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Citation de Balius


(...) Ce fut en Europe, sans aucun doute, le plus beau combat en faveur de l’égalité et de la liberté durant la première phase d’industrialisation du monde mais les forces conjuguées du spectacle et de l’aménagement-destruction du territoire ont détruit la plupart des réalités du vivier populaire qui en façonnait l’esprit : quartiers, culture, savoir-faire, rêves d’un avenir à construire. La conscience prolétarienne, cette forme histo­rique et déterminée de la conscience humaine s’est dissoute au contact des foules solitaires et de l’extrême diversité des luttes particulières : le totali­tarisme techno-industriel (stade actuel du capitalisme) n’a évidemment pas aboli les classes mais a massifié uniformément celle du plus grand nombre. Le moteur principal de cette histoire inhumaine semble être pour l’instant la lutte concurrentielle à l’intérieur de celle-ci pour ne pas se retrouver dans le camp des surnuméraires définitifs. Ceux pour qui la mégamachine n’assurera plus qu’au mérite − l’acceptation de la domestication − la stricte réponse aux besoins vitaux. Mais nos quelques protestations, craintes et colères n’y font rien, nous nous enfonçons dans les sombres temps d’une société du travail sans travail. Il nous faudrait déjà, pour en desserrer un peu le carcan, retrouver les solidarités actives, le besoin des autres qui, jadis, organisaient, quand il le fallait, la survie collective tout en nourrissant les luttes pour une vie plus vaste.
C’est par ce détour dans le passé des pratiques et des idées que nous redécouvrirons le trésor caché des révolutions comme ces deux idées essentielles à la compréhension de l’action des « Amis de Durruti » et de la révolution espagnole en son entier : le sentiment de classe − la volonté égalitaire − et l’auto-organisation − le ferme refus de toute bureaucratie, de toutes formes de représentation qui ne soient pas strictement contrô­lées et révocables à tout instant. Car, bien qu’elles aient subi toutes les défigurations provoquées par l’atomisation des êtres et les attaques permanentes de la spectaculaire industrie du faux-semblant, elles n’ont pas complètement disparu dans le désastre consumériste ; elles sont encore présentes, comme en témoigne avec une certaine opiniâtreté, le mouve­ment subversif et plébéien des « Gilets jaunes ».
Avec ces deux seules idées on ne peut pas tout, mais sans elles on ne peut rien d’essentiel si l’on veut redonner un sens collectif et émancipateur au grand jeu de la nécessité et de la liberté. Extrait du préambule.
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