A l'automne 1836, on voit apparaître aux confins de l'Oural un homme âgé, d'une suprême distinction qui se fait appeler Féodor Kouzmitch et dont la ressemblance avec le tsar défunt (Alexandre 1er) en dépit de sa barbe blanche, est saisissante. De nouvelles questions se pressent aux lèvres des bonnes gens. Pour les paysans, Kouzmitch est un staretz, mot par lequel ils désignent les moines réputés pour leur ferveur et leur dévotion spirituelle. Fort instruit et cultivé, polyglotte, étrangement averti des événements politiques et de la vie de Cour à Saint-Pétersbourg, le staretz excitera la curiosité pendant de longues années, avant de mourir en refusant de dévoiler son vrai nom de baptême et son identité.
1788 - [Le Livre de poche n° 3123, p. 409]
Même pour les Russes, ce qui se passe alors est ahurissant, absurde, intolérable. La tsarine a reçu du tsar des pouvoirs étendus qu’elle met littéralement aux pieds de Raspoutine : elle sent passer en elle l’esprit de « l’homme de Dieu » dont elle est devenue, tout comme Viroubova, l’esclave.
Le révérend père Raphaël Menuzzi, dit " La Tigresse ", faisait sa ronde matutinale.
Dans les corridors déserts, il allait, fantôme grassouillet et noir. Le père Menuzzi, préfet des études et de discipline au collège Pierre-Favre, aimait beaucoup son métier. " Autorité, ponctualité, information ", tels étaient ses maîtres-mots. Il eût fait un extraordinaire meneur de jeu dans un réseau d'espionnage - et rien de ce qui se passait entre les hauts murs du collège ne lui était étranger. Petit, dodu, il roulait en silence le long des couloirs. Dans son visage au teint de suif, les yeux de fauve, qui ne cillaient jamais, reflétaient un calme sans pitié. Il devait son surnom à ce regard - à sa tête de chat, toute ronde, aux oreilles bizarrement pointues et velues - et à sa voix souple, volontiers ronronnante, qui parfois mêlait de grondantes menaces à l'on ne savait quelles intonations féminines. Les enfants le redoutaient.
" Un collège de huit cents élèves, disait-il, s'administre comme une ville et se mène comme une armée. "
Le cap de Bonne-Espérance ! Le bien nommé pour ceux qui abordent la pointe sud-africaine, ce 20 avril 1688. Des aventuriers ? Non. Des exilés. Des bannis.
Pour la plupart huguenots, boutés hors de France après la révocation de l'édit de Nantes.
Au début l'aventure leur est douce. Rien ne les rebute. Ni l'effort, ni la peine, ni la précarité de leur condition.
Mais voilà qu'on veut les asservir ! Et ceux-là mêmes qui les ont attirés, les intendants du Cap, avides et arrogants.
A nouveau il faut partir. L'exode cette fois-ci. Vers le Veld, où hommes et femmes, sous l'impulsion d'Alonse Joubert et de l'intrépide Barberine , affrontent la steppe et ses dangers.
Des temps héroïques qui voient naître une nouvelle race, celle des Boers.
(quatrième de couverture du volume paru aux éditions "J'ai Lu" en 1986)
Il n'y a qu'un seul monde. Un monde où la vie et la mort se rejoignent, où les âmes saignent, où la chairs s'émerveillent dans l'étreinte et se déchirent dans la guerre, où les enfants meurent, où l'herbe pousse, où les innocents paient pour les coupables, où les hommes se cherchent afin de se tuer et de s'aimer, de s'aimer en quelque chose de plus grand qu'eux-mêmes. Et dans ce monde-là, comme disait le Père Teilhard de Chardin, l'homme isolé ne pense plus et ne progresse plus.
Mon but aura été de montrer à la jeunesse future que l'ordre et la durée sont les seules choses qui comptent au monde, avec la Vérité.
L’histoire de la Russie, de 1613 à 1917 — c’est-à-dire pendant le règne des Romanov — est sans doute la plus sanglante, la plus fertile en monstruosités de tous genres sur quoi l’attention d’un historien puisse se pencher. Elle ne le cède en horreur qu’aux débuts de la Révolution — puis aux fameuses “purges” de Staline.
Cependant , au cours des trois siècles dont il est question, on a tellement bâti que les pierres effacent le sang.
Ma foi, je ne sais pas toujours finir. Beethoven ne le savait pas davantage. Et Goethe ? Le don de conclure appartient trop souvent aux imbéciles, aux impuissants. Je ne sais pas finir, parce que la vie ne finit pas. Il faudra pourtant que je retravaille un petit peu cette fichue lettre de Wallenstein à sa maîtresse...
Si le XVIIe siècle est le siècle de Louis XIV, alors le XXe siècle est celui de Hitler. Tyrannie, orgueil sans mesure, abaissement des grands esprits, assassinat de la divine fantaisie ! Au XVIIe siècle, un nouveau critérium littéraire est né : le goût de la cour. Rien – ou à peu près rien – n'existe en dehors de cela. On n'a pas, dans l’histoire littéraire, d'autres exemples d'une concentration pareille. La forme classique devient uniforme. Et soucieux de plaire, grassement payé, l’écrivain n'est plus qu'un prisonnier repu !
2580 - [Le Livre de poche n° 2333, p. 117] La vieille dame et le hasard
J'ai dérangé un vol de vautours. Le vieux guide turc qui me suit comme une ombre depuis huit jours, interpelle l'un d'eux avec égards, agitant solennellement la main : « Hoch Geldinitz ! » dit-il au rapace qui vient de jeter son piaulement de rage. Et cela veut dire : « Soyez le bienvenu ! » Car on respecte le vautour et ses travaux de voirie...
2581 - [Le Livre de poche n° 2333, p. 103/104] Les oiseaux maudits
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