J'ai tout raconté dans mon langage d'enfant, les formes, les couleurs, les personnages, l'histoire, ce fut long et passablement animé, au point même où ma tante a fini par demander : " C'tu toute vrai, ça, coudonc, ou ben si t'en inventes des bouts ? ", mais j'ai gardé pour moi l'horrible découverte que j'avais faite, cette incapacité que j'avais de m'exprimer au milieu d'une foule, de faire comme elle, de participer à une liesse collective. Mon histoire fut probablement très intéressante, mais elle resta incomplète et personne, pas même ma mère, ne s'en aperçut.