Le plus grand cycle de littérature d'horreur moderne qui ait jamais été envisagé en France, plus réédité depuis onze ans, que nous proposons en un tirage limité de luxe, en huit volumes de toute beauté.
Harcelé par ses vieux démons, Michel Pagel a entièrement révisé ses manuscrits, nuits et jours, poursuivi par une idée fixe, comme un envoûtement : faire de cette somme un sommet, l'édition ultime et définitive de ce chef-d??uvre du fantastique français. Dans un dernier effort, il y a ajouté une préface et une nouvelle, avant de s'écrouler d'épuisement. Deux textes sur lesquels aucun mortel n'a encore jamais posé les yeux.
On murmure que l'auteur vit maintenant en ermite, reclus dans un village anonyme du sud, refusant toute société?.
Ouvrage en souscription début janvier 2016
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Bande son trouvée sur http://www.freesound.org/people/klankbeeld/)
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Mes auteurs préférés sont des auteurs populaires, c'est-à-dire des gens qui racontent une histoire que n'importe qui peut comprendre [...] Je donne tout Duras et Robbe-Grillet (et toute la clique) contre un San Antonio.
Je t'apprendrais le langage des habitants de la forêt. Tu écouteras les sages discours des chênes, les longs sermons des saules, et tu riras des histoires que te conteront les châtaigniers. Je t'apprendrais à chanter à l'unisson avec les oiseaux, à courir avec les lièvres, à chercher des noisettes avec les écureuils. Tu chevaucheras les daims et tu t'endormiras sans crainte près du nid des serpents. Je t'apprendrais le vent et la pluie. Je t'apprendrais la foudre. Il seront tes alliés, tes amants et tes frères.
Seraient aussi du voyage deux hommes comme je n'en avais encore jamais vu, entourés d'une aura de tristesse et d'une gangue de désespoir quasi palpable. Une noirceur terrible pesait sur eux, comme s'ils avaient vu trop de gens mourir et en étaient venus à n'accorder qu'un prix dérisoire à la vie, la leur ou celle des autres. Comme s'ils n'avaient pas particulièrement tenu à la conserver mais avaient en revanche été prêts à la vendre aussi chèrement que possible. D'une certaine manière, ils avaient l'air déjà morts.
« Le plus vieux s'appelle Gervald, me déclara mon oncle quand je lui demandai qui ils étaient. Son fils, Alrik. Ce sont les derniers des Francs. »
-Mais lâche-moi, putain de merde ! criait cette personne au moment où nous arrivâmes. Tu vas me lâcher, dis, connard ?
Je prie le lecteur de pardonner ces grossièretés, d'autant qu'il devra en supporter d'autres dans le courant du récit, le langage de certains de ses protagonistes manquant singulièrement de distinction, mais mon souci d'exactitude me contraint à rapporter sans fard les propos que j'entendis. Ah, peste ! J'oublie que ceci n'est qu'une œuvre de fiction. Lecteur, ne m'excuse pas : je suis trivial à dessein, pour te choquer, c'est évident.
Les artistes sont de constants foyers de déstabilisation, même si eux-mêmes ne s'en rendent pas compte. Ils sont naturellement rebelles à toute forme d'autorité, réfléchissent énormément, se posent des questions sur le sens de leur vie au lieu de se contenter d'en jouir. Ils sont totalement ingouvernables parce qu'ils ne rentrent dans aucun moule préfabriqué. Alors, puisqu'ils gênent, le mieux est de s'en débarrasser en les déclarant hors-la-loi.
-Parfois je me demande à quoi cela sert, d'étaler de la couleur sur une toile blanche...
-C'est la seule chose qui te distingue des autres, de la masse ; la seule garantie de ton individualité. Et, crois-moi, dans un monde où tous les hommes sont devenus interchangeables, il n'y a rien de plus important que l'individualité !
Si tous les Francs étaient aussi aimables, il n’était guère étonnant qu’on les eût massacrés.
Madame j'ai élevé plusieurs générations de souverains de Fuinör. J'ai connu votre père baron félon. Je vous ai connue vous alors que vous n'étiez qu'une petite jouvencelle à la recherche d'un titre. Je vous ai connue vierge, baronne, catin, meurtrière, et désormais vous voilà reine. Le changement n'est pas bien grand. De votre part ni promesses ni menaces ne peuvent m'impressionner. Je serai encore là quand vous ne serez plus qu'un petit tas de chair pourrie au fond d'un trou. Ma condition m'oblige à vous servir, mais rien ne peut me forcer à vous respecter. J'ai aidé à vous faire, aussi c'est vous qui devriez prendre garde. Rien n'est plus versatile qu'une couronne.
« Je m’appelle Dominique mais on m’appelle Do, comme la note, ou Mi, comme la note aussi, Do ou Mi mais pas Domi », et il retient un froncement de nez. Celle-là n’a jamais fait partie du Club. Une note, oui. Une fausse note.
Il n’est pas si simple de rire de soi quand le cœur s’en mêle.