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Critiques de Michèle Desbordes (52)
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La demande

Vers la fin de sa vie, Léonard de Vinci quitte l’Italie pour venir vivre en France où il est invité par François 1er. Même si son nom n’est jamais prononcé, c’est bien de ce génie de la Renaissance que nous parle Michèle Desbordes en nous contant ses dernières années passées sur les bords de Loire. Pour ce voyage il est accompagné par quatre élèves, dont le célèbre Salaï, qui fut longtemps son modèle et sans doute son compagnon. Tous, vont s’installer dans un manoir où ils travailleront à divers projets pour le roi de France. Afin de prendre soin d’eux, une servante réside dans cette demeure et c’est entre cette femme, âgée déjà, d’origine très modeste, n’ayant jamais quitté sa région, et le vieux maître toscan, que va se tisser une douce relation faite de regards et de silences.

La plume de l’auteure parvient parfaitement à nous faire ressentir l’atmosphère à la fois tendre et mélancolique qui règne en ces lieux et nous offre une lecture empreinte de nostalgie et d’humanité.
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La demande

Oh là là,ce style littéraire rare,riche et maîtrisé comme un classique.

Je l'ai goûté à voix haute.

Lui,peintre, elle servante,

se regardent longtemps avant de se Dire. Et, tous ces éléments naturels qui ruissellent dans ce livre :, la Loire (fleuve "bleu"), falaises, bois, vignes..

Magistralement sensuel...



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L'emprise

Je découvre tardivement Michèle Desbordes, puisqu’elle est décédée depuis bientôt vingt ans. C’est le deuxième de ses romans que je lis, et je suis vraiment conquise, encore plus que pas La demande, avec lequel je l’ai découvert, voilà quelques mois.



C’est un livre très personnel, puisqu’il évoque les souvenirs que semblent être les siens, de ses jeunes années, de ses proches, et nous le comprendrons progressivement, surtout les souvenirs, et encore plus le manque de son père, disparu soudainement et laissant une sorte de béance. Mais la construction du livre, tout en volutes et détours, nous fait voyager, dans le temps et dans l’espace, dans les premiers souvenirs, tellement lointains, que la possibilités qu’ils aient été récrées, réarrangés, voire fantasmés, ne quitte pas le lecteur, ni l’auteure d’ailleurs, qui est sans illusion sur les infidélités de la mémoire. Mais peut importe au final : les souvenirs écrans peuvent être aussi vrais que la réalité tangible, ils participent à la construction de la personnalité.



Nous voyons donc par les yeux d’une enfant, puis adolescente, les événements, les êtres proches, ce qui a eu lieu, ce qui aurait pu ou dû avoir lieu. Ce qu’elle a appréhendé sur le moment, et surtout reconstruit ensuite, de la vie de ses grands-parents, et parents. Tout cela arrive dans une sorte de désordre, ce n’est pas un récit linéaire, à aucun moment il n’y a d’arbre généalogique, de documents d’état civil. Il s’agit de se souvenir, avec les méandres, les fuites de la mémoire, sa manière de passer d’un moment à un autre. Sans oublier les ressassements, les retours des souvenirs importants. Bien qu’à la fin du livre, on réalise à quel point tout cela est construit et pensé, nous suivons le récit comme il vient, les moments les uns après les autres, avec parfois une difficulté à se repérer dans le temps, dans la nature du morceau qui nous est livré. Avant de saisir dans un éblouissement le sens, la raison d’être profonde et essentielle.



Le tout dans un style merveilleux, poétique, une véritable musique, qui enchante de bout en bout.



Une petite merveille, en dehors du temps, essentielle.
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La demande

Seulement 132 pages et pourtant ce roman m’a paru bien long et sans grand intérêt.

Cette histoire à l’écriture fine relate la vie quotidienne des dernières années d’un maitre italien du 16ème siècle exclusivement évoqué par un « Il » tellement distant que je me suis presque immédiatement désintéressé de lui.

Chaque chapitre dont l’allure bien que poétique soit très lente donne l’impression d’être figée comme un petit camée absent de relief.

Après un voyage de soixante-douze jours avec quelques élèves et trois toiles dont « Il » ne veut pas se séparer, ils atteignent leur but imposé par une obligation royale :

Les bords de Loire.



Installé dans une demeure, « Il » aura une servante : « Elle ».

Ils resteront toujours deux à la troisième personne. Pas une ligne de dialogue entre eux.

Ils se complairont dans leurs souvenirs distincts, dans l’observation de leurs habitudes et dans la contemplation de la douce Touraine. Je m’y suis beaucoup moins plu.

Les saisons s’égraineront, ils ne s’abandonneront jamais à d’autres ouvrages que leurs besognes respectives.

« Elle » sera irréprochable, dure aux tâches répétitives, vaillante malgré son grand âge.

Elle ne se permettra jamais aucun écart. Juste un monologue, une demande.

« Il » sentira la fin approcher, la lassitude l’envahir. Moi aussi.



Pour moi, la Demande n’avait pas lieu d’être formulée, elle est restée finalement sans Raiponce, qui est d’ailleurs partie avec un inconnu réaliser ses rêves.

Ma dernière phrase est un peu tirée par les cheveux, mais c’est juste pour égayer un peu ce texte qui m’a semblé bien terne. Ne coupons pas les cheveux en quatre, je suis passé à côté.



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La demande

Une quatrième de couverture plein de promesses pour ce court roman. Hélas, je suis passé à travers. La rythmique et la musicalité des phrases m'ont laissé sur le bord de la route, Difficile de suivre ce flot de pensées ou tout n'est que succession et répétition. Celui des saisons, des gestes de cette servante inlassables et immuables, de ces regards, de ces silences ...

Difficile de cerner les éléments nouveaux, de percevoir l'eclosion de cette relation qui nous conduit jusqu'a cette fameuse nuit de la demande (qui me laisse pour le moins sceptique )



Dommage...
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L'emprise

Un texte à l'image d'une pelote de fils emmêlés, entrecroisés, tressés les uns aux autres comme images en miroir des souvenirs égrenés, des fulgurances de l'enfance qui s'échappent de l'esprit que l'on sonde.





Des fils légers et doux comme des plumes ou pesants et rêches des moments passés, des fils précieux comme la langue qui les évente, comme les mots qui les ébruitent...



Tantôt des fils tout en lumière, colorés, irisés, moirés pour essayer d'écrire une ébauche de la définition du mot bonheur, celui de l'instant, celui des petites choses, de celles qu'on oublie et qui sont souvent les plus précieuses. Tantôt des fils ternes sans tons vifs, à l'extrémité de la gamme des couleurs, des fils comme l'ombre des oiseaux noirs des ciels d'hiver, de ceux qui ne sont cohorte que de tristesse et de peine, de culpabilité et de remords...

Il y a ceux dont les reflets chatoyants font briller les yeux, dessinent l'ébauche d'un sourire, et il y a les autres qui dialoguent avec les larmes, les dessinent et les font perler… On ne peut les retenir même si la bienséance l'exige, même s'il ne faut rien montrer de cette part de faiblesse que le chagrin tisse dans l'âme.



D'ailleurs, il ne faut rien avouer, ni dénuder de ce que l'on pense, ressent, désirerait... Il faut se tenir là, en marge, à l'extrême limite du cadre, juste à la lisière de l'insondable intimité qu'on dévoile si peu…

Juste consenti était le droit d’observer, de regarder intensément, mais en aucun cas celui d’exister, simplement de laisser entendre un souffle, de prendre présence dans le moment.





Ce livre, c'est tout cela, le visage qui se tourne sur l'avant, l'autrefois, pour un dernier regard, une dernière caresse des moments. Un cheminement, à l'image d'une déambulation sous une arcade végétale, sous les entrelacs des branches qui retiennent ou dévient la lumière, une part d'ombre, des moments soudains de brillance, des étincelles de lumière parce que tout est ainsi, tantôt lumineux, tantôt ténèbres, tout se côtoie, tantôt merveille du moment, tantôt désespérance de ce qu'on ne peut réécrire. L’évocation de pérégrinations le long du fleuve inlassablement contemplé et les fils évoqués et imaginés ne seraient peut-être que le reflet des cascades des eaux, des tourbillons autour des pierres et des berges, de l’évanescence devinée des herbes accrochées au lit de ce dernier, une illusion de l’imaginaire qui caracole.



Tout est suggéré, esquissé, les mots se font traits effilés, rien n'est appuyé, on ne touche pas le sol, on glisse d'un passé vers l'autre, d'un visage vers un lieu, d'une émotion vers un regret, parfois une amertume, et tout s'inscrit au fond de l'être, en écrit l'avenir et le devenir, en sculpte la vie qui éclot, qui grandit de ces années, cela n'était pas si palpable à ce moment mais reste indéniable dans cette tardive évocation, la dernière, la plus vraie, la moins travestie, la plus sincère et la plus bouleversante.





Une écrivaine à lire pour se nourrir d’une langue autant poétique que raffinée, toujours éloquente et imagée. Une lecture dont on s’éloigne devenu autre...

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Les Petites Terres

Par l’autrice de La Demande (un chef-d’œuvre), de La Robe bleue (magnifique), ce livre (bribes, fragments,parcelles) publié à titre posthume et dont Charlotte Gainsbourg lit un large extrait (un peu modifié et adapté) à la fin du film Les passagers de la nuit, de Mikhaël Hers (2022).

« Il y aura ce que nous avons été pour les autres, simplement nous étions là, il y avait quelque chose de chaud, d’éternel, et nous n’étions jamais les mêmes, ces inconnus magnifiques, des fragments de nous, ces passagers de la nuit. »



Un livre autobiographique, d’une traite et pourtant décousu, sur l’amour, la souffrance, la séparation - un long exil, puis la maladie qui dévaste et la mort. Les regrets, beaucoup de non-dits et de pudeur, les paysages de Loire chers à l’autrice et qui apaisent, l’hostilité d’une île sous les tropiques, la douceurs de voyages en train.

Parfois difficile, mais toujours poétique et sensible.
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La robe bleue

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La demande

Joli livre, plein de finesse. L’écriture, sobre et subtile à la fois, ne cherche pas à produire des effets. On sent la modestie littéraire de l’auteur (noblesse de la femme), ce qui est rare de nos jours. Toutefois, on reste un peu sur sa faim, comme si la pâte, par manque de levure, ne levait pas. Ça manque du sel. On aimerait plus d’allant, de sève, de tonicité pour être emporté. Un peu comme des préliminaires qui ne déboucheraient sur rien de concret. C’est dommage car c’est très bien écrit.
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La robe bleue

C'est avec plaisir que j'ai relu ce livret de 155 pages, concernant, pour moi, la figure la plus talentueuse et la plus dramatique des artistes du XXe siècle.



Qui ne connaît pas la photo emblématique de cette vieille dame, assise sur une chaise, les mains croisées sur ses genoux, les yeux perdus dans le vague de ses souvenirs, une moue désabusée dessinée sur les lèvres, dans l'attente interminable de quelqu'un venu la délivrer de l'enfer de l'asile ? Michèle Desbordes s'est emparée de cette image lugubre, d'une tristesse infinie, pour imaginer le déroulement monotone de la vie d'aliénée de Camille Claudel. Car il s'agit bien de cette passionnée de la vie, de l'amour et de son art, cette femme au talent incommensurable à laquelle on a coupé les ailes.



Que faire dans un lieu si tristement désolé hormis attendre, attendre Paul, attendre son "petit Paul", ce frère pour lequel elle s'est battue bec et ongles pour qu'il puisse réaliser son projet d'écriture, ce frère qui parcourt le monde entier au gré de ses mutations d'ambassades, ce frère qui a signé sa demande d'internement et par là même, l'arrêt brutal de toute forme d'expression, orale comme sculpturale, ce frère qui ne vient que rarement la voir, même lors de ses passages en France, ce frère qui la néglige et qu'elle aime malgré et plus que tout.



Sur sa chaise bancale, devant le pas de la porte, Camille rêve et ressasse les temps forts de sa vie ; son enfance à Villeneuve, entourée de l'amour paternel, bridée par la dureté de sa mère ; son échappée vers Paris, intégrant l'atelier du Maître, Auguste Rodin ; son ardente passion pour cet homme ; ses divagations dues à l'alcool, la malnutrition, l'insécurité, le sentiment de persécution, qui finiront par l'engloutir au fond d'un asile.



Reprendre "La robe bleue", c'est me replonger dans la détresse et dans la solitude d'une femme que j'admire depuis longtemps. Ce livre est un réel hommage à l'impétueuse et à la rebelle Camille, dévorée par la passion de son art et de son amour brûlant pour Rodin. Je suis toujours aussi bouleversée devant ses sculptures qui sont une mise à nu de l'artiste, à chaque période de sa vie. La sensualité de la "Valse" ou de "Vertumne et Pomone" (ou Sakountala, ou L'Abandon), le désespoir de "L'implorante" retrouvée dans "L'âge mûr", la finesse dans "Les Causeuses" ou "La vague", me submergent à chaque fois.



Le talent n'occulte pas les démons qui ont pris possession de l'esprit fiévreux de Camille. À son époque, la psychiatrie était à ses balbutiements et les délires de paranoïa avec lesquels elle se bat n'ont pas de traitement. Seul l'enfermement est préconisé pour retirer l'inopportun à l'abri des regards. Aujourd'hui, l'origine du mal serait attribuée à un burn-out dû à un travail intense, acharné, sans manger ni dormir. Devait-elle être rayée de la famille et subir l'isolement, privée de visites et de correspondance pour autant ? De cette "folle furieuse, dévergondée", qualificatifs abondamment utilisés par sa mère, il reste les œuvres, celles qu'elle n'a pas détruites, celles qui laissent entrevoir tous les trésors qui ont disparu. C'est grâce à sa petite-nièce, Reine-Marie Paris, petite-fille de Paul, que le travail de cette sublime artiste sort de l'oubli. En 1958, cette jeune femme a 20 ans et découvre, presque par hasard, le travail de son aïeule, maintenu à l'ombre du tabou familial.



Je n'ai jamais eu une grande admiration pour la littérature de Paul Claudel. Son comportement d'évitement vis-à-vis de sa sœur, ne m'a pas mise dans de bonnes dispositions à son égard. Reine-Marie Paris, a confié lors d'une interview de 2014 :"Mon grand-père avait nourri une énorme culpabilité toute sa vie, au-delà de la mort de Camille. Il pensait ne pas avoir fait ce qu'il aurait dû." Sa conscience l'aurait-elle démangée un tout petit peu ?



Ce roman, bien que basé sur la correspondance et inspiré de la vie et des œuvres de Camille Claudel, est une fiction. Par son style original et sa magnifique écriture, Michèle Desbordes imagine la détresse de cette femme, livrée à ses démons, recluse et abandonnée à une détresse gênante, ballottée de l'asile de Ville-Évrard en Seine-Saint-Denis à celui de Montvergues à Montfavet en Avignon comme un paquet encombrant. Son internement durera trente ans, sans qu'elle touche un seul gramme de terre glaise, et pendant lesquels son "petit Paul" adoré ne lui rendra visite qu'une dizaine de fois ! En 1943, à 78 ans, Camille Claudel meurt dans l'indigence, le froid et la faim, comme 40 000 malades mentaux en France. Dans l'indifférence générale, elle sombre dans l'oubli. Aucun membre de sa famille n'assistera à son inhumation, ni ne réclamera son corps, qui finira dans l'ossuaire du cimetière de Montfavet. Seule jusqu'à bout !



« Une inordinaire solitude » M. Desbordes



« Rien ne dit la peur ou la tristesse, ni la violence d'un désespoir. » M.Desbordes



« Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente. » Camille Claudel, Lettre à Rodin, 1886



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L'habituée

La dévastation d’une famille qui atteint chacun de ses membres par méandres successifs, sournois et brutaux. Un livre sur le silence et l’enfermement comme réponses à l’épreuve, quand celle qui en est à l’origine a pris la fuite. Un livre sur le poids des regards et des rumeurs de l’environnement qui, plutôt que d’accepter simplement ce qui est tu, s’aventure en suppositions péjoratives.

Ce silence qui s’est imposé pendant des années, et le on-dit qui s’épuise à mesure du temps qui passe, parlent par l’écriture longue, lente, ciselée en clair-obscur, de Michelle Desbordes. Une merveille !

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Artemisia, et autres proses : Suivies de Mi..

J’aime énormément Michèle Desbordes, peu connue mais d’une écriture merveilleuse tout en délicatesse et subtilité. Une écriture de l’infime et du silence. Son écriture m’emporte dès la première phrase et peu importe le sujet. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver cet ouvrage dans un passage des livres. Une édition de toute beauté, à l’image des ces portraits d’artistes que Mme Desbordes aimait. Un livre à lire caché en égoïste à l’abri des tumultes du monde pour savourer le peu. Pour moi, l’une des plus belles plumes françaises.
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La demande

Ce livre-là, c'est la Loire elle-même qui l'a écrit. La Loire entre Orléans et Tours, la Loire lente, alanguie, sans violence apparente, dont les couleurs ne crient jamais, dont les saisons ne connaissent pas les extrêmes. Toute en nuances, en impressions fugitives à redécouvrir à chaque heure des journées différentes. Dont la beauté, même aux jours d'été les plus purs, garde une mélancolie douce.

Il sera difficile maintenant de regarder la Loire sans penser à la servante.
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La demande

Un court roman, 120 pages, deuxième texte en prose de l’auteure, par ailleurs poète, paru en 1998. Un homme, un artiste, jamais nommé dans le roman vient d’Italie en France, à la demande du roi. Il amène des tableaux, et doit construire un château pour le roi. Qui le loge dans un bel endroit, avec pour le servir, Tassine, une vieille femme, qui n’a fait que cela toute sa vie, servir les autres. L’artiste (qui ressemble beaucoup à Léonard de Vinci) dessine, fait les projets du château avec ses élèves, écrit en Italie, et se souvient de son passé, tout au moins quelques bribes. Tassine, lave, nettoie, prépare à manger, n’arrête pas de rendre la vie plus agréable pour les autres. Entre les deux surgit une familiarité, une compréhension, au-delà des mots.



Beau livre, dans une écriture splendide, qui évoque une rencontre improbable et rare. Les deux personnages sont proches de la fin de leurs vies, et le savent. Chacun d’entre eux fait ce qu’il a toujours fait, ce pourquoi d’une certaine manière il a le sentiment d’avoir été fait, avoir été destiné. Reste à sa place, qu’il ressent comme la place juste. Tassine allant plus loin encore, et voulant poursuivre même au-delà de la mort à servir, à se rendre utile.



Il ne se passe pas grand-chose en apparence, tout est dans les regards, dans les gestes, dans les habitudes, dans une harmonie avec les paysages, les lieux, les saisons. Certains pourront trouver cela très lent, statique, mais une émotion vient progressivement, émerge, s’installe, et va crescendo jusqu’au dénouement, prévisible en un sens comme l’est par définition celui de toute vie humaine, mais en même temps d’une grande densité, comme une sorte d’acmé.



Une jolie découverte.
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La demande

Particulièrement difficile de trouver à redire à ce petit livre: rarement le silence aura atteint pareille densité. La rencontre entre le peintre italien et la vieille servante prouve, une fois de plus, la mystérieuse unité de l'expérience humaine; la langue, à la manière de Vercors, s'épure sans s'appauvrir, et les personnages à peine silhouettés jettent le même trouble que si, soudain, apparaissait une forme de femme dans l'arrière-fond d'un maître du Quattrocento. La lecture en est très sensuelle.
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La demande

Ce court roman pourrait se résumer en une phrase, si l'on suit l'indication donnée par le titre: une servante fait une demande particulière à son maître, dans la France du 16ème siècle. Et pourtant, quelle que soit cette demande, la façon dont on n'y répond ou non, le roman évoque le pli des robes, les brumes matinales, ce qu'on voit des fenêtres, le temps qui passe à un autre rythme que le nôtre...et cela fait du bien, comme si on retrouvait le sens de des petites et grandes choses.

Les personnages sont '"il", "elle" et d'autres "ils". C'est tout. Et cela suffit à nous ramener à nos questions existentielles : ce que l'on fait de sa vie, de son temps, de sa mort, de nos paysages familiers, des êtres que l'on croise sur notre route. Un roman magistral.
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La robe bleue

L'autrice retrace une partie de la vie de Camille Claudel, oscillant entre les périodes, comme si elle retraçait archéologiquement les fils de pensée des différents personnages. Ce style assez original n'est pas toujours facile à suivre et même s'il donne un caractère très particulier à ce roman, il m'a parfois un peu perdu.



La vie de Camille Claudel reste effroyablement bien retranscrite, avec toute l'injustice de cet enfermement et l'abandon progressif de cette femme sur tout ce qui fait le goût de la vie.
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La demande

La Demande de Michèle Desbordes est un roman court à l'écriture très poétique qui relate la fin de vie de Léonard de Vinci en France, au Clos-Lucé. Il rencontre une servante et ils vont faire connaissance sans jamais vraiment se parler (d'ailleurs, il n'y a aucun dialogue, que des phrases au discours indirect lorsqu'ils se parlent). Si au début, les phrases qui sont très longues et qui sont écrites avec une ponctuation particulière ne me plaisaient pas, je trouve qu'au final c'est ce qui rajoute du charme au roman. En effet, l'écriture va très bien avec l'histoire qui sont toutes les deux poétiques. C'est d'ailleurs cet aspect que j'ai préféré dans ce roman : le fait que les personnages ne se parlent pas (du moins, pas souvent) mais qu'une relation se construise tout de même grâce aux regards mais aussi grâce à la compréhension des sentiments de l'un et de l'autre est une approche de l'amitié intéressante et originale (Ce n'est pas une relation qui existerait dans la réalité !). J'ai aussi beaucoup aimé le thème de l'observation, avec tous les moments du quotidien et les paysages décrits. C'est grâce à ce sens aiguisé de l'observation que la relation se construit. Et aussi, les thèmes du temps qui passe et de la mort sont très bien retranscrits, avec beaucoup de fraicheur. Un livre à lire si on veut être de bonne humeur. Néanmoins, je conseille de regarder un documentaire ou de se renseigner sur la vie de Léonard de Vinci avant de lire ce livre au risque de ne pas comprendre grand chose.
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Les Petites Terres

Quel dommage que cet immense écrivain soit si peu connue. Mazette quelle écriture ! Quelle émotion à la lire! Il faut aimer une écriture travaillée, intimiste, étouffante par endroits, serrée, à longues phrases interminables et se laisser porter par les mots, les riens remplis de mots. elle dit ici le souvenir, la mort, le deuil, la vie et convoque Duras, Herzog, Friedrich, la Guadeloupe, les Cornouailles, Wolf, la Bretagne, la Beauce, la Loire, Andresy, paris, Cendrars,.... et son amour qu’elle retrouve et qu’elle accompagne aux confins de la mort. C’est intense et beau, que dire de plus si ce n’set Lisez cet auteur...
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L'emprise

Que peut on dire de cette immense écrivaine peu connue, exigeante, d’une écriture poétique, travaillée, contenue et dense, magnifique, intense, puissante, portée par les mots, l’inscription pour le lecteur d’images et de sentiments. Et celui-ci est particulièrement émouvant, revenant sur sa vie par bribes, et celle de sa famille, tout en ellipses et métaphores alors que c’est son dernier livre et qu’elle se sait condamnée. Bouleversant
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