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Michel Leiris
M'alléger me dépouiller réduire mon bagage à l'essentiel Abandonnant ma longue traîne de plumes de plumages de plumetis et de plumets devenir oiseau avare ivre du seul vol de ses ailes |
Une institutrice ? Une femme de pasteur ? Une jeune divorcée ? Une femme de ménage ? Une écrivaine de génie. Une inconnue. La vie d'Hélène Bessette (1918-2000), autrice de treize romans et d'une pièce de théâtre, tous parus chez Gallimard en seulement vingt ans, de 1953 à 1973 (et tous épuisés), semble avoir été faite de rendez-vous manqués et d'incompréhensions. Son premier roman, Lili pleure, obtient le prix Cazes en 1954. Plus tard, ses romans seront régulièrement inscrits sur les listes du prix Goncourt et l'admiration de nombreuses personnalités (Michel Leiris, Simone de Beauvoir, Dominique Aury, Jean Dubuffet, Claude Mauriac, Alain Bosquet, André Malraux) laisse présager une reconnaissance à la hauteur de son talent et d'un style entièrement nouveau qui ne ressemble à aucun autre. Par ces trois lettres aussi : GRP, ou Gang du Roman Poétique, l'occasion pour Bessette d'exprimer une théorie nouvelle et exigeante du roman. Par Laure Limongi, autrice et éditrice, enseignante en création littéraire à l'École nationale supérieure d'arts de Paris Cergy. Lecture par Anaïs de Courson, comédienne. En savoir plus sur le cycle Autrices oubliées : https://www.bnf.fr/fr/agenda/autrices-oubliees-de-lhistoire-litteraire
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Michel Leiris
M'alléger me dépouiller réduire mon bagage à l'essentiel Abandonnant ma longue traîne de plumes de plumages de plumetis et de plumets devenir oiseau avare ivre du seul vol de ses ailes |
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Fibrilles de Michel Leiris
Traduction presque littérale d'un enracinement qui semble préfigurer la fixité dernière vers quoi l'engrenage des saisons nous mène, ce jardin serait donc le berceau à l'ombre trop noire dont je me suis écarté chaque fois que, rompant pour un temps avec ceux qui me touchent du plus près, je suis parti en voyage. (p. 59) |
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Michel Leiris
Jour et nuit, dans la foule et dans le désert, aux tempes un vertige flûté d'opéra , je vais à pas de funambule. |
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Michel Leiris
Au creuset de ma tête où kilos et kilos de souvenirs font un bruit de feuilles sèches, dès que ta forme jaillit, je sens couler de l'or. |
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L'âge d'homme de Michel Leiris
Je ne conçois guère l’amour autrement que dans le tourment et dans les larmes.
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Michel Leiris
Cumulus Voguant au plus bleu de ma tête les beaux flocons que je m'attache à capter mais qui, bulles de mots, se volatilisent à l'instant où je crois les avoir fixés. |
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L'âge d'homme de Michel Leiris
Une des grandes énigmes de mes premières années, en dehors de l'énigme de la naissance, fut le mécanisme de la descente des jouets de Noël à travers la cheminée. J'échafaudais des raisonnements byzantins à propos des jouets trop grands pour pouvoir logiquement passer dans la cheminée, le Père Noël les ayant lâchés d'en haut. [...] Lorsque j'appris que les enfants se formaient dans le ventre et que le mystère de Noël me fut révélé, il me sembla que j'accédais à une sorte de majorité [...]. Dès que je sus ce qu'était la grossesse, le problème de l'accouchement se posa pour moi d'une manière analogue à celle dont s'était posé le problème de la venue des jouets dans la cheminée : comment peuvent passer les jouets ? comment peuvent sortir les enfants ? |
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Michel Leiris
À la base de toute introspection, il y a le goût de se contempler et au fond de toute confession, il y a le désir d'être absous.
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L'âge d'homme de Michel Leiris
Mettre à nu certaines obsessions d'ordre sentimental ou sexuel, confesser publiquement certaines des déficiences ou des lâchetés qui lui font le plus honte, tel fut pour l'auteur le moyen – grossier sans doute, mais qu'il livre à d'autres en espérant le voir amender – d'introduire ne fût-ce que l'ombre d'une corne de taureau dans une œuvre littéraire. |
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Fibrilles de Michel Leiris
Dans de telles conditions je risquais fort, à vouloir coûte que coûte terminer mon ouvrage, de décevoir ceux qui m'avaient jusque-là suivi attentivement et dont les signes de sympathie m’avaient prouvé qu'on peut, sans se leurrer, croire à une communication. (p. 95) |
.... la tourmente / Anne Perry