Milad Doueihi

J'ai été très enthousiasmée par la lecture de l'introduction : j'étais totalement d'accord avec le constat de l'auteur de la nécessité de changer pour les musées actuels, et le livre s'annonçait prometteur et porteur de nombreuses idées pour "réinventer les musées" comme annoncé par le titre.



Mais j'ai été très déçue par la suite ! Le livre se compose de douze mini-nouvelles, des "rituels" inventés par l'auteur, en théorie pour proposer des pistes de réflexion pour renouveler les musées... Personnellement je n'y ai vu que des fantasmes à peine aboutis (seulement quelques pages) et sans intérêt, dans lesquels les musées ne sont plus que des centres de vacances ou de détente. Pour l'auteur, le musée où l'on admire des œuvres, c'est ringard, et le musée devient un lieu où l'on pratique des loisirs créatifs, se déguise ou encore fait du yoga ! Certes il faut réinventer les musées, mais pas en en faisant des centres de loisirs pour adultes et en oubliant les œuvres, qui sont quand même la base de la définition d'un musée ! (ah mais non, les tableaux et les objets, c'est pour les vieux réactionnaires)



Les "histoires" sont suivies de quelques pages d'auto-analyse pompeuses visant à montrer l'intérêt du rituel et les sources du récit.

La conclusion et le dialogue sur le numérique à la fin du livre sont tout aussi inintéressants selon moi, l'idée générale pouvant se résumer à : aller au musée ne sert plus à rien, maintenant on a internet ! Il me semble que la situation actuelle prouve que rien ne remplace le contact avec l'oeuvre... Mais ce n'est que mon avis.

Sujet très actuel pour lequel les Anglo-Saxons ont une longueur d’avance. Les pistes de réflexion présentées sous forme de rituels sont intéressantes. Mais je suis restée sur ma faim. À la suite du rituel, l’auteur nous donne ses références et sources d’inspiration. Mon rituel préféré est le cinquième intitulé « La conférence des animaux ». Yves Winkin teste les possibilités d’accueil d’un musée suite à l’arrivée des quelques animaux semi-domestiques. Pas si impensable qu’il y paraît : la preuve en images dans « The Nightwatch » (2004), l’œuvre vidéographique de Francis Alys.

Il est d'ores et déjà intéressant d'observer les courants qui se croisent dans les groupes où Milad Doueihi fait école, dans cette sphère des cultures numériques qui lui vaut la création d'une chaire spécialisée à l'université de Laval. On y croise des sociologues privilégiant l'observation, des historiens de pratiques lettrées et des intellectuels constructeurs et defenseurs politiques des nouveaux biens communs.
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..