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Critiques de Miguel Miranda (16)
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Quand les vautours approchent

Entre Mário França et moi, ça n’a pas matché... Lorsque j’ai commencé à lire ce roman et à écouter notre détective privé de Porto se vanter de son don de sommelier, capable de détecter toutes les odeurs différentes et de nommer les différents parfums qu’il sentait, j’ai tiqué, me demandant si j’avais affaire à Jean-Baptiste Grenouille ("Le Parfum")...



Puis notre homme s’est vanté de pouvoir discerner les différentes races de chiens dans une cacophonie d’aboiement... Waw, là j’étais carrément face à un mec sorti des usines de la Marvel ! Après "Reniflator", j’étais face à "Ouïetator". Il ne manquerait plus que le don du détective Tony Chew avec la bouffe et nous y étions...



Avec Mário França, il faut prendre le tout au second degré, mais autant où j’apprécie le second degré et tous ceux qui le suivent, là, pas moyen de passer la seconde, je suis restée en première et vous pensez bien que ce n’est pas passé... Moi qui n’ai rien contre les parodies, là, ce fut le bide total.



Commençant comme un bon vieux Whodunit, on passera vite à autre chose que de savoir si c’est le Colonel Moutarde qui a tué la peintre Paula Dagostine avec la clé anglaise...



Il a beau sentir un lien entre deux affaires, moi j’ai juste senti la déesse Amora me monter au nez et j’ai soupiré en avançant dans ce récit, sautant une fois plus des passages entiers, des pages, ne laissant, comme Paula Dagostine, qu’une simple fragrance de mon passage éclair et express (elle, elle laissa une odeur du parfum Anaïs Anaïs).



Bref, ce roman, je l’ai eu dans le pif et pas de la meilleure manière qui soit. Allez, comme le chantait le Grand Jacques "Au suivant !!"

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Quand les vautours approchent

Le détective privé Mario Franca est engagé par un riche industriel afin de retrouver Paula Dagostine, peintre en vogue à Porto et maîtresse attitrée.

Mario est vite persuadé qu’elle est morte.

Son équipe d’enquêteurs hétéroclites et hauts en couleur commence à mener les investigations.

La belle trompait son amant avec un boxeur mouillé dans des combats truqués. Quant au nouvel employeur de Mario Franca, il travaille dans la production de robinets et vient de remporter un contrat avec des clients saoudiens.

En parallèle, le professeur Avelar Dias Matos, titulaire de la chaire de physique de la faculté des sciences, est assassiné lors de l’inauguration d’une exposition des œuvres de Paula, au palais de la bourse.

L’auteur, Miguel Miranda, est un ancien médecin généraliste qui se lance dans le polar au cours des années 1990. En 1997, ses livres sont couronnés par le prix Caminho consacré à la littérature policière.

Il porte un regard malicieux et tendre sur la différence à travers ses personnages baroques et saugrenus. Ses descriptions de Porto, des paysages de Salvador de Bahia forme une toile de fond poétique à cette enquête atypique.
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Quand les vautours approchent

Jubilatoire, profondément.

J’ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de ce détective, le meilleur, du monde, doté de capacités mentales et physiques hors du commun. Et je ne vous parle pas de son talent pour la déduction, ni ce don si particulier qu’il a pour se trouver toujours au bon endroit, au bon moment.

Ses talents ne seraient-ils pas un peu exagérés, d’autant plus que Mario est aussi le narrateur de ce roman ? Oui, et non. Oui, parce que nous ne sommes pas dans un roman à lire au premier degré. La parodie est là, et bien là, et derrière le discours de Mario se trouve aussi une distance vis à vis de lui-même, une lucidité, aussi, pour ce détective qui voit une psy, avec séance d’hypnose à la clef. Non, parce que, si Mario est lucide envers lui-même, il l’est aussi envers les autres, et sait distinguer leurs désirs de la réalité. Et ses clients n’ont pas forcément envie que l’on découvre ce qu’ils se cachent à eux-mêmes.

Oui, il y a bien deux enquêtes, mais comptent-elles vraiment ? Tel un Hercule Poirot qui ne se serait pas donné beaucoup de peines, Mario réunit tous les protagonistes et donne le nom du coupable – sans que l’on sache vraiment comment il a pu faire des déductions aussi abracadabrantes. Ne répète-t-il pas qu’il a des capacités hors du commun ?

Miguel Miranda est un romancier à découvrir pour tous ceux qui aiment lire des romans policiers bourrés d’humour. J’ai d’ailleurs poursuivi avec un autre titre de cet auteur.
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Quand les vautours approchent

Quand on cherche « polar portugais » au hasard sur Google, on tombe assez vite sur cet auteur apparemment prolifique, mais peu traduit en français. D’ailleurs, le présent titre, que les éditions de l’Aube présentent comme « la première enquête de Mário França », est effectivement son premier livre qui ait été traduit en français, mais dans la série mettant en scène ce fameux détective, il n’est en fait que le 2e chronologiquement parmi les traductions : « L’étrange affaire du cadavre souriant », par exemple, le premier en réalité, a été publié en 1998 au Portugal, mais traduit seulement en 2014 – tandis que les présents Vautours, publiés quant à eux 6 ans plus tard au Portugal (en 2004), avaient été traduits dès 2011 en langue française… Et avec ça, une chronologie exacte des aventures de Mário França semble introuvable en ligne, que ce soit en français ou en portugais, tandis que seuls quatre titres (les quatre liés à notre détective) ont bel et bien été traduits, dans l’ordre pour les deux suivants.



Quoi qu’il en soit, je pense que ces livres peuvent se lire indépendamment les uns des autres ; en tout cas, cette prétendue « première enquête » met en scène le détective de façon à ce que le lecteur ait l’impression de le découvrir – ou alors il est particulièrement redondant… oui, il l’est ! – avec en plus un excès de détails, qui manquent parfois dans certaines traductions, mais qui ici frisent l’inutile. Par exemple, dès qu’un nom portugais apparaît, le traducteur s’est cru obligé de mettre en note de bas de page comment le prononcer… Alors, pour moi qui ai quelques notions de portugais (j’ai suivi quelques cours dans une autre vie, c’est vite devenu du « portugnol », mais disons que je sais comment prononcer la langue de façon générale), c’est rédhibitoire, tandis que le lecteur francophone lambda s’en fout un peu, non ? du moment qu’il s’y retrouve dans les (très nombreux) différents personnages, ce qui est tout de suite moins aisé, quoi qu’il en soit de la prononciation respectueuse de l’original…



À part ça, je me rends compte que je retarde le moment d’expliquer la perplexité dans laquelle me laisse ce livre… D’enquête, on n’a qu’une parodie au 36e degré au moins, ce que certains appellent de l’humour peut-être, mais tellement éloigné de l’humour qui me touche vraiment, que je ne sais qu’en penser ! Pour sûr, ce n’est pas de l’humour qui fait travailler les zygomatiques, je ne pense pas avoir ri une seule fois. On est bien davantage dans une longue et éternelle digression sur tout et sur rien, dans un langage parfois presque poétique, parfois engagé, parfois au contraire très léger. L'aspect polar se perd dans cette rêverie souvent languide, il ne faut certainement pas attendre du suspense de cette « enquête » ! et si on se demande parfois ce qu’il en est de l’avancée de Mário dans ladite enquête, il ne faut pas trop s’attendre à la suivre à la façon d’un policier classique. Pour le dire autrement : je ne qualifierais pas une telle lecture de plaisante, d’ailleurs j’ai lu ce livre en parallèle à quelques autres, et ce n’était jamais celui qui m’emballait le plus… Pourtant, il y a quelque chose qui accroche, on a envie de savoir, mais quoi exactement ?... Ou peut-être s’est-on habitué à suivre les divagations (certes tellement sensées, parfois), mais alors à petites doses, de ce protagoniste qui n’est jamais attachant et dont la fatuité agace, tandis que son côté atypique intrigue.



C’est un protagoniste tout à fait hors normes, il faut bien le dire ! Mário França est un détective privé qui se prétend tout à la fois quelconque et passe-partout dans tant et tant de situations, mais en même temps il aime se mettre en avant-plan et s’auto-déclare « meilleur détective au monde » ! On l’imagine insignifiant, voire frêle et sans envergure, mais il est souple et agile au point de mettre ko trois « gorilles » en trois coups de cuiller à pot. Il déborde de super-pouvoirs, que l’on peut certes rencontrer chez l’un ou l’autre individu – il est un « nez » et reconnaît n’importe quel parfum ; il peut reconnaître les différentes races de chiens qui donnent un concert d’aboiements ; il est spécialiste de l’interprétation du langage non-verbal ; etc., etc. Mais donc, il en rassemble un tel nombre qu’on arrête très vite d’en faire la liste, en fait il tient du super-héros de légende avec tous ces super-pouvoirs rassemblés en un seul homme, qui vont lui permettre de résoudre une double affaire sans qu’il y ait vraiment d’enquête, à proprement parler.



En fait, l’histoire commence comme un polar sans grande surprise : Paula Dagostine, une peintre d’origine croate, a disparu, et son riche amant du moment engage Mário França pour la retrouver. Parallèlement à ça, lors d’une réunion publique du « Conseil des sages », groupe rassemblant différents universitaires de haut niveau, leur président meurt empoisonné en buvant un vieux porto qui avait été servi à tous (et tous les autres se portent bien!). Comme Mário était présent à cette réunion, et avec la conviction qu’il y a un lien entre les deux affaires, il se sent investi de la mission de découvrir le meurtrier. Partant de cette double affaire somme toute assez classique, on s’éloigne très vite dans une longue digression surréaliste (comme j’expliquais plus haut), avec les trois acolytes plus bizarres les uns que les autres qui aident Mário dans ses pseudo-recherches (mais de quoi exactement ?), et souvent très sensuelles, voire érotiques… ou inspirées de « jeux » comme la corrida par exemple. Je ne sais pas trop comment ces lignes ont pu passer en 2011, mais dans le puritanisme exacerbé qui caractérise ces 2-3 dernières années, je doute que ce livre eût été aussi bien accepté.

Parmi ces passages très ambigus (si l’on peut dire), je me plais à relever une certaine description de la ville de Porto, à la page 160, chapitre Vingt-trois (chaque chapitre étant titré d’un numéro écrit en toutes lettres) : « La nuit, de temps en temps, Porte se vêt de brouillard. Comme si la ville se parait d’une longue robe satinée ourlée des perles de verre et des paillettes scintillantes de l’éclairage public. Comme si elle était une courtisane languissante allongée, mielleuse, sur la berge du fleuve, s’offrant aux passants, les tentant par la vision furtive de ses parties les plus intimes, les formes généreuses de ses immeubles séparés par de voluptueux vallons où les yeux se perdent, la respiration haletante de son trafic, la pilosité publique de ses jardins suggérée au regard par quelques touffes plus sombres. » On est d’accord (n’est-ce pas ?) qu’un tel passage est à la limite du très choquant, plus encore quand on sait que tout le livre est émaillé de (très nombreuses) allusions aux formes du corps féminin, comme un leitmotiv obsessionnel de l’auteur, ou du moins de son personnage ; mais en même temps, ça a quelque chose de terriblement sensuel, de magnifique dirais-je même !



Bref, je ne peux pas dire que j’aie passé un bon moment de lecture avec ce livre, qui reste assez peu plaisant à lire, si ce n’est à petite doses. Certes, c’est un polar, mais tellement atypique qu’on ne peut pas tout à fait le qualifier de « bon », ni même de prenant, et pourtant on ne peut pas le lâcher, tout en décidant très vite qu’on ne lira probablement pas un quelconque autre opus de la série. En quelque sorte, on est réellement envoûté ! Pourtant, la pseudo-enquête est émaillée (et même noyée sous) de multiples digressions, dont un certain nombre ont un caractère sensuel voire érotique puissant, à la limite du choquant parfois, et se résout de cette façon qui semble tout à coup sortir du chapeau alors que rien n’y préparait (ici encore moins qu’ailleurs, puisqu’il n’y avait pas de suspense, ni de réelle intrigue policière !). Mais alors, le twist final (beaucoup moins inattendu que la résolution de l’enquête à vrai dire, mais on en reste baba quand même !) laisse croire que cet auteur a bien quelque chose de génial !

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Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel

Je n'avais pas été séduit par "Quand les vautours approchent" de Miguel Miranda, mais comme j'avais commandé deux de ses livres en même temps, j'ai décidé de lui "donner une seconde chance" en lisant "Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel". Bien m'en a pris car je suis enfin entré dans cet univers où Mario França, le meilleur détective au monde, comme il l'affirme lui-même, mène plusieurs enquêtes simultanément dont on ne découvre le point commun que tout à la fin du récit.



En résumé, Mario França vit à Porto où il exerce ses talents de détective (ce qui ne l'empêche nullement de voyager) et où il emploie des personnages sortant de l'ordinaire pour obtenir des informations.



Mario França se retrouve simultanément engagé pour (dans le désordre) trouver :

- Dubia, une jeune gitane disparue au risque de provoquer une guerre très sanglante entre 3 clans de gitans ;

- qui prépare un attentat contre le Pape attendu dans la bonne ville de Porto ;

- ce qu'il est advenu de Draier, chargé d'une mission de grande importance par Goebels en 1945 et dont le sous-marin où il se trouvait avait été coulé par son équipage au large de Porto.



En plus de cela, notre super détective est engagé par Andreas Steparov, un des milliardaires les plus riches de la planète, pour protéger Lady Godiva, star mondialement appréciée pour sa beauté et son talent dans le monde de la musique, et épouse de Steparov. On vient en effet d'abattre une de ses sosies...



Petit détail, l'ancien porte-avion russe, Varyag, acheté par un millionnaire chinois pour être transformé en casino flottant va s'installer au large de Porto, dans les eaux internationales. A son bord, outre les spectacles de Lady Godiva, va se tenir un tournoi de Poker où les invités ne sont rien moins qu'une bonne partie des hommes les plus riches de la planète. Belle cible pour des terroristes...



Miguel Miranda est très bien documenté. (Je suis les aventures du détective Mario França en effectuant simultanément des recherches sur ma tablette.) Le sous-marin U-1277 a bien été sabordé par son équipage à la fin de la Seconde Guerre mondiale au large de Porto.

Le Varyag existe bel et bien, même si son nom aujourd'hui est devenu chinois ! (Voir : http://www.marine-oceans.com/marines-du-monde/4459-lincroyable-histoire-du-premier-porte-avions-chinois ).



Le "vin des morts" est bel et bien une petite production de vin du nord du Portugal dont l'histoire remonte à l'invasion du Portugal par les troupes napoléoniennes et espagnoles !



Bref ! Miguel Miranda construit un récit, certes peu plausible, mais tenant la route.

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Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel

C’est du grand n’importe quoi ! Mais j’ai beaucoup aimé ce livre, par l’extraordinaire bazar qui s’en dégage – et aussi, par les vérités bonnes à dire qu’il assène pas gentiment.

Vous trouvez parfois les intrigues de romans policiers invraisemblables ? je vous rassure : celle-ci n’est pas crédible du tout, mais se tient merveilleusement bien. Mario França, qui, je vous le rappelle, est le plus grand détective du monde, voit plusieurs affaires d’importance lui tomber dessus au même moment, par la grâce des réseaux sociaux. Il ne s’agit pas moins que de découvrir qui veut assassiner la plus grande pop star du monde, de retrouver une jeune fille disparue, d’assurer la sécurité lors d’un tournoi de poker dans les eaux internationales, de démasquer les assassins de deux religieux, sans oublier de déjouer un complot contre le pape, sans oublier de faire toute la lumière sur la disparition d’un homme soixante ans plus tôt. Bref, il y a là de quoi alimenter la trame d’une demi-douzaine de romans policiers, sans oublier que Mario doit veiller à la santé d’un de ses acolytes, aider dans ses enquêtes officiels un policier qui ressemble à Colombo, veiller à ses propres amours et à celles d’un de ses amis.

L’ensemble est vraiment jubilatoire, surtout que Mario est toujours le narrateur de ses aventures. Observateur, il a mis à profit ses longues plages d’inactivités pour se documenter sur maints sujets grâce à sa bonne amie depuis deux ans – elle est médecin légiste. Mario n’hésite pas à prendre des risques, comme celui de ruiner définitivement son estomac à force d’accepter toutes les boissons un peu ratées que ses proches lui préparent. Il prend soin aussi des siens, même si ses méthodes ne sont pas vraiment orthodoxes. Il se lève aussi contre les abus de l’Eglise – classique me dira-t-on, peut-être pas dans ce contexte. Il rappelle qui a fermé les yeux, pourquoi, et comment les affaires de pédophilie ont été étouffées (beaucoup trop facilement). Le roman a été traduit voici trois ans, cette partie est toujours d’actualité.

Rythmé par le Requiem de Mozart, cette nouvelle aventure signée Miguel Miranda est à lire pour ceux qui aiment les romans qui sortent de l’ordinaire.
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La disparition du coeur des symboles

Qu'on se le dise ! Mario França est le plus grand détective du monde, et ne se prive pas pour nous le faire savoir. Plus grand, je ne sais pas, plus drôle, il n'en est pas loin. Le plus précautionneux, oui, certainement : il n'utilise pas les moyens de communication modernes, on ne sait jamais ! Je vous rassure, il prend grand soin de son média d'un genre très ancien, à savoir un pigeon voyageur sujet à la dépression - il le fait soigner, et ne le nourrit qu'avec de la nourriture qui lui convient (au pigeon, pas au détective).

Revenons à notre enquête. Un vol, un meurtre, bientôt deux, ce ne sont pas les problèmes, ni les difficultés qui manquent. Mario França prend cependant les faits avec optimisme. Il faut dire qu'il est entouré non par une équipe de bras cassés, mais par une équipe d'illuminés que je ne vous décrirai pas, je vous laisse le plaisir de les découvrir - sachant qu'un des membres s'est bien remis de l'intervention chirurgicale, financée par Mario, qui lui a sauvé la vie et lui permet de trouver une nouvelle orientation sentimentale.

Et pourtant, son enquête avance, bien que l'enquêteur officiel mette en doute son avancée de l'enquête. Autant vous le dire tout de suite, il n'aurait pas dû ! Le détective n'emploie pas, il est vrai, des méthodes très légales -il est détective, pas policier. Il a d'ailleurs, apparemment, quelques mauvais souvenirs de la police à une époque antérieure à la démocratie.

Drôle oui mais aussi plein d'amertume quand il pense au monde dans lequel il vit. Voici une citation qui me parle particulièrement :



Je voyage à l'intérieur de moi-même, au fond de mes peurs. J'ai peur de cette société mondaine où l'image vaut plus que mille mots. J'ai peur que le culte de l'image ne se soit substitué aux idéaux, aux causes, aux valeurs, et que ce détachement ne soit irréversible. Je crains que la forme vertigineuse qu'emprunte la société moderne de vivre la vie soit la dernière accélération avant l'accident.



Il ne me reste plus qu'un tome à lire de cette série.
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L'étrange affaire du cadavre souriant

Etrange livre que cette « étrange affaire du cadavre souriant » qui nous met aux prises avec Mario França (c’est un pseudo), détective privé, privé de peu de choses nous le verrons, résurgence de la Révolution des Œillets, ancien révolutionnaire ayant participé à de nombreuses opérations anti-salazaristes.



Le livre est fait d’allers-retours entre le passé onirique de Mario França et l’enquête à laquelle il se trouve mêlé sur le décès de tante Gladys, bourgeoise anglaise vivant au Portugal, patronne des portos Cleminson, gauchère morte d’une balle dans la tempe droite avec sur le visage un doux sourire troublant sur le cadavre d’une personne qui vient a priori de se faire tuer.



Le passé révolutionnaire de Mario França et son enquête vont bien entendu finir par se rejoindre en passant par des retrouvailles explosives avec ses anciens coreligionnaires et la confrontation des différents membres de la famille et héritiers de la famille chacun ayant sa faiblesse, son talon d’Achille ou son petit secret inavouable.



On oscille sans cesse entre Sherlock Holmes et Hercule Poirot dans une ambiance tenant tout à la fois du pastiche et de l’hommage… sans choisir vraiment son camp. Mario est bourré de « talents » holmésiens : il reconnait n’importe quelle odeur, n’importe quel aboiement de chiens là où Holmes pouvait reconnaître les sols argileux ou terreux d’Angleterre ou n’importe quelle marque de cigare rien qu’aux cendres abandonnés par le fumeur, il possède une mémoire photographique impressionnante, sait déchiffrer n’importe quel regard. Pour l’aspect poirotien, il réside dans les situations dans lesquelles Mario trempe : la confrontation des différents témoins qui sont autant de suspects et la scène finale où il réunit tous les protagonistes pour l’explication du crime et la dénonciation du coupable.



Et c’est donc là le principal écueil du livre : à vouloir en faire beaucoup, l’auteur en fait trop et on tombe de charybde en scylla, du pastiche à la caricature.



D’autant que l’auteur en rajoute : l’appartement de Mario est situé dans un immeuble qui accueil, sous les toits, des logements occupés de masseuses péripatéticiennes et donc utilisés en lupanar, accessoirement fréquentés par certains membres de la famille Cleminson ; le bureau de Mario se trouve dans un immeuble servant de logements pour clandestins africains. Vous vous demandez pourquoi un révolutionnaire ayant participé à la libération du peuple portugais peut taire ces trafics de chair humaine ? Moi aussi. Lui aussi accessoirement, qui trouve tout de même le moyen de régler tout cela en même temps que la recrue d’essence de souvenirs provoquée par la mort de son ancien mentor dans le terrorisme révolutionnaire.



Deux bons points à porter au crédit de Miguel Miranda tout de même : d’une part le beau twist intelligent lui permettant de régler officiellement toutes les « affaires » du moment (la mort de son mentor + celle de tante Gladys + le cas des prostituées + les clandestins) en les reliant à un seul homme qui fait un peu figure de Keyser Söse, omniscient mais insaisissable et d’autre part les passages où Mario França évoque son passé révolutionnaire, emprunts d’une nostalgie toute poétique.


Lien : http://wp.me/p2X8E2-qH
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Quand les vautours approchent

Un polar au porto qui en rajoute sur le personnage du privé, non sans ironie et second degré. Celui qui se présente lui-même comme "le grand Mário França" ne semble en effet pas douter une seconde de ses capacités hors-normes à sentir les coupables comme à se sortir des situations les plus scabreuses. Cela peut même être à un tel point que le lecteur peut se surprendre à lui souhaiter un bon revers, voire une bonne correction de ceux qu'il peut déranger. Pourtant, on pouvait s'en douter, il y a une bonne part de façade et d’esbroufe dans cette attitude. Le narrateur le reconnaît lui-même lorsqu'il évoque les séances d'hypnose qui lui font tant de bien.

Le meilleur détective de Porto, et de bien au-delà, a aussi beaucoup d'imagination. Il a également le don d'être là où il ne faut pas. Ou plutôt d'être là où il faut lorsqu'on est un détective (l'un des plus grand, ne l'oublions pas!) : là où des choses se passent. Amené à enquêter sur la disparition de la peintre Paula Dagostine, il est à la fois convaincu de sa mort tout en espérant le contraire car il en est devenu amoureux, alors même qui ne l'a jamais vue, jamais rencontrée et n'a d'elle que l'odeur d'un parfum senti dans son appartement. Il admire aussi une de ses œuvres, récupérée au cours d'une enquête qui l'a mené au Brésil. En même temps, il croise une autre affaire sans pouvoir établir le lien qu'il "sent" entre les deux : l'assassinat par empoisonnement du président du "Conseil des sages" qui était sur le point de publier un rapport potentiellement gênant sur l'utilisation de l'Uranium appauvri dans les guerres de l'ex-Yougoslavie.



Cela démarre comme un classique "whodunit" où on se demande qui a tué et comment... Puis cela vire petit à petit à un quête un peu folle de la disparue où "le plus grand détective du monde", très intuitif, semble parfois possédé et à la limite entre raison déductive et rêverie déjantée. Et les urubus, ces grands vautours sud-américains, ne cessent de tourner dans le ciel de ce récit, projetant leurs ombres obsédantes.

... la suite sur le blog...
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La disparition du coeur des symboles

Porto. le détective privé Mário França est invité par un architecte, également organiste de l'église de Lapa, à assister à une cérémonie commémorative en l'honneur de la relique du coeur du roi Dom Pedro IV exceptionnellement présentée à la délégation venue du Brésil et d'Uruguay en présence de la Confrérie de Lapa qui s'occupe des liens entre les pays. Il y est alors témoin de deux faits extraordinaires : le décès soudain de l'organiste qui s'écroule sur son instrument et la disparition de la relique. Il est peu après engagé par trois clients : la confrérie de Lapa et la délégation veulent retrouver la relique, puis la petite-amie de l'architecte-organiste qui pense qu'il s'agit d'un meurtre. Aidé de son équipe d'assistants, tous plus étranges et peu recommandables les uns que les autres, et même d'un pigeon voyageur, le détective se lance dans une enquête liée à l'histoire du Portugal du XIXème siècle.



Avis



Intéressée par un résumé alléchant, j'ai choisi ce livre au hasard de mes déambulations dans ma petite librairie de village.



Si la forme est travaillée : un très beau style, j'ai rapidement déchanté au bout de quelques chapitres tant le déroulement de l'affaire est totalement raté. J'ai tout de même poursuivi jusqu'à la fin et pour une fois, je ne me suis pas "spoilée", ce qui arrive souvent quand je suis impatiente de lire le dénouement.



Tout d'abord, le personnage principal n'est absolument pas sympathique : infatué de sa personne, il en est risible, c'est peut-être le but recherché par l'auteur mais cela reste à prouver. Il se voit comme un Dom Juan et tout le long du livre il se présente même comme un obsédé, pour autant il est remis à sa place à la fin par une de ses amantes et bien on ne le plaint pas et j'avais envie d'applaudir.

Je préfère des héros ou personnages principaux qu'on a envie d'aimer, de suivre, des inspirateurs en quelques sorte.



Tous les antagonistes évoluent comme des fantômes ou des caricatures : avec très peu de corps et malheureusement pas tellement d'esprit non plus, peu de profondeurs ; cela ajouté à leurs noms qui, j'avoue, ne m'ont pas interpellés (il y a une distribution des rôles en début de livre ça aide un peu) et de surcroît certains avaient un pseudonyme.



Je l'ai dit, l'écriture est très belle mais le déroulement de l'enquête et son résultat sont au delà du guignolesque, pas dans l'effusion de sang mais dans la succession de scène improbables (je me demande encore pourquoi il est allé à Saint-Jacques-de-Compostelle et à Montevideo alors qu'un coup de fil aurait suffit). Si durant tout le roman,le suspens est bien là car je ne voyais pas du tout qui aurait pu faire le coup et dans quel but, le comble de l'incompréhension est atteint lorsque l'auteur s'appesantit lourdement sur le fiasco de l'enquête que mène en parallèle l'inspecteur de la police judiciaire qui passe pour un imbécile (je ne vois pas l'intérêt de cette séquence) pour qu'enfin le détective - qui se prend pour Hercule Poirot - révèle à tout le monde dans une scène finale où les protagonistes sont rassemblés, toutes les supercheries qui ont permis les deux affaires initiales.



N'est pas Agatha Christie qui veut !



Je retiendrais un mot dans ce roman : "anastrophe" (inversion de l'ordre habituel des mots, comme le langage de Yoda dans la guerre des étoiles "Beaucoup encore il te reste à apprendre." ) parce qu'il est employé plusieurs fois, au moins six ce qui fait beaucoup (trop) et dont l'auteur nous gratifie d'une explication régulière.
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L'étrange affaire du cadavre souriant

Gladys Cleminson est retrouvé morte, le sourire aux lèvres. Un détail bien étrange qui vous titillera longtemps. Gladys était à la tête d'une exploitation viticole dans la vallée du Douro gérée par plusieurs membres de sa famille. Comme souvent, les questions d'héritage exacerbe d'anciennes tensions familiales. Suicide ou meurtre ? De la réponse du détective Mario França dépendra l'avenir de la famille.



Le héros Mario França est le prototype même du type énervant ; un Monsieur Je-Sais-Tout qui ne fait que se vanter : mémoire photographique, ouïe ultra-sensible, odorat lui permettant d'identifier chaque odeur, meilleur ami des chiens : « Les chiens n'ont pas bronché. Ils ont seulement souri en remuant la queue. Vous n'avez jamais vu un chien sourire, bien sûr. Et c'est normal. Ils ne sourient pas à tout le monde. » Et ce ne sont que quelques exemples de ces talents. Talents bien pratique pour exercer son métier de détective à la perfection. Il le sait, il le dit et il l'assume. Passé cet aspect rebutant du personnage, on entre dans son histoire et son second degré nous frappe de plein fouet. Impossible qu'il se prenne au sérieux !



Un polar qui vous emmènera au cœur de la ville de Porto, dévaler la vallée du Douro et vous replongera dans les bas fonds de la Révolution des Oeillets !
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L'étrange affaire du cadavre souriant

Miranda Miguel – "L'étrange affaire du cadavre souriant" – Ed. de l'Aube, 2014 (ISBN 978-2-8159-1178-8) traduit du portugais par Vincent Gorse, cop. de l'original en 1998



Un roman policier au style particulier, articulé autour d'un super-héros en autodérision (genre commissaire San-Antonio) mais exhumant le passé propre au Portugal et à la Révolution des œillets de 1974, passé vu à travers le regard de ce détective privé qui était à l'époque membre d'un groupe clandestin révolutionnaire paramilitaire.

Tout cela est mélangé avec un projet d'attentat contre le Premier Ministre du Royaume-Uni, de telle sorte que le lecteur s'y perd un peu parfois.



Dans l'ensemble, un roman policier distrayant car d'une écriture atypique, truffé de métaphores inattendues à l'effet plutôt humoristique.

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L'étrange affaire du cadavre souriant

Mario França n'est pas un privé comme les autres. Sûr de ses qualités et de ses déductions qu'il juge infaillibles, il peut paraître agaçant, voire hâbleur, d'autant plus que c'est lui qui nous raconte cette histoire, à la première personne du singulier. Ça change un peu des détectives ou des flics désabusés, alcooliques ou déprimés ; Mario va plutôt bien. Sa technique est simple, il questionne, observe beaucoup, emmagasine toutes les informations qui décantent lentement dans son esprit. Les passages sur le divan défoncé de sa psy, Ophélia -qui l'y rejoint parfois-, l'aident également. Mon bémol viendrait du fait que nous aussi lecteurs, nous emmagasinons, mais sans le recours d'Ophélia, nous pouvons nous perdre dans tous les noms, j'avoue parfois n'avoir plus su si tel ou tel nom faisait partie de l'enquête sur Gladys ou sur Lopes, ce qui sera au final secondaire puisque comme convenu, les deux intrigues se rejoignent. Une autre réserve concerne quelques longueurs et répétitions inutiles, et pour être complet je précise que j'ai eu un peu de mal au début du bouquin, par sa construction : Miguel Miranda plonge son héros dans une situation que l'on ne comprend pas et arrivent ensuite, quelques lignes plus loin, les explications ; une fois le pli pris, ça va.



Pour revenir aux passages sur le divan d'Ophélia, ils aident Mario à mettre toutes ses idées en ordre et lui donnent accès à des retours en arrière sur sa vie de combattant contre la dictature de Salazar. Ce point est important car il permet d'entrer en plein cœur du mouvement qui amènera la Révolution des Œillets en 1974. Intéressant et instructif, même s'il peut paraître nécessaire de prendre des informations supplémentaires sur cette période au Portugal (bon point, c'est toujours bien un livre qui oblige à aller chercher des compléments d'information pour parfaire sa culture).



Finalement, malgré mes réserves, ce polar est bien agréable, changeant un peu les codes du héros revenu de tout. Mario França est parfois énervant dans ses certitudes mais on le suit avec plaisir et son mode de fonctionnement est original : il saisit les odeurs sur la scène de crime pour établir sa liste de suspects, il enregistre un document à peine l'a-t-il eu sous les yeux et fait preuve de plus d'intuition que de découverte de preuves matérielles. Et puis un héros n'a pas besoin d'être entièrement sympathique pour qu'on ait envie de suivre ses aventures, Mario França ne l'est pas, sans être antipathique et son assurance affichée est une façade qui cache des questionnements et des doutes que Miguel Miranda esquisse et a sûrement exploité dans ses autres romans dont il est le héros.



Ce roman a été écrit en 1998, il n'était pas le premier de l'auteur et d'autres ont suivi, notamment deux autres titres traduits et publiés chez le même éditeur : Quand les vautours approchent (écrit en 2004 et traduit en 2012) et Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel (écrit en 2011 et traduit en 2013). Les trois titres existent en collection poche
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L'étrange affaire du cadavre souriant

C'est un peu dans le désordre que nous découvrons en France l’œuvre de Miguel Miranda qui ne compte pas que les aventures de son insupportable et trop sympathique détective Mário França. Quand les vautours approchent datait en effet de 2004, Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel de 2011 et L'étrange affaire du cadavre souriant que nous découvrons aujourd'hui date de 1997 (publié en 98). C'est avec ce dernier que l'auteur obtint une certaine reconnaissance avec le Prix Caminho de littérature policière. A part ces trois romans policiers qui mettent en vedette le "plus grand détective du monde", Miguel Miranda est auteur de romans (pas policier), de contes et de livre pour la jeunesse. Il est par ailleurs médecin, de son premier métier.



Il est sans doute indispensable pour un détective d'avoir du flair, comme on dit. Dès la première page nous savons que Mário França a bien un sacré flair. Au sens propre, celui de l'odorat. Il semble qu'il pourrait même en remontrer au meilleur des chiens policiers et que Jean-Baptiste Grenouille, le héros du Parfum (Patrick Süskind) soit à ses côté un petit amateur. Du flair et un sens du bluff omniprésent, il va en avoir bien besoin dans cette affaire qui évoque irrésistiblement l'univers d'Agatha Christie, tant par son décor et ses personnages que par la façon dont avance l'enquête. Mais Mário França n'est pas Hercule Poirot ni Miss Marple...



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L'étrange affaire du cadavre souriant

Un roman à énigme. Le but est surtout de réaliser un polar distrayant. La dite énigme n’est pas époustouflante d’originalité, la fin est rapide et pas si étayée que ça mais on passe un bon moment avec cette parodie d’Hercule Poirot. En effet, Mario França joue avec ses cellules grises et il a une haute opinion de lui-même. Avec l’humour en plus.

On peut tout à fait acheter ce livre pour les néophytes du polar qui craignent la violence. Même si nous replongeons dans la clandestinité pour lutter contre le fascisme portugais qui a tenu jusqu’en 1974.



Marie-Christine (Croissy-sur-Seine).
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Quand les vautours approchent

Le style est élégant, parfois consciemment surécrit lorsqu'il s'agit pour Mario França de se cirer les pompes par kilos, préférant l'ambiance des lieux à l'efficacité du suspense - il n'y en a pas - et s'ingéniant, avec un brio certain, à toujours être à bonne distance.
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