A la mort de Marilyn, Ralph Greeson, son psychanalyste qui avait partagé avec elle trente mois de constante recherche autour de ses angoisses à elle, entré par effraction chez elle, déclare au téléphone : C’est un suicide.
Puis il revient sur ses propos, et la raison réside sans doute en ce qu’il savait que l’appartement de sa patiente était sur écoute.
“Qui a tué Marilyn?”
n’est pas vraiment une question, nous dit Michel Schneider dans une longue étude sur l’actrice aussi tendre que ( fausse )blonde.
La question est plutôt : Qu’est ce qui a tué Marilyn? Le cinéma, la maladie mentale, la psychanalyse, l’argent, la politique?
Le cinema, alors qu’elle arrivait toujours en retard ou refusait comme la grande star qu’elle est , de tourner? Où elle ne se faisait pas que des amis?
La maladie mentale, qu’elle tient de sa mère, les médicaments qu’elle additionne de façon plus que dangereuse et qu’elle mélange à l’alcool?
La psychanalyse, surtout quand on sait que Greeson, son dernier psychanalyste, formé à Vienne par Freud, ayant réfléchi au phénomène du transfert, est parti plusieurs mois , la laissant désemparée? Greeson sur lequel la rumeur s’acharnera, car les liens entre eux dépassaient ceux d’une cure normale.
“ Elle était devenue mon enfant, ma douleur, ma soeur, ma déraison” , avoue-t-il à l’enquêteur.
L’argent, qu’elle donnait à tous ceux qui gravitaient autour d’elle, une des manières de se faire aimer, elle qui était crucifiée à chaque histoire d’amour, dont les plus connues: Franck Sinatra, Arthur Miller,Yves Montand, John Kennedy, qui rompt avec elle juste après son “happy birthday, Mister President” ( ele était nue sous une robe transparente, cousue sur elle, qui avait coûté six mille dollars, et marchait comme une geisha entravée avant d’arriver devant le micro) L’argent, qu’elle dépensait en allant voir à Londres Anna Freud?
Enfin, la politique ? John rompt avec elle pour faire taire les bruits sur leur liaison, Bobby , de même.
Inutile de supputer, le livre “ Marilyn, dernières séances “ parle plus de sa psychanalyse ( inventée par l’auteur lui-même psychanalyste), de ses contrats cinématographiques, de ses nombreux contacts et de ses difficultés à vivre que des raisons de son décès en août 1962.
De plus, une masse de documents ont été détruits, tout simplement.
Une volonté affichée de mélanger les dates, de nous perdre dans les détails, de présenter cet amour de femme fragile non pas de façon chronologique, mais complètement désordre, m’ont cependant un peu lassée.
LC Thématique juillet : un prénom dans le titre
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Michel Schneider fut un haut fonctionnaire français mais c'est aussi un homme féru de psychanalyste.
Et, c'est bien dans cet esprit qu'il a écrit Maman.
D'entrée de jeu, ce livre est fascinant non seulement pour tous les passionnés et lecteurs de La Recherche du temps perdu mais devrait aussi, à mon avis captiver plus d'un lecteur lambda.
Dans ce livre, Michel Schneider s'interroge sur le pourquoi de l'existence de la Recherche.
Qu'à voulu ou désiré Marcel Proust ?
S'affranchir de cette mère tant aimée ou la faire vivre éternellement ?
Michel Schneider va très loin dans ces hypothèses, dans les relations mère et fils.
Il dit" Proust est le fils homosexuel d'une mère juive, mais il sait que pour devenir écrivain, il doit prendre distance vis-à-vis de ces identités "
La Recherche est disséquée à travers ces identités complexes.
Le livre de Michel Schneider est foisonnant de thèmes, de réflexions, d'interrogations. passionnantes.
À la fin de sa lecture, on n'a qu'une envie : Relire la Recherche du temps perdu.
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Tout d'abord, je tiens à remercier Masse graphique pour l'envoi de ce livre.
J'ai été tentée par ce titre pour deux raisons : le sujet et surtout l'auteur.
J'ai découvert l'été dernier, Michel Schneider avec : Maman, un livre portant sur Marcel Proust.
Visiblement, Michel Schneider dont le métier de psychanalyste n'était qu'une partie de lui-même puisque il était un tas d'autres choses est passionné autant par Marylin Monroe que par Proust. Cette traversée de l'un à l'autre pouvait sembler passionnante.
D'autant, que Marylin Monroe était une proustienne convaincue doublée d'une passion dévorante pour la psychanalyse
Marilyn Monroe était pour moi avant tout, certainement comme beaucoup d'autres, une icône du cinéma, un sex symbol avec cette célèbre photo où sa robe est soufflée par la bouche du métro.
En parcourant ce livre, composé d'un abécédaire et de très belles photos un peu sépia, j'ai découvert cette actrice hors pair.
Néanmoins, je ne me suis pas attachée à Marilyn, noyée dans un pathos infernal, entre drogues et barbituriques, on éprouve même un certain malaise à découvrir cette femme aimée de personne et surtout pas d'elle-même.
J'ai un peu de mal à comprendre la fascination qu'elle a exercé et exerce encore.
Peut-être est-ce une question d'époque ? Les années 50 nous paraissent lointaines aujourd'hui ?
Une seule chose que j'ai toujours retenu de Marylin, c'est l'année de sa mort puisque que c'est celle de ma naissance.
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«Glen Gould Piano Solo», est un livre qui lit se lentement. On est sans cesse dévoré par l’envie d’aller du côté de sa discothèque réécouter les magnifiques interprétations de l’artiste, ou de se rendre sur internet pour découvrir celles que l’on ne possède pas. C’est un des talents de Michel Scheider, de nous faire aller, au delà des mots, à la rencontre de la musique. De l’art. «Chaque pianiste a son sens des couleurs et des lignes, sa façon d’opposer des valeurs, non au sens du solfège, mais du peintre.»
En spécialiste passionné, l’auteur retrace avec beaucoup de sensibilité, la vie et l’oeuvre du prodigieux interprète que fut Glen Gould, dans une langue souvent poétique, émaillée d’anecdotes et de propos plus érudits.
Magnifique portrait d’un interprète excentrique et solitaire en quête perpétuelle d’extase, qui annonça «qu’il arrêterait les concerts à 30 ans, il le fit à 32. (Qu’) il envisageait d’arrêter les enregistrements à 50 ans. Le jour de ces 50 ans le 25 septembre 1982 - CBS publia la seconde version des (variations) Goldberg. Le surlendemain Gould entrait dans la mort.»
Ce livre n’est pas uniquement destiné aux mélomanes. Il permet d’approcher aussi toutes les difficultés, les contradictions, les renoncements, les errances, auxquels sont confrontés tout artiste dans l’élaboration de son oeuvre.
«D’un geste, parfois la main libre s’échappait étrangement, les doigts joints, puis épanouis comme des rémiges tremblantes, et semblait vouloir laisser dans l’air une trace écrite. On le voyait aussi le cou ployé, la face défaite, les lèvres baisant le vide, l’oeil embué et le cheveu gommé de sueur, et c’était alors la douloureuse expression outrée que le plaisir inflige au visage humain.»
http://www.youtube.com/watch?v=KosCjMJG5ks
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Pas convaincu par cette biographie.
Michel Schneider aborde le compositeur en psychanalyste poète. Il modélise, fait parler et chanter les voix intérieures de Schumann qui s’affrontent ou se confondent. L’homme semble n’exister qu’à l’intérieur de sa tête, et les reproductions de peintures à l’appui du texte veulent représenter ces états rarement gais. On est dans la morosité, voire le gothique.
Ses voix sont à l’origine de ses créations, picorant sur « l’extérieur » dans des textes de poètes comme Byron ou Heine et dans son amour pour Clara Wieck. De temps en temps, une période faste s’accompagne d’une prodigieuse créativité.
Schumann s’enfonce cependant peu à peu dans la folie, et Schneider s’acharne à nous montrer poétiquement ses pensées se déliter, jusqu’à ce qu’on n’y comprenne plus grand-chose.
De l’époque où il a vécu, on se saura rien ou presque. A peine les révolutions de 1848 sont-elles mentionnées en quelques mots. La biographie est presque intemporelle. Quand on aime l’Histoire comme moi, c’est extrêmement décevant.
Les documents à la fin du livre compensent un peu, en nous décrivant un peu les poètes et les autres compositeurs que Schumann aimait, et en insistant plus sur l’amour qui l’unissait à Clara.
Reste la musique. Apparemment beaucoup de lieds. Si vous écoutez ses symphonies, vous remarquerez que vous connaissez les airs. Schumann n’est pas inconnu de nos oreilles. Il mérite probablement un approfondissement.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions Nami pour l'envoi de ce livre !
Il s'agit d'un très bel hommage rendu à la douce Marilyn Monroe par Michel Schneider.
Ce magnifique livre est un abécédaire qui raconte Marilyn au travers de ses amours, d'Arthur Miller à Yves Montand
Les photos sont absolument splendides et les textes d'une grande poésie.
J'ai passé un excellent moment avec ce livre
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Ralph Greenson fut le dernier analyste de Marilyn Monroe.
De 1960 jusqu'à sa mort prématurée en Août 1962, ils vécurent une relation plus fusionnelle et destructrice qu'une relation amoureuse.
Au-delà de son rôle de médecin de l'âme, il fut tour à tour un père, une mère, un frère, un ami mais il ne put la sauver d'elle-même, de sa peur et de sa solitude.
Derrière le portrait lumineux de Marilyn se cachait Norma Jean, petite fille perdue parmi les étoiles d'Hollywwood.
Ce n'est pas une biographie de Marilyn que propose Michel Schneider, ni un ouvrage racoleur et voyeur sur celle qui est l'incarnation du mythe Hollywoodien.
Cette histoire triste aborde l'attraction mutuelle et exagérée du cinéma et de la psychanalyse.
Autour de Marilyn, l'écheveau complexe des images et des mots se dévide comme une bobine de film, donnant toute sa force à ce roman-montage fait de rushes, de fragments et de raccords.
Un très beau livre récompensé en 2006 par le Prix Interallié.
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Bon, autant le dire d'entrée, je suis une vraie « fan » de Marilyn, mais pas la star fabriquée par Hollywood, hein, non, la vraie Marilyn, Norma Jean, l'enfant fragile en manque d'amour qu'elle a toujours été. J'ai déjà lu nombres d'ouvrages qui lui ont été consacré sans jamais avoir été vraiment convaincue. Mais ce livre-là m'a paru être à la fois très honnête, sans parti pris et surtout sans jugement à l'emporte-pièce sur la vie et les agissements des uns et des autres.
Basé sur des témoignages, ce livre (prix interallié 2006) retrace les 30 derniers mois de la vie de Marilyn Monroe vus au travers du prisme de « La Psychanalyse ». Finalement Marilyn n'est pas vraiment le seul élément central. Elle dispute le premier rôle avec cette fameuse psychanalyse "freudienne". le rôle que cette dernière a pu jouer dans le destin malheureux de l'actrice et son échec retentissant, ou plutôt, l'échec de son dernier psychanalyste, Ralph Greenson, impuissant à enrayer la machine infernale et la spirale descendante que prenait la trajectoire de Marilyn, est bien mis en lumière ici.
Dans cette biographie fictive ante-chronologique, où s'entrecoupe, séances de psychanalyse, fragments de déroulement des tournages, flashbacks sur l'enfance de Marilyn et rencontres avec des amis, l'auteur essaye d'imaginer ce qu'ont pu être les derniers moments de la star aux deux facettes : D'un côté, le Mythe, l'objet, la bombe sexuelle monté de toute pièce par le « star system » du Cinéma hollywoodien et de l'autre la femme-enfant, noyée dans sa quête existentielle d'elle-même au milieu de ses peurs et ses angoisses étouffantes.
D'aucun dénonceront la longueur du livre (560 pages) ; certes c'est long, mais il ne relate pas seulement la vie de l'actrice ; il analyse aussi l'échec encaissé par Greenson et sa tentative de « sauvetage » par l'analyse en « innovant » en la matière (elle était avant tout un « cobaye » à ce niveau-là). Et cela ne se fait pas en un chapitre ! Pour ma part, j'ai mis un peu de temps à le lire car j'avais besoin de pause pour oxygéner ma lecture, car je « souffrait » véritablement avec Marilyn. Et je ressentais presque réellement ses angoisses, ses peurs, l'inévitable déchéance « annoncée » de par sa dépendance pharmaceutique et affective. C'est dire si ce roman semble « réaliste » !! Je me suis prise plusieurs fois à m'égarer et prendre cela pour une véritable biographie…
Greenson m'est apparu par contre, assez froid et très calculateur au travers du récit malgré l'évident trouble qu'il a ressenti à traiter cette si célèbre icône, nouant une telle relation fusionnelle à la limite de la « rupture » entre eux qu'on ne sait plus très bien qui était dépendant de qui. Celle-ci s'est instaurée au fil des mois, les séances devenant quotidiennes, puis bi, tri voire quadra-quotidiennes. Sans compter le fait que Marilyn était « intégrée » à la famille de son psychanalyste de façon inconditionnelle et le voyait donc y compris le soir et les weekends….
Cet « envahissement », cet « investissement » dans la vie de l'actrice se fait d'ailleurs à tous les niveaux, aussi bien professionnel que personnel, faisant intrusion même dans ses rapports à l'argent ; Greenson en « profitant » pour assoir son autorité en tant que médecin auprès des maisons de productions cinématographiques comme la Fox par exemple où il décroche des « contrats » pour « soutien psychologique » aux acteurs durant leur tournage. L'emprise des uns sur les autres et inversement est total.
On voit bien toute l'importance et le pouvoir qu'avait, aux États-Unis, dans les années 50/60, la psychanalyse sur le monde du Cinéma y compris à New-York et pas seulement à Hollywood.
Marylin, est suivie d'abord par Marianne Kris à New-York, puis Greenson à Los Angeles et même Anna Freud (fille de Sigmund) en Angleterre lors de ses tournages. On assiste ainsi au tournage des « Désaxés » (The Misfits) son avant-dernier film et à l'amorce de « quelque chose doit craquer » qu'elle ne finira jamais. le lent et difficile calvaire des tournages où elle arrive systématiquement en retard et quitte les plateaux régulièrement pour se rendre en analyse.
Quand survient la mort de Marilyn, l'auteur ne s'attarde pas vraiment sur ce qui s'y est réellement passé mais les Kennedy n'y sont pas véritablement mis en cause, si ce n'est par la suite d'avoir cherché à effacer toutes les preuves de leurs liens avec l'actrice.
Greenson y est beaucoup plus mis sur la sellette (ainsi que le médecin généraliste) pour son laxisme avec les barbituriques prescrits à tour de bras et en injections sur une Marilyn complètement déphasée et de plus en plus borderline.
Après, le roman perd de son intérêt car on se perd un peu dans la technique psychanalytique et la justification de Greenson au regard de son implication dans la tragédie survenue le 4 août 1962, sa lourde responsabilité même si elle n'était pas volontaire et de sa culpabilité évidente. On parlera ainsi plus de suicide-assisté que de meurtre ou de complot.
Deux mots pour finir, qui renforce toujours mon impression à son sujet : pauvre Marilyn !.... (elle n' a pas vraiment été « aidée » !!!).
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Voilà un livre qui intéressera en premier lieu les mélomanes, les fous de musique dite "classique" , et finalement tous les hommes curieux (même si c'est une curiosité un peu voyeuriste je vous l'accorde ), de savoir pourquoi le grand pianiste canadien se baladait en plein mois d'août affublé de quatre couches de vêtements, mangeait végan, et jouait au piano assis sur la même chaise aux pieds tronqués qu'il transportait à tous ses concerts.
C'est le problème avec ce genre de clients. D'ailleurs dans le domaine de la musique, Glenn Gould n'a pas le monopole de l'excentricité. Que dire par exemple du grand Benedetti Michelangeli qui, lui, exigeait à chaque concert SON propre piano ! bonjour les frais de transport !
La musique rend fou ! c'est un lieu commun. Comment faire la part du contingent, du trivial de tous les jours, du poids du temps qui passe, et la part du noyau brut enfoui au plus profond de l'être que l'artiste par média interposé (le piano) , tente de faire surgir au monde sensible ? (C'est terrible car j'écris, le talent en moins bien sûr, dans le style que je reproche à Michel Schneider :-)
Car, en effet, c'est bien là où le bât blesse.
Michel Schneider fait partie de ces élites brillantes( ne voir dans ce mot aucune connotation péjorative...) sur lesquelles une bonne fée s'est penchée à la naissance pour les combler de dons. Michel Schneider qui fut directeur de la musique au Ministère de la Culture de 1988 à 1991 est énarque , psychanalyste, musicien émérite, et même écrivain renommé ! n'en jetez plus.
Dans cet ouvrage consacré à Glenn Gould, et l'on comprend tout à fait la passion qu' a Schneider pour le pianiste, sa grille de lecture pour tenter d'expliquer, de comprendre les actes et décisions de Gould , est en premier lieu psychanalytique. Ses conclusions sont souvent intéressantes mais parfois j'ai le sentiment que l'auteur se gargarise de sa propre prose. Et ça donne des avis comme celui-ci : " Il aimait le virginal, ou le son d'un piano quand il sonne comme un clavecin émasculé. Il n'aimait pas les "éjaculations sarcastiques, mordantes, laconiques et brutales du Sacre du Printemps de Stravinsky". Ah Oedipe quant tu nous tiens..!
Voilà c'est ça qui m'a un peu "énervé". Et c'est dommage car Schneider a vraiment des avis très pertinents quant il se cantonne à la seule musique. Il a très bien cerné l'enjeu que représentait pour Gould le fait d'arrêter ses tournées de concerts en 1964 , pour se consacrer uniquement aux enregistrements studio. Entre nous soit dit la démarche inverse du chef d'orchestre roumain (encore un géant de la musique) Sergiu Celibidache , qui a toujours refusé les enregistrements de studio pour se consacrer uniquement au "live". Mais Celibidache était imprégné de culture orientale (boudhisme) , et sa démarche est l'exacte démonstration de la pensée héraclienne : "on ne se baigne jamais dans le même fleuve" , autrement dit la version "idéale" et "parfaite" de telle symphonie de Beethoven, ou d'autres, est une fumisterie. Seule compte l'interprétation de l'oeuvre à l'instant T et dans un lieu X. Car ce sont des hommes qui jouent, avec leurs affects, changeant d'un moment à l'autre, avec des données physiques différentes d'un lieu à l'autre (acoustique..).
Inutile de vous dire que c'est de cette façon que j'envisage la musique. Et d'ailleurs je n'aime (pas trop...) les interprétations de Gould : pas assez de legato (ça va en faire hurler certains..). Michel Schneider (je crois que j'ai été trop sévère avec son bouquin...) , écrit que le disque de Gould qu'il préfère c'est un de ses derniers : les Intermezzi de Brahms op 117, 118, 119. Je ne l'ai pas mais You Tube pourvoit à tout. J'ai donc écouté . C'est superbe. Mais qu'on me redonne Julius Katchen ou Radu Lupu ! Merci :-)
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Ordinairement, la musique que j'écoute ne s'accompagne d'aucun commentaire et je ne cherche pas à prolonger verbalement ce que mon esprit a capté par les oreilles. Pourtant Glenn Gould est un artiste moderne, et l'on n'a accès à son oeuvre, comme pour la plupart des modernes, que par la médiation du mot et du discours. Lui-même a ponctué sa carrière de sentences et d'explications qui en éclairaient les choix et les méthodes, ainsi que l'originalité. Aussi n'est-il pas mauvais de lire cet excellent livre, alors que ce serait moins nécessaire, peut-être, pour Nathan Milstein ou Alfred Brendel. Après avoir lu ce livre, on écoute mieux et on apprécie mieux les interprétations de Gould, ce qui ne peut que glorifier encore davantage les compositeurs qu'il a servis.
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Glenn Gould, piano solo fut le premier ouvrage d’une collection ouverte chez Gallimard par J.B. Pontalis, dédiée à des " récits subjectifs à mille lieues de la biographie traditionnelle ".
Là, on peut dire qu’il atteint pleinement son but, hélas pour moi.
"Après tout, peut-être est-ce cela que j’ai voulu faire: vêtir Gould d’un tissu de mots pour qu’il fût à l’abri. J’espère bien qu’une fois achevé le parcours dans lequel je l’ai accompagné, il se retournera en souriant, un peu plus loin encore."
Allons bon.. On peut rêver, je serais Glenn Gould, j’aurais plutôt tendance à me retourner dans ma tombe après cette lecture, lui qui, Schneider le dit bien, aspirait à la liberté ,se retrouve enseveli et bien profondément sous les mots, des mots qui ne sont pas les siens , Michel Schneider ne manque pas de le dire: "Les faits que j’ai rapportés sont attestés par des témoins. Presque rien que j’aie connu directement. Je n’ai ni sondé les mémoires, ni fouillé les archives. Un récit de récits. Est-ce pourtant qu’il peindrait un Gould imaginaire? Sans doute."
Ce livre en forme de partition ne se veut pas une biographie. Mais des variations autour d’un thème, Gould et la solitude, Gould et le chantonnement, Gould et le froid, Gould et son piano, Gould et l’écriture , Gould et l’extase, etc.
Alors, effectivement, c’est un personnage propre à inspirer l’écriture du psychanalyste qu’est Michel Schneider, il y a d’ailleurs de beaux passages sur la solitude, le son , le bercement, l’attitude.. Mais ils sont suivis instantanément de digressions entièrement subjectives qui ne peuvent toucher que des férus du langage psychanalytique, ce qui n’est pas mon cas..
Est-ce que vraiment Glenn Gould s'identifiait" non au piano, mais à ce qui était en souffrance à l'intérieur, un peu comme jadis le poisson pêché dans le lac Simcoe contenait l'indicible sous l'irisation de son ventre agité de soubresauts ; un instant, il avait été cette impossibilité, cette détresse. Ou bien, regardant la brillance de son Steinway, le miroitement des touches, et tout ce sombre, cet insondable, c'était le lac lui-même, ses reflets alternés qu'il revoyait, troué par le bruit mort du liège des filets descendus dans l'eau, espérant et redoutant à la fois ce qui allait sortir du noir. "???
Je trouve qu'il pousse un peu loin.. beaucoup trop pour moi en tout cas.
Mais je ne voudrais pas être trop négative au sujet de ce livre , car le musicien qu'est Michel Schneider pose aussi de bonnes questions, et c'est brillamment écrit.Et si j'ai été souvent agacée, j'ai aussi été séduite par l'écriture.
Quand même de belles pages sur le son, le temps, la technique musicale , mais , à mon goût, noyées dans beaucoup trop d'élucubrations,heu pardon, de digressions schneidériennes..
Un extrait:
"C’est que les limites de l’instrument excluent tous les autres possibles de l’œuvre et ravalent l’idéal à sa transitoire incarnation. Gould jouait le premier mouvement du Deuxième concerto de Beethoven avec l "una corda " pour rendre le son plus léger, plus pénétrant, et il aurait voulu que ses enregistrements de Beethoven possédassent le son de ceux de Schnabel, pauvres en harmoniques. A quoi son ingénieur du son répondit: « Vous n’avez qu’à les écouter au téléphone sur un appel longue distance. » J’aime cette réponse qui allait au cœur de la physique et de la métaphysique gouldiennes, communiquant par sa musique, avec autrui et avec lui-même, de loin. J’aime cette idée que la musique puisse finalement n’être que cela: un appel longue distance. On joue, on ne sait qui on appelle. On ignore qui appelle en soi. Une simple vibration de l’air entre deux lointains, une ligne bruissante joignant deux êtres dont on ne sait rien, sinon qu’ils sont perdus.
Une distance si longue certains jours qu’il ne reste qu’elle, comme si la douleur, ou simplement l’intention de l’appel s’apaisait, à force de beauté, de froid, d’éloignement.
C’est une vieille question de pianiste: le son doit- il avant tout être beau, ou être vrai? Certains pianistes ont le son beau ( Arrau, Lupu), d’autres, le son vrai ( Richter, Petri), d’autres, encore, à la fois vrai et beau ( Novaes). Gould, c’est autre chose: un son qui est, et qu’aucun adjectif ne saurait qualifier. La désincarnation du son n’est pas contradictoire avec la densité de la phrase; Gould voulait dépouiller la musique de sa chair pour faire voir en pleine lumière son architecture indifférente aux couleurs, sa beauté d’os.
L’écoutant, parfois, c’est vrai, on sort brutalement dégoûté de tant d’immatérialité, ou bien on s’accroche aux éclats de voix, ces restes d’un autre chant, malhabile, inavoué. Ce sont les plaies du sublime, par où l’on redescend au corps. Alors, on se dit que c’est bien hérétique de croire à la résurrection , mais d’en exclure la chair, et bien fou de vouloir s’évader de la prison de la résonance, s’évader du corps de la musique. A ce compte, la craie blanche salit la figure de géométrie qu’elle trace."
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Un très bon roman, que j'ai adoré lire. Vraiment très bien écrit.
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Quelle joie d'avoir pu lire cet ouvrage! Impatiente d'aller à la rencontre de cette icône intemporelle, j'ai été totalement transportée par son histoire dont je ne connaissais uniquement les grandes lignes. Dans cet abécédaire, l'auteur retrace le parcours de Marilyn à travers ses amours. Il évoque son rapport aux hommes mais aussi au bonheur et à la célébrité. Au fil des pages, j'ai découvert une femme fragile parfois très différente de l'image qu'elle renvoyait. Si elle incarne la liberté sexuelle pour toute une génération, l'auteur nous fait part également de ses côtés sombres: son besoin de solitude, ses dépressions et ses addictions. Je retiendrai surtout l'incroyable besoin d'amour de cette femme obsédée par son image, passionnée par les animaux, ses lectures ou encore par Freud...
Accompagné par de magnifiques photographies illustrant les propos de l'auteur, cet abécédaire est un ouvrage passionnant qui fourmille d'informations, revenant sur son enfance mais aussi sur les mystères liés à sa mort. J'ai trouvé que le format rendait le tout facilement accessible.
En bonus, quelques anecdotes de tournages sont glissées tout au long du livre...
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Dernières séances est un livre décousu comme l'était peut être la pensée de Marilyn au fil des entretiens avec son psychanalyste. Il évoque sa dépendance à son psychiatre (elle en a eu plusieurs, Ralph Greenson étant le dernier), sa relation assez complexe et un peu malsaine avec lui. Lui-même n'étant pas toujours très juste dans la distance mise avec sa patiente. C'est à la fois bienveillant et trouble. Mais Marilyn semble traversée de tellement de démons, de tant d'insécurité affective, qu'il se positionne un peu en père protecteur. Cela reste une fiction mais intéressante et révélatrice de ce que pouvait être la vie intérieure de Marilyn. A noter qu'un documentaire basé sur ce livre existe et qu'il met terriblement bien en scène les peurs et les fragilités de Norma Jean.
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Le roman met en scène Marilyn et le psychanalyste, Ralph Greenson, qui l’analysé les trente derniers mois de sa vie.
Le roman n’est pas fondé sur des documents privés qui auraient permis d’apprendre des choses, il se base sur des entretiens, des biographies, des articles professionnels. Comme ceux sont des sources secondaires.
Le découpage des chapitres est assez labyrinthique, la chronologie des événements en prend un coup.
Il permet juste de découvrir Marylin comme une névrosée, une accro aux médicaments, attendant toujours sa piqûre comme un coureur du tour de France. Il met aussi en lumière les relations entre Hollywood et le monde psy. Quasiment tous les acteurs avaient été ou étaient analysés. Les psys jouaient le rôle de consultant, de scénariste sur les films. J’ai eu l’impression que ce monde avait gangrené le monde du cinéma. C’est la psychanalyse qui se dévoie.
Lorsqu’intervient la mort de Marilyn, l’écrit perd de son intérêt. Greenson ne m’intéresse pas et je me fous de savoir ce qu’il est devenu.
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Encore un livre sur Marilyn me direz-vous ! C'est vrai qu'elle a beaucoup inspiré les écrivains et biographes de tous genres.
Ici c'est une facette en partie inexplorée qui est présentée : sa psychanalyse avec Ralph Greenson.
Michel Schneider, psychanalyste et habitué des biographies de personnalités (Proust, Baudelaire, Glenn Gould,...), a eu accès à de nouvelles sources, toutefois pas aux correspondances privées qui sont toujours inaccessibles au public. En revanche il a extrait de la biographie de Greenson, de ses entretiens et de tous les récits autobiographiques des vedettes de l'époque, ce qui concernait Marilyn et ses psychanalyses.
Je dis bien "ses" psychanalyses car elle a constamment été en analyse comme on peut l'être toute sa vie aux Etats-Unis (voir les films de Woody Allen et Woody Allen lui-même...). Profondément fragile, Marilyn n'a jamais réussi à faire le lien entre son image publique et sa personnalité profonde. Dans ce livre on voit bien sa dépendance à ces séances où elle essayait vainement de se comprendre. Dépendance aux séances mais aussi aux médicaments que ses analystes lui prescrivaient à foison. Ceux-ci d'ailleurs se mêlaient de tout , de sa vie, de sa carrière, de ses finances... C'est pourquoi on a accusé Greenson d'avoit sinon littéralement tué Marilyn, du moins de l'avoir encore plus fragilisée physiquement et psychologiquement par ces dépendances.
Ce livre est aussi une chronique du cinéma hollywoodien et de ses liens avec la psychanalyse. En fait celle-ci était utilisée comme les techniques de l'Actor Studio : rappelez-vous vos souvenirs d'enfant, les événements douloureux qui vous ont marqués, revivez vos émotions passées, cela vous aidera à mieux jouer ! C'est bien sûr à mille lieux de la psychanalyse européenne. Pourtant Marilyn a été analysée par Anna Freud (fille de...), gardienne du Temple s'il en est !
Comme on le voit, cet ouvrage est vraiment foisonnant et franchement, bien que je ne sois pas idolâtre de Marilyn, je l'ai dévoré (530 p quand même !) et je l'ai trouvé bien écrit et vraiment fouillé sur le sujet. Quant aux polémiques qu'il déclenche chez les spécialistes de Marilyn... N'est-ce pas le propre de tout personnage entré dans la légende ?
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Ce livre a suscité en moi des sentiments paradoxaux.
Je l'ai trouvé trop long : 500 pages serrées, répétitives, hypnotiques. Et pourtant j'ai aimé cette succession rapide de courts billets de 3-4 pages jouant à saute-moutons entre les époques.
J'ai trouvé qu'il ne nous apprenait rien. On savait déjà que Marilyn s'était suicidée et que les théories autour de son assassinat par la mafia et/ou le FBI et/ou la CIA étaient fumeuses. Et pourtant, il ne prend pas parti sur les causes de sa mort, n'écarte aucune hypothèse.
Je n'ai pas aimé ce livre de psychanalyste qui parle de psychanalyse aux analysés que nous avons tous été , sommes ou serons un jour. Et pourtant, je me suis laissé prendre à cette longue description de l'échec d'une cure.
Arte avait demandé à Michel Schneider un scenario sur la psychanalyse et le cinéma. En faisant des recherches, l'auteur avait découvert la matière d'un livre. Finalement, trois ans plus tard, il en fera un documentaire qu'on peut télécharger (légalement ?) sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/video/xa0kb4_marilyn-monroe-1_webcam. La boucle était bouclée.
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Ce sublime livre est un abécédaire qui raconte Marilyn Monroe avec une passion indescriptible et un infini respect.
Passionné, il faut l’être pour relater une vie avec tant de pudeur, tant de bienveillance et une fascination qui se ressent dans chaque mot.
C’est le portrait de l’icône qui est dressé dans cet ouvrage de qualité. L’auteur y aborde ses rencontres, ses amours, son goût pour la lecture et la poésie, des films, ses chansons, sa famille, sa fragilité et tout ce qui fait qu’elle était « elle ».
J’ai été particulièrement touchée à chaque fois que son besoin d’amour et toute la souffrance que cela a amené dans sa vie a été décrit et expliqué.
Marilyn me fascine moi aussi, depuis toujours, et j’ai adoré qu’on parle d’elle si bien, avec une plume dont émane une forme de pureté.
Également, l’ampleur de la culture de Michel Schneider a suscité toute mon admiration! Cet homme n’a rien oublié, il a écrit un portrait très complet et ce, avec douceur.
J’ai appris beaucoup durant ma lecture et je me suis sentie comme si je regardais un excellent documentaire qui me portait totalement!
Finalement j’aimerais souligner la qualité du livre, les incroyables photos et tout le travail de graphisme!
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