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Critiques de Miklos Szentkuthy (8)
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Chronique burgonde

Miklos Szentkuthy est un être à part dans la grande famille des auteurs du XXe siècle. Et pourtant, il y en a eu de tous les genres dans ce siècle fou… Ce géant hongrois, par sa grande érudition, sa rigueur historique et son souci du détail ainsi que ses penchants philosophiques, les mille et un détours de sa curiosité, m’a beaucoup attiré. J’ai commencé les premiers tomes de son Bréviaire de Saint-Orphée et, si je les ai lus avec attention, je dois admettre ne pas avoir tout pigé et m’être parfois senti perdu au milieu des méandres de son savoir encyclopédique. Ici, avec sa Chronique burgonde, c’est à la fois pareil et tout son contraire. Je m’explique. On reconnaît tout de suite le style de Szentkuthy (érudition, rigueur, etc.) mais, cette fois-ci, il est au service d’une intrigue un peu plus simple, plus linéaire, chronologique, donc plus facile à suivre.



Chronique burgonde doit sa réalisation à la curiosité de l’auteur. En effet, Szentkuthy était absorbé par la lecture d’un tome de L’Histoire de France quand un détail, presque une note de bas de page, a attiré son attention : au XVe siècle, tous les habitants la ville de Liège furent excommuniés. Il n’en fallait pas plus pour que l’auteur s’y attarde.



Un duc de Bourgogne trop avide, un évêque de Liège trop riche et destitué, un nouvel évêque trop jeune et conspué, une foule en colère qui se révolte contre le nouvel évêque, des autorités religieuses qui n’entendent pas plaisanter avec des émeutiers et qui jettent l’interdit sur la ville rebelle. Il s’ensuit plusieurs péripéties de quelques meneurs afin de faire lever l’excommunication de la ville.



Ainsi, l’intrigue est à la portée de tous. Mais il y a plus, le ton employé par l’auteur est plutôt léger, voire humoristique à l’occasion. C’est que son narrateur, un moine assez malchanceux qui vécut cette période troublée, essaie de se montrer sérieux devant la gravité de la situation mais les acteurs et les événements semblent toujours plus improbables. Quand il commence un chapitre en admettant que sa plume est guidée en partie par une coquetterie d’artiste raté, ça promet… Puis, Liège sombre dans la décadence, ses délégués se révèlent incapables ou se laissent aller à la corruption, leurs jeux d’espionnage réussissent plus ou moins, les pourparlers secrets ou semi-secrets n’aboutissent qu’à empirer la situation, etc. Bref, tout semble tourner au ridicule. Pour le plus grand plaisir du lecteur.



Au final, c’est sans doute une porte d’entrée un peu plus accessible pour quiconque tente de pénétrer l'univers de Szentkuthy.
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Robert Baroque

Robert Baroque, c’est un projet de jeunesse, une autofiction, écrite au début du siècle passé par Miklos Szentkuthy et oublié dans un tiroir. Et retrouvé après la mort de l’auteur, publié de manière posthume. Cet auteur est peu connu du grand public, les amateurs l’apprécient pour son œuvre qui témoigne de son goût pour l’art et l’histoire, sa grande culture, son érudition. J’ai lu les quatre premiers tomes de son Bréviaire de Saint-Orphée, riche et complexe, et j’attends depuis longtemps que les cinq autres soient traduits (peut-être devrais-je m’atteler au hongrois?). En attendant, je me suis tourné vers un autre de ses romans, d’un ton tout autre registre, plus personnel.



Robert Baroque est le titre du roman et le nom de son protagoniste, qui ressemble énormément à l’auteur, tant par sa situation que son état d’esprit. C’est un jeune homme de dix-huit très cultivé (trop?), à la sensibilité exacerbée. Tous ses états d’âme et les événements qui troublent son existence, il les consigne dans son journal intime, dans lequel il insère également des ébauches de romans, parfois des passages entiers. Cette narration à la première personne, elle est très efficace. Surtout que le garçon note tout ce qui lui passe par la tête, sans filtre. Chaque émotion est là, crue, honnête.



Si les premières pages ressemblent à celle de n’importe quel lycéens, préoccupé par les études et les sorties au théâtre (quoique certains diraient qu’il lui manque les activités avec les amis de son âge), rapidement, sa préoccupation devient la lutte entre ses désirs érotiques et ses idéaux religieux élevés. C’est un jeune homme excessivement pieux, il aspire à la pureté (de l’âme, mais comment y parvenir sans la pureté du corps). À cela s’ajoute ses ambitions littéraires et artistiques, sa quête du « beau », qui se matérialise dans des filles, des femmes, qu’il porte aux nues. Que des tourments intérieurs!



« -Et vous, les femmes, méritez-vous qu’un fils de famille de dix-huit ans, instruit et cultivé, souffre, se tourmente et endure le supplice à cause de vous? Qu’il renonce à sa tranquillité d’esprit, à ses pensées, aux joies simples de la vie? Qu’il renie ses parents? L’amour, l’amour! Je ne sais même pas ce que c’est. Je sais seulement que pendant que, sur le Corso de Pest, les autres garçons examinent sans complexe les chevilles des jeunes filles, moi, la seule vue d’une paire de chevilles me précipite dans les flammes de l’Enfer. » (p. 136)



Tous ces tourments ne sont guère favorables à un jeune homme fragile et causeront à Robert de légers problèmes de santé. Toutefois, puisqu’il est le fils unique de bourgeois au bord de la ruine, le futur soutien de ses parents, son sentiment de culpabilité sera décuplé. Lui, un poids pour ses pauvres parents aimant qui espèrent tant de lui!



« La mélancolie est toujours douloureuse ; elle est corrosive, dévorante, paralysante, étouffante, en un mot : mortelle. » (p. 283)



Décidément, Robert Baroque comme Miklos Szentkuthy auraient trouvé leur place au siècle précédent, en compagnie de romantiques comme Alfred de Musset ou Byron. Ce sont des jeunes hommes passionnés (exaltés?) et très cultivés, qui s’intéressent à l’histoire, à la littérature, à tous les arts en fait (le roman est truffé de mentions de peintres, de sculpteurs). Même le nom que le narrateur s’est donné provient d’un courant artistique (le baroque). Ce roman peut servir de belle porte d’entrée dans l’univers particulier et imposant de l’auteur.
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Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 4 : Europa m..

Europa Minor est le quatrième volet de la monumentale oeuvre qu'est le Bréviaire de Saint-Orphée. La série en compte davantage mais les tomes suivants n'ont pas encore été traduits en français. Jusqu'à maintenant, j'avais suivi Miklos Szentkuthy dans son délire intellectuel mais je dois admettre que, cette fois-ci, mon enthousiasme laissait à désirer. Je n'ai pas vraiment eu envie de décrocher, ni osé, il faut dire que cette réécriture de l'histoire que propose l'auteur est fascinante même elle va dans toutes les directions, géographiques et temporelles. C'est que Szentkuthy est un grand érudit, un type d'homme dont il ne s'en fait plus.



Conséquemment, son Bréviaire est une oeuvre à part, exceptionnelle. Peu accessible par la même occasion. Mais je ne peux qu'encourager une pareille aventure, un exercice intellectuel et littéraire de haut niveau. Surtout quand, à côté de cela, tellement de bouquins ordinaires attirent l'attention d'un public facile à satisfaire.



Pour revenir à Europa Minor, la narration nous promène de l'Espagne à l'Angleterre, quelque part au milieu de la Renaissance. Élisabeth de France, épouse de Philippe II d'Espagne flirte avec le mysticisme mais ce n'était que pour nous mettre en appétit. Une autre Élisabeth, reine d'Angleterre, écrit une longue lettre, dédaignant poliment une demande en mariage du même Philippe II, veuf. Ses mots sont inspirés par des écrits orientaux. C'est que Francis Drake a beaucoup voyagé et a ramené des bouquins, entre autres le Dit de Genji et des contes persans. Et c'est précisément en Orient que l'intérêt de Szentkuthy réside. À travers la reconstitution de différents récits inventés, il fait revivre une mystique étrangère remontant jusqu'au Moyen-Âge.



Miklos Szentkuthy se promène entre toutes ces époques, ces pays, ces genres littéraires. C'est que le narrateur tisse des liens (que lui seul maitrise) entre le présent, le passé et un au-delà imaginaire. Et aussi de retoucher quelques uns des personnages historiques au passage, ne serait-ce qu'en leur attribuant des pensées et des envies qui satisfaissent sa soif intellectuelle. Après tout, c'est un tour de force que de rassembler dans un même paragraphe, dans une même phrase, des éléments aussi disparates que la Chine, la Réforme, les Évangiles, Rome, les Mayas et les Incas ainsi qu'Élisabeth. N'importe laquelle des deux.



Europa Minor est une odyssée en soi. Nous ne savons pas où ce voyage nous emmène ni ce qu'il nous rapporte (dans l'immédiat). On essait de suivre aveuglément Szentkuthy dans son joyeux délire et, avec un peu de chance, on en ressortira avec quelque chose, sans doute très loin de ce à quoi l'on s'attendait…
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Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 3 : Escorial

« - Moi, je suis Olympe. La mère d’Alexandre. L’histoire ne sait qu’une chose, nous, nous une infinité. » (p. 77) Je crois que cette citation réflète l’esprit dans lequel le Bréviaire de Saint-Orphée fut écrit, en particulier ce troisième tome, intitulé Escorial. Les livres et manuels d’histoire rapportent des événements. Mais, Miklos Szentkuthy fait des liens que l’histoire n’a pas faits ou retenus. Il ne présente pas l’histoire de façon linéaire, chronologique ni même sensée. Il ne s’agit que d’une matière première, brute, qui devient un joyau. Il établit des liens entre le temps et l’espace qui échapperaient à plusieurs, crée une œuvre originale, éclatée, intuitive. Telle que l’histoire aurait pu ou dû être.



Mais, même dans pareil cas, il faut tout de même commencer quelque part. Le titre Escorial dévoile un peu l’intrigue, sinon l’espace géographique dans lequel il se déroulera : l’Espagne. En effet, le fameux complexe, synonyme de la grandeur et de la puissance des Habsbourgs, fut un palais, un monastère mais aussi une bibliothèque. Une des plus imposantes de son temps, comportant des ouvrages en plusieurs langues sur les sujets les plus divers. Un de ces lieux d’érudition parfaits pour une œuvre comme le Bréviaire.



Et c’est là, précisément, que François Borgia tentera de perfectionner son savoir. J’ai lu beaucoup sur la célèbre famille de la Renaissance, essentiellement sur le patriarche devenu le pape Alexandre VI et sur ses quatre enfants les plus connus, Juan, Cesar, Lucrèce et Geoffroi. Je me doutais bien qu’ils n’étaient pas les seuls ni même qu’il n’y ait eu des petits-enfants, voire des arrières-petits-fils. Eh bien, l’un d’entre eux est François Borgia et, plus d’un demi-siècle plus tard, l’histoire tourne au gré de ses réflexions mais aussi, en tant que Grand d’Espagne, vice-roi de Catalogne et supérieur général des Jésuites, de ses missions, données tant par le pape que l’empereur.



Je trouve que, jusqu’à maintenant, Escorial est le tome le plus facile à suivre du Bréviaire de Saint-Orphée. Il raconte une histoire un peu plus cohérente, centrée sur un personnage, François Borgia, avec une quête (trouver dans les légendes chinoise les sources des mythes grecs) et quelques incidents de parcours anecdotiques (comme une supposée intrigue amoureuse à sens unique impliquant l’impératrice Isabelle). C’est la première fois que le narrateur est aussi présent, tangible. Dans tous les cas, moi, je me suis senti moins perdu que lors des élucubrations adorables et fantaisistes mais laborieuses des protagonistes prédécesseurs de Borgia.



Ceci dit, Szentkuthy réussit quand même à faire voyager ses lecteurs dans l’Extrême-Orient antique et dans les tréfonds de l’histoire et de la philosophie européenne. Il faut le faire, mentionner dans une même phrase, les jugements portés sur les juifs, l’empirisme plastique des Aryens, l’amour, Éléonore de Castro et les faucons chassant les lapins. Ainsi donc, bon courage à quiconque se lance dans cette aventure riche mais audacieuse.
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Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 2 : Renaissa..

Qu'on en commun Dunstan, un moine du Moyen-âge, l'auteur romain antique Tacite et l'artiste de la Renaissance Brunelleschi ? Je n'aurais su le dire. Mais le lien, aussi ténu soit-il, a été fait par Miklos Szentkuthy dans son deuxième tome du bréviaire de Saint-Orphée, intitulé Renaissance noire. Je l'écris d'emblée, ça prend du courage pour se lancer dans cette lecture, cet exercice de style hautement intellectuel. Dans tous les cas, pour moi, ce fut une expérience enrichissante mais pas toujours facile d'accès.



En effet, Szentkuthy fait danser son lecteur à grands coups d'érudition. Et il faut suivre la cadence sinon, c'est fini. On décroche et l'on n'a plus envie de reprendre la danse. C'est que son histoire labyrintique est constituée d'un tourbillon, d'une avalanche de connaissances et de culture. Et pas générale, oh non, tout est d'une précision inouïe, d'une attention au détails hors du commun. Parfois, j'avais l'impression d'être emporté par un raz-de-marée, pire, un tsunami de savoirs encyclopédiques.



Mais jamais je n'ai eu l'impression que l'auteur étalait des connaissances accumulées un peu pompeusement. Plutôt, je sentais que j'avais affaire à un amoureux de l'histoire, de la philosophie, des arts. À un grand humaniste, comme en produisait jadis…



Ainsi, Miklos Szentkuthy nous propose de le suivre à travers les pensées (réflexions, supputations, tout ce que vous voudrez) de quelques personnages, essentiellement ceux mentionnés plus haut. Et ceux-là, plongés dans leurs savoirs, en évoquent d'autres à leur tour. Tout un voyage dans le temps !



Il faut savoir que l'on s'embarque dans des eaux mouvementées, troubles. Éléments, qu'un individu ordinaire n'a probablement vu passer que dans les notes de bas de pages des ouvrages généraux. D'autant plus que son histoire (si je peux appeler ainsi son ouvrage) ne fait pas de cas de la chronologie, encore moins des anachronismes. Par exemple, le narrateur établit une comparaison entre le vieux et laid empereur Tibère et un garçon d'une peinture de Matisse. Une autre fois, il insinue que son successeur Claude était une marionnette byzantine. Un peu plus loin, il lâche : « Tout le romantisme de Tacite, tout son rococo à la Philippe II apparaît en filigrane chez Sénèque. » (p. 54). Des effets de style bien volontaires, je serais le dernier à penser que Szentkuthy ne maitrise pas son «matériau».



Mais tout n'est pas si sombre. En fait, ça et là, on reconnaît des personnages ou bien des événements, tels des bouées de sauvetage auxquelles on s'accroche. En effet, même si on n'est pas féru d'histoire, de philosophie ou de musique, il est difficile de croire que certains noms comme Messaline ou Monteverdi n'allument pas une étincelle, même toute petite. Certains de ces noms sont mentionnés au passage, d'autres sont au centre d'intrigues, d'anecdotes intéressantes. Par exemple, j'ai beaucoup apprécié celle de l'impératrice Théodora, qui reproduit une scène de la Genèse en cueillant une pomme et lançant au pape : « Adam et Ève, remake à Byzance ! Je veux croire que vous accepterez la pomme de mes mains. » (p. 80) Très ingénieux et audacieux.



On cherche un sens à une telle réécriture de l'Histoire. Sans garantie de réussite. le secret ? Il faut se laisser guider par Miklos Szentkuthy sans trop se poser de question. Par exemple, moi, je suis encore en train de «digérer» cette lecture. Pour tout dire, tant qu'à être dans cet état d'esprit réceptif à une pareille expérience, j'ai immédiatewment enchaîné avec le troisième tome. Je me sentais courageux.
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Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 1 : En marge..

Le bréviaire de Saint-Orphée est une œuvre en dix volumes, considérée comme la plus importante de Szentkuthy. Les éditions Vies Parallèles ont prévues de les publier tous, au rythme d’un par an. Certains volumes avaient déjà été publiés par les Editions Phébus, mais étaient devenus difficiles à trouver.



Dans ce premier opus, l’auteur fait une sorte de commentaire du journal de Casanova. Entrecoupé d’un certain nombre de digressions, sur la peinture (Tintoret…) musique, histoire…..Le livre s’ouvre par un texte consacré à Alphonse de Ligure.



C’est terriblement baroque dans le style, éblouissant d’érudition et de culture. Evidemment qu’il est difficile de tout saisir, en n'ayant pas la même masse de connaissances que l’auteur, et déjà ne maîtrisant pas sur les bouts des doigts, comme lui, le journal du célèbre vénitien. Et donc j’avoue que j’ai un peu décroché à certaines pages. D’autres sont tellement éblouissantes que l’envie de continuer la lecture devient irrésistible. Je me suis quand même dit qu’une édition avec quelques notes n’aurait pas été un luxe.



Une œuvre vraiment très à part, à lire à petites doses, mais qui réserve des merveilles, mais surtout à ceux qui s’intéressent à l’histoire de l’art et des idées.

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Le bréviaire de Saint-Orphée, tome 2 : Renaissa..

Il était avec le dictionnaire Khazar. Ce sont des plaisirs d’esthètes relief de ma jeunesse où on cherchait le texte rare.

Je n’ai lu que deux tomes du bréviaire de Sainte Orphée. Celui ci et en marge de Casanova. Ici on parle de Monteverdi. Je crois que c’est au même moment que Jordi Savalk a edité son Orfeo enregistré sur les lieux de sa création. Je n’ai jamais trouvé d’autres volumes du bréviaire.

Relire cela maintenant me paraît anachronique mais tellement rassurant. A l’âge du numérique se préoccuper de beauté et d’érudition paraît vain. Mais O combien neceo
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La confession frivole. Autobiographie d'un ..

Une sorte d’autobiographie. L’auteur raconte sa vie, on lui pose des questions, le tout est enregistré et ultérieurement relu par la secrétaire de l’écrivain. Qui de digression en digression, de livre évoqué et feuilleté en livre, parle de sa vie, dans un ordre en principe chronologique, mais le principe sera largement transgressé. C’est un peu une causerie, qui part dans tous les sens, même si existe un fil rouge. L’auteur est particulièrement prolixe sur ses jeunes années, son enfance, ses premières lectures, ses relations avec les membres de sa famille, ses premiers professeurs. Et sur les livres qu’il a collectionné tout le long de sa vie. En même temps que sa vie, défile à l’arrière plan l’histoire de la Hongrie, et aussi un peu celle de l’Europe.



Extrêmement brillant, érudit, c’est un livre au rythme particulier. L’auteur vit dans son monde, fait de livres, d’art, de photos, tout en alignant les maîtresses. Un monde plus réel que le reste, la triste réalité, des guerres, dictatures et autres vicissitudes de l’histoire. Le personnage est visiblement très égocentrique, sans même s’en rendre compte, il utilise terriblement les gens de son entourage, et ne semble pas vraiment se préoccuper de ce qu’ils peuvent ressentir. Et il a incontestablement la capacité de voir de la magie, de l’enchantement dans les choses, en premier lieu dans les livres, les objets, les tableaux…Et cette capacité est terriblement communicative, il parvient à faire passer un foisonnement, un frémissement, un plaisir en parlant des choses et figures qui l’ont fasciné ou subjugué. Un magicien ou plutôt un chaman du verbe, qui se sert du rythme des mots pour créer une envie ou provoquer une fascination.



C’est très étrange, très prenant, et quasiment incommunicable, car l’auteur a vraiment un univers à lui, reposant sur les mots et la prosodie. Je me suis laissé embarquer par ce monologue, comme on écouterait presque une pièce de musique. Et j’ai bien l’intention de découvrir les œuvres de l’auteur, pour voir comment il parle des autres, en étant sûre qu’il va surtout parler de lui à travers eux, toutes ses figures qu’ils fait siennes et qui constituent sa mythologie personnelle.

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