Mikhaïl Guerman ne savait pas parler français quand il situait déjà le centre du monde à Paris. C'était en 1941. Evacué dans un village près de Perm, il découvrait dans des battements de cœur Les Trois Mousquetaires en cyrillique. Dès lors, il n'aura qu'un but : se rendre dans «la patrie de son âme». Longtemps, les voyages à l'étranger resteront réservés aux élus du système, ainsi qu'à quelques intellectuels au-dessus de tout soupçon. En août 1965, quand l'historien d'art qu'il est devenu touche enfin son rêve, au terme d'épuisantes tracasseries administratives, il s'engage à se comporter en visiteur modèle : «Il était défendu: de circuler seul, d'envoyer des lettres en Russie, de parler de son salaire, de demander du supplément au restaurant, d'aller voir des films pornographiques ou des strip-teases, de lier connaissance avec des Français et a fortiori avec des émigrés (...), de regagner l'hôtel après onze heures du soir, de regarder fixement les vitrines...» Toute une époque dont la « nouvelle Russie » a gommé l'amer souvenir. Avec humour, Guerman l'érudit nous rafraîchit la mémoire.
Dans les années 90, les artistes du mouvement "Monde de l'Art" proposent la synthèse des différents formes d'art et imposent un style moderne qui influencera largement les générations postérieures, tandis que la perception cristalline de Vroubel annonce le cubisme. Au début du XXe siècle, le groupe "La Rose Blanche" marqua profondément l'esthétique russe.