Son frère préparait un baccalauréat technique;lui,par haine de Jules sans doute,n’aimait que les lettres.Sa mère décida qu’il marcherait sur les traces de son aîné et,quand il fut établit qu’il n’était en rien doué pour les mathématiques et les sciences physiques,elle en tira cette conclusion qu’il était idiot.Alors elle lui trouva une place d’apprenti chez un électricien dont la boutique, sise au bas de la rue de la convention,à quelques pas de la Seine,n’était qu’à cinq minutes de marche de la maison.Et,âge d’à peine quatorze ans,Stéphane connut l’exploitation,la misère morale de celui qu’on traite comme un instrument.Il se levait à six heures et demie du matin;à sept heures,il ouvrait la boutique,passait un chiffon sur les rayons,rangeait la marchandises,essuyait les lustres et les lampes exposés dans la devanture,balayait boutique et arrière boutique,l’avait à grande eau le carrelage...À huit heures,il s’arrêtait pour boire un café au lait et manger un croissant au bar du coin.
Et à neuf heures,Quand son patron ouvrait boutique,il descendait dans une cave humide qui prenait non pas le jour mais la nuit par un étroit soupirail ouvert sur une cour ou stagnaient les odeurs des cuisines d’un grand himmeuble vétuste.Vetu d’une blouse d’un gris délavé,il faisait jusqu’à midi les colis qu’il livrerait dans l’après-midi aux quartes coins de Paris.