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Critiques de Miguel Syjuco (5)
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Ilustrado

488 pages. Je dirais presque 488 pages de souffrances et d'incompréhension. Je n'ai absolument pas aimé ce livre et je suis désolée pour l'auteur, le traducteur et l'éditeur. Bon, il en faut pour tous les goûts.

Je me suis beaucoup perdue dans ce roman déconstruit dans lequel alternent un récit, des articles de journaux, des blagues (qui ne sont pas drôles au passage, sauf peut-être deux) et des extraits de romans. Incompréhensible je vous dis. Et long en plus. Voilà un livre qui m'avait pourtant appâtée. L'histoire était prometteuse (je trouvais qu'il y avait un petit côté à la Joël Dicker), et il y avait une énigme à résoudre. Mais des les premières pages, je me suis doutée que ça ne correspondrait pas à mes attentes.

Oui, me direz-vous, nous pouvons y voir la situation des Philippines et son histoire si nous arrivons à tout remettre dans l'ordre quand nous n'avons pas le bagage historique nécessaire de cette partie du globe : je crois qu'il y a eu plusieurs présences étrangères : espagnole, japonaise et américaine, mais je ne suis pas sûre que cela se soit bien passé dans cet ordre. Le pays ne semble pas stabilisé politiquement, il y a des coups d'état, une corruption très importante et une jeunesse dorée qui passe son temps à danser et à se droguer.

Voilà ce que j'en retiens, mais j'espère qu'il pourra trouver des lecteurs à qui il plaira.
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Ilustrado

Quelle est donc l'identité réelle des Philippines, pays sous influence espagnole, puis américaine, puis japonaise ? Merci, très bonne question, que Miguel Syjuco, jeune auteur émigré aux Etats-Unis, se pose dans son premier roman, Ilustrado. En long, en large et à travers une multitude de procédés littéraires qui finissent par donner le vertige. On y trouve donc, dans un savant désordre : un narrateur (Syjuco, lui-même ?) qui n'en finit pas de ressasser son passé en retrouvant son pays ; un écrivain décédé, à la fois fierté et objet de controverses dans son pays natal, dont le narrateur tente d'écrire la biographie ; des extraits de livres et des interviews de cet écrivain ; des histoires drôles souvent salaces ; une évocation de l'actualité politique des Philippines au début du XXIe siècle... Tous ces aspects se télescopent dans une cacophonie que seul Syjuco semble maîtriser, et encore ! Le lecteur qui a une bonne connaissance de l'histoire du pays part avec une longueur d'avance, les autres doivent ramer pour s'y retrouver dans ce dédale historique dont la narration débridée complique encore la tâche. Ilustrado est un roman ambitieux, totalement déstabilisant dans ses changements de registre, de l'analyse philosophique aux plaisanteries les plus grossières. En a t-on un peu plus appris sur l'âme philippine ? Oui, sans doute, tout en s'étant perdu plus souvent qu'à son tour. Et comme après un long voyage en avion, plongé sans sas de décompression dans les rues surchauffées et grouillantes de Manille. Epuisé et en complet décalage horaire.
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Jentayu, n°7 : Histoire et Mémoire

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Ilustrado

Critique de Philippe Rolland pour le Magazine Littéraire



Ilustrado, premier roman du philippin Miguel Syjuco, réalise la biographie baroque d'un écrivain imaginaire. Le cadavre du grand écrivain philippin Crispin Salvador est repêché dans l’Hudson, à New York, et le manuscrit du livre qu’il était en train d’écrire a disparu. Le narrateur d’Ilustrado, qui, comme son auteur, s’appelle Miguel Syjuco, a été l’étudiant et l’ami de Salvador ; il retourne à Manille pour retrouver le manuscrit perdu et enquêter sur la vie et la mort de Salvador, à qui il veut consacrer une biographie. Crispin Salvador n’a jamais existé, ce qui n’empêche pas Miguel Syjuco, dans son premier roman, de brosser un portrait dense et émouvant de cet écrivain imaginaire, portrait auquel se mêlent l’histoire et l’actualité des Philippines, des fragments de la vie de l’écrivain lui-même, des extraits de sa biographie en cours, des extraits des livres de Salvador...

Roman polyphonique, éclaté, kaléidoscopique, Ilustrado multiplie les va-et-vient dans le temps et l’espace et semble conçu, tel Citizen Kane, comme un puzzle dont les pièces réunies au fil des pages font peu à peu apparaître les sujets dépeints - un écrivain, Salvador, un pays, les Philippines - autant que le peintre en personne, Syjuco. Mais, comme dans le film de Welles, il y a ici un - voire plusieurs - « Rosebud » : autrement dit, le puzzle est voué à l’inachèvement, et la vérité toujours insaisissable. Du moins le romancier peut-il rassembler « des moments insignifiants en eux-mêmes » et les « tisser ensemble pour construire une force ». Roman-corde et roman-puzzle, Ilustrado est aussi un roman-miroir(s) : « Les faits disséminés sont ici réunis, et soumis à votre réflexion, comme les éclats d’un miroir dont le dernier fragment a été inséré de force », nous avertit Miguel Syjuco dans le prologue. Et, en effet, le miroir dans ce roman fait l’objet de variations composées avec une virtuosité étourdissante : les romans reflètent la réalité autant que la réalité reflète les romans, ils se reflètent les uns les autres, Salvador et Syjuco sont des miroirs l’un pour l’autre, et Ilustrado est comme un miroir tendu au lecteur, à l’auteur... et à Ilustrado. Car le roman, miroir que l’on promène le long d’un chemin selon Stendhal, est aussi le miroir de lui-même, et Ilustrado est sous-tendu de bout en bout par une réflexion (aux deux sens du terme) sur la création romanesque (Peut-elle changer le cours du monde ? Comment peut-elle concilier particularités locales et universalité ? Comment fonctionnent ses relations avec le passé, le présent, le futur ?...). L’auteur y accumule, avec un art consommé de la construction, les effets d’échos, les digressions, les ekphraseis, les allusions littéraires, les mises en abyme. Mais n’allez pas croire que ce livre est plombé par l’esprit de sérieux et désincarné par son brio théorique : c’est également un récit plein de bruits et de couleurs, de personnages « à trois dimensions », de sexe, de coke, de querelles familiales, de conflits politiques, d’embouteillages, de pluies diluviennes, de suspens jusqu’à la vertigineuse révélation finale - et de drôlerie : en témoigne, en particulier, Erning Isip, personnage sans lien avec l’intrigue centrale, qui, tel un Toto philippin, est le héros de blagues qui ponctuent le roman. « Les plaisanteries sont aussi apaisantes qu’un proverbe - explique Salvador à Syjuco ; sans elles, nous ne nous comprendrions pas nous-mêmes. » Roman dans le roman, ambivalence entre le tragique et le comique en même temps qu’humour intrinsèque : on voit que Syjuco est le digne héritier de Cervantes. Est-ce un hasard si c’est Don Quichotte qui a été la principale inspiration littéraire et politique de José Rizal, le premier grand écrivain philippin et héros national, fusillé par les colonisateurs espagnols en 1896 et plusieurs fois mentionné par Syjuco ? Si Rizal est le plus fameux des ilustrados (en espagnol : « les éclairés », « les instruits »), ces membres cultivés de la classe moyenne philippine qui enclenchèrent le mouvement indépendantiste à la fin du XIXe siècle, et qui ont inspiré à Syjuco le titre de son roman ? Et si la fille naturelle de Salvador recherchée par Syjuco s’appelle, comme la bien-aimée de don Quichotte, Dulcinea ? On n’en finirait pas d’explorer le foisonnement esthétique et thématique de ce grand roman baroque qu’est Ilustrado.
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Ilustrado

Quelle découverte ! A travers l'histoire d'un écrivain philippin, c'est toute l'HISTOIRE des Philippines que nous traversons. Un pays si mal connu et pourtant... il a aussi un souffle !
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