Kamikaze ! Ah ! ce mot quasi sacré dans l’histoire nippone. Kamikaze, « Vent de Dieu » ou « Vent divin », ce nom avait été donné au grand typhon qui, en 1281, avait détruit la flotte de l’empereur mongol Kubilay Khan, alors qu’il venait envahir le Japon. Sept siècles plus tard, la sage Kimiko ne serait-elle pas tentée d’expliquer à ses enfants que, loin d’être le « Vent de Dieu », les Nakajima Ki27 et Ki84 n’étaient que les guêpes folles des généraux, contre la puissante marine américaine ? Non, elle ne le dirait pas, par respect pour les jeunes pilotes. Par pitié pour ces brillants lycéens et universitaires dont on faisait de vains martyrs.
Partout la même horreur. Le vide créé par une vague de plus de vingt mètres, s’élevant dans l’étranglement des baies, des anses montagneuses. Des villes entièrement rasées, à l’exception de structures en béton, d’édifices métalliques désossés, tordus, pans de ruines hissés tels des sémaphores de la mort. Les chiffres se succèdent dans leur tragique litanie, jusqu’à une évaluation frisant les trente mille victimes, tel qu’un siècle auparavant.
- Nous, les baleiniers, nous ne sommes pas des monstres, comme certains étrangers le prétendent. Nous gagnons notre vie plus durement que bien des gens, en mesurant souvent la douleur qu'éprouvent les rorquals et les cachalots avant leur dernier souffle. Aussi nous devons accepter les accidents, les meurtrissures, comme le prix que la nature nous impose. C'est une loi de la mer.
- La mer, c'est le monde des...
- Des cétacés et des poissons, bien sûr. Et certains sont plus cruels que les hommes.
contre lui elle se blottit, frémissante dans les sous-vêtements d’un grenat volcanique, qui la moulent avec l’audace d’un manga.
[...] Kinu lui avait glissé :
— Le Japon sans typhons, ce serait comme une femme sans caprices, une chose impensable.
Il lui avait répliqué avec une boutade apprise de sa grand-mère Kimiko :
— Le Sakurajima, lui, est plutôt comme les hommes de Kyushu, semble-t-il. Il sourit souvent, marmonne ou ronchonne de temps en temps et entre très rarement dans une grande colère. Mais alors là, c’est l’enfer.
[...] — Papa, où les baleines dorment-elles ?
Hideo avait réfléchi, puis déclaré :
— Je ne le leur ai jamais demandé, mais je le ferai à la prochaine traversée, c’est promis.
— Tu te moques de moi…
Kinu avait souri, tandis que Kimiko avait eu une merveilleuse réponse, malgré le silence dubitatif de son petit-fils :
— Voyons, Takeru, les baleines dorment dans les rêves des baleiniers.
[...] — Les colères de la terre et de la mer se ressemblent, ce sont les hommes qui leur inventent des noms compliqués.
Les fous sont aux échecs les plus proches des rois .
Les fous sont aux échecs les plus proches des rois .