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Citations de Michèle Gazier (162)


Ils regardaient la vie comme on feuillette un livre d'images, avec des ravissements d'enfance. Mais ils vivaient la leur avec frugalité et pingrerie. Ainsi n'invitaient-ils jamais personne à partager leurs repas. Ils s'en excusaient en disant : "Vous savez, nous, nous picorons." Ce qui prêtait à sourire. La minceur presque maladive de M. René était comme une preuve de son ascétisme. Plutôt bien plantée sur ses mollets de scoute que battaient invariablement des kilts sombres aux dominantes bleues ou vertes, Mme René, plus ronde et surtout plus musclée, ne parvenait pas à contrebalancer l'image famélique qu'offrait son mari. Les René mangeaient mal en privé et bien en société. Certains observaient sans aménité qu'ils faisaient dans un cas des économies et dans l'autre des réserves.
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Et quelquefois à la maison, dans mon lit, longtemps après le dîner, les dernières heures de la soirée abritaient aussi ma lecture, mais cela, seulement les jours où j'étais arrivé aux derniers chapitres d'un livre, où il n'y avait plus beaucoup à lire pour arriver à la fin.
Alors, risquant d'être puni si j'étais découvert et l'insomnie qui, le livre fini, se prolongerait peut-être toute la nuit, dès que mes parents étaient couchés je rallumais ma bougie.
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Plus tard, lorsque l'histoire des René et de leur drôle d'oiseau défraierait la chronique d' Uzès, ces gens qui lui avaient souri diraient à l'unisson qu'ils avaient bien vu, eux, que ce jeune étranger - ils diraient : cet émigré de merde qui vient manger le pain des Français, ce putain de métèque - était un escroc-né, un menteur comme tous les gens de sa race. Ils diraient aussi qu'il avait manoeuvré comme un fou, inventé des stratagèmes pour se rapprocher d'eux et devenir indispensable.
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Chaque livre était un monde en soi, et je m'y réfugiais.
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Depuis qu'elle a pris connaissance de l'article rédigé et expédié par Alain Rachet, Mme Clô ne parle à nouveau presque plus. Ce n'est pas là le signe d'une tristesse, d'une protestation, d'une démission. Elle se tait parce qu'il est des situations où parler est superflu. J'ai appris en l'observant qu'on peut devenir muet de bonheur, de sérénité retrouvée. Muet de se savoir encore aimée.
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J'ai toujours aimé lire, rédiger des critiques. Mais ce qui est pour moi aussi nécessaire que destructeur, c'est ce long travail de l'écriture, transformer la vie, les frustrations, les souvenirs en mots.
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Les oiseaux! Ils avaient été toute leur vie. Ils leur avaient tenu lieu de famille, d'enfants, d'amis. Quand, autour d'eux, des couples de leur âge partaient à travers la France vacancière pour rejoindre leurs vieux parents, leurs petits-enfants ou simplement des lieux où ils passeraient entre amis ces jours si longs de l'été, eux compulsaient leurs fichiers et décidaient d'aller surprendre la migration prénuptiale précoce des courlis cendrés dans les salins d'Aigues-Mortes ou de guetter le vol majestueux des faucons pèlerins qui planent en solitaire au-dessus des gorges escarpées du Tarn.
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Il était évident que Julio ne me dirait plus rien. Il fallait changer l'angle d'attaque. Je me sentais épuisée et excitée, sonnée et nerveuse. Nous avancions vers la buvette et, dans pas longtemps, je pourrais avaler quelque chose et être confortablement assise. L'idée m'a stimulée. Je n'ai pas tourné sept fois la langue dans ma bouche avant de poser la question suivante. Elle est partie toute seule.
- Mon grand-père est mort ici, et je ne sais pas où est sa tombe. Tu sais, toi, où elle se trouve ?
En réalité, je n'avais jamais pensé à la tombe de mon grand-père. J'ai toujours eu horreur des cimetières.
Julio, qui m'avait dépassée et me tenait la main pour m'aider à franchir un passage un peu escarpé, m'a répondu simplement :
- Le corps de ton grand-père n'est pas dans une tombe.
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Michèle Gazier
J’ai souvent pensé qu’il devrait exister une association de lecteurs anonymes comme il en existe pour toutes sortes d’addictions. Mais à l’inverse des réunions où se retrouvent et se racontent alcooliques ou drogués, les soirées des lecteurs anonymes ne célèbreraient pas les jours d’abstinence mais ceux où un livre, puis un autre, et un autre encore sont entrés dans leurs vies. Ceux où les mots ont éloigné la tristesse, où les histoires ont conjuré la solitude, où la découverte du plaisir de lire fut comme une nouvelle naissance, où les barrières du réel, du quotidien, de la banalité des jours sont tombées sous le choc de l’émotion. Je lis donc je suis moi et un autre, moi et des centaines d’autres. Moi ici et moi ailleurs, au présent, dans le passé, dans le futur. Je lis et je suis multiple et inatteignable…

Dans La République {des livres} , le 07/12/2019.
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La lecture, comme la cuisine, s'enrichit du commentaire qui l'accompagne ou la prolonge. Les mots sur les livres, quand ils ne sont pas contraints, sont une dégustation supplémentaire, le partage d'une saveur secrète.

Michèle Gazier
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Ainsi découvrit-il la vertu paradoxale de la lecture
qui est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens.
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Mes mots allaient dépasser ma pensée.Belle expression, totalement hypocrite.Les mots ne dépassent pas la pensée , il sont la pensée.
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Lorsqu'on rencontre un homme qui à force de s'adonner à la lecture est devenu possesseur d'une culture littéraire étendue, on dit :
"C'est un lettré."

A quoi ce mot de lettré s'oppose, - on le tait, poliment.
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Bien sûr, ils auraient pu l'inviter à partager ce repas éthéré, mais elle avait si peu l'habitude de cuisiner pour trois. En réalité, cela ne lui était plus arrivé depuis... Elle compte. Elle recompte. Comment est-ce possible? Trente-cinq ans! Il y a trente-cinq ans, au bas mot, qu'elle n'a pas convié quelqu'un à leur table. Comme le temps passe... Pourtant, quand elle y repense, il lui semble que c'était hier qu'elle accueillait de vagues cousins, un couple, dont le mari avait de l'influence dans les milieux scientifiques et pourrait être utile à son cher René.
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Il est arrivé au milieu de l'hiver 2000, quelques semaines à peine après la tempête. Les gens du village se souviennent de ces choses -là. De la tempête, qui a déraciné les trois platanes de la place,mais épargné un acacia maigrichon qu'un des maires avait planté dans les années 1980, à la mémoire d'une paysanne retrouvée morte sur le trottoir.Une femme qui avait mérité, disait-on au village,même si plus personne ne se rappelait ses mérites.Et l'Acacia avait résisté, juste perdu quelques feuilles.
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La littérature, comme le crime organisé, a son réseau.
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Sans lui donner de leçon de morale,ni brider sa fougue,ses parents lui avaient appris l'un avec des fleurs ,des plantes et des arbres,l'autre avec des fils de couleur que la beauté est harmonie,simplicité travail.Que la beauté est en soi une morale.Sa vie durant, elle appliquerait ces préceptes jamais énoncés ou alors ,seulement à travers des gestes. Odile aurait cette mémoire des gestes jusqu'au bout de ses vies. Ses mains ridées, tavelėes puis finalement gantées de vieillarde, sauraient toujours composer un bouquet ,assembler deux couleurs ,faire jouer l'ombre et la lumière dessiner une silhouette légère comme une flamme.
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Je ne crois pas avoir saisi tout de suite combien derriere son apparente façade de tranquillité Saint-Julien pouvait être une terre hostile et indéchiffrable pour qui n'y avait pas quelques accointances.Les gens d'ici ne m'aiment pas .Et je leur rends bien.Mais je m'inscris dans leur histoire.Je suis celui qui est parti celui qui《 s'en croit》,comme on dit dans ce pays.Le fils de,petit-fils de,etc...Je ne partage rien de leurs centres d''intérêts mais ,d'une certaine manière, je parle leur langue.Cette langue intime des gestes,des manières de se comporter.Des silences.Une langue enrichie de connaissances géographiques anciennes-- les noms des boutiques aujourd'hui disparues, les vieux surnoms des rues--,des querelles ancestrales, des secrets de famille.Même si je sais très peu de leurs secrets qui,en outre,ne m'intéressent pas en dehors de leur interaction sur l'histoire qui m'occupe.Je tiens mon lointain et vague savoir villageois de mon grand-père. Cette mémoire-là de l'enfance,de nos promenades, m'accompagne fidèlement. Il m'arrive encore lorsque je parcours les rues à la nuit tombée d'entendre la voix de mon aïeul me racontant ses jeunes années de petit paysan.
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J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles pour parvenir jusqu'à nous.

Jusqu'à ce que je comprenne
en voyant cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement.
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Prologue
La maison disparaît sous la vigne vierge et le lierre qui s'en disputent les façades. Bientôt, de la route on ne verra plus qu'une masse de verdure à peine plus sombre et compacte que la végétation qui la cerne.Ici ,dans cette vallée humide qu'a creusé la Juine ,la nature devient vite folle.Privilège de la nature sur l'homme : lorsqu'elle devient incontrôlable ,on dit qu'elle reprend ses droits.
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