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Citations de Michel Peyramaure (363)


On a raison de dire que l’amour vient souvent avec le temps et qu’il s’épuise avec le temps, mais c’est alors beaucoup plus tard, sur la fin de l’existence.
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Cette inaction contemplative n’était pas de la paresse mais le souci de ne pas compromettre un plaisir qui se suffisait à lui-même. L’âme d’un paysan, certes, mais ni les bras ni la volonté de se contraindre à un travail que d’autres accomplissaient mieux qu’il ne l’eût fait.
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La mort n’existe pas. Nous nous survivons dans notre œuvre. Plus elle sera belle, riche et durable, plus douce sera la mort.
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Comparée à Jacoba, elle n’est rien. Je puis me passer d’elle une semaine ou davantage sans en souffrir vraiment. Avec elle, je n’ai jamais eu le sentiment de trahir Jacoba. Elle est la vague à la surface de la mer ; Jacoba en est la profondeur.
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Avec comme interprète un professeur d’anglais du collège, nous apprîmes de ce rouquin que, son appareil abattu par la chasse allemande, comme c’était souvent le cas, il avait atterri en parachute dans le Nord, au milieu d’un champ de betteraves. Recueilli par des paysans, confié à des résistants, il était passé de filière en filière avant de se retrouver à Saint-Clément, ville presque aussi exotique et pittoresque pour lui qu’une lamaserie du Tibet.
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L’hiver fut rude, comme il l’est toujours dans nos montagnes. On a tendance à croire que les hivers de guerre sont plus rigoureux que ceux de la paix. Celui-ci le fut pour d’autres raisons que les conditions climatiques.
Nous souffrions moins des restrictions en vivres et en chauffage que les gens des grandes villes, mais dans notre administration, nous étions confrontés à des cas difficiles et souvent désespérés : vieillards mourant à petit feu dans leur solitude, enfants mal nourris malgré la croissance, trafiquants du marché noir au petit-pied qu’il fallait sauver de la prison, maquisards en proie à la disette et au désespoir, tassés au creux des burons dans l’attente du printemps, de la guerre et de la liberté…
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On n’est jamais assez prudent avec les prêtres et les grenouilles de bénitier. Je pourrais te montrer des lettres de délateurs émanant de la bigoterie locale et ne s’en cachant pas. Nos instituteurs laïques, ces « sans Dieu », y sont dénoncés comme « des terroristes » en puissance. On se croirait revenu au temps de l’Inquisition et du bûcher.
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En mars quarante-trois, une note de la préfecture d e région attira mon attention : « Ramasser d’urgence israélites d’Europe centrale, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas, de 18 à 55 ans, sexe masculin, et les diriger vers Gurs. » Le mot « ramassage » disait assez le mépris officiel pour ces proscrits.
J’avais entendu parler de Gurs, ce village des Pyrénées-Atlantiques, proche du camp où l’on avait parqué, en trente-neuf, les républicains espagnols. Un décret de Vichy avait transformé Gurs en camp d’internement pour une dizaine de milliers de Juifs étrangers : un vivier pour les camps de la mort.
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Il est absurde de s’investir de toute la misère du monde. Il faut en refuser la fatalité mais se dire, en même temps, que les décisions nous échappent. J’envie et je plains ceux qui croient en Dieu. La foi est un refuge, mais redoutable : comment louer Dieu quand on connaît le bonheur et ne pas le maudire quand il nous plonge sans raison dans l’adversité ?
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Un pacte avait été conclu entre époux, peu après leur lune de miel à Versailles : leur mariage serait blanc, comme une sorte d'écran derrière lequel chacun pourrait mener sa vie à sa guise, en tentant d'éviter les scandales sinon les ragots. Henri s'était acquis la célébrité par la publication de nombreux recueils de poésie, et Marie folâtrait dans les salons sans renoncer, comme lui, à écrire et à publier. C'est ainsi que s’était établie entre les deux époux une stabilité sans contrainte, exempte, par serment, de jalousie.
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À la suite d'un sondage mené par le journal l’Intransigeant, Marie avait été reconnue comme la femme écrivain «la plus digne de siéger à l'Académie française». Elle devançait ainsi ses amies et rivales Colette et Anna de Noailles. Quelque temps auparavant, elle s'était liée à un groupe de femmes éprises de littérature qui, sous le titre La Vie heureuse, avaient décidé d'élire chaque année une œuvre d'imagination, ancêtre du Prix Femina. Marie, sollicitée pour faire partie du jury, avait accepté avec enthousiasme.
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Je lus ces lettres le soir, chez moi, les pieds sur le Mirus. La plupart, anonymes, livraient des voisins, des commerçants, parfois des parents, à la vindicte du Maréchal. Dans une sous-préfecture de l’importance de Saint-Clément, tout se sait très vite et la délation devient une tentation permanente. Il y avait dans ce fatras écœurant, peu à retenir et beaucoup à rejeter. Ce n’était que méchanceté, hypocrisie et bêtise. De simples querelles de voisinage ou de famille devenaient, sous ces plumes sordides, une affaire d’état.
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Le 17 octobre 1895, par un temps sombre traversé de lourdes averses, le carillon de Saint Philippe-du-Roule annonça la cérémonie de mariage de Marie de Heredia et d'Henri de Régnier. La célébrité de notre père, plus que celle encore modeste de son gendre, avait attiré une foule d'amis et de personnalités : Alexandre Dumas fils, Stéphane Mallarmé, Leconte de Lîsle, François Coppée, Hippolyte Taine, Edmond de Concourt, voisinant avec des gens du grand monde : les princes Bonaparte et de Polignac, le baron de Rothschild... Marie, en robe de satin blanc sous un voile orné de fleurs d'oranger à la mode cubaine, contrastait avec la morosité du temps. Le défilé à la sacristie dura plus d'une heure et nombre d'invités durent faire la queue sous la pluie avant d'assister au déjeuner, rue Balzac.
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L’état-major interallié avait décidé d’aider à la création, dans nos provinces, de réduits où les différentes unités de combattants seraient invitées à se regrouper en vue de l’assaut final, au premier jour du débarquement. L’un d’eux serait installé sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie, dans le massif des Bornes, près d’Annecy. Un deuxième occuperait la forteresse naturelle du Vercors, dans les Préalpes. Le troisième serait appelé à prendre position sur le mont Mouchet, au sud du Cantal, en Margeride.
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Le poste que j’occupais dans cette modeste sous-préfecture auvergnate, entre les monts du Cantal et les forêts de la Margeride, aurait dû me permettre de faire paisiblement mes gammes dans l’attente d’une promotion.
Je m’y vouais avec conviction, sous la souple autorité de M. Charlier, un brave homme de sous-préfet soucieux avant tout de paraître à son avantage dans les cérémonies officielles, en se reposant sur moi pour la cuisine ordinaire et en fermant les yeux sur mes activités clandestines. La connivence qui liait l’enfant du pays que j’étais à la population n’avait pas que des avantages ; certains de trouver en moi un conseiller, voire un confident, beaucoup abusaient de cette latitude.
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Avec le Vercors et la Margeride, le plateau des Glières était l’un des sanctuaires de la Résistance armée sur lesquels les Alliés comptaient, sinon pour infliger un revers à la Wehrmacht, du moins pour ralentir sa progression vers le lieu du débarquement.
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J’étais d’autant plus sensible à ce message que Paul Éluard n’était pas un inconnu pour moi. Suspect à l’occupant et soucieux de se « faire oublier à la campagne », il avait choisi le Massif Central. Sa retraite champêtre était un asile de fous situé à Saint-Alban-de-Limogne, petite ville de Lozère, sous les premiers contreforts de la Margeride. En compagnie de son épouse, Nush, il occupait le pavillon mis à sa disposition par le docteur Lucien Bonnafé, une simple relation devenue pour lui une amitié.
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Elle évoquait les passions contrariées ou exaltantes de sa propre vie : « On part avec qui veut vous enlever. On est cueilli par qui a soif. ».
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Début septembre (1906), Le Nirvana jetait l'ancre devant Venise. Jusqu'au début d’octobre, à bord du yacht que l'on ne quittait que pour se rendre en ville, où le campanile était en voie de restauration, la fête était permanente et, certains soirs, quand pétillait le champagne, légèrement licencieuse.

Une nuit, sur la lagune, un jeune musicien vénézuélien, bientôt naturalisé français, Reynaldo Hahn, devant son piano amarré sur une barge, avait interprété à la lueur des flambeaux des Nocturnes de Chopin et un Caprice mélancolique de son inspiration. Ce fut, m’assura Marie, un moment «inoubliable». Henri, ivre d'émotîon, l'avait serrée dans ses bras en pleurant.
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Il (Toussaint Louverture) passa les bornes de l'impudence le jour où il écrivit à Bonaparte, le héros de campagnes d'Italie, une lettre commençant par cet envoi : " Du Premier des Noirs au Premier des Blancs." On imagine la stupéfaction du Corse devant cette phrase qui traduisait une ambition démesurée de la part d'un ancien esclave qui osait se comparer à César..ou à Bonaparte !
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