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Critiques de Miles Hyman (141)
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La Loterie

♫Dans une région de merde

Dans un pays de merde

Dans un groupe de merde

Avec une ambiance de merde

Bourre l'anus

Bourre l'anus

Bourre l'anus

Ouvre l'anus

Un point noir sur une feuille blanche

Tu regardes le point noir

Ou tout le blanc qu'il y a autour !? ♫

Philippe Katerine- 2019 -

----♪---♫---😟---🎰---😟---♫---♪----

Une Incantation méca-nique

Automnale voire à l'air-gicle

Une référence à les ghoriques

Ya vho l'O-caustique...

Mauvaise Nouvelle

Face à lire rationnel

l'Adaptation graphique

meilleure note critique

Que le Roman Originel...!!?







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La Loterie

Cette nouvelle fut interdite en Afrique du sud, des lecteurs américains s'insurgèrent:

"..je vous autorise à garder le silence, le droit constitutionnel vous y autorise. Mais par pitié, pourriez vous au moins nous expliquer le message de cette satanée nouvelle."





Dans une ville de 300 âmes, une Loterie a lieu en juin, tous les ans.

" J'ai entendu parler de sectes loufoques, mais celle-ci m'inquiète vraiment!"

Un lecteur de Californie.





Les habitants tirent au sort un papier, en espérant ne jamais être " l'heureux élu ".

" Votre histoire est basée sur des faits réels, n'est ce pas? En tant que psychiatre, je suis fasciné par les possibilités psycho-dynamiques que suggèrent ce rituel anachronique".Un lecteur de l'Ohio.





Les habitants ont la mine grave, les sourcils froncés, l'air résigné. Il y avait auparavant, une incantation mécanique, atonale, débitée chaque année, avec diligence.

"Il me semble que ces coutumes se pratiquaient jadis, en ...France. Par contre, je n'ai jamais entendu parler d'un tel phénomène aux États-Unis."

Un lecteur de Californie...





Le conte décrit avec une subtile économie, la transformation d'une anodine cérémonie ( une Loterie) qui devrait être festive, en une...





"La Loterie"avait touché un nerf à vif dans l'Amérique profonde. Une blessure secrète non cicatrisée... La violence des réactions des lecteurs montraient que cette nouvelle avait éveillé un sentiment aussi profondément enfoui qu'irrationnel!

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La Loterie

Années 50, au cœur de l'Amérique. Tard dans la soirée, un homme entre dans le magasin général de la ville, visiblement attendu par le propriétaire des lieux, Joe. Les deux hommes se saluent, gravement. Ils pénètrent dans le local de l'arrière-boutique, y prennent une urne qu'ils déposent religieusement sur une table. Puis ils la remplissent de petits papiers blancs pliés en deux. Sauf sur l'un où Harry dessine un gros point noir.

Le lendemain, en cette journée ensoleillée du 27 juin, les habitants se préparent à l'évènement annuel : la loterie. Dans certaines villes, la loterie pouvait durer jusqu'à deux jours mais ici, dans ce village de 300 âmes, elle ne dépassait pas 2 heures. Chacun s'affaire à ses petites occupations avant de se rendre sur la place où le rendez-vous est fixé à 10 heures. Une place où trône en son centre l'urne...



Adapté de la nouvelle éponyme écrite par sa grand-mère, Shirley Jackson, en 1948, Miles Hyman nous plonge, dès les premières pages dans une atmosphère pour le moins étrange et oppressante. Dans un silence presque solennel, l'on suit le tirage de la loterie. Dans l'urne, maintes et maintes fois utilisée, seulement des petits papiers bancs excepté celui marqué d'un rond noir. Que peut bien signifier ce dernier ? Qu'y a-t-il à gagner... ou à perdre ? C'est tout l'enjeu de cette loterie que le lecteur, dans un climat tendu, découvre au fil des pages. Un climat parfaitement retranscrit de par ses visages fermés et froids, la langueur de la narration et la conclusion surprenante et effroyable. Pour illustrer cette nouvelle qui fit grand bruit lors de sa sortie, Miles Hyman réalise de magnifiques planches surannées et figées dans le temps. Des portraits d'un autre temps d'une Amérique rurale, des cases pour la plupart silencieuses, des tons chauds et un trait particulièrement travaillé.



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La Loterie

Epoustouflant !

Le 27 juin, une loterie a lieu dans une petite ville américaine de 300 âmes. Il fait beau, tout le monde se prépare...

Mais qu’y a-t-il donc bien à gagner pour générer une telle fébrilité parmi les habitants ?

La tension est palpable alors même que les dessins et les couleurs douces semblent refléter la sérénité.

Adaptée d’une nouvelle de Shirley Jackson, sa grand-mère, cette bande dessinée de Miles Hyman est une totale réussite.

Les dessins fabuleux et le texte réduit au minimum confèrent une ambiance incroyable à cette histoire aussi originale que terrifiante.

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La nuit de la louve

Dans "La nuit de la louve", nous avons retrouvé Gleipnir, la louve solitaire de "L'appel de la louve". Mais s'il s'agit bien de la même louve, les deux livres peuvent totalement se lire indépendamment l'un de l'autre, puisqu'ils n'ont strictement aucun lien.



Ici, ce n'est pas avec un chien de berger que Gleipnir va se lier d'amitié, mais avec une humaine. Gleipnir a quitté l'Est et a longuement cheminé avant de se terrer près d'une ferme abandonnée dans l'Ardèche. Le gibier ne manque pas, le climat est agréable et surtout les hommes ne l'ont pas repérée. Pas encore tout du moins, car Magali occupe désormais la ferme. Journaliste de profession, elle s'est mis à dos un trafiquant de drogue qui a juré de se venger. Or, il vient de sortir de prison et c'est la raison pour laquelle elle se cache à la ferme.



D'un côté, nous suivrons l'évolution de la relation entre la louve et la femme. Et de l'autre, à la traque d'Angelo, déterminé à retrouver la journaliste responsable de son arrestation. Le roman étant très court, les deux intrigues ont tôt fait de se rejoindre et de se mélanger, tout comme on devine assez tôt comment le méchant de l'histoire se fera prendre.



Mais l'histoire n'en est pas moins entraînante. Il n'y a pas de temps mort. La relation qui s'installe entre Magali et Gleipnir est plutôt touchante. Les notions de liberté et de respect envers l'animal sauvage sont joliment abordées (malgré les battues de sangliers organisées). Si tout se déroule bien trop vite à mon goût, mon fiston, quant à lui, a vite été embarqué et ne s'est pas ennuyé. Il a préféré "L'appel de la louve" qui met davantage en exergue la vie sauvage et les animaux. Ici, il faut bien reconnaître que les humains prennent beaucoup de place dans l'intrigue, ce qui lui a quelque peu déplu.



Mais comme le roman est très court (moins de 80 pages), illustré de nombreux dessins (superbes par ailleurs), que tout est dans l'action et également très bien écrit, la lecture se veut facile, rapide et terminée en moins de deux.



Globalement, nous avons bien aimé, même si nous avons tous les deux préféré "L'appel de la louve".

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La Loterie

Je lis très peu de bandes dessinées depuis 35 ans maintenant, et là je me suis laissé influencé par une critique qui donnait bien envie.

Bon, pour commencer c'est un bel objet, très épais avec couverture cartonnée, à la commande je m'étais dit que le prix des BD avait bien augmenté depuis ma jeunesse mais là ça me paraît plutôt justifié (23 euros), la qualité est au rendez-vous !

Les dessins sont parfaits pour restituer l'atmosphère, j'aime beaucoup le trait.

Cela dit je serai dorénavant plus critique avec les avis car le scénario est pour le coup vraiment minimaliste et si la fin est effectivement comme je l'avais lu plutôt trash, elle n'est à aucun moment vraiment explicitée ou justifiée, elle arrive, point.

Donc impression plutôt mitigée pour conclure...
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La Loterie

Des dessins aux traits nets, travaillés, plus en angles qu’en courbes. Des couleurs chaudes et des planches qui s’enchaînent silencieuses, énigmatiques. Des images d’une Amérique rurale d’un autre temps. Une urne, des petits papiers dont un seul est marqué : une loterie.



Une ambiance lourde plane sur ces pages, les visages sont fermés, l’instant semble grave. La tension est palpable. Les premières paroles apparaissent mais l’atmosphère reste pesante, lourde d’un sens qui m’échappe. Tout le monde semble savoir. Le village sait mais moi je suis l’étrangère et le village n’a pas envie de parler aux étrangers de la loterie.



J’attends. Spectatrice impuissante et intriguée je cherche à comprendre mais le sens se dérobe tandis que le malaise s’intensifie. Chaque famille pioche son papier mais un seul est marqué. Le temps s’étire les discussions tournent autour de ces villages qui ont abandonné la loterie, ce qui semble être une folie. Pourquoi ? Quel est le but de cette loterie ? D’importantes choses semblent en dépendre.



Puis vient l’instant de vérité et apparaît le papier marqué. Et m…. ! je ne l’avais pas vu venir celle là !





Stephen KING dit de Shirley JACKSON qu’elle n’a jamais eu à hausser la voix. Effectivement elle exploite avec brio la vie quotidienne et le banal et elle nous laisse KO par forfait. Pas besoin d’invoquer les monstres du placard quand on a la nature humaine pour inspiration.



Cette nouvelle c’est du grand art. Le problème c’est que personne n’en a jamais su le sens « officiel » alors débrouillez vous avec ça et faites vous votre propre idée. Évidemment j’ai la mienne., évidemment je ne vous dirai rien.



Cette nouvelle a été censurée en Afrique du Sud, ce qui a rendu très fière Shirley, qui fut ravie de constater qu’il y avait enfin des gens qui avaient compris le sens de la nouvelle. Sacrée Shirley !
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La Loterie

La loterie est une nouvelle de Shirley Jackson que je découvre avec l'adaptation en bande dessinée de celle-ci. En ouvrant cette grande BD, je ne savais pas à quoi m'attendre... la narration est lente, on prend le temps de découvrir cet évenement auquel le lecteur va assister. Tous les ans, il y a une loterie, tous les habitants de ce village de Nouvelle-Angleterre va piocher un petit papier. le reste est à découvrir mais l'effet est saississant !

Miles Hyman a parfaitement adapté l'histoire, les dessins qui captent les émotions des villageois sont incroyables. En lisant la postface, on apprend que Miles Hyman est le petit-fils de Shirley Jackson et cette nouvelle a bien étonné et dérangé ses lecteurs de l'époque.
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Le dahlia noir (BD)

Los Angeles, Police Department, 1946. Premier jour aux mandats pour Bucky Bleichert. Une nouvelle carrière dont il avait rêvée s'offre à lui. Qui plus est, il va faire équipe avec Lee Blanchard. Ces deux-là se sont déjà rencontrés, non pas sur le terrain mais sur un ring. Anciens boxeurs, ils se sont affrontés plusieurs fois. Anciens adversaires devenus maintenant amis et collègues. Lorsque Lee lui présente sa petite amie, Kay, il est aussitôt troublé par cette femme et leur histoire. Ancienne copine d'un gangster, Kay est tombée amoureuse de Lee lors du procès. Ils se retrouvent souvent tous les trois. Mais, une sale affaire va bientôt ébranler leur équilibre. En effet, une jeune femme a été retrouvée dans un sale état. Corps brûlé, frappé et mutilé avant d'être coupé en deux au niveau du bassin et éviscéré. L'identification fut possible grâce aux empreintes digitales. Elle s'appelait Elizabeth Short. On la surnomma Le dahlia noir...



James Ellroy s'est inspiré d'un fait divers qui se déroula en 1947 et dans lequel l'on retrouva le corps d'une jeune femme coupé en deux. Malgré les recherches de la police, ce meurtre demeure à ce jour non élucidé. Autour d'elle, gravitent deux flics au tempérament bien trempé dans un Los Angeles où règne la mafia et où le sexe fait commerce. Des flics corrompus au passé trouble et à la gâchette facile, à cette Kay qui fait tourner les têtes en passant par ce Dahlia Noir, à la fois obsessionnel et terrifiant, l'on est plongé dans une ambiance sombre et oppressante. Cet album, au scénario dense, propose une adaptation fidèle au roman, Matz s'étant entouré de David Fincher, réalisateur de Seven entre autres. Le dessin, un brin désuet de par ses couleurs automnales et son trait épais, sied à ce polar troublant où les sentiments sont mis à mal.



Le dahlia noir... une sombre affaire...
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La Loterie

Cet album est l'adaptation de la nouvelle éponyme écrite par la grand-mère de l'auteur, Shirley Jackson, publiée en 1948 et qui fit scandale. ● Au fin fond de des Etats-Unis ruraux, dans une petite ville de trois cents habitants, on assiste aux préparatifs minutieux pour la tenue d'une loterie dont on ignore l'enjeu. Cette loterie a lieu tous les ans le 27 juin, c'est un rituel pour tous les habitants. On sort l'urne, on prépare les petits papiers qu'il va falloir tirer, tous blancs sauf un sur lequel est dessiné un rond noir. ● Les dessins à la Norman Rockwell (en moins bien quand même, il faut le dire), saisissants de réalisme, sont très réussis. On est vraiment plongé dans cette petite communauté rurale. Les habitants vivent de l'agriculture ou du petit commerce. Les visages ne sont pas souriants. Les personnages sont plutôt statiques comme sur ces clichés datés où il fallait « faire sérieux », on a des cases où la famille entière semble poser devant l'objectif. le dessin de la charrue m'a émerveillé. Il y a peu de dialogues. ● L'histoire est lente, le scénario est très mince et ne vaut que par sa chute. ● Alors imaginez ma déception lorsque je me suis rendu compte que la version Kindle lue sur tablette ne comportait pas la fin ! Il manque sans doute une dizaine de pages. La dernière case que j'ai est celle où les bras se lèvent avec les papiers tenus en main. J'ai dû lire la nouvelle de Shirley Jackson pour la connaître ! ● Ce problème technique mis à part, je recommande cette bande dessinée – mais ne la prenez pas en version Kindle !

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La Loterie

Lors de sa parution dans le New Yorker, en juin 1948, « La Loterie » déclencha de nombreuses réactions virulentes. Les lecteurs, indignés et encore sous le choc de la Seconde Guerre mondiale, pensaient, pour la plupart, que cette nouvelle, en 8 pages, était inspirée de faits réels, les autres ne comprenaient pas comment un auteur pouvait imaginer de tels faits. Au fil des années, « La Loterie » est devenue un classique de la littérature américaine.



Par un banal matin de juin « clair et ensoleillé », quelque part dans un village de trois cents âmes de la Nouvelle-Angleterre, les habitants sont appelés à voter, comme chaque année à la même date. L'ambiance est tendue. De quel rituel s'agit-il ? Que peut-on gagner ? On ne sait pas, on pense à une loterie, et il faut attendre les toutes dernières pages de la nouvelle pour que soient dévoilées les motivations de cette loterie…



Le dessinateur Miles Hyman adapte la nouvelle, écrite par sa grand-mère Shirley Jackson, avec brio. Dans un rythme très lent, les scènes d'une vie ordinaire, dans un village ordinaire, installent le lecteur dans la banalité du quotidien et les planches composées comme des tableaux font parfois penser à des tableaux d'Edward Hopper. Toutefois l'atmosphère devient de plus en plus lourde et angoissante pour donner place à un malaise grandissant chez le lecteur.



On ne sort pas indemne de cette lecture. La nouvelle écrite par Shirley Jackson avait indigné ses lecteurs. Sa relecture par Miles Hyman livre une adaptation subtile révélant l'intensité dramatique d'une fiction glaçante.

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Nuit de fureur (BD)

Dès qu'il est arrivé dans la gare de Peardale, petite ville triste et délabrée à ses yeux, celui qui dit s'appeler Carl Bigelow a maudit son patron qui l'avait envoyé ici pour une mission. Mais, il n'a pas eu d'autres choix que de l'accepter et les 30000 dollars de récompense. Son boulot, tuer Jake Winroy, une balance qui a accepté de collaborer avec la justice afin de sortir plus vite de prison. De ce fait, il est sans arrêt sous la surveillance de la police. Tous ces petits renseignements, il les a eus de ce vendeur de chaussures. Mais, voilà, du haut de son 1m50, Carl a bien du mal a s'imposer. On le prend encore pour un gamin. Donc, il a décidé de se faire passer pour un étudiant venant louer une chambre chez les Winroy. Il est accueilli par Fay, la femme de Jake, une très belle femme plantureuse, qui ne se doute pas qu'elle va héberger Charlie Little Bigger, le tueur à gages le plus actif et le plus insaisissable de l'histoire de la pègre...



Adapté du roman de Jim Thompson, Matz nous offre un album très sombre à l'ambiance oppressante. Charlie Little Bigger, personnage intrigant et terrifiant, devra liquider Jake Winroy avant que son procès ne débute. Tâche qui s'avèrera plus compliquée qu'il ne le pense. Le scénario, pourtant intéressant, manque de fluidité et de rebondissements, la faute à un découpage quelque peu hachuré. Le dessin de Miles Hyman, rugueux et anguleux, colle finalement assez bien à cette ambiance froide et glauque.



Nuit de fureur, nuit noire...
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Le dahlia noir (BD)

Le chef-d'oeuvre d'Ellroy en BD, grosse gageure a priori.

Même pas peur que se sont dits Matz et Fincher ( scénar') secondés d'Hyman ( dessin + couleurs ).



Alors, cette pauvre Elizabeth « Betty » Short, surnommée le Dahlia Noir, énième resucée visant à faire tourner la planche à billets ( voir l'adaptation quelque peu foirée de Brian de Palma qui donnera plus tard naissance à la désormais célèbre expression " where is Brian " tant la patte du maître s'était cruellement faite désirée durant près de 2 h ) ou véritable valeur ajoutée à un bouquin originel que l'on ne présente plus?



Si le découpage séduit sans faiblir ( David Fincher étant de la partie, ça vous légitimise un projet ), le coup de crayon au fusain d'Hyman peine à être à l'unisson. Visages mono-expressifs frôlant parfois la gémellité, difficile de s'y retrouver, gros souci à l'allumage. Houston, we've got a problem !



Puis, tels le yin et le yang, le tout s'harmonise méthodiquement, magnifiant un Los Angeles, version fifties, pourri jusqu'à l'os, tout en vous plongeant dans un roman graphique d'une noirceur presque palpable.



Les éditions Rivages/casterman/noir se sont attaquées à du très lourd.

Et si au tout début, ce Dahlia Noir ne sentait pas forcément la rose, il convient d'affirmer avec force qu'exhaler un tel bouquet de ténèbres pourrait facilement faire passer les rhubes les plus sévères !
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La Loterie

Tudieu la bien étrange BD que voilà.



Un titre qui en dit déjà long sur les innombrables rebondissements qui jalonnent ce récit d'une rare intensité.

Oubliez le caressage de boule classique. Ici point d'attente fébrile d'une quelconque ligne à remplir au risque de se faire sauter le pacemaker à l'évocation du cadeau ultime décroché de haute lutte et qui ne manquera pas de susciter la joie des petits et des grands : la batte de baseball anti-con.

Non.

Dans ce petit village rural de l'amérique profonde, l'on fait dans le basique et l'efficace.

Moult petits papiers blancs, un noir, faites vos jeux...



D'aucuns pourraient trouver le pitch d'un chiant rarissime.

Hu, hu, hu. Merci pour le fou rire.

Action, zobi, je vous le concède.

Mais l'intérêt est ailleurs.

Notamment dans l'incroyable descriptif de cet événement annuel attendu anxieusement par l'ensemble de la communauté.

L'on se doute bien qu'à un moment ou à un autre, le récit va dévisser. Suffit juste d'être patient. Une persévérance largement récompensée par un final mémorable qui vous laisse juste pantois.



Miles Hyman rend ici hommage à sa grand-mère, Shirley Jackson, en reprenant l'une de ses nouvelles les plus connnues. Un épisode qui suscita, en 1948, des réactions plus que contrastées de la part de ses lecteurs.

La Loterie est une nouvelle graphique au rendu hypnotique.

Travail subtil sur l'ombre et la lumière. Trait précis et épuré. Plaisir visuel à chaque planche.



Si vous prisez les ambiances à la Night Shyma, Shynalaman, merde, j'y arriverai jamais mais je suis certain que vous visualisez le bonhomme et son travail, alors La Loterie devrait vous combler d'aise.
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Nuit de fureur (BD)

Hyman et Matz s'attaquant à la Nuit de Fureur de Jim Thompson, pas de quoi s'exciter les neurones.



Il est jeune, il est beau -non, il ne sent pas le sable chaud, enfin pas à ma connaissance- et il ne se déplace jamais sans son petit matériel, entendez par là son flingue, ustensile ô combien nécessaire à la pleine et entière satisfaction du boulot accompli dans le petit monde chatoyant et bigarré de tueur professionnel qu'est le sien.

Little Bigger est dans la place de Peardale. Tuberculeux jusqu'à l'os, il n'en reste pas moins un p'tit mec d'1m50, sans talonnettes, lui, consciencieux, amoureux du travail bien fait.

Point positif, sa cible, une balance notoire, ne devrait pas poser trop de problèmes.

Point négatif, la poulette de ladite balance est un canon stratosphérique et pourrait bien, elle, venir gripper cette formidable machine à tuer.



M'ouais, pas embarqué plus que ça.

La faute à un scénario bancal très certainement et une fin par trop abrupte.

Un graphisme aux couleurs blafardes qui ne m'a jamais parlé, une voix off omniprésente qui instaure un faux rythme lorsqu'il ne l'annihile pas purement et simplement, des personnages lisses au possible, la coupe est pleine...de vide.

La déception est à la hauteur de l'attente, énorme.

Un comble dans cette collection plutôt habituée à servir un livre qu'à lui être préjudiciable.

Au suivant...
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Le coup de Prague

En tout écrivain, il y a un espion qui sommeille.

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Sa parution initiale date de 2017. Il a été réalisé par Jean-Luc Fromental pour le scénario et par Miles Hyman pour les dessins et les couleurs. Il comprend quatre-vingt-douze pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de onze pages intitulé Dossier Greene, écrit par le scénariste, structuré en plusieurs parties : Graham Green l’ennemi intérieur, Elizabeth Montagu l’honorable rebelle, Le troisième homme, Quatre dans une Jeep.



Au début de l’année 1948, Elizabeth Montagu arrive en voiture à l’aéroport de Vienne. Elle n’était plus une gamine quand tout ceci est arrivé, mais elle avait gardé le romantisme, l’esprit d’aventure de la débutante que la guerre avait détournée d’un avenir doré écrit d’avance. Un peu actrice, un peu espionne, elle avait mis, depuis le retour de la paix, ses talents au service de la London Films, la compagnie de Sir Alexander Korda. Hiver 1948. Le plus froid de l’après-guerre. Un front sibérien ensevelissait Vienne sous un tombeau de glace. Sir Alex l’avait chargée d’accueillir G. à son arrivée de Londres. Son rôle était de le guider dans la capitale sous occupation des Quatre Puissances et de l’assister dans ses recherches pour l’écriture du film que Korda, Carol Reed et lui projetaient d’y tourner. G. et elle s’étaient croisés aux studios de Shepperton. Grande admiratrice de son œuvre, elle se réjouissait de ma mission. Une chose l’avait troublée. Dans un câble expédié de Brighton le jeudi précédent, G. annonçait un contretemps et lui demandait de télégraphier à sa femme : Bien arrivé – baisers – Graham. Il n’en fallait pas plus pour enflammer l’imagination d’une jeune femme romanesque. En l’attendant, ce soir glacial de février, elle se demande ce qu’il avait pu faire de son week-end volé.



Dans l’aéroport, Elizabeth Montagu fait un grand geste de la main en direction de Graham Green pour attirer son attention. Il vient vers elle, lui serre la main, en s’excusant de l’avoir obligée à braver le blizzard. Un photographe aux lunettes de myope s’est approché, et prend rapidement un cliché de l’écrivain, puis il leur tourne brusquement le dos et s’en va sans mot dire. Au retour de Wien-Schwehat, le silence de Green emplit l’habitacle de la voiture et Montagu n’ose pas proférer un son. Le spectacle des ruines accapare l’écrivain. Elle sait qu’il avait vécu le Blitz, dont les hasards de la guerre l’avaient protégé. Peut-être compare-t-il les blessures de Londres à celles infligées par l’ennemi. Elle lui avait déniché une chambre à l’hôtel Sacher, un exploit dans cette ville pleine de snobs en uniforme. Ils pénètrent dans le hall de l’hôtel, et un groom prend le sac de voyage de Green pour le porter et l’amener jusqu’à sa chambre. Elle lui demande comment il trouve la chambre. Elle lui semble un peu fraîche, mais il sort une bouteille scotch de son sac : le réconfort du pèlerin. Ils trinquent, en oubliant les officiels qui attendaient Greene au Blaue Bar. Ceux-ci échangent entre eux, se demandant ce que Greene vient faire à Vienne.



En fonction de sa familiarité avec l’écrivain Graham Greene (1904-1991), son histoire personnelle, son œuvre, le lecteur peut aborder cette bande dessinée avec différents niveaux de lecture. Le premier niveau correspond à un roman d’espionnage au début de la guerre froide, une opposition entre les pays du bloc de l’Ouest et ceux de l’Est, incarnée par les États-Unis d’un côté et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) de l’autre côté. Un écrivain est en repérage à Vienne afin de trouver des idées réalistes pour son scénario, en particulier l’activité criminelle à laquelle doit se livrer un personnage, et des lieux remarquables pour l’action, comme une discussion à haut risque et une course-poursuite. Le lecteur n’a pas accès en direct aux pensées de l’écrivain ; il se retrouve à supputer à partir des observations que fait Elizabeth Montagu, et des suppositions qu’elle-même fait. Il se retrouve à participer à cette dimension ludique, échafaudant hypothèses. Le scénariste dose admirablement bien ses ingrédients : de temps à autre, le lecteur sent qu’il perd pied faute de l’apparition d’un nouvel intrigant dans l’histoire ; tout de suite après les commentaires de Montagu ou les remarques sporadiques de Greene ou d’un autre interlocuteur viennent lui apporter une information qui lui permet de reprendre le fil de l’intrigue.



La narration visuelle s’avère douce à l’œil : des contours discrètement arrondis, peu de traits secs, aucun cassant. Des couleurs elles aussi douces et souvent chaudes, un éclairage sans agressivité avec de temps à autre comme l’impression d’un projecteur bien orienté sur un visage par exemple, évoquant une mise en lumière telle qu’elle peut se pratiquer au cinéma. Pour un peu, un feuilletage rapide donne l’impression de dessins tout public, desquels toute agressivité a été gommée, jusqu’à aboutir à une apparence inoffensive. Pour autant, dès la première page, le lecteur ressent bien une représentation de la réalité très adulte. En l’occurrence, l’artiste fait œuvre d’une reconstitution historique très minutieuse, descriptive et dense. Sur ce premier dessine en pleine page, c’est le bon modèle d’avion, de voiture, de camion, d’uniforme militaire. La simplicité de la forme des deux bâtiments correspond pour autant à leur forme globale. Avec la troisième planche, le lecteur peut prendre la mesure de l’investissement de l’artiste dans la description des lieux : il ne manque par un montant, un chambranle, un luminaire aux pièces de l’aéroport. Il en va de même pour la chambre de Greene à Vienne, les mansardes sous les combles à Prague, les murs avec boiserie des cafés de Vienne, les tentures du club l’Oriental toujours à Vienne, les décorations sculptées des balcons de l’opéra Theater an des Wien, les cordages et décors dans les coulisses dudit opéra, les piliers et l’architecture intérieure de l’église Saint-Nicolas de Prague (Malá Strana), etc.



Le lecteur ouvre également grand les yeux lors des séquences en extérieur : les ruines de bâtiments bombardés à Vienne, une allée du cimetière Zentralfriedhof où reposent Beethoven et Salieri, une collision évitée de peu entre un tramway et une voiture, une course-poursuite à pied dans des ruelles pavées de nuit, une descente dans les larges égouts de la ville, un petit tour dans la grande roue du Prater, les rues de Prague envahies par la foule, la vue de la mer depuis Anacapri, le Capitol de Washington le temps d’une case… D’un côté, ces environnements correspondent aux repérages de localisations pour tournage ; de l’autre côté, Graham Green et Elizabeth Montagu (1909-2002) s’y déplacent ou les traversent pour se rendre à leurs rendez-vous, de manière tout à fait organique. Ils séjournent à Vienne, à cette époque, elle servant de guide en fonction des endroits qu’elle connaît, lui ajoutant quelques destinations en fonction de ses contacts. Ces déplacements et ces lieux engendrent une dynamique dans la narration. Il s’agit bien d’un récit d’espionnage, dont les deux principaux protagonistes ne sont pas armés, ne servent pas d’armes. Ils se retrouvent à deux reprises mêlés à une agression physique, dont un meurtre, pour autant ce n’est pas un récit d’action, plutôt une enquête dans laquelle le rôle et les motivations de l’écrivain sont à découvrir. D’ailleurs celui-ci fait observer à Montagu que : En tout écrivain, il y a un espion qui sommeille.



Le récit sera plus parlant pour un lecteur ayant une idée même vague de la carrière de Graham Greene, et ayant déjà entendu parler, ou vu, le film Le troisième homme réalisé par Carol Reed sur un scénario de Graham Greene, tourné en 1948 à Vienne, sorti en 1949. La bande dessinée se lit alors aussi bien comme un hommage à l’auteur, qu’au film. Le lecteur retrouve des éléments biographiques de sa vie, comme sa liaison avec Catherine Walston (1916–1978) ou son véritable passé d’espion au service du MI6 pendant la seconde guerre mondiale, et sa relation avec Kim Philby (1912-1988, Harold Adrian Russell Philby), officier du renseignement britannique. Il relève également les éléments du repérage de Greene à Vienne qui seront intégrés dans son scénario et figureront dans le film Le troisième homme, comme la grande roue ou les égouts de Vienne. Le scénariste se montre fin connaisseur de la vie et du film : dans le dossier en fin d’ouvrage, il fait référence à deux biographies de l’auteur, celle officielle établie par Norman Sherry avec l’aide de Greene, celle officieuse de Michael Shelden jetant un regard derrière la légende. En s’appuyant sur le premier niveau de lecture (une intrigue d’espionnage) et le second (la biographie et les repérages du film), les auteurs développent un troisième niveau de lecture : une analyse sur l’intention du scénario du film, s’avérant des plus convaincantes.



Une très belle couverture attire l’œil du lecteur, par son élégance, et sa composition en plusieurs plans appelant différentes interprétations. Les auteurs retracent un moment très précis dans la vie du romancier Graham Greene : son exploration de Vienne en 1948 pour nourrir le scénario du film Le troisième Homme (1949). La narration visuelle séduit le lecteur par son élégance sophistiquée et la rare consistance de sa reconstitution historique. L’intrigue s’avère tout aussi sophistiquée, mêlant espionnage, découverte de différentes facettes de Vienne, et intention plus ou moins consciente de l’auteur. Élégant.
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La Loterie

Loterie en juin, abondance de grains

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Ce tome contient une histoire compète indépendante de toute autre. Sa première édition date de 2016. Il s’agit de l’adaptation d’une nouvelle du même nom La loterie (1948) écrite par Shirley Jackson (1916-1965), et adaptée par son petit-fils Miles Hyman, pour le scénario, les dessins, les couleurs. La traduction a été réalisée par Juliette Hyman. Il commence avec une courte introduction de l’auteur remerciant les personnes grâce à qui ce projet a pu être mené à bien. Il se termine avec un trombinoscope des douze principaux personnages, un article comprenant sept illustrations pleine page, et un texte de huit pages, rédigé par Hyman, évoquant le seul souvenir qu’il reste à l’auteur de sa grand-mère, quelques éléments biographiques sur l’écrivaine et la description de la réception de sa nouvelle par le public, ainsi que sa postérité dans la culture américaine. Sans oublier la dédicace de Stephen King pour son roman Charlie (1980) : À la mémoire de Shirley Jackson qui n’a jamais eu à hausser la voix.



Dans un petit village du cœur des États-Unis, alors que la nuit tombe, une voiture aux phares allumés avance tranquillement dans la rue principale. Elle roule à vitesse réduite, passant devant les maisons aux fenêtres éteintes, et arrive devant le magasin vendant du charbon, dont les lumières sont encore allumées. Harry Graves coupe le moteur et éteint les phares. Il sort de son véhicule et reboutonne sa veste. Il va taper au carreau du magasin. Joe Summers lève la tête, va prendre les clés à côté de la photographie de son épouse, au pied du calendrier qui indique la date du 26 juin. Il ouvre la porte. Les deux hommes se saluent en se serrant la main, Harry ayant retiré son chapeau. Il le pose sur une table et il retire sa veste, puis il emboîte le pas à Joe qui entre dans la réserve et allume la lumière. Ils regardent tous les deux une boîte un peu usagée posée sur l’étagère la plus haute. Joe monte sur une chaise pour l’attraper, et Harry aide à la porter pour déposer cette urne sur la table, avec une ouverture ronde sur le dessus.



Joe et Harry vident un sac en papier sur la table : il contient des petits morceaux de papier blanc, tous de la même taille. Avec un air grave, ils les plient soigneusement en deux, avec application pour que chacun présente la même forme. Une fois cette tâche terminée, Joe en prend un qu’il place entre eux. Harry s’en saisit et noircit un cercle au milieu d’une des deux parties, avec un crayon noir. Il montre le résultat à Joe, et replie le papier de sorte que le cercle soit à l’intérieur. Tous les papiers sont remis dans l’urne. Joe met l’urne dans le coffre-fort, sous le regard d’Harry, et il verrouille le coffre-fort. Les deux hommes remettent leur veste et s’apprêtent à partir. Joe jette un coup d’œil à l’horloge : minuit dix. Il se tourne vers l’éphéméride et enlève la page du vingt-six pour faire apparaître celle du vingt-sept juin. Le lendemain matin, Tessie Hutchinson passe le balai et jette un coup d’œil par la fenêtre : son époux Bill est en train de couper du bois dehors. Ce matin est clair et ensoleillé.



Soit le lecteur connaît déjà la nouvelle et il s’attache à découvrir comment le petit-fils l’a adaptée, soit il découvre l’intrigue. Il commence par observer la très belle couverture avec cette urne qui va être déposée sur la table. Puis il découvre l’entrée du village à la nuit tombante, avec les maisons et la route qui semble encore en terre. Les couleurs sont foncées pour l’ambiance nocturne, de type pastel ou crayons de couleur, apportant une texture soutenue à chaque surface, ainsi que nuances qui transcrivent des surfaces présentant des irrégularités comme dans la réalité. Il prend le temps d’apprécier le paysage. L’artiste donne beaucoup de place aux illustrations : sur 136 pages de bande dessinée, il y a sept dessins en pleine page, huit dessins en double page. Le lecteur observe quarante-et-une pages muettes, sans aucun mot, et une dizaine de plus avec seulement un mot ou deux. Le lecteur constate que les pages se tournent rapidement : une narration à la fois dense, à la fois aérée, presque décompressée. De grandes cases, souvent de la largeur de la page, un maximum de quatre par page, plus souvent deux ou trois.



Le lecteur peut donc jeter un coup d’œil rapide à chaque case et tourner aussitôt la page pour lire à une vitesse soutenue afin de découvrir le fin mot de l’histoire. Il se rend vite compte que paradoxalement les grandes cases et la faible densité en mots l’incitent à prendre son temps, à profiter du paysage, à regarder les personnages. De fait, les couleurs viennent compléter les dessins, évitant que dans certaines cases, un élément ou deux paraissent un peu naïfs ou pas tout à fait assez consistant. Au contraire son regard est attiré par des éléments visuels : la façade d’une maison en planches de bois peintes en blanc, le commodo de la voiture avec le levier de changement de vitesse au volant, le modèle de pompe à essence attestant de l’époque à laquelle se déroule récit (dans les années 1930 ou 1940), les bretelles de Harry et leurs attaches caractéristiques, le bois de l’urne, le modèle de coffre-fort, une batte et un gant de baseball, les plants de maïs, un silo, une montre à gousset, une cafetière, les modèles de pantalon, de robe, etc. Il s’attarde sur le visage des personnages, souvent fermés ou peu expressifs. Il prend le temps de comparer la famille Overdyke et la famille Percy, représentées en vis-à-vis comme dans un portrait de face l’un en page 88 et l’autre en page 89. Il pense à la fois au tableau American Gothic (1930) de Grant Wood (1891-1942), à la fois à la représentation iconique de l’Amérique dans les tableaux de Norman Rockwell (1894-1978) mais sans la joie de vivre associée. L’artiste montre des individus sérieux, impliqués dans ce qu’ils font. Il éprouve à la fois la sensation d’une lecture facile et rapide, à la fois une satiété visuelle peu commune, le sérieux des personnages colorant l’histoire qui en devient elle aussi sérieuse.



S’il ne connaît pas le fin mot de l’intrigue, le lecteur se rend compte que cette narration essentiellement picturale a également pour conséquence de l’inciter à prêter attention à tous les détails, car il ne peut pas savoir lesquels seront signifiants pour le récit. L’urne ? Oui bien sûr. Les bretelles ? Peu probable. Tessie Hutchinson entrant dans la salle de bain et prenant un bain pour une séquence de quatre pages ? Sûrement, mais pour dire quoi… Il se produit alors un effet tout aussi étrange que pour la facilité de lecture de dessins : chaque événement, chaque accessoire relève de la banalité de la vie quotidienne, pourtant il est certain qu’ils apportent leur pierre à l’édifice, qu’ils ont un sens au regard de l’histoire. Le lecteur sent bien que sa lecture devient plus participative, qu’il s’interroge sur ce à quoi il doit accorder de l’importance, sur ce qui est signifiant, ce qui confère à cet album une dimension ludique pour assembler les pièces du puzzle, car un drame va survenir, c’est sûr. En fait, il assiste à un quasi-reportage en temps réel, sur une tradition collective, appelée la Loterie, à laquelle tous les habitants du village participent. En passant, il est question de villages qui auraient abandonné cette tradition, et de la bêtise que c’est.



Le dossier en fin d’ouvrage expose l’impact qu’eut cette nouvelle, l’avalanche de courriers reçus par l’autrice et son éditeur, soit de colère, soit d’incompréhension, soit de lecteurs ayant la conviction que l’histoire était basée sur des faits réels. En découvrant la scène finale, le lecteur prend conscience que Miles Hyman a joué franc jeu avec lui et qu’il a tout montré depuis le début, laissant présager la nature du dénouement. En fonction de son degré d’implication dans sa lecture, le lecteur dispose d’une vue globale sur ce qu’il vient de se dérouler, ou il peut revenir en début, feuilleter rapidement les pages et relever quelques phrases qui rétrospectivement en disent long. Il relève : À quoi bon changer les choses maintenant ? Ça n’aurait aucun sens. C’est le thème de la tradition séculaire, mais en même temps les pages 54 à 62 évoquent quelques évolutions dans cette pratique et se terminent sur la phrase : Mais avec le temps, cela avait aussi changé. L’autrice s’amuse à pointer du doigt que ce respect des traditions perpétue un rituel qui n’est en fait pas immuable. Plus loin, le vieux Warner évoque le fait que c’est sa soixante-dix-septième loterie et que : À écouter les jeunes, rien n’est assez bien pour eux. Bientôt ils voudront vivre dans des grottes, plus personne ne travaillera. Mais ils ne tiendront pas longtemps comme ça. Ou encore : Les gens ne sont plus ce qu’ils étaient. La tradition séculaire semble s’opposer au désir de changement de la jeunesse, mais en fait celle-ci participe de son plein gré à la loterie, sans velléité de la remettre en cause.



L’horreur du dénouement, de la raison d’être de la loterie atteint le lecteur de plein fouet, en particulier le comportement de la foule où tout le monde participe, sans état d’âme. Mais en y repensant, il se demande si la préparation par Joe & Harry, en toute connaissance de cause, n’est pas encore plus monstrueuse. Ou le fait qu’il existe des règles très précises pour le tirage au sort : que faire en cas de plusieurs familles habitant sous le même toit ? La loterie est institutionnalisée, codifiée par des règles connues et acceptées par l’ensemble de la communauté. Le conformisme des individus composant cette communauté est d’une uniformité terrifiante et sidérante : aussi bien de se soumettre de son plein gré à cette cérémonie, aussi bien d’en accepter l’issue quel que soit l’âge de l’individu tirant le papier avec le point, ou encore son acceptation par les jeunes générations dont l’élan naturel de changement ne va pas jusqu’à la remise en cause de cette pratique qui lie la communauté. Le récit se termine sur un dessin en double page : l’entrée de la ville depuis la route en terre, avec le même cadrage que le dessin en double page d’ouverture du récit, mais à midi au lieu d’être en fin de soirée. Le cycle est arrivé à son terme, et un autre cycle peut commencer à l’identique, la loterie se perpétuant d’une génération à l’autre, semblant immortelle pendant que les êtres humains vivent et meurent.



Cette adaptation d’une nouvelle est remarquable en tout point. La narration visuelle est incroyable, riche et dense, les cases étant rapidement assimilées par le lecteur ce qui l’amène paradoxalement à lire moins vite. L’intrigue est respectée à la lettre, tout en aboutissant à une véritable bande dessinée, et pas à un texte illustré tant bien que mal. La force du récit est intacte, et il reste tout autant dérangeant.
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La Loterie

Récit glaçant !



On ouvre les premières pages et on découvre de grandes illustrations travaillées délicatement comme des peintures d’Edward Hopper, dans un ton plus rural, ou plutôt dans le style de Grant Wood dont tout le monde connait ce portrait de paysans américains, l’homme avec sa fourche et sa grande fille célibataire, raides, posant devant leur maison avec cette étrange fenêtre en ogive, ce fameux tableau intitulé American Gothic, symbole de cette Amérique rurale.



Ça ressemble à l’Amérique profonde, puritaine, qui ne fait pas de vagues, ce village est plutôt silencieux, les couleurs des illustrations sont feutrées, avec des tons naturels, un grain qui leur donne un aspect passé, usé. Les cadrages sont souvent au départ décalés, pas vraiment centrés comme dans les tableau d’Edward Hopper, une façon d’insister sur les matières, le bois, la lumière, l’impact du soleil sur les formes, puis quand le récit devient plus intense, au contraire, les portraits sont cadrés, posés avec rigueur et autorité, comme dans les tableaux de Grant Wood, se sont des gens, des familles.



La Loterie semble un rituel bien étrange, une tradition avec tout ce que ce mot comprend. Evidemment, la référence à Grant Wood, les décors avec ces maisons de bois, les noms des personnages, tout cela nous immerge dans l’Amérique profonde, et la suite du récit met mal à l’aise, quand on comprend de quoi il s’agit, la beauté et la douceur des illustrations nous propose un trompe l’oeil, mais il n’y a pas d’explication sur ce rituel. Nous avons le choix de l’interprétation, mais les choix graphiques de Miles Hyman nous aiguillonnent vers différentes options, une critique du puritanisme, des traditions, et des hypocrisies qu’elles sous-entendent, ou plus globalement sur la violence contenue d’une société, il y a une multitude d’interprétations possibles, mais toutes sont terribles. C’est une critique de la société, de la nature humaine, qui nous est jetée à la face de façon brutale et pourtant dans un silence pesant, un engourdissement lourd et oppressant.



Une lecture choc.
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La Loterie

Totale découverte pour moi à travers cette bd. Je ne connaissais ni Miles Hyman, ni Shirley Jackson et donc, bien sûr,pas La loterie qui est pourtant une nouvelle culte qui a fait scandale à sa sortie en 1948 lorsque Sh.Jackson, grand mère de M.Hyman ,la publia dans The New Yorker.

Je ne peux donc pas juger de l'adaptation du texte en bd mais juste donner mon humble avis sur l'album.

Les dessins m'ont immédiatement plongée dans l'Amérique des années 50. L'organisation de la loterie,rituel du village ( comme de beaucoup d'autres) m'a dérouté dès les premières planches car les visages sont tendus,durs,le rassemblement des villageois se fait dans la lourdeur et il est évident que nul ne peut y échapper. Rien de festif... où donc SH.Jackson via son petit fils voulait elle donc me conduire!?

Stupeur et tremblements face à la scène finale!

Il n'est pas étonnant que cette nouvelle ait fait scandale et heurtée l'Amérique bien pensante et certaine que le Mal de trouve forcément hors l'Amérique.

Les extraits de lettres de lecteurs de l'époque figurant en fin d'album sont édifiantes et super intéressantes quant au tsunami que La Loterie avait déclenché.

Pour le fait de finir ma journée moins bête qu'en me levant et pour la qualité du graphisme j'attribue sans hésiter 4 étoiles, mais j'avoue ne pas être sensible à ce type de dessins.
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Le dahlia noir (BD)

On commence par un combat de boxe qui arrange les deux sur le ring, Lee et Bucky, lesquels deviendront partenaires "flics" aux mandats, un service du Los Angeles Police Department.

Une femme, Elizabeth Short est découverte morte, tabassée de partout, éviscérée et coupée en deux au niveau du thorax. Vilain, vilain. L'enquête piétine et ne mène à rien, elle divise les deux "copains" à les rendre dingue l'un et l'autre de la morte.

Lee aime une femme, Kay qui aime Bucky qui ne veut pas piquer la femme de son pote. Rare, mais ça viendra. Bucky, lui est au mieux avec Madeleine, portrait craché de la morte, belle dame qui le sait, qui en sait des choses. Bref c'est mensonges et compagnie. Tous sans exception racontent des histoires aussi pour trouver la solution c'est coton. Bucky, lui côtoie tout ce bon monde et est bien placé pour résoudre, mais est-ce la bonne solution.

Bref on est tout proche du bouquin d'Ellroy, dialogues coups de poing, si vous savez des mots avec des gants de boxe, à la Ellroy, histoire ficelée, grosse connaissance de la ville, sa ville et des services de police, des gangs et des vilains. Une BD plutôt léchée avec des vignettes qu'on dirait du Gromaire avec des couleurs fondues à souhait, du dessin haut de gamme surtout les femmes, des chefs d'oeuvre d'esthétisme, belles dans leur nudité; sans être vulgaire.

Les pages s'enchaînent vite. Lecture intéressante à recommander.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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