ils avaient atteint un très haut niveau spirituel et leur vision s'étendait bien au-delà de ce que peuvent percevoir nos pauvres yeux. Les célébrations et autres fêtes où ils se trouvaient réunis étaient l'occasion de prodigieux envols cosmiques. C'est ainsi que la légende décrit ces précurseurs de l'âge psychédélique. Puis vinrent les Blancs et leur folie d'évangélisation... Les Indiens avaient fui... mais ils avaient laissé sur ces collines des milliards de vibrations, faisant de San Francisco le lieu de prédilection des poètes et des révolutions spirituelles."
A un moment, comme John semblait m'y inviter du regard, j'avais lâché: "Mais connaître Dieu à travers une substance chimique, n'est-ce pas, finalement, une volonté de substitution à la science?..."
C'est une jolie brune (...) qui m'a dit:
- Dans une certaine mesure, oui. Il est exact que la Science et la Mystique - et ce n'est pas nouveau- se posent les mêmes questions, parfois. Mais la démarche des scientifiques est objective tandis que la nôtre est subjective. (...)
A 2000 mètres d'altitude, dans un champ perdu de l'Ouest américain, une fille de 26 ans, diplômée en psychologie et en philosophie, parlant quatre langues, n'ayant pas un sou en poche et vivant comme une Indienne, parlait d'amour cosmique...
Des fleurs pour se défendre...
- C'est une vieille légende bouddhiste qu'ils ont repris à leur compte, m'expliqua Patrick Olson un peu plus tard, nullement ému. " Un jour, Mâra le démon a lancé son disque meurtrier sur Bouddha qui méditait au pied d'un arbre. Mais l'arme s'est changée en une guirlande de fleurs qui, d'abord, s'est posée sur la tête du Sage, puis est repartie, comme un boomerang vers le diable épouvanté..." Joli, non?
La peinture psychédélique: dissoudre l'individu dans le cosmique ambiant
Ces jeunes hippies évoquent les premiers chrétiens... Il y a chez ces gens une bonne humeur, une noblesse, une gentillesse, une tranquillité - bref quelque chose de bon? (James Pike, évêque de Californie, février 1967)
"Nous voulons des jardins, pas des champs de bataille"
Proverbe Hippie