S'il n'avait pas sauvé un vieillard suicidaire, rien n'aurait sans doute changé à la vie de troglodyte de Tobias, le personnage principal de ce livre. Voici, en quelque sorte, un roman d'apprentissage. Le parcours initiatique d'un grand solitaire qui va apprendre entre autres, presque malgré lui, l'amitié : "Et il était dans ma vie comme l'inimaginable et nous étions cette fraternité qui manque au monde."
Et il était dans ma vie comme l'inimaginable et nous étions cette fraternité qui manque au monde. Pourquoi m'a-t-on cette fois encore retirée cette manne, l'invisible bonté de celui qui comprend.
Je me dis : voilà pourquoi on fume. C’est ainsi donc la cigarette du condamné. Après elle, qu’est-ce qu’il reste de nous ? Le voilà, le dernier refuge à la douleur et à la peur. Un abri comme une tige qui fume. C’est quelque chose d’historique, une solu-tion provisoire puisque j’en vois la fin appelée mégot, peau de chagrin légale sur papier blanc. Ainsi sait-on, avant la fin, le bais-sé de rideau définitif qu’est la condamnation à mort, que cela compte à l’homme qui va mourir. On a imaginé nécessaire cette cigarette de la dernière heure, aux pattes d’oie de la loi. Vous imaginez : « Non merci, je ne fume pas »
LES RESPECTITUDES
Respect pour vous. Respect pour eux. Respect pour moi.
Respect pour notre peur qui porte tant d'années.
Respect pour mes quatre murs jaunes.
Respect pour les oiseaux. Les chiens, les rats même les tuant,
et les cochons qui hurlent au fond du salami (...)
Respect pour les pompiers qui n'ont pu éteindre les hauts fourneaux de la mort.
C'est cette forêt là et pas ailleurs. Des hêtres.
Des centaines de hêtres qui sentent l'hiver.
Alors y entrant on peut y voir, et c'est tellement
vain ce monde de terre piqué d'arbres nus qui
parlent encore de ceux qui ne sont plus.
FAUT-IL ECRIRE ?
Il faut écrire. Signer la tempête comme il faut, écrire.
Décrire comme la large concierge du monde qui ouvre les plis, ramasse les hasards, console les mises en demeure. Ignorer demain tout au long du toujours.