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Critiques de Milad Nouri (19)
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Bienvenue en Chine

Il est intéressant d'avoir le témoignage d'un expatrié français d’origine iranienne qui va se lancer sur le marché chinois au milieu des années 2000 afin d'y ouvrir sa propre entreprise de négoce après ses études. Il a profité du fameux boom économique faisant de cette puissance économique l'une des premières de la planète.



On aura droit à toutes les anecdotes qui sont très intéressantes sur la culture du business dans l'Empire du milieu. Il est utile de voir comment il faut se comporter lors des dîners d'affaire afin de pouvoir faire par la suite de juteux contrats. On assistera à une multitude de rencontres qui nous apprendrons le mode de vie et les formes de respect bien différentes de ce que nous connaissons en Occident. Certaines situations seront plutôt cocasses.



Il n'y aura pas que le professionnel puisque notre héros Milad Nouri va tomber amoureux d'une chinoise. Certes, il y a un gros décalage culturel mais tout est pris avec l'humour et parfois l'émotion. Marrant mais parfois touchant !



Je suis toujours preneur des expériences de vie de jeune qui se lance à corps perdu dans l'aventure loin de chez eux, loin de la zone de confort. On se rendra compte que les choses peuvent être parfois très compliqué en Chine. Il faudra s'accrocher.



Par ailleurs, le graphisme est très avenant bien que minimaliste. J'ai apprécié également la bichromie en bleu qui donne envie de poursuivre sa lecture sur presque 200 pages.



Cela ressemble à du Guy Delisle dans le concept de ces carnets de voyage professionnel à l'étranger. Mais bon, il n'est plus le seul à faire dans ce genre de BD. Alors, pourquoi pas ?



La fin m'a semblé presque trop légère et d'une grande banalité par rapport au reste. Par ailleurs, le régime politique de ce pays plutôt autoritaire et liberticide sera totalement épargné et pourtant, il y aurait à en dire à commencer par la provenance du COVID19 ou de la répression des Ouïghours. On ne mélange sans doute pas les affaires avec la politique. J'ai senti comme une forme d'auto-censure qui s'explique aisément.



C'est le genre d'ouvrage qui peut donner des idées à d'autres jeunes en quête d'aventure ainsi qu'à des futurs touristes appréciant cette culture chinoise. Moi, perso, j'éviterai la Chine ou la Russie. Je m'y sentirais sans doute pas le bienvenu.
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Bienvenue en Chine

A peine diplômé en informatique, le jeune franco-iranien Milad Nouri s’envole vers la Chine pour une première expérience professionnelle. Il va découvrir les us et coutumes de ce pays si différent. ● Ce récit autobiographique nous apprend beaucoup de choses sur la Chine, à la fois sur la vie professionnelle et sur la vie personnelle dans ce pays. On comprend toute la signification et l’importance de l’expression « perdre la face ». ● Mais aussi on se demande comment ce pays si encombré de règles sociales impératives peut réussir autant sur le plan économique. On pourrait penser que tout le protocole qui entoure les relations sociales constitue un frein important au développement. ● D’autre part, l’auteur passe sous silence le caractère autoritaire du régime. On a l’impression que là-bas règne la même liberté que dans les pays occidentaux. La dimension politique n’est pas du tout évoquée, peut-être parce que Milad Nouri ne veut pas se faire mal voir des autorités chinoises. ● Le dessin est plutôt simpliste, et passe très mal sur tablette : les contours noirs ne figurent pas sur les dessins, il ne reste que le bleu, si bien que souvent on est obligé de deviner ce qu’ils représentent. C’est très désagréable.
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Bienvenue en Chine

En ces temps difficiles, le plus grand pays, le plus peuplé, comme les Martiens de Wells, lutte contre l'infiniment petit, plus redoutable encore, que les accords commerciaux de Trump pour figer la planète dans une sidération impuissante.



Alors j'ai lu cette BD, dans laquelle l'auteur nous offre son expérience d'entrepreneur dans l'Empire du Milieu. Il nous livre à la fois sa vie d'expatrié depuis son premier stage d'étudiant, et toute sortes d'informations civilisationnelles qui nous en apprennent beaucoup sur les Chinois, leur langue, leur organisation sociale et leurs valeurs. C'est drôle, vivant, jamais moqueur. Les occidentaux qui ne veulent pas chercher à comprendre peuvent se rendre ridicules à chaque pas. C'est par moment émouvant et d'une tristesse absolue. C’est plus qu’un guide touristique, ou un manuel de savoir-vivre, Il y a de la chair et de l'émotion dans ce documentaire.



On comprend l'attachement de l'auteur pour ce pays qu'il a au départ un peu choisi au hasard pour son stage.

Le récit est bien servi par un dessin épuré et des fonds colorés en aplats, à la manière de Riad Sattouf, j'aime beaucoup cet univers .

Si vous devez voyager en Chine, dans un avenir proche, n'oubliez pas de lire cette BD, de préparer au moins 200 cartes de visites, de faire attention à la transcription de votre nom ou de votre société pour que ça ne raconte pas une histoire ridicule.

Préparez votre estomac aussi. Comme on dit en Chine , tout ce qui a des pattes se mange, alors le choix est très ...très étendu. Mais vous pourrez vous jeter à l'occasion d'une crise de nostalgie, sur de bonnes spécialités françaises aussi, elles sont très appréciées là bas.

Milad est un excellent décodeur , profitez de son expérience !







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Bienvenue en Chine

Disons-le tout de suite, c'est un récit qui m'a peu emballée, mais parce qu'il tourne essentiellement autour de l'expérience entrepreneuriale du narrateur qui ne m'a pas intéressée. Disons aussi que je partage rarement le point de vue d'un dirigeant d'entreprise, généralement très ambitieux (ce qui se comprend), prêt dans un cas comme celui-ci à mettre de côté certaines idéologies (ce que je comprends moins) et parfois, comme ici aussi, un brin méprisant par rapport à ses employés.

On est loin des romans graphiques qui racontent des voyages sacs-à-dos culturellement dépaysants comme je les aime, mais découvrir le monde autrement, toujours par ce biais, n'est au fond pas inintéressant. La Chine observe beaucoup de protocoles très différents des nôtres qu'il faut connaître en tant que professionnel. L'alcool y prend une grande place, d'ailleurs je ne sais pas comment ces dirigeants tiennent le coup avec ce taux d'alcoolémie hebdomadaire!

Le narrateur a la chance de rencontrer une jeune chinoise issue d'un milieu très riche - on ne saura pas de quelle fortune cette famille s'est faite, sujet tabou, comme bien d'autres ici - qui lui fera faire ses premiers pas dans ce monde et lui permettra de créer son entreprise. Parfois, certains éléments de vie privée interfèrent, dont un événement dramatique qui partage le récit en deux parties, avant de reprendre de plus belle.

Je trouve le titre mal choisi mais plus vendeur que "une entreprise en Chine", c'est vrai.



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Bienvenue en Chine

Milad est un jeune Franco-Iranien qui, par ambition, part se forger une première expérience professionnelle en Chine. A travers son histoire, il nous fait découvrir certaines facettes de la vie là bas, entre clés de compréhensions et anecdotes.

C'est présenté sous le ton de l'humour et ce n'est pas inintéressant mais je n'ai pas été plus conquise que ça.

J'ai trouvé l'ensemble un peu indigeste, les informations inégales et le dessin n'est pas vraiment ma tasse de thé.

J'ai également été un peu gênée par le fait que l'auteur nous mette en avant les différences sociales ou culturelles mais taise purement et simplement le régime politique et sa dimension idéologique...l'arbre qui cache la forêt.

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Bienvenue en Chine

J'ai beaucoup aimé ce roman graphique autobiographique, fruit d'une collaboration entre l'auteur français, Iranien d'origine, et sujet de l'histoire et une dessinatrice chinoise.

L'épopée vécue par Milad Nouri est tout d'abord passionnante : ce jeune ingénieur décide de prendre son destin en main et se lance avec la foi de l'aventurier dans la conquête de cette Chine si prometteuse... et si complexe. Tout y est intéressant, les anecdotes vécues, les différences culturelles occasionnant différents quiproquos, les us et coutumes de la Chine et sa transformation rapide, toujours en lien avec la tradition, la langue pas facile, les caractères des personnes rencontrées, l'organisation du travail et les modes de fonctionnement du monde des entreprises, les aspirations de la jeunesse... Un portrait passionnant de la Chine contemporaine donc pour qui s'intéresse au pays.

Tout y est également émouvant : la vulnérabilité du narrateur, sa candeur, sa fraîcheur, son désir de progresser et réussir malgré les erreurs et les échecs, sa persévérance, ses rencontres amoureuses et ses deuils, sa créativité et son talent, et cette vive intelligence au service des autres...

Le dessin à la ligne claire, trichromique en noir, blanc et bleu, permet une lecture aisée et agréable de la BD. On retrouve le même plaisir et la même réussite que dans les livres de Guy Delisle, notamment Shenzhen, même si l'humour y est sans doute moins présent. Je ne peux que conseiller la lecture de Bienvenue en Chine !
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Bienvenue en Chine

"Bienvenue en Chine" est un roman graphique autobiographique de Milad Nouri sur son expérience d’entrepreneur dans l’Empire du milieu. Avec beaucoup d’humour et de tendresse pour son pays d’accueil, l’auteur partage de nombreuses anecdotes croustillantes sur sa découverte de la culture chinoise.



Pour lire ma chronique complète, rendez-vous sur le site du Suricate Magazine :
Lien : https://www.lesuricate.org/b..
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Bienvenue en Chine

La BD témoignage de Milad Nouri et Tian-You Zheng, baptisée de manière ironique « Bienvenue en Chine », n’est pas sans rappeler celles de Guy Delisle ou de Jean-Paul Nishi. Impossible de ne pas ressortir de sa lecture sans avoir acquis de nouvelles connaissances. Car, des différences entre nos deux cultures, il y en a ! Notre personnage principal est en effet confronté à plusieurs difficultés tout au long de sa vie professionnelle, et même privée, puisqu’il tombera amoureux, je vous le donne en mille, d’une Chinoise ! Heureusement, Milad est un homme bourré d’humour. La preuve, il partage avec nous de merveilleuses anecdotes.
Lien : https://commedansunlivre.fr/..
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Bienvenue en Chine

Milad est un jeune français d'origine iranienne. Après la fin de ses études il va participer à un échange avec l'Université de Canton et y développer une société. 



Simple vous allez me dire mais l'auteur va nous raconter tout ses déboires mais aussi tout ses bonheurs dans ce pays où beaucoup de choses sont bien différentes. Il débarque avec d'autres étudiants à l'aéroport Guangzhou. Leur anglais étant médiocre et ne parlant pas encore chinois il vont se retrouver tout perdus au bureau d'information. Ils veulent aller à Canton et la personne derrière le contoire leur dit : "c'est ici Gunghzhou". Première leçon : l'un égale l'autre. Deuxième leçon : les distances semblent petites sur la carte mais le pays est immense. Les trajets sont souvent très longs surtout en train vu qu'ils ont peu de moyens. Troisième leçon : les gens sont très respectueux ils ne faut pas les brusquer quel que soit la situation au risque de voir la personne quitter la table. 



Chaque rencontre avec une nouvelle personne sont pour la mojorité du temps du temps ponctuées d'un échange de cartes. Au verso de celle-ci, il faut indiquer son nom dans la langue locale mais en choisir un au hasard peut s'avérer risqué. Il vaut mieux vérifier car deux mots peuvent avoir le même son mais une signification différente. 



Vous saviez que certains chiffres portent malheur et donc, que dans certains immeubles l'étage du numéro en question n'existe pas ? Saviez vous également que dans certains restaurants on pouvait choisir la nourriture du doigt et l'envoyer presque illico dans son assiette ?



Milad va rencontrer de nombreuses situations du genre qui sont contées avec humour et amour car il va y faire plusieurs rencontres qui vont marquer et façonner sa vie. Un album instructif rempli d'anecdotes à ne pas louper sous aucun prétexte. 



Lu et commenté sur izneo
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Bienvenue en Chine

Une BD autobiographique qui nous plonge dans l'univers d'un étudiant franco-iranien qui va vivre en Chine. Il y termine ses études et se lance dans la vie active. Il nous livre ses découvertes et ses déboires avec humour et délicatesse.
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Bienvenue en Chine

Bienvenue en chine, trace le parcours entrepreneurial et la vie privée de Milad Nouri. Toujours intéressant de lire et découvrir la façon de faire et de vivre dans d'autres pays. Très bonne découverte des us et coutumes chinoises à travers ce livre.
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Bienvenue en Chine

pour être moi-même allée dans le pays plusieurs fois, je retrouve dans plusieurs scènes, plusieurs constatations... mais ça n'a pas suffi à me faire accrocher au dessin (qui m'a fait penser à Ryad Satouff) ou au style de l'histoire, que j'ai trouvé assez banal.
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Bienvenue en Chine

Dire que Bienvenue en Chine est un mélange entre une brochure idéale de la Chambre du Commerce et un bon guide touristique pourrait sembler péjoratif, mais ce n’est pas le cas, et même s’il possède une dimension subjective intéressante, c’est son tempérament pédagogique qui l’emporte, avec force et passion.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
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Bienvenue en Chine

"À Canton on mange tout ce qui a des pattes, sauf la table"



"La vrai difficulté du chinois c'était les tons. On classifie les sons en 5 catégories : le ton plat, le ton montant, le ton descendant puis montant, le ton descendant, l'atonal qui n'a pas d'accent. Les tons influent sur la signification. Ce qui veut dire qu'une intonation peut changer le sens d'un mot. Tu dois faire très attention, encore plus que pour la prononciation"



"Si on prend le mot "ma" par exemple, selon le ton cela peut vouloir dire "maman", "endormi", "cheval", ou encore "insulter". D'où l'importance de travailler les sons. Pour éviter de parler de cheval quand tu veux parler de ta mère"



"Être de plus en plus gros, c'était souvent dit sur le ton de la plaisanterie. Même s'il ne sonnait pas comme tel, c'était un compliment censé exprimer la prospérité d'une personne"



"Le management est paternaliste en Chine. Le patron est vu comme un leader et comme un père de famille qui doit prendre soin de ses employés. Il est l'autorité au sein de la société. C'est à lui de décider et aux employés d'exécuter. Le patron décide et n'a pas à se justifier, contrairement à ce qui se passe en France"



"Le numéro 8 est un chiffre porte bonheur dans toutes les strates de la société chinoise et le mariage ne faisait pas exception. Lors de JO de Pékin la finale a commencé à 8h du soir, en ce huitième mois de l'année 2008. C'est qu'en Chine le chiffre 8 est associé à la confiance et à la prospérité.

De nombreux vols d'avion internationaux se terminent par le chiffre 8. Les numéros de téléphone avec bcp de 8 et sans 4 sont très prisés. Il existe même un cas où une compagnie aérienne a acheté un numéro pour plus de 2 millions d'yuans (...)

Et bien sur parfois le loyer du 8eme peut parfois se révéler plus cher que celui des autres étages. Ces croyances envers les chiffres sont ancrées profondément dans la culture"



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Bienvenue en Chine

AMUSANT ET LÉGER



La toute première impression que l'on a en regardant et en ouvrant cette bande dessinée, c'est qu'elle est principalement en noir et blanc, ce qui signifie beaucoup de gris différents sur la couverture même du livre, puis ce gris est largement remplacé dans les images par une couleur bleu clair. Je trouve cela intéressant car le dessin est simple, d'une manière assez primordiale avec des personnages et des environnements rendus avec des lignes seulement, pas de dessin compliqué, même pour les visages. Cela procure à la lecture un réel confort car les textes, les légendes, les bulles, ne sont pas détournés par trop de couleurs et de détails. Le bleu est une sorte de surlignage du dessin lui-même. On lit – et on lit effectivement chaque mot – le texte, les légendes et les bulles, du début à la fin avec attention. Cela centre cette bande dessinée sur le sens des mots avec parfois quelques petits détails renforçant le texte lui-même. C'est plutôt le style que l'on retrouve dans certains caricatures, bandes dessinées humoristiques de la presse quotidienne. Dans ce livre, nous avons plutôt affaire à un message humoristique mais idéologique, à un commentaire direct et éclairé d'une situation réelle.



Et elle est réelle. Milad Nouri confesse en effet toutes les infractions, délits et crimes qu'il a commis et qu'il continuera probablement à commettre dans ce monde. Ce ton de confession narrative est fascinant car il nous fait entrer dans une sorte d'intimité personnelle, voire intime, bien qu'extrêmement réservée – mais pourquoi, page 12, Milad Nouri met-il ses deux main à l'intérieur de son caleçon directement sur ses fesses, peut-être pour attraper une puce ou pour se gratter les fesses –, le récit de la vie de Milad Nouri par lui-même illustré comme je l'ai dit par Tian-You Zheng. Tout cela a un rapport avec la Chine, et le dessin d'un artiste biculturel chinois et belge sur une histoire et un texte d'un auteur biculturel français et iranien donne au livre l'aspect d'un livre d'images d'il y a longtemps et une forme chinoise, car il n'y a pas de couleurs vives, en fait pratiquement pas de couleur, sauf ce bleu pastel clair sur un dessin en traits des plus simple. Nous entrons dans un autre monde, une autre conscience, un autre esprit. Et je dois dire que le voyage devient définitivement intime. Nous sommes capables de nous projeter dans ce Milad Nouri et de nous comporter comme lui à partir de son intérieur. Je dois dire qu'il y a des moments où c'est un peu gênant, notamment quand il boit trop, et que cet excès de boisson est à l'origine d'un drame énorme et probablement d'un traumatisme dans la vie de Milad Nouri. C'est puéril, et d'après ce que je sais les contacts que j'ai eus en Chine avec la Chine et les Chinois me permettent de douter gentiment que cet alcoolisme soit en fait tout à fait vrai. Connaissez-vous quelqu'un qui soit capable de boire six litres de vin (12° d'alcool) sans tomber dans un coma éthylique ? L'estimation est celle de l'auteur.



Un autre élément essentiel apparaît et ressort dans le livre. La Chine n'est pas une culture émergente récente, mais une culture très ancienne basée sur des traditions qui remontent à 6 000 ans ou même à quelques millénaires de plus. En fait, la civilisation humaine, la civilisation Homo Sapiens, et même la civilisation Denisovan sont juste en train d'être enfin étudiées correctement en Asie. Maintenant que toutes les aventures coloniales (crimes contre l'humanité) et toutes les interventions guerrières des Français, des Anglais, des Russes et des États-Unis (presque toutes) ont pris fin avec la débâcle de Kaboul – jusqu'à la prochaine aventure des États-Unis quelque part dans les mers du Sud de la Chine ou en Corée du Nord, pourquoi pas en Sibérie – l'Asie dans son ensemble peut réparer les dégâts, et la Chine dans son ensemble peut renouer avec son très ancien passé, reconstruire sa tradition plurimillénaire et l'investir dans les découvertes humaines technologiques, scientifiques et commerciales les plus avancées et modernes préparant l'avenir.



C'est là que quelque chose manque profondément dans le livre. Lorsque j'étais à Chengdu il y a quelques années, j'ai été étonné par la présence, la présence ouverte, d'un grand temple bouddhiste et d'un monastère, de nombreuses cours, de nombreux bâtiments, de nombreuses statues et de nombreuses personnes qui entraient et sortaient, des touristes bien sûr, mais aussi des croyants, des bouddhistes fidèles, la présence, dis-je, de ce centre spirituel et religieux crucial au milieu d'un énorme centre commercial de trois niveaux dans le centre-ville. Ce n'est qu'un exemple de ce qui manque. Toute la tradition chinoise, longue de plusieurs millénaires, est fondée sur Lao Tseu, Confucius, le taoïsme et quelques autres, et cette culture spirituelle, philosophique et religieuse fondatrice est entièrement investie et fondée sur le bouddhisme. Lisez le Voyage en Occident si vous voulez voir ce que cette tradition bouddhiste peut représenter dans la Chine moderne. Le concept de Chine moderne est en fait réducteur, et la toute fin de la bande dessinée élargit l'histoire au monde, principalement un peu de France et beaucoup de Brésil pour des raisons personnelles allant de pair avec un mariage et deux filles. Mais quelque chose est absent à ce moment-là.



Premièrement, l'inspiration bouddhiste dominante en Chine, en Asie du Sud-Est, en Corée et même au Japon.



Ensuite, le fait que Milad Nouri ne dise pas un mot de son origine et de sa culture iraniennes, qui doivent inclure, ne serait-ce qu'à titre informatif, la religion musulmane de l'Iran et la relation particulière entre la Chine et l'Iran et de nombreux autres pays asiatiques qui sont également musulmans, qu'ils soient chiites ou sunnites. Et l'Afrique n'est pas mentionnée, alors qu'il s'agit d'un domaine essentiel de l'activité chinoise en concurrence avec la France, le Royaume-Uni et les États-Unis qui sont une sorte de Big Brother derrière, au moins, le Royaume-Uni.



Troisième remarque, et non des moindres, il aurait été intéressant de mentionner la religion chrétienne qui est présente, du fait de l'occupation coloniale la plupart du temps, en Asie de la même manière qu'en Afrique ou aux Amériques.



La bande dessinée insiste cependant sur de petites pratiques quotidiennes fondamentales venant des Chinois : la manière polie de s'adresser aux gens dans les contacts directs ou dans les courriels et les lettres, de nombreux autres petits actes civils accomplis quotidiennement, et Milad Nouri insiste sur ces pratiques dans le milieu des affaires : notamment les primes offertes aux travailleurs pour certaines festivités comme la fête du printemps ou les célébrations patriotiques de l'automne (ce dernier événement est à peine évoqué, voire pas du tout), mais aussi pour divers événements personnels comme un mariage ou la naissance d'un enfant, et curieusement là encore quelque chose manque : la politique de l'enfant unique par famille si visible en Chine et qui vient d'aboutir en cette année 2021 à des chiffres que l'on croyait seulement typiques de la Corée du Sud. Le taux de fécondité des femmes est passé largement en dessous de UN en Chine, avec certaines provinces et villes de l'est descendant à ou en dessous de ZERO-POINT-SIX. Lorsque le livre mentionne les neuf frères de LiYi, qui sont immédiatement considérés comme n’étant pas de véritables frères, mais simplement comme neuf hommes qu'elle appelle "Da Ge" (grand frère), il aurait été intéressant de mentionner cette politique. Dès que vous passez quelques nuits en Chine dans un hôtel "familial", vous découvrez ce simple fait au restaurant pour le petit-déjeuner. Je me souviens du cas de deux jeunes couples n'ayant chacun qu'un seul enfant et d'une femme plus âgée qui les accompagnait, probablement une grand-mère. Je suis sûr que ce groupe familial s'est rendu à le parc-réserve de pandas quelque part près de Chengdu avec leurs deux enfants, d'ailleurs un garçon et une fille. C'est important parce que c'est un thème essentiel introduit par le gouvernement et défendu par le président Xi :



"La double réduction [...] fait référence à la politique que la Chine a publiée en avril [2021] pour réduire la charge des devoirs et du tutorat après l'école pour les élèves de l'école primaire à la terminale. En outre, cette politique souhaite également alléger la pression des parents chinois anxieux qui planifient les espoirs de leurs enfants sur les examens très compétitifs d'entrée à l'université."



Cela nous amène à un quatrième élément qui n'est pas traité en profondeur. A l'heure actuelle, les études collégiales et universitaires, y compris la recherche, concernent la majorité des jeunes si l'on inclut les filières des licences et des écoles professionnelles du supérieur. Cette politique d'investissement massif dans l'éducation, et l'enseignement supérieur en particulier, conduit le marché du travail en Chine à une véritable transformation. Depuis près de vingt ans, lorsque trois travailleurs peu qualifiés partent à la retraite, un seul travailleur qualifié de l'enseignement supérieur prend la relève, ce qui oblige l'industrie, l'agriculture et toutes les autres activités de la Chine à investir massivement dans la technologie, l'automatisation, la numérisation, l'intelligence artificielle, etc. Cette forte pression sur le marché du travail n'est pas mentionnée, tout comme il n'est même pas fait allusion au débat que j'ai rencontré à Chengdu sur l'âge de la retraite des travailleurs (cinquante-cinq ans pour les femmes et soixante ans pour les hommes) : il s'agirait de porter l'âge de la retraite à environ soixante-cinq ans pour les deux sexes. Sous Xi, jusqu'à présent, cela s'est fait lentement et progressivement et les discussions auxquelles j'ai assisté parmi les étudiants et les professeurs traitant de la vieillesse et du cancer, ont précisé que la solution qui n'était absolument pas considérée comme prioritaire était l'institutionnalisation de ces personnes âgées dans des maisons de retraite, médicalisées ou non. La deuxième solution fortement désapprouvée était de considérer que les jeunes générations sont censées prendre en charge les générations plus âgées (ce qui signifie quatre retraités pour deux jeunes adultes avec un enfant, ce qui est impensable). La solution qu'ils privilégiaient était de maintenir ces retraités et pensionnés autonomes le plus longtemps possible et actifs le plus possible, avec toutes sortes d'actions bénévoles mais aussi salariées, et pourtant pas trop loin des services de santé pour les urgences, et de leurs parents ou amis qui pourraient prendre de leurs nouvelles régulièrement.



Pour conclure, je dirai que cette bande dessinée mérite un réel intérêt, mais le projet de la "traduire" en anglais ou en chinois sera un véritable défi tant elle est française, notamment la façon dont tout ce qui est religieux ou spirituel a été écarté et est absent. Je n'ai vu qu'un Christ de Rio de Janeiro à travers un hublot d'avion, page 187. Cette absence sera tout de suite comprise comme un manque, et en anglais, donc pour un public américain actuellement manipulé à croire que toutes les campagnes venant du gouvernement sont tyranniques, anti-démocratiques (beaucoup plus que non-démocratiques), et même peut-être dictatoriales sinon totalitaires, cela deviendrait un encouragement à penser à côté de la réalité. La résistance actuelle des jeunes générations de Chinois et de Chinoises à l'idée d'avoir un, deux ou même trois enfants (c'est maintenant autorisé) montre que la politique de l'enfant unique par famille correspondait et correspond toujours à quelque chose de plus profond qu'une décision totalitaire d'un président autocratique. D'ailleurs pourquoi ont-ils le même problème en Corée du Sud qui n'est pas gouvernée par un parti communiste ?



Bon voyage.



Dr. Jacques COULARDEAU


Lien : https://jacquescoulardeau.me..
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Bienvenue en Chine

J'ai choisi cette BD dans les rayons de la bibliothèque sans m'attendre à rien de particulier. Peut-être même m'attendais-je à une critique de la Chine mais pas du tout. La vie de l'auteur, Irano-français, qui s'est expatrié en Chine. Dès les premières pages les premières anecdotes me faisaient déjà bondir de surprise, mais la suite a été tout aussi riche en émotions. Des bonnes, des moins bonnes... On pleure, on rit, on y apprend plein de choses très intéressantes sur la culture chinoise. Ce n'est pas une BD "belle" avec de beaux dessins mais les dessins sont efficaces, bien construits, l'histoire est dynamique, pas de temps perdu ni de confusion, vraiment bien. Cette BD est absolument à lire par quiconque souhaite connaître un peu mieux la culture chinoise ou qui envisage de s'expatrier, là ou ailleurs, mais aussi par n'importe quel lecteur un peu curieux. C'est une belle découverte, avec beaucoup d'émotions. Vraiment très très chouette. :-)
Lien : https://joy369.unblog.fr/
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Bienvenue en Chine

Un peu trop long, à la construction et au dessin toujours sobres, l’album aurait pu gagner en énergie [...]. Bienvenue en Chine, dans sa précision clinique et sa sincérité, n’en reste pas moins un témoignage riche et inédit, qui fera sans doute frissonner nombre de jeunes diplômés francophones.
Lien : https://www.actuabd.com/Bien..
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Bienvenue en Chine

Milad Nouri évoque cela avec un brin d’humour et de détachement, ce qui rend son livre attachant. Le tout est porté par un graphisme simple, clair, efficace, qui convient bien au sujet dont l’« enseignement » devrait être très utile à tous les candidats à l’exil commercial.
Lien : http://bdzoom.com/145642/act..
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Bienvenue en Chine

Factuel à en devenir monocorde et visuellement très impersonnel et trop lisse, Bienvenue en Chine sera néanmoins utile aux candidats à l’exil vers l’Orient et, plus généralement, à tous les amateurs de dépaysement et d’exotisme.
Lien : https://www.bdgest.com/chron..
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