Michel SIDOBRE par Patrick MERLY - Attente, extrait de AURORES DU SUD
Saint Hubert et Saint François d’Assise
e m'appelle Suzanne et je vis avec ma mère,
couturière, dans un petit village de Lozère. Pendant
qu'elle travaille, jusqu' à tard, le soir, j'ai coutume
de me rendre chez son frère qui habite la maison à
côté...
Oncle Gaston est connu dans le village pour, comment
dire, ...n'être pas le dernier pour tomber prestement
une bouteille de gros rouge ou se lancer au Café de la
Place dans des compétitions de Ricard à l'heure de
l'apéritif ou plutôt aux heures d'apéritif.
Cependant c'est un brave homme qui demeure seul,
célibataire, caché derrière sa barbe poivre et sel et qui
vit en bonne entente avec tous, ayant le vin heureux et
déversant autour de lui clémence et gentillesse.
Je suis assise près de lui dans la douceur de l'âtre qui
tiédit, regardant, fascinée, la dernière bûche qui se
consume joyeusement en des crépitements de fête...
- Au fait ! Vas-tu au catéchisme régulièrement ? me
dit-il interrompant les petits bruits de l'âtre.
Petit-déjeuner du salarié au petit matin
La lune est cassée
C’est comme une olive,
La fenêtre ouverte,
C’est dans l’Air du Temps…
Nos deux carnassiers
Félins de salon,
Moitié endormis
Stagnent sur la table.
…Puis partent déçus
Vers les autres pièces…
Trop tôt réveillé :
Je me suis trompé.
Angoisse de l’heure,
Ponctualité
Qui tourne en hâte,
Cassant le sommeil.
La chatte
Sur le tapis solaire,
Au fil du carrelage,
Doucement étendue,
La chatte âgée somnole…
Epilogue
La volonté muette du vent
Depuis ma fenêtre,
J’observe le voile
Qui recouvre quelques tables
Du « Bistroquet ».
Il semble animé
Par des hommes, en dessous…
Or, il n’y a personne
A cette heure.
Faut-il vraiment voir en tout souffle
Une âme ?...
L’Art dans l’oeil
Mille pinceaux d’Art
Recouvrent les façades,
Les volets disparates.
Mes yeux-caméra
Remontent l’Avenue.
Et si le temps est gris
Mon âme est sereine.
Femmes
Les femmes-éoliennes au soleil
Déploient comme autant de flambeaux
Leurs chevelures et bannières.
Sur les flots, les femmes-marines
Voient perler à fleur de duvet
Les embruns salés de la vie.
Derrière les fards chimiques de l'industrie mortelle,
Les femmes-vitrines cachent leur pâle visage
Dans les villes embrumées.
Et les femmes de bois desséché
Au désespoir parcheminé
Hantent les longues nuits des Maisons de la Fin…
Première tenue du nouvel été
Je suis le Dieu mortel
Qui respire les roses
Qui appartiennent aux autres…
Chemisette turquoise
Et ombre projetée
Je glisse sous les fleurs
Débordant la muraille.
Flânant sur le trottoir,
J’en prélève l’Esprit
Et laisse le jardin
A son propriétaire.
Sous le ciel bleu total
D’air chaud, de vent léger,
L’espace d’un été
Et d’encore un été …
Première tenue du nouvel été
Je suis le Dieu mortel
Qui respire les roses
Qui appartiennent aux autres…
Chemisette turquoise
Et ombre projetée
Je glisse sous les fleurs
Débordant la muraille.
Flânant sur le trottoir,
J’en prélève l’Esprit
Et laisse le jardin
A son propriétaire.
Sous le ciel bleu total
D’air chaud, de vent léger,
L’espace d’un été
Et d’encore un été …
Sous le soleil
Se saouler d’enthousiasme,
Partager l’amitié,
Le corps dans l’Art
Et les tournages.
Se fondre aux vibrations langoureuses
A la Terrasse du Midi,
Manger et voir,
Regarder sans pudeur…
Aimer le ciel bleu
A en souffrir
Et le soleil éblouissant.
Vivre fort.
Se détourner
Du Grand Néant
Qui vient…
Rentrée
L’étang s’est fait
Miroir,
Docile au paysage,
L’accueillant sans un bruit
Et sans un mouvement.
Ma montre arrêtée
N’a pas pris
Le chemin,
Sachant mon embarras
De reprendre la route…