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Citations de Michèle Perret (68)


Mais sache aussi que je reviendrai chaque fois que l'un des miens devra mourir et chaque fois que la forteresse de Lusignan devra changer de maître.
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Il pleut à Paris
Il y a des flaques d’eau dans les rues
La vie continue
Mais c’est là-bas que je suis partie
Dans ton présent
Dans le printemps de février
Dans ta vie nouvelle que j’invente incertaine à mesure que tu la découvres
C’est là-bas que je suis partie
Et c’est mourir un peu
Et pour ceux qui restent c’est une autre agonie
Il neige étrangement à Paris
Il fait beau à Paris
Mais je ne suis plus ici
Je me suis en allée
L’absence la solitude me submergent
La lumière s’éteint le soleil s’endort les oiseaux se taisent
Il n’y a plus autour de moi qu’une vague et pénétrante odeur que je reconnais comme la tienne
Et je m’en vais dans ton présent
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Avant même que de naître, elle a respiré l'air tiède sous les grands arbres, l'odeur dorée du jasmin, du chèvrefeuille, des haies de roses-pompons.
Elle est faite de cette eau fraîche, un peu calcaire, au goût de matin. De petites laitues rondes, de grosses tomates à peau trop fine, des bruits du réveil, du roucoulement tiède des pigeons paons. De miel, d'oranges sanguines, du craquement de la glace sur les flaques, de caillé frais, du blé dans le vent. Du hululement de la chouette, du bruit de cascade de l'eau dans le bassin.
Craquelée par l'étouffement des midis d'août, pétrie d'odeur de poussière piquante, d'odeur du moût dans les cuves, de feux de sarments.
Faite d'une attente d'un souffle, d'une chaleur. Des jeux de son père enfant, et des petits enfants d'encore avant, qu'emportait la typhoïde, et du souffle des esprits qui ont imprégné cette terre bien avant ses ancêtres et qui y rodent encore.
D'une gerbe de lilas et de roses, et des amants enlacés qui marchent dans le printemps.
Elle est faite d'une nuit de mai, nuit d'amour, tiède, parfumée, crissante de grenouilles, traversée de silences, d'un souffle de vent presque charnel et bleu.
Et de l'odeur des fleurs de sureau, des fleurs de verveine.

Elle est le trille du bouvreuil, la fumée du matin, le brouillard. Le givre dans le gazon, un diamant de rosée.
Elle fait pencher la tête des acanthes, elle effeuille les roses, elle embusque les violettes et les pervenches.
Elle est l'or du couchant, la danse des feuilles, le tintamarre de l'arbre aux oiseaux, le chant de la source.
Elle est la respiration de la terre.
Elle est l'étoile filante.
Elle est la nuit de la saint Jean.

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- Ah ! Raymondin, c'est pour mon malheur que je t'ai rencontré, c'est pour mon malheur que j'ai aimé ta grâce, ta beauté et tes manières courtoises, puisque tu m'as si indignement trahie ! Bien que tu aies manqué à ta promesse en cherchant à me voir un samedi, je t'avais pardonné, puisque tu ne l'avais révélé à personne, et Dieu te l'avais pardonné aussi. Hélas, mon ami, maintenant, notre amour est changé en haine, nos joies en larmes et en pleurs.
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Préface de la deuxième édition :
... ce livre a ceci de terriblement poignant c’est qu’il nous met face à cette part de mutisme de l’Histoire où des êtres déboussolés, qui ignoraient sans doute tout des raisons et des circonstances de la conquête de l’Algérie survenue quelques années auparavant, se trouvent impliqués dans une aventure qui les dépasse. Ils en ignoraient les enjeux, ils en ignoraient les périls et les cruautés comme ils en ignoraient le devenir. La plupart de ceux-là du premier convoi auraient été incapables de situer l’Algérie sur une carte. Seule la misère, seule la faim, seules les violences subies, les compagnons fusillés, les habitaient. Ils étaient mûrs pour le crescendo de l’abandon. (Beja Traversac)
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Touchée par cet amour, la dame accepta, à l’expresse condition qu’il lui promette qu’il ne la verrait jamais nourrir les enfants qu’elle aurait de lui. Le roi Élinor lui en fit la promesse et ils furent bientôt mariés. Les sujets du roi se demandaient qui était cette dame dont ils voyaient bien qu’elle était belle et sage mais dont ils ignoraient les origines.
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Quand tu es pauvre, on te traite comme un pauvre et quand tu es prolétaire, tu restes prolétaire, conclut Norbert, le titi philosophe.
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Douze morts, coupables de s'être obstinés à des jeunes filles : tout le monde sait bien que c'est péché pour une fille d'apprendre à lire et à écrire. Ce jour-là, il pleuvait à flots, comme si le ciel lui-même avait pleuré ces jeunes mortes.
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Un élan nous pousse l'un vers l'autre , nous avons la gorge serré , nous nous donnons l'accolade . Nous savons que nous nous reverrons sans doute jamais . D'ailleurs y tiendront nous ? Nous ne sommes que le croisement de deux lignes de vie ...
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Après la fermeture des Ateliers Nationaux, les hommes étaient restés dans la ville, plus déchards les uns que les autres, crève-la-faim, traîne-savates, arsouilles, voleurs de tout poil, mais aussi artisans sans commande, boutiquiers sans clientèle, ils avaient tous porté leurs pauvres avoirs au clou, les femmes se vendaient en cachette et les bourgeois tremblaient que les émeutes ne reprennent. Les enfants, surtout, les pauvres enfants sans pères ni mères, traînaient en haillons dans les rues, chapardaient un peu et finissaient par mourir de faim ou de misère. On trouvait de temps en temps, le matin, de petits cadavres recroquevillés sous un porche.
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Ils s’éloignaient de Paris, diversement acclamés sur les rives. Ils avaient été les forces vives de la nation, on leur faisait chanter qu’ils en étaient le fardeau. C’étaient des hommes et des femmes simples et rudes, des prolétaires aux mains calleuses, des artisans, des boutiquiers, pris dans la tourmente de misère et de révoltes qui s’était emparée de la capitale, rejetés par les beaux messieurs et les belles dames qui n’étaient pourtant rien sans eux. Fusillés parfois juste pour avoir eu les mains sales, ils s’étaient faits beaux pour le jour ensoleillé où l’on se débarrassait d’eux, ils fuyaient vers les fortunes les plus diverses, "charogne pour les Arabes", comme on le leur crierait parfois sur la route, quand on voudrait les humilier. Transportés. Déportés. Avec tous les honneurs de la République.
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Je vous parle d'un monde qui n'existe plus.

Des quatre populations dont le mélange a fait ma langue, mes chansons, mes superstitions et mes légendes, trois se sont enfuies – un été, les bateaux de pêche frétés à la hâte emportant des familles entières, oncles, grands-mères et nourrissons ; les paquebots, les pinardiers pris d'assaut, les déménagements qui s'entassent sur le port – chaleur des aéroport, deux nuits, trois nuits, cinq nuits passées sur place dans l'espoir d'une place de faveur, l'attente au soleil, les supplications auprès des transporteurs… La peur.

Tout un pays qui rendait des souvenirs, qui dégurgitait les déchets d'un siècle. Tout un pays qui recrachait sa crasse, sa misère, les vieux ressortis, cillant au soleil, pissant sous eux, la honte des familles étalée, vieux objets, enfants sales, baluchons et paniers, les pauvres au grand jour. Tristes trésors.
Insectes affolés, délogés de leurs trous, titubant dans la lumière cruelle - vulnérables et nus, ayant raflé de leur passé, sans choisir, tout ce qu'ils pouvaient prendre. Un vomis d'hommes et de choses qui s'écoule de la terre, tourbillon, agitation désespérée des fourmilières éventrées.
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Alors , pendant que le soleil se couchait , dans le plus beau domaine du monde , sur la plus belle terre du monde , mon cœur s'est serré en pensant à lui , mon père , qui avait si pleinement , si naïvement aussi , aimé cette ferme et qui l'avait perdue .
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Je ne bouge plus, je reçois l’émotion intense de cette allée qui a été pour moi la plus somptueuse du monde, l’émotion de l’arrivée dans mon paradis perdu, peut-être. Je compte tous les arbres, je remarque tous les trous où ils ont été remplacés par une génération spontanée d’aloès et de figuiers de barbarie. Au niveau du petit pont qui enjambe, au milieu de l’allée, l’imprévisible oued Saïda toujours à sec sauf les jours de grande crue, non seulement les arches ne sont plus curées mais je ressens un manque : les bords de la route sont nus. Le souvenir oublié des arbres manquants me revient alors et pour un instant, leur redonne vie : c’étaient de grands trembles aux feuilles argentées qui prospéraient dans l’humidité du sol. Comment ont-ils pu mourir ? Le sol a pourtant dû rester humide. Un peu plus loin, très loin pour la petite fille que j’étais (mais ce n’était peut-être qu’à une centaine de mètres, en réalité) il y avait, dans le lit de l’oued, un autre bouquet de trembles où, avec mon petit couteau, j’avais gravé mes initiales sur l’un des troncs pour mettre, moi aussi, ma marque dans ce lieu enchanté et pour que les trembles, toujours, se souviennent de moi .
Les arbres ne nous oublient pas. Ils meurent.
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"Quand tu fais du bien, Aïcha, ne t'attends pas à ce que celui que tu as aidé te récompense, il ne le fera presque jamais. Mais ta récompense te viendra de Dieu et un jour, quand tu ne t'y attendras pas, c'est quelqu'un d'autre qui te rendra ton bienfait".
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Après le déferlement de l'orage , quand la violence de cette terre et de ses hommes eut tout détruit , elle a commencé à sentir la nécessité de retourner sur les lieux de son enfance : elle avait oublié là bas quelque chose qu'elle devait reprendre , un souvenir effacé qui expliquerait tout , une saveur , une couleur . Elle ne voulait rien prendre , elle voulait juste revenir un moment au coeur de sa mémoire , retrouver ce bonheur illusoire , ce paradis perdu .
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Quoique furieux, le géant se dit que cette démarche ne manquait pas de courage. Il alla s’armer, baissa les pont-levis, s’avança jusqu’à Geoffroy et lui dit :
– Pauvre fou ! J’ai pitié de toi, à cause de la grande vaillance qui t’habite ! Je voudrais me montrer généreux à ton égard car je serais navré d’avoir à tuer un brave ! Je te laisse donc repartir. Va-t’en et je te promets de ne pas lever de tribut sur les gens de ton père pendant un an !
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Et tout d'un coup, la mer (...), la mer nous explose au visage, somptueusement blue sous un ciel trop pur.
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Si beaucoup d'arbres sont morts, si l'allée de noyers semble avoir été arrachée, s'il n'y a plus d'orangers ni de trembles, ce sont quand même surtout les arbres qui persistent, survivent et se souviennent le mieux.
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Si, seules les grandes cigognes planent silencieusement en ronds au-dessus de nous, on sent encore la présence de tous ces hommes, de toutes ces femmes, de ces enfants, y compris de ceux qui sont venus après moi et que je n’ai pas connus, qui ont marqué cette grande cour rectangulaire et lui ont donné son âme. En cette fin de journée, il émane de son silence un recueillement vibrant et doux, cent trente-cinq ans de vie dans le soleil et dans les ombres.
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