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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
chapitre Aotrou Laënnec, Ploaré - dans les annéez 1826
pp.-112-114

Serai-je alors déjà dans les jardins d'Eden ? Kerlouarnec.

Encore et toujours.

Mon dernier refuge.

Ces terres me rendent ivres.

Je le dis constamment à Jacquette : la qualité de l'air y est exceptionnelle.

Trop chaud vous étouffe et vous fatigue.

Trop vif vous glace.

Mais ici !

Il y a cette odeur parfumée aux herbes sauvages.

Il y a ce vent aux odeurs de varech qui dilue dans l'air son âpreté si caractéristique.

Tout y est contraste et apaisement.

On se sent à la fois alangui et tonique.

Fort et doux comme un enfant, ou serein et grave, comme un philosophe.

Et je suis devenu cet enfant, et je suis ce philosophe.

Maintenant Jacquette me pousse dans ce landau d'osier et j'accepte...

Au moindre rayon de soleil, nous tentons, dans ce triste attelage, les approches des chemins que nous aimions.

C'est vrai que nous allions volontiers vers ce sentier des Plomarc'h, le petit "port du cheval".

Surplombant la mer, il nous descend jusqu'au Rosmeur.

Les lumières sur l'océan, jouent de leurs séductions changeantes selon les vents, et je ne m'en lasse jamais.

Au printemps, le Menez Hom, chauve et dominateur, semble se rapprocher lorsque les ajoncs et les bruyères sont en fleurs.

Rien n'est jamais acquis, dans cette baie, rien n'est pareil, mais tout semble éternel.

Lorsque nous approchons du port, nous sommes saisis par ses odeurs, si différentes de celles de notre campagne.

Ici tout est rugueux, aride, fruste.

Même le breton des marins prend cette consonance plus hachée, plus brutale que celle des paysans.

L'air y est plus vif, la mer plus salée, l'intensité du matelotage plus forte qu'ailleurs.

Il y règne une atmosphère affairée, bruyante.

Les femmes ramendent les filets, les hommes vont partir, ils chargent les bateaux, ils reviennent, crient avec des gestes saccadés et tout doit bouger dans ce pays de marée où le mouvement c'est la vie.

Et pour ceux qui restent, les anciens immobiles, les vieux épargnés par l'océan et la misère, serrés sur les vieilles poutres posées le long du quai, c'est le silence qui les unit.

Ils ne disent plus rien, ils fixent le large de leurs yeux vides....

Il est temps pour moi de quitter jusqu'à l'idée de tous ces chemins que nous avons parcourus ensemble.

Je m'inquiète toujours pour Jacquette. Elle est à la fois si forte et si fragile.

Nous n'avons pas été riches. Nous n'avons pas fait fortune. Mais nous avons su être. Envers et contre tout.

Et c'est cela l'important.

Ma femme me veille, et je sais que tout ce qu'elle fera sera bien. J'embarque pour l'autre rive.

Je me confesse en latin, mais je meurs et je prie en breton.

Adieu Jacquette, quand allons-nous nous retrouver ?
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chapitre Aotrou Laënnec, Ploaré - dans les années 1826
pp.106-107

Assis sur mon banc de bois, je ne peux m'empêcher de diriger mon regard vers les murs de soutien de la nef et du transept, ponctués de quatre-vingt treize pots " à faire écho".

Enchassés dans la maçonnerie, ils nous renvoient si bien les prêches de l'abbé Guenzengar, dont le faible filet de voix peine à atteindre les oreilles de ses ouailles.

Cependant, nous l'entendons tous, et on peut croire au miracle pour cette acoustique considérablement améliorée. En réalité, ce sont les harmoniques des pots de terre qui, tout simplement, amplifient l'oreille.

Ce n'est pourtant que de la physique, mais j'en reste toujours naïvement ébahi. J'aurais aussi aimé écouter les sons de l'abbaye des Anges qui possède 127 pots de choeur, hélas, l'Aber-Vrac'h attendra ma seconde vie...

Je m'étais déjà demandé si on ne pouvait pas utiliser cette technique, qui date des Gallo-Romains, pour renvoyer les bruits de l'intérieur du corps humain.

Car elle était là ma découverte, et saint Herlé m'a certainement inspiré pour aboutir, enfin, à la forme de mon stéthoscope.

Partout j'ai étudié les échos, j'ai traqué le bruit, j'ai vibré à l'acoustique.

Mais, bon sang, comment peut-on entrer à l'intérieur d'un corps afin d'entendre la plainte de chaque organe ?

Les messages de l'intérieur.

Mon obsession.

J'ai aussi analysé la percussion, qui fait tant de belles choses en musique, car cette méthode renvoie des bruits différents selon l'endroit percuté.

[...]

que de réponses j'ai pu obtenir en me servant de mon stéthoscope, encore expérimental, je l'avoue, et aussi en percutant, augmentant ainsi considérablement la connaissance du médecin sur la maladie.
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chapitre Anne-Marie Audouin de Pompery - Château de Couvrelles - dans les années 1810

pp.40-41

Mon cher petit cousin et Jacquette !

Même physique ingrat, même visage sec, tout en angles, même santé chancelante, même solitude et néanmoins même compréhension d'autrui, même douceur, même altruisme...

Quel poids d'un passé douloureux supportent-ils avec tant de vaillance et depuis si longtemps ?

Ils sont orphelins tous les deux et ce manque est criant.

Théophile qui a encore son père, si irresponsable envers ses enfants qu'on pourrait l'oublier, porte en permanence cette impression d'abandon ressentie si jeune, au décès de sa mère. C'est également le lot de Jacquette, qui n'a jamais pu se remettre de la mort de la sienne, dans des conditions hasardeuses.

Cela ne faisait pas de doute : une douleur profonde ne les quittait plus.

Les combats permanents, livrés par René-Théophile contre son père pour terminer ses études, ceux de Jacquette pour préserver sa fille, ont laissé des blessures dont ils souffrent à jamais.

Et pourtant quels regards !

Quelle intelligence dans celui de mon Petit Cousin, et quelle bonté, quelle générosité, quelle finesse dans celui de Jacquette.

Impossible d'occulter cette étoile qui brille dans leurs yeux et qui les différencie tellement des autres.

Car cela m'est venu à l'esprit, j'ose le dire.

Furtivement, il est vrai, mais cela m'est venu : ces deux-là sont de la même espèce.

Une espèce rare.

Ce passé douloureux les unira un jour, j'en suis sûre. Leur survie sera commune...

Je n'en doute pas un seul instant !
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chapitre La Dame de Kerlouarnec, Ploaré - dans les années 1847
pp.119-120

Tout semble être passé si vite.

Toute une vie pourtant !

Mais la mienne n'a pas suivi une ligne droite, loin de là.

Je suis allée de parenthèses en parenthèses.

Selon mes rencontres.

Selon les bonnes personnes... ou les mauvaises.

Deux courts mariages, deux si longs veuvages.

Et ces deux maris : l'un m'a tout pris, l'autre m'a tout donné. Ces vies comme du sable, qui glissent entre les doigts.

C'est vrai, je reste avec mes ombres.

Elles m'entourent.

Elles m'accompagnent.

J'en ai pris l'habitude, elles ne me quittent plus.

Et avec elles, il me faut vivre.
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chapitre La Dame de Kerlouarnec, Ploaré - dans les années 1847
p.123

Vieillir, c'est tout de même vivre, c'est pourquoi je n'ai pas recomposé le passé, car je n'ai pas voulu vivre à reculons.

Toutefois, rien n'a été fait en vain, car il y a eu un regard pour voir, un coeur pour aimer, une Dame pour vivre à Kerlouarnec.

Il est bon que le corps n'en puisse plus pour nous aider à accomplir nos adieux. J'ai passé ma vie à me chercher et je vais m'en tenir là.
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chapitre Pierre Argou dans les années 1796, pp.26-27

Les fiers pavillons tricolores qui flottent aujourd'hui au vent de la rade ne doivent pas faire illusion.

Brest sait se montrer festive dans la réussite, mais, par contre, elle reste humble et discrète dans la tragédie, et il faut savoir scruter au delà des apparences pour se rendre compte de la douloureuse réalité.
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chapitre Jacquemine Laënnec, Ploaré - dans les années 1826

Pas de transmission, pas de succession, je n'ai rien derrière moi.

Rien.

Il me faudra sûrement survivre mon temps destiné.

[...]

Car j'ai été aimée pour ce que je suis et Théophile a pris soin de moi jusqu'au bout.
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