Ils écoutaient du zouk à la radio et le chauffeur fredonnait. Enfin, ils écoutaient... le chef de bord, ça l'emmerdait cette musique pour être tout à fait honnête. Toujours la même chose : un connard cocufiait sa gonzesse, tringlait une autre pouffe comme un malade puis cherchait à récupérer sa régulière en lui chantant : "Ouhhhh, baby. J'ai fait une bêtise, tu sais. Veux-tu bien m'excuser ? " Et l'autre pétasse, bête comme une dinde qu'on engraisse pour Noël de lui répondre : " Ouhhhh, t'es un sale type tu sais. Mais je t'aiiiiime, baby, j't'ai dans la peau. " À chier...
La Guyane, c'était le top pour les aventuriers, pour ceux qui voulaient disparaître de la terre, ou pour ceux qui voulaient fuir des familles trop envahissantes qui n'oseraient jamais se taper neuf heures d'avion pour atterrir là-dedans !
La veuve était une femme de 40 ans d'une rare splendeur qui n'avait cessé d'embellir avec les années. Elle ne faisait pas partie de ces vieilles folles ridicules qui voulaient à tout prix ressembler aux adolescentes sur lesquelles bavaient les quadragénaires pervers à la sortie des lycées, et encore moins de ces femmes à la lubricité tardive, maquillées au compresseur, enfermées dans des gaines couleur chair pour cacher le boudin de pâte à modeler qui faisait le tour de leur taille et qui draguaient maladroitement les piliers de comptoir, dans l'espoir de prendre un dernier coup de rein.
...il n'y avait pas de sentiment mitigé à l'égard de la Guyane:
on l'aimait ou on la détestait.
Elle avait coché la deuxième case.
Elle exécrait la Guyane, la vomisssait, la rejetait comme on repousse un chien qui s'excite sur sa jambe!
Il s'appelle Adamczewki Elek. Je sais, c'est une honte de porter un nom qui ressemble à un tirage de lettres au Scrabble, mais il faut faire avec.
Elle qui n'avait jamais connu de lui que la force rassurante et apaisante de l'ami de toujours, la voilà qui se trouvait confrontée à une redoutable machine de guerre, un instrument de mort sans pitié qui exécutait froidement ceux qui osaient se mettre en travers de sa route, ceux qui mettaient sa tribu en danger.
L'arrivée de l'orpaillage illégal de masse avait très rapidement eu de graves incidences sur ces enfants de la nature que la déforestation, la pollution des eaux par le mercure et les sévices imposés par les garimpeiros avaient bouleversés.
Comme il se sentait bien chez nous, la DDASS a fini par nous le retirer. Ça a été
un drame pour lui, mais aussi pour nous qui le considérions comme un membre de la famille.
Ici, tu ne peux pas faire la différence entre les bandits et les simples travailleurs. Regarde un peu les tronches qu'ils ont ! Ils pourraient tous jouer dans La colline a des yeux.
La nuit, si tu as une bonne torche, tu vois des centaine d'yeux briller à la surface de l'eau, des yeux qui te regardent et qui te disent: dès que je le peux, je te bouffe !