Michel Layaz présente son nouveau roman, "Les Vies de Chevrolet", en librairie dès le 2 septembre 2021.
Présentation suivie du mot de l'éditrice, Caroline Coutau.
https://editionszoe.ch/livre/les-vies-de-chevrolet
RÉSUMÉ
« Che-vro-let ! Che-vro-let ! » : début XXème siècle, l'Amérique est ébahie devant les prouesses de Louis Chevrolet. Né en Suisse en 1878, le jeune homme a grandi en Bourgogne où il est devenu mécanicien sur vélo avant de rejoindre, près de Paris, de florissants ateliers automobiles. En 1900, il quitte la France pour le continent américain. Très vite, au volant des bolides du moment, Fiat ou Buick, il s'impose comme l'un des meilleurs pilotes de course. En parallèle, il dessine, conçoit et construit des moteurs. Ce n'est pas tout, avec Billy Durant, le fondateur de la General Motors, Louis crée la marque Chevrolet. Billy Durant la lui rachète pour une bouchée de pain et obtient le droit d'utiliser le nom de Chevrolet en exclusivité. Des millions de Chevrolet seront vendues sans que Louis ne touche un sou. Peu lui importe. L'essentiel est ailleurs.
Pied au plancher,
Michel Layaz raconte la vie romanesque de ce personnage flamboyant qui mêle loyauté et coups de colère, bonté et amour de la vitesse. À l'heure des voitures électriques, voici les débuts de l'histoire de l'automobile, avec ses ratés, ses dangers et ses conquêtes.
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Sur la ligne de départ, les moteurs ronflent d'impatience. Louis compte aurant sur ses intuitions que sur la stratégie développée par son équipe. Il cligne de l'oeil en direction de Charles Miller, son mécanicien. On lâche les bolides. Le chant du monde se réduit à une immense pétarade. Dans une détonation de flammes bleues et de fumées, Chevrolet parvient, par d'habiles manoeuvres, à remonter les concurrents devant lui et à se placer en tête de la course. Une démonstration de pilotage que les connaisseurs ne sont pas les seuls à apprécier.
Il leur faut de l'air ! Les peluches étouffent dans la bibliothèque.
Ni une ni deux, on les a attrapées et on les a disposées en vrac sur le tapis. Ludivine observait cette ménagerie qui suscitait autant l'épouvante que l'enchantement. Avec soin, elle a choisi les peluches qui lui tenait le plus à coeur. Elle a mis du bon côté un lion à la crinière ébouriffée, un éléphant qui n'aurait pas fait de mal à une mouche, un raton laveur gris à la mine débonnaire, une loutre avachie, un chat mélancolique, un lapin frisé comme un mouton, un ours blanc à la face sévère, un poney joyeux, un hibou aux pupilles immenses et quelques autres encore.
Avec un peu de maïs et une poignée de greubons, Louis pouvait cheminer plusieurs jours sur les pentes des collines, à travers les campagnes et les pâturages, il pouvait passer un col ou deux, longer une rivière, suivre une vallée ou un vallon. Exténuer le corps et le priver de nourriture mène l'esprit à l'absence, là où grandissent les visions grandioses et effervescentes. Louis savait cela.
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Wikipedia :
Le taillé aux greubons ou taillé aux grabons est une spécialité de pâtisserie salée des cantons de Vaud, de Neuchâtel et de Fribourg en Suisse. Le terme « greubons » désigne les résidus de la fonte du saindoux avec lesquels on fait le taillé :
La graisse de porc coupée en petits morceaux est fondue à feu doux et filtrée. Les greubons sont mélangés aux ingrédients de la pâte, qui est cuite à feu vif.
Avec mes fils, je ne parle guère. Il y a souvent un mur de métal entre nous. La fabrication du bonheur n'est pas notre priorité. Est-ce qu'on perd quelque chose à ne rien se dire?
Ludivine aurait voulu que les oiseaux parlent. Ils nous raconteraient ce qu'ils ont vu depuis le ciel, ils nous décriraient les paysages, les gens et la vie dangereuse qu'est la leur. Ludivine pensait que les oiseaux savent des choses que les hommes, même les plus intelligents, ignorent. Les oreilles dressées, nous écoutions. Reproduire les notes n'allait pas de soi. Nos bouches se vrillaient, nos lèvres se tordaient et nos sifflements finissaient en postillons.
La nuit est venue. La dernière. J'ai presque le double de l'âge de mon père quand lui a vécu cette nuit-là. Mais j'ai plus de chance. Je n'ai pas peur. Il était le père et moi le fils. Je ferme les yeux et je le revois. C'est moi le père et lui le fils. Je n'ai besoin de rien. J'ai confiance en Lucie. La cinquième et dernière mini cassette est sur la table. Je vais refermer le cahier marron Je regarde dehors. La pastille verte, je l'ai lancée dans un ciel éblouissant d'étoiles. J'attends mon tour. Je suis calme. Je suis prêt. J'ai maintenant l'âge de l'infini
Il y a des découvertes qui chiffonnent nos restes d'innocence.
Avant le repas du soir, Ludivine a souhaité qu'on sorte dans la forêt et qu'on aille embrasser les arbres. [...] Elle les a enlacés l'un après l'autre, la joue plaquée contre le tronc, gardant la tête levée. Parce que j'en avais envie, je l'ai imitée. Je lui ai parlé de l'écorce qui est comme une chair, des branches et des feuilles comme une chevelure ébouriffée. Ludivine a dit qu'il ne fallait pas confondre les hommes et les arbres.
Bien sûr, il faudrait vider cet appartement, quitter cette région. Il y a un oiseau qui est entré par la fenêtre ouverte et qui n’a pas su comment repartir
Billy Durant veut tout remanier. La Classic Six ne se vend pas, la Little Six, oui. Les clients ne vont pas tarder à détecter la piètre qualité de cette voiture. Le plan de Billy Durant n’est pas illogique : fusionner les deux marques, concentrer les activités à Flint et produire d’abord des voitures résistantes et bon marché qui puissent concurrencer Ford. Le nom de Little n’a aucune allure. On l’abandonne et on appelle la société Chevrolet. Chevrolet et rien d’autre !