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Citations de Michèle Perret (68)


Comme ils étaient en train de sortir du golfe de Marseille, les prisonniers du château d’If, l’une des îles qui les séparaient de la pleine mer, furent les derniers à les saluer, aux cris de "Vivent les colons ! Vive la liberté !" Liberté, un mot qui prenait toute sa signification dans la bouche de ces condamnés à vie ! Quelques acharnés répondirent en agitant leurs bonnets rouges, les bonnets phrygiens qu’ils avaient emportés avec eux en souvenir, on entendit même un ou deux "Vive l’anarchie", mais Jeanjean et deux autres gardes-chiourmes munis de bâtons les menacèrent et les firent taire. Tous les autres ne disaient rien.

(p. 143-144)
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La belle Jeanne Sabour avançait dans le soleil en balançant librement ses hanches, en leur chantant de sa voix chaude la romance ancienne que lui inspirait le miroitement du canal :

Tant que cette eau coulera doucement
Vers ce ruisseau qui borde la prairie,
Je t’aimerai, me répétait Sylvie,
L’eau coule encore, elle a changé pourtant.
Plaisir d’amour ne dure qu’un moment…

On partait pour une fascinante aventure, bien nourris, à flemmarder sur les chemins de halage, on plaisantait, on chantait beaucoup.
Seule la mort d’un tout petit enfant, petit dernier d’une famille indigente qui s’était embarquée sans le sou, avait assombri un instant l’humeur joyeuse des voyageurs.

(p. 102)
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Dans cette cour, devant la demeure paternelle, il n’y a plus de vigne vierge, il n’y a plus de pigeons ni de pigeonnier, il n’y a plus de géraniums, l’accès au bassin a été muré et le beau bougainvillier qui s’y adossait n’est pas encore en fleurs. Il n’y a plus que la douceur d’un après-midi de mai et deux anciens encore alertes qui essaient difficilement de trouver la voie vers le passé, cette histoire vieille de plus de soixante ans et le souvenir si fort des jeux et des joies de notre enfance commune. Les autres nous entourent et écoutent, essayent de comprendre ce qu’ils ne comprendront jamais, les soirs d’été à faire de la planche à roulette dans la cour poussiéreuse, les soirs d’hiver à jouer au couteau dans la terre moussue de décembre, les parties de foot des garçons, du côté de l’aire à battre – nous, les petites filles n’étions que spectatrices. Les grandes, immenses soirées d’été et la poussière urticante du blé en grain. Les parties d’osselets. Et notre innocence.
Un élan nous pousse l’un vers l’autre, nous avons la gorge serrée, nous nous donnons l’accolade. Nous savons que nous ne nous reverrons sans doute jamais. D’ailleurs, y tiendrions nous ? Nous ne sommes que le croisement de deux lignes de vie…

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J'avais une ferme en Algérie...
Une phrase à la Karen Blixen, si transparente, si chargée de la mélancolie du temps jadis. Si désuètement coloniale, anglo-saxonne même, avec casques blancs, voiles et jupes longues, genre memsahibs sirotant leurs thés sous leurs vérandas, par exemple. Et quelques indigènes très gentils et de préférence humbles et serviables en fond de décor.
Mais voilà, outre que l'Algérie, ce n'était pas tout à fait ça, je n'ai jamais eu de ferme en Algérie. Cette ferme, (si tant est qu'on possède quelque chose en ce bas monde), a appartenu à mon arrière-grand-père qui l'a créée, à mon grand-père qui l'a embellie puis à mon père qui l'aimait et l'a perdue. Elle n'a jamais été à moi, je n'y suis même pas née, je suis née à Oran. Elle s'appelait Saint-Jean, j'y suis arrivée toute petite, si petite que cette terre m'a engloutie. Elle a façonné mon enfance.
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Le nom de France
• Au VI° siècle, apparaît le nom de "Francia" pour désigner le pays germanophone d'où sont originaires les Francs (de Mayence à la mer du Nord).
• A partir du VIII° siècle, ce nom commence à supplanter le nom de "Gallia"(dans les Gloses de Reichenau, par exemple) pour désigner la « Gaule du nord ».
• Au IX° siècle, sous Charlemagne, il désigne la totalité de l'empire de Charlemagne.
• A la fin du IX° siècle, au moment des serments de Strasbourg et du traité de Verdun, on distingue trois "France": la France orientale (qui échoit à Louis le Germanique), la France du milieu (qui échoit à Lothaire), la France occidentale, royaume de Charles le Chauve.
• Par la suite, seule la France occidentale, celle de Charles le Chauve, conservera le nom de "France".
• Enfin, le nom de France sera réservé au seul "duché de France" (constitué en 847 par Charles le Chauve), fief des Capétiens. L'extension du nom de France suivra ensuite l'extension du pouvoir des rois, capétiens puis Valois.
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Cette humble population parisienne, éminemment citadine, découvrit la France, puis la mer et dut s'adapter à un pays nouveau au climat difficile, s'échiner à l'agriculture, cohabiter avec des populations dont elle ignorait tout, tester ses convictions humanistes face à plus démunis qu'elle. Evoluer, devenir un peuple nouveau..
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Dans ce retour vers un si lointain passé, l’étonnant est de sentir sans cesse des souvenirs perdus remonter en surface et éclater comme des bulles. Des souvenirs minuscules, qu’on n’avait jamais convoqués et qui vous sautent au cœur.
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LE X FINAL : On a vu que cheval, au pluriel, avait donné chevaus. Mais les scribes du Moyen Âge usaient de nombreuses abréviations qui facilitaient leur travail. Le x final en était une, qui résumait les deux lettres us. On écrivait donc chevax, Dex (Deus, "Dieu"), chevex, cox ("cous") ; au XVIe siècle, quand on a généralisé les digraphes au, eu et réécrit chevaus, cheveus, en supprimant les abréviations, on a gardé ce x, compris comme une marque du pluriel. On a même ajouté quelques x étymologiques là où l'ancien français se contentait d'un s (nois, vois), car ce graphème avait pris une fonction discriminante, indiquant qu'il fallait lire des sons simples et non deux voyelles.
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Maman ne sait pas que sa sœur et son beau-frère sont morts, elle ne sait pas que son bien aimé Rodolphe Delbois est mort. Elle parle même, maintenant, de sa propre maman et de son papa comme s’ils étaient encore vivants.
Mais elle ne sait pas non plus que monsieur Kouider vient de mourir, qu’on l’a retrouvé hier matin égorgé en ville, baignant dans son sang. Il était allé livrer je ne sais pas quoi et il a été tué en représailles de je ne sais pas quoi non plus. Les fils de monsieur Kouider l’ont très vite enterré. Et ils m’ont regardé durement, avec des visages fermés, quand je suis allée leur dire ma peine – monsieur Kouider était un si brave homme, si généreux et si croyant. Cette guerre n’était pas sa guerre, monsieur Kouider vivait au jour le jour, à la grâce de Dieu. Monsieur Kouider a été égorgé par un imbécile, mais ses fils le vengeront, c’est sûr et ça fera encore couler un peu plus de sang.
Maman ne saura pas que monsieur Kouider vient de mourir. Maman continuera à applaudir comme à une fête aux coups de feu et aux explosions qui secouent la ville.
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D'abord sont venues des photos de l'Oran éternel, Santa Cruz, son acropole emblématique sur fond de mer sublime, suivies de photos des plages, ces vagues claires sur fond serein que rien n'arrête jamais dans leurs bercement et qui se moquent de notre histoire.
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Mais le plus horrible massacre s’est passé bien plus tard, un jour de septembre 1997, toujours au même endroit, dans cette même forêt de Guetarnia : onze institutrices ont été massacrées pour avoir persisté (que pouvaient-elles faire d’autre ?) à dispenser leur enseignement aux écolières d’Aïn-Adden. Le car qui les ramenait à Sfisef a été arrêté par un barrage d’islamistes forcenés : ils ont fait descendre les jeunes femmes et les ont égorgées froidement, méthodiquement, ainsi qu’un enseignant qui essayait de s’interposer. Douze morts, coupables de s’être obstinés à instruire des jeunes filles : tout le monde sait bien que c’est péché pour une fille d’apprendre à lire et à écrire. Ce jour-là, il pleuvait à flots, comme si le ciel lui-même avait pleuré ces jeunes mortes.
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Ainsi, la tour Poitevine demeura libre de tout tribut, mais elle continua, aussi longtemps qu’elle se dressa dans le ciel de Lusignan, à demeurer un lieu enchanté, propice aux merveilles. Quant à Geoffroy, ne s’étant jamais marié, il mourut sans descendant, à un âge avancé, d’une mort très pieuse, et regretté de tous.
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Le choléra de 1849 :
Après quoi, pendant près d’un mois la mort rouge s’acharna. (...)
Au fil des jours, des hommes, des femmes, des enfants moururent, les uns dans leur pauvres lits ou dans ceux de l’hôpital de campagne - l’ambulance, beaucoup aussi dehors, comme s’ils étaient sortis pour fuir la mort rouge et qu’elle les avait rattrapés en chemin. L’ambulance du docteur Bossard comptait en permanence une vingtaine de lits qui se vidaient et se remplissaient sans arrêt, des journaliers espagnols étaient aussi frappés, des militaires succombaient, et les hommes valides qui allaient encore travailler dans les champs trouvaient, la face contre le sol, des cadavres d’hommes, de femmes ou d’enfants venus du douar voisin. La nuit, on entendait les sanglots des femmes qui pleuraient leurs morts et les hurlements des hyènes qui cherchaient à les dévorer. Deux malades venus du douar parvinrent à se traîner jusqu’à l’hôpital militaire et y furent soignés, c’est à dire qu’ils y moururent un peu plus doucement, car que savait-on de la maladie ? Quels soins efficaces pouvait-on donner ?
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Et que serait cette Algérie, terre des désillusions, car celle qu'on leur racontait, elle le savait bien, n'était qu'un beau mensonge. Avait-on jamais vu les gros partager leurs richesses avec les miséreux ? Si on transortait comme ça tous les crève-la-faim de l'est de Paris jusqu'à la colonie , c'est qu'il y avait forcément un piège,un piège au soleil, mais un horrible piège où laisser sa peau.
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Imaginez, mais imaginez ces femmes du peuples de Paris, jeunes mères, futures mères, matrones ou vieilles femmes. Elles avaient parfois élevé une ou deux poules et quelques lapins dans d’arrière petit jardin des faubourgs, mais que connaissaient-elles de la campagne ? Que connaissaient-elles des pluies ou des sécheresses, de la fécondation des truies ou des brebis, de la conduite des bœufs ? De la plantation des pommes de terre, des herbes sauvages comestibles, des prédateurs, de la nuit africaine ( ?...) Et il semble qu’elles aimaient ça, malgré tout, si dure soit-elle, cette espèce de liberté, cette vie communautaire, aussi, rude mais gaie, qu’elles n’avaient jamais connues à Paris.
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C'était un peuple d'émigrants exténués, sales, dépenaillés, mais presque heureux qui débarqua sur le quai du petit port d'Arzew. Un peu sonnés, ahuris même, avec leurs gosses et leurs bagages.
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Je les vois du coin de l’œil. Ils pensent sans doute se cacher, mais, si je ne bouge pas la tête, je vois leurs silhouettes à mes côtés. Je les sens aussi derrière moi, leurs ombres s’approchent de mes épaules, presque à me toucher. Si je tourne la tête, bien sûr, il n’y a personne. Ce sont les promeneurs de l’indécis, du brumeux, de l’improbable.
Qui sont-ils ? Bien évidemment, ce sont des morts, je ne me suis même jamais posé la question, tant c’est une certitude. Que me veulent-ils ? On dirait que rien...
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Où l’on voit, une fois encore, que les fées bénéficient d’une jeunesse éternelle.
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La Légende de Persine et Mélusine
Tradition vendéenne

"Si vous essayez de voir une fée
En plein jour
En pleine lumière
En plein midi...
Ça marchera pas !
Les fées
On les surprend parfois à l’aube
Entre deux lumières
Émergeant de la brume
Ou sous la lune pleine"

Elinas, roi d’Écosse, a semé ses suivants au cours d’une partie de chasse. Il est maintenant seul, sur son cheval, au beau milieu de la forêt, gouttant à une tranquillité qui lui est assez peu familière. Il finit par déboucher dans une grande clairière au milieu de laquelle se trouve une fontaine. La fée Persine, reine des fées d’Écosse, s’y baigne. Elle n’entend pas le roi s’approcher, sans doute trompée par les éclats de la chasse qui se perdent dans le lointain. Elle est d’abord surprise, puis elle reconnaît le roi qui reste interdit, bras ballants, devant une telle apparition...
Le roi, en un clin d’œil, des sommets du pouvoir, des cimes de la richesse, tout roi qu’il est, le roi Elinas d’Écosse tombe... en amour.
La fée est sortie de la fontaine et se tient devant lui, magnifique et élancée, entièrement nue... Et le cœur d’Elinas bat la chamade, galope même !
Le cœur du roi se rend à cette femme qui semble si fragile
A cette reine de l’autre monde...
- Je m’appelle Persine, lui dit la fée. Je suis reine de mon peuple et nos deux destins sont désormais intimement entremêlés. Je sais lire les signes et déchiffrer les cœurs, sans jamais me tromper... Et c’est là mon pouvoir ! Nous allons nous marier, ô roi... Mais avant tu dois me promettre, que jamais tu ne chercheras à me voir du temps de mes couches.
Ainsi parle la fée, et le roi fait le serment attendu.

Les épousailles sont bientôt célébrées et le bonheur règne sur le pays. De leur union naissent trois filles : Mélusine, Mélior et Palestine. Il sont heureux...
Un temps...

Mais le bonheur, ça ne peut que se flétrir. Comme une fleur.

Mataquas, le fils maudit, premier né du roi, d’un premier mariage. Mataquas le jaloux, le fourbe... Mataquas pue-la-haine !
- Pourquoi donc, mon noble père, mon puissant roi, pourquoi cet interdit ? Il y a là-dessous, à n’en point douter, quelque mystère qu’on cherche à vous cacher, quelque trahison sur laquelle on ne voudrait pas que vous portiez les yeux, de peur de votre juste courroux. Ne point la voir du temps de ses couches... Vous êtes en votre royaume ! C’est vous qui commandez !
Le roi est noble et fier, alors au tout début, il refuse d’écouter les paroles de son fils. Manquer à sa promesse, il n’en est pas question une seule seconde...
Mais deux secondes, déjà, c’est bien plus long...
Et les jours
Les mois
Et le venin qui coule intarissable...
Le venin
Qui coule
Intarissable
Le roi est noble et fier, alors il finit par douter. Les démons le tourmentent et lui, seul, il résiste. Mais des démons, on en a toujours à ne plus savoir qu’en faire...
Elinas, roi d’Écosse, car il est noble et fier, entre dans la chambre où Persine baigne ses trois petites.
Persine pousse un hurlement, et au dessus du bruit des larmes de ses filles, désespérée elle lance à Elinas :
- Tu m’as trahie et nos cœurs se déchirent ! Désormais, et par ta faute, je suis perdue pour toi !
Sans un adieu, ni un dernier regard, elle s’envole en fumée avec ses enfants enveloppés dans une serviette rouge. La baignoire est vide, l’eau s’est évaporée, et l’on raconte qu’Elinas effondré l’a remplie de ses larmes.

Persine s’en est allée dans l’île enchantée d’Avallon. Elle y élève ses filles pendant quinze ans. Et chaque matin, un peu avant le jour, elle conduit Mélusine, Mélior et Palestine au sommet de la montagne Fleurie d’Eléonos. De là, elles contemplent le lever du soleil sur les rivages d’Écosse que l’on devine au loin.
- Voyez, mes filles, c’est là que nous aurions dû vivre, heureuses, si votre père n’avait pas manqué à sa parole. La joie aurait été notre quotidien alors que désormais nous sommes condamnées à cette misérable condition...
L’amertume, la nostalgie hantent le cœur de Persine qui ressasse sans arrêt le récit de sa tragique épopée.
Un jour, l’aînée, Mélusine, réunit ses deux sœurs en secret pour les entretenir d’un plan :
- Pendant ce temps qui est passé, j’ai bien réfléchi... Tout est la faute d’Elinas, notre père. Nous sommes maintenant versées dans les sciences magiques... Il serait juste qu’il paie encore plus durement le tourment dans lequel il nous a plongé.
Il serait juste
Qu’il paie
Encore plus durement
Le tourment dans lequel il nous a plongé !

Les sœurs acquiescent ; le roi d’Écosse se retrouve enfermé dans la montagne de Northumberland, que l’on appelle encore Brumblerio. A tout jamais...
Enfermé !
Il serait juste
Qu’il paie
Encore plus durement
Le tourment dans lequel il nous a plongé !

Les enfants sont cruels...

- Misérable filles ! leur dit leur mère quand elle apprend la nouvelle. Qui êtes-vous pour oser juger le destin ? Qui croyez-vous être pour vous substituer à son bras vengeur ? Qui pensiez-vous ainsi châtier ? Vous n’avez plus votre place sur l’île enchantée d’Avallon et nous devons ce jour nous séparer pour ne plus nous revoir.
Elle s’adresse alors plus particulièrement à Mélusine :
- Quant à toi, qui est la plus savante, toi par qui tout est arrivé, écoute maintenant quel est ton châtiment. Tu seras désormais, chaque samedi, Serpente du nombril jusqu’aux pieds. Si jamais tu viens à te marier, ton mari ne devra jamais te voir sous cet aspect ni connaître ton lourd secret. A cette condition tu vivras et mourras comme une femme, sinon tu connaîtras la solitude et les tourments sans fin ! Mais quoiqu’il en soit tu seras la source d’une noble et courageuse descendance qui commettra de hauts faits.
Adieu, ma première fille, et ne reviens jamais...
Les trois sœurs se sont séparées ; Persine, quant à elle, est restée en Avallon, toute seule avec ses souvenirs et son chagrin.
Mélior deviendra reine des étoiles filantes et Palestine princesse des cygnes blancs. Mais ce sont là d’autres histoires...
La jeune Mélusine va par les chemins, elle arrive en terre de France et erre dans les forêts du Poitou. Au fil du temps, son cœur s’apaise et une belle nuit, elle lit dans les étoiles qu’elle est désormais capable d’aimer. Alors, comme le soleil se lève, du plus profond d’elle jaillit un rire pur et cristallin...
Et le temps passe encore et une belle nuit, elle lit dans les étoiles que désormais elle pourra elle aussi être aimée. Elle se rend alors à la fontaine de Sé, au milieu de la forêt de Colombiers. Là, elle quitte sa robe et entre dans l’eau claire pour s’y baigner au clair de la lune.

Cette même nuit, le jeune Raymondin galope dans la forêt . Droit devant lui, il ne fait rien pour éviter les branchages qui viennent lui déchirer le visage. Il a mal, la douleur le déchire car la fatalité a fait de lui un meurtrier. En effet, lors d’un terrible accident de chasse il a ôté la vie à son oncle Aimeri, le comte du Poitou.
Il galope pour oublier.
Si seulement il pouvait oublier !
Il galope sur sa monture hors d’haleine qui l’accompagne au bout de la folie...
La chevauchée maudite débouche dans une clairière où soudainement le cheval se met au pas. Raymondin pose pied à terre... et il s’approche de la fontaine, comme hypnotisé.
- Je t’attendais, lui dit la fée. Il n’y a pas de mots qui puissent te consoler, pas d’actes qui puissent revenir contre le temps passé. C’est le destin, nous devons y faire face car c’est le lot de toute créature qui pense et qui respire au monde.

Et Raymondin, en un clin d’œil, des profondeurs de la folie, des abîmes du désespoir, là où l’obscurité est si opaque que l’on s’y prend les pieds et que l’on tombe encore plus bas, et que l’on se relève pour tomber encore, et bien Raymondin est illuminé... par l’amour.
- Il faisait froid, dit-il. Mais cette étrange chaleur tout d’un coup... C’est vous ?
- Mais non, c’est toi !
- ...
- Je m’appelle Mélusine. Je vais t’accompagner et nous allons nous marier, Raymondin. Mais avant, tu dois promettre, tu dois me jurer que jamais que tu ne chercheras à me voir le samedi. A cette seule condition nous serons heureux.
Et Raymondin fait le serment attendu.

Mélusine lui conseille de retourner à la cour du nouveau comte du Poitou et de lui dire toute la vérité sur l’accident de chasse. Raymondin écoute son conseil, on lui pardonne, et il obtient même pour son mariage le fief de Lusignan.
Peut-être la fée a-t-elle tiré magiquement dans l’ombre les ficelles du destin en faveur de Raymondin... Qu’importe, les premières démonstrations au grand jour de ses pouvoirs sont spectaculaires : la nuit précédent les noces, elle bâtit une chapelle où a lieu la cérémonie et la forteresse de Lusignan dans laquelle le jeune couple s’installe.
Le bonheur est là, le pays est prospère.
Chaque nuit, Mélusine fait construire des châteaux, des abbayes et des chapelles, au petit peuple de la terre. Gnomes, lutins, farfadets, korrigans, à son service, de quelques pierres et d’un peu d’eau érigent les tours, clochers, dressent vers le ciel édifices et villes entières avant que le soleil ne reprenne sa course. Vouvant, Mervent, les forteresses de Tiffauge, Talmont et Partenay, la tour de Saint-Maixent, les tours de garde de La Rochelle et de Niort, l’église de Saint-Paul-en-Gâtine, et bien d’autres... Toutes ont eut le même architecte : Mélusine. Et si un curieux surprend la bâtisseuse au travail, elle s’arrête et laisse le chantier en l’état. C’est pour cette raison qu’il manque une fenêtre à Merrigoute ou la dernière pierre de la flèche de l’église de Parthenay.
Personne ne s’étonne ! Comme si c’était normal...
Parfois aussi on entend son rire enfantin qui soulage les peines les plus lourdes à porter.....

http://feeclochette.chez.com/Ailleurs/persine.htm

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A la suite de cette paix, le sultan de Damas, qui, pendant la bataille, s’était battu comme un lion en combat singulier avec ce diable de Geoffroy et avait échangé avec lui les pires coups et les pires injures, se prit d'affection pour ce garçon sans foi ni loi, qui s’était montré son égal en force et en vaillance : il recherchait sa compagnie et lui offrait tous les plaisirs qu’il pouvait. Il lui permit de se rendre à Jérusalem, dont il était le maître. Geoffroy et ses frères purent y passer trois jours en dévotion.
Et quand Geoffroy repartit, le sultan lui donna de superbes cadeaux. Pour un peu, ils se seraient embrassés, mais le respect de leurs deux religions les en empêcha.
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