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Critiques de Mimmo Gangemi (31)
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La vérité du petit juge

Le corps de Marco Morello, fils d’un caïd de la ’Ndrangheta, vient d’être découvert dans une fosse, en plein maquis. , saucissonné avec du fil de fer et pendu par les pieds .



Tout désigne une vendetta entre familles rivales. Et personne ne voulant perdre de temps avec ces gens-là, on confie l’enquête au « petit juge » Alberto Lenzi, sa réputation de flemmard le destinant aux cas sans intérêt ni relief.



Un polar à la fois drôle et captivant, italien jusqu'au bout des ongles. signé par un auteur qui a été surnommé « le Sciascia de l’Aspromonte. »
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Le pacte du petit juge

Où l’on retrouve Alberto Lenzi.

Toujours juge d’un petit parquet calabrais à la pointe de la Botte, face à la côte sicilienne, Lenzi continue à vivre sa vie de patachon rythmée par les parties de poker et de jambes en l’air. Mais une affaire le met sur la sellette. Mandaté pour mener un coup de filet dans le port où sont attendus deux-cents kilos de cocaïne que doit récupérer un clan de la ‘Ndrangheta, il voit à la fois les truands et le colis se volatiliser à son nez et à sa barbe. Quand quelques jours plus tard un employé corrompu est retrouvé pendu comme du gibier dans la propriété d’une autre ‘Ndrina, il semble qu’une guerre se profile. Une guerre que Lenzi laisserait bien se dérouler, histoire que quelqu’un fasse le ménage à sa place, mais sur laquelle il se sent obligé d’enquêter, non seulement parce que sa hiérarchie le presse, mais aussi et surtout parce qu’il entend effacer l’humiliation subie au port. Et quand son informateur de circonstances et pas vraiment de confiance, le chef de bâton Don Mico Rota demande à lui parler, Lenzi se retrouve une nouvelle fois sur le fil, ne sachant pas dans quelle mesure le vieux ‘ndranghetiste le manipule.

En l’espace de deux romans, Mimmo Gangemi a réussi à mettre en place une galerie de personnages que l’on se plaît à retrouver : Lenzi, noceur, fainéant mais opiniâtre, macho mais aussi véritable cœur d’artichaut, Mico Rota, manipulateur au possible et qui aime à s’arranger avec le code d’honneur, Marina et Chiara, femmes fortes dans une administration et une société qui voudraient ne voir en elles que des objets sexuels, et toujours ce club des officiers dans lequel les notables de la ville se retrouvent pour disserter sur la vie criminelle locale et les implications de chacun, non sans rappeler parfois les clients du OJ Bar & Grill de Donald Westlake.

À travers eux et les histoires qu’il met en place Gangemi parle de la Calabre, de la ‘Ndrangheta mais aussi, plus largement, de l’Italie d’aujourd’hui, de la barrière entre le Nord et le Sud, de la misère des travailleurs clandestins, du poids de coutumes ancestrales et de la corruption. Et si cela fonctionne bien, c’est qu’il le fait sans manichéisme et avec un sens consommé de l’humour qui lui permet d’allier l’étude précise de cette société et une distanciation de bon aloi. Avec toujours des intrigues classiques et sans grandes surprises qui ne servent finalement qu’à lui permettre de mettre en branle les jeux de manipulation et de séduction qui animent ses personnages, Mimmo Gangemi offre encore une fois un roman qui en dit beaucoup sur un monde – l’Aspromonte – qui n’est pas aussi clos que l’on voudrait le penser mais bien intégré à la mondialisation, tout en gardant cette légèreté et cet humour qui en font une lecture toujours instructive et agréable.

Et l’on saluera au passage la traduction de Christophe Mileschi et son idée de rendre compréhensible le dialetto de Calabre en utilisant l’artifice de l’occitan dans sa variante provençale qui permet de faire saisir le sens au lecteur sans avoir à accumuler les notes de bas de page.


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Le pacte du petit juge

Deuxième enquête d'Alberto Lenzi en Calabre, substitut du procureur de son état.



« Odieux, répugnant, antipathique, débauché et vicieux, ça oui, mais bête, non. »



Un magistrat parfois porté par l'idée que la seule façon de faire prévaloir la justice, c'était que les ‘ndranghettistes se fassent la peau entre eux.



Deux histoires en une, en plus des déboires amoureuses du petit juge : d'un côté la misère des travailleurs clandestins, de l'autre le poids des coutumes ancestrales et de la corruption, et aussi le trafic de drogue quand même.



Il est probablement vrai que le sud de la botte est infesté par une certaine corruption, tout comme les médias sont soumis à un certain Berlusconi un peu plus au nord, mais tout est dans la mesure et tant qu'on respecte l'honneur et la ligne blanche à ne pas dépasser, qu'importe !



« Mieux vaut nourrir les asticots que perdre la face. »



Le pacte, si pacte il y a réellement, sera avec Don Mico Rotta, grand manipulateur devant l'éternel, dont le discours est parsemé de paraboles parfois tirées par les cheveux. La vérité est difficile à décrypter car ce pacte ne doit pas être une ‘infamie', à savoir une dénonciation.



La prose de Mimmo Gangemi est chatoyante, rurale, vraie et tissée d'humour. Qui d'autre qu'un local pouvait présenter la ‘Ndrangheta en connaissance de cause.



Promis, l'année prochaine je pars en vacances en Calabre.



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La Revanche du petit juge

Giorgio Maremmi, juge d’une petite ville de la province Calabraise est menacé de mort par le prévenu, en pleine audience. Ultime bravade d’un criminel, pense le juge, qui ne prend pas la menace très au sérieux. La suite lui donnera tort. Quelques jours après, il est abattu dans le hall de son immeuble. Le juge Alberto Lenzi, son collègue et meilleur ami, est choqué par cette mort brutale et injuste.

« Même s’ils étaient radicalement différents. Alberto pétillait, faisait la ribouldingue, les quatre cents coups, toujours en quête de sensations fortes, de nouveautés, de moments qui mettent de l’effervescence dans la vie de tous les jours. Presque tous les matins il arrivait au tribunal les yeux gonflés pire qu’un crapaud des marécages, sa tête manquant de s’écrouler brusquement de sommeil. Et des bâillements à n’en plus finir. »

Alberto est divorcé de Marta, qui a la garde de leur fils Enrico. Sa relation avec son fils est lointaine, voire inexistante. De plus Marta ne manque pas une occasion de dénigrer Alberto devant le petit garçon, ce qui rend encore plus difficile le contact entre les deux, lors des rares moments qu’ils passent ensemble.

« Enrico leva le nez de sa glace. « Toi, t’es un juge, hein ? demanda-t-il à son père.

– Ben oui, répondit Alberto.

– Mais t’es un juge comme ci comme ça…

– Qu’est-ce que ça veut dire, que je suis un juge comme ci comme ça ?

– C’est maman qui dit que t’es un juge comme ci comme ça. » Et il fit pivoter la paume de sa main ouverte, imitant certainement un geste de sa mère. »

En un sens, il y avait un fond de vérité dans ce que disait le garçon. Alberto Lenzi était davantage connu comme un macho, jouisseur, plus intéressé par la fréquentation du sexe opposé que celle des dossiers criminels. Mais la révélation de la piètre opinion que son fils a de lui, ajoutée au réel chagrin d’avoir perdu un ami très cher, va transformer son indolence en une sainte colère. Il va tout mettre en œuvre pour trouver le coupable, et se découvrir de réelles qualités d’enquêteur. De plus, étant originaire de la région, il y est comme un poisson dans l’eau, et décrypte aisément les codes en vigueur dans cette petite ville.



Don Mico Rota, « chef de bâton » (entendez par là parrain) de la branche locale de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, est emprisonné depuis 14 ans. Agé et malade (selon ses dires), il demande à bénéficier d’un allègement de sa détention, pour finir ses jours chez lui. Son avocat lui obtient une entrevue avec le juge Lenzi. Bien qu’emprisonné, le vieux chef mafieux garde toujours la main mise sur sa région, et il tient à faire savoir que son organisation n’est en rien impliquée dans cet assassinat. Après une entrevue toute en faux-semblants (genre je vous dis, mais je n’ai rien dit), il va aiguiller Lenzi sur la voie de la vérité, distillant avec parcimonie des paraboles énigmatiques.



Au sein d’institutions gangrenées par la corruption, le juge Lenzi va petit à petit,

dévider l’écheveau, découvrant des mobiles qui vont bien plus loin que les menaces adressées à l’encontre de Giorgio, son collègue assassiné, et mettre à son tour sa vie en danger.

Avec une écriture vivante et imagée, parsemée d’expressions empruntées au dialecte local, Mimmo Gangemi nous décrit le spectacle d’une société calabraise gangrenée, mise en coupe réglée par la ‘Ndrangheta, et dans laquelle à tous les niveaux, par habitude ou par lâcheté, on s’accommode de cet état de faits.

Cette démission collective est bien illustrée par les réunions au cercle culturel Vincenzo Spatò, où les notables du village passent leur temps à ragoter sur les uns et les autres, pour combler la vacuité de leurs existences.

« …mieux aussi que le soir où était tombée la nouvelle comme quoi la fille du docteur Scuto, encore demoiselle – mais seulement des oreilles, selon le qu’en dira-t-on – avait dans le four une miche mitonnée par le fils d’un cordonnier qui était plus souvent à la cave que dans son échoppe, nouvelle ensuite démentie par les actes officiels, le fruit du péché n’ayant jamais paru, mais dont tout le monde savait qu’elle était vraie, le four ayant été nettoyé nuitamment. »



C’est aussi l’occasion pour l’auteur de nous gratifier d’une galerie de personnages secondaires hauts en couleurs, au premier rang desquels Don Mico Rota, un mafieux « à l’ancienne », du temps où les bandits avaient encore un certain code d’honneur.

« Don Mico n’avait pas eu le cœur à ça. Les autres, les nouveaux, qu’ils fassent ce qu’ils voulaient, lui, sur les femmes, les vieux et les enfants, il ne levait pas le petit doigt, quand bien même on lui prouverait par a plus b que ces enfants, une fois adultes, n’auraient pas ce genre de scrupules envers lui.

Maintenant, c’est d’ici qu’il était obligé de diriger ses troupes. Ce n’était pas la même chose. D’ailleurs, il était souvent obligé d’intervenir pour réparer les conneries que faisaient ses enfants et petits-enfants, trop désinvoltes et trop violents. Il avait mis un vrai gâchis, Roijo, en se repentant. »

A côté de certaines descriptions particulièrement « gore », telle la découverte d’un cadavre écrasé sous la meule du moulin à huile de Don Peppino Salemi, on trouve certains passages plus drolatiques, comme la croustillante relation des amours caprines de Rocco Scorda, dont je vous ferai grâce ici.



« Don Mico en prison, ça n’avait été utile à personne, pas même à la Loi. À lui en tout cas, qui ne savait même plus à quoi ressemblait une femme, sûr que non. Et ça, c’était la poisse. Insupportable. Il en avait vu passer sous son nombril à n’en plus finir. Avant. Ça, c’était la belle vie. S’il obtenait la détention à domicile, ses petits-enfants penseraient à lui faire un gentil petit cadeau, histoire de vérifier au passage si le vieux maîtrisait encore sa canne – avec sa vieille, même pas la peine d’y songer, elle était trop dure à cuire et son chapelet s’était incrusté dans sa main. »



En conclusion, un roman policier très agréable, conté dans une langue vivante, imagée et peuplé de personnages attachants. Même le juge Lenzi, s’il ne nous est pas très sympathique au début, prend de l’épaisseur et se révèle plus humain au fur et à mesure de l’avancée du roman.

C’est également une peinture sociale de l’Italie du sud, particulièrement pauvre, soumise à l’influence de la ‘Ndrangheta, qui profite largement de la déréliction de l’État, et de la corruption et des compromissions érigées en système à tous les niveaux de la société italienne.

Un très bon moment de lecture, en compagnie du juge Lenzi, que je compte bien retrouver dans d’autres enquêtes.


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La Revanche du petit juge

Giorgio Maremmi est un procureur qui n’a pas froid aux yeux et qui refuse de se laisser impressionner par la ‘Ndrangheta. Lorsqu’il est abattu dans le hall de son immeuble après avoir été menacé au tribunal par un ‘Ndranghetiste, c’est tout naturellement vers l’onorata società que se tournent les soupçons. Alberto Lenzi, juge noceur de ce petit parquet de Calabre et ami de Maremmi décide de venger son camarade de soirées et de poker en mettant le ou les coupables sous les verrous. Mais don Mico Rota, chef de bâton local incarcéré que Lenzi interroge dans sa prison, sans vouloir clamer son innocence, semble vouloir signifier au juge que le coupable est peut-être à chercher ailleurs. Et, de fait, les indices qui accusent la ‘Ndrangheta sont peut-être trop ostensibles, trop bien semés. Et Lenzi, petit juge sans envergure et plus connus pour ses conquêtes féminines que pour ses affaires résolues, commence à ouvrir des placards, à soulever quelques voiles qui révèlent des choses dont beaucoup de monde aimerait qu’elles demeurent dissimulées.

Premier roman d’une série annoncée, La revanche du petit juge est une incontestable réussite. Moins pour la trame de son enquête, relativement classique et utilisant des leviers assez habituels du polar, que pour sa description de la société d’une petite ville de province sous la coupe de la ‘Ndrangheta. Le polar, ici, s’efface en grande partie derrière l’étude de mœurs et le portrait d’une région où la justice est plus rendue par le biais de coutumes anciennes détournée par la criminalité organisée que par un parquet isolé et impuissant à tirer quoi que ce soit de la population locale. Ce qui permet d’ailleurs à Lenzi d’avancer, c’est le fait qu’il est lui-même originaire de la région, connaît les codes et sait en jouer.

Portrait acerbe et parfois désabusé d’une Calabre livrée à tous les trafics et dans laquelle le population courbe l’échine sous le joug de la ‘Ndrangheta, La revanche du petit juge est cependant – et peut-être paradoxalement – aussi un roman d’une grande ironie. Ironie qui explose lors des réunions du cercle des officiers, club où les notables de la ville commentent les événements et en tirent leurs conclusions en semant les ragots et en analysant les relations tendues entre les différents membres de la communauté. Car tout le monde a toujours quelque chose à reprocher à quelqu’un ou à se reprocher. Ainsi en va-t-il de ce pauvre don Peppino qui trouve un cadavre broyé sous la meule de son moulin à huile et cherche à savoir s’il s’agit d’un signe qui lui est envoyé et, si tel est le cas, par qui :

« Qui pouvait le haïr à ce point ? Il n’avait pas d’ennemis. Vu qu’il ne pouvait certainement pas considérer Curma comme son ennemi au seul motif que, l’année précédente, il lui avait repris un fonds de propriété en échange de l’annulation de ses dettes ; ni Titaro juste pour lui avoir barré le seul passage carrossable vers ses champs au moyen d’une chaîne plus grosse que celle qui tient l’ancre des navires ; ni Alfonso qu’il avait dénoncé quelques mois plus tôt aux autorités pour construction abusive ; ni Concetto, qui le soupçonnait d’une lettre anonyme et avait même osé la lui reprocher en face – d’accord, c’était bien lui qui l’avait envoyée, mais l’autre ne pouvait pas le savoir et, puisqu’il ne pouvait pas le savoir, il n’avait pas à se permettre de l’accuser […]

Maintenant certain de son innocence, il ne s’en faisait pourtant pas une raison. »

Noir, cruel et léger à la fois, La revanche du petit juge est un roman que l’on lit avec délectation et qui se veut aussi instructif que divertissant. Une invitation à vite lire le prochain livre de la série.


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La Revanche du petit juge

Tout d'abord la couverture m'a intriguée et ensuite le résumé, j'avoue avoir pensé à une sorte de Gomorrah bis.



Mais ce roman est différent en effet le héros est un "anti-héros" de toute sa vie il n'a jamais voulu combattre la 'Ndrangheta et est toujours rester sous le radar à traiter des petites affaires sans importances. Seulement voir l'un de ses meilleurs amis tué dans son immeuble et son fils s'éloigner lui donne envie d'agir pour une fois et il trouve le courage de mener une vrai enquête.



Il se rend compte assez rapidement qu'autour de lui peu de personnes ont envie de l'aider et de poser des questions, tout le monde est plus ou moins mêlé à cette mafia dans la région (pour ne pas dire le pays).



J'ai aimé le style de l'auteur qui a réussi à ajouter de l'humour dans son récit, et à nous rendre tous les personnages humains... Même si parfois j'ai été un peu perdue et que je n'ai pas aimé le personnage principal.



Voilà, dans l'ensemble je n'ai rien a reprocher à ce livre, le style, l'enquête .... sont de qualité. Oui mais voilà je n'ai pas accroché, ça arrive parfois. J’essaierai peut-être de le relire plus tard, qui sait ? je pourrai changé d'avis.
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La Revanche du petit juge

Le quatrième de couverture compare ce roman aux ouvrages d’Andrea Camilleri. Je suis bien d’accord, non seulement pour le style, mais aussi pour l’humanisme des personnages.

Prenez Alberto Lenzi, le petit juge qui donne son nom au roman. Il est « petit » au tout début du roman. Il mène une vie des plus agréables avec sa dernière conquête en date. Pas question de s’attacher, ou de vivre ensemble, oh non ! Simplement, ils se rencontrent, régulièrement, pour le plaisir, et rien d’autres. Il est divorcé, ne voit pas son fils très souvent, et n’en souffre pas. Il voit ses amis, joue aux cartes avec eux. Les affaires ? Pas la peine de trop se fatiguer. Il est juge mais…ne fait pas de zèle ni de vague. Il n’est pas mauvais, ni corrompu, non, il ne s’investit pas dans son métier.

Seulement, un jour, un événement bouleverse tout : l’assassinat de son meilleur ami. Son tort ? Faire son métier de juge, et c’est tout. Alberto n’est même pas chargé de l’affaire, pas véritablement. Il va cependant tout mettre en œuvre pour trouver qui a tué son ami, et qui en a donné l’ordre. Une affaire pour révéler qui il est vraiment, pas aux autres, non, à lui-même, et à son fils aussi. Cette enquête, qui ressort tout ce qui peut y avoir de pourri dans le monde contemporain, est aussi pour Alberto l’occasion de faire un examen de conscience. Il n’est ni l’homme idéal, ni un père acceptable, ni même un juge potable. Il n’est guère qu’en amitié qu’il n’a pas failli, et ce n’est pas maintenant qu’il va commencer.

Il faut dire aussi que Giorgio Maremmi n’est que le premier sur une liste de victimes qui s’allonge peu à peu. Nous pourrions même nous croire dans des temps pas si anciens, où les repentances succédaient aux règlements de compte. Les codes du milieu sont respectés, ils le sont tellement que même les vieux de la vieille sentent que cela fait beaucoup, cela fait trop. On pourrait tromper des membres de base de l’organisation, des petits juges. On peut difficilement tromper un vieux renard rusé, et un juge bien décidé à ce que la lumière soit faite, que la justice soit rendue.

Le rythme de ce roman est particulièrement prenant, donnant la parole à beaucoup de personnages sans que jamais l’on ne se perde dans l’intrigue. Tel un choeur antique et goguenard, les sociétaires du cercle culturel Vincenzo Spato et leurs interventions ponctuent l’action quasiment jusqu’à sa conclusion. Et si le « petit juge » a une vie privée, elle ne parasite jamais le récit.Le juge est un homme comme les autres. Et c’est ce qui le fait devenir un juge bien plus pugnace que les autres – jusqu’au final.

Mimmo Gangemi : un nouveau nom à retenir dans la littérature policière italienne.
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La Revanche du petit juge

Avec « La revanche du petit juge » la mafia est de nouveau sous les feux de la rampe. Mais ce qu'elle n’aime pas la mafia c'est de ne pas maîtriser les affaires. C’est sur ce thème que le récit va prendre une tournure inattendue avec la participation finaude du patron local. Je recommande vivement les scènes se déroulant dans le « cercle culturel Vincenzo Spatò » où les notables refont l'actualité et s'emploient à étaler leur morgue. Sinon Giorgio Maremmi était sur une affaire louche, il avait demandé sa mutation. C'est le point de départ.



La suite : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2015/06/de-l-huile-des-huiles-et-des-dechets.html
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La Revanche du petit juge

Au procès d'un petit exécuteur de basses oeuvres de la mafia calabraise, l'accusé, furieux, menace le juge de mort... Cela prête à sourire, le personnage est insignifiant. Mais quelques jours plus tard, le juge est assassiné. Vengeance du frère de l'accusé, de la Ndrangheta ? Le juge Giorgio Maremmi, connu surtout jusqu'ici pour son indolence et son inefficacité se fait nommer sur l'affaire, pour venger son ami.



Ce livre est un véritable roman noir, comme je les aime, avec une intrigue à rebondissement ponctuée de morceaux de bravoure décrivant la Calabre : la mafia locale, ses codes, sa hiérarchie, ses ambiguités, le "club" local, où les notables s'entredéchirent sous couvert de respect, les paysans enrichis, durs à la peine... Tout un monde misogyne, cabochard, souvent lâche, mais décrit avec beaucoup d'affection. Et un personnage principal fort attachant, à la fois maladroit avec les femmes, souvent de mauvaise foi, pas toujours très subtil, mais honnête et sympathique. Bel exploit de l'auteur de réussir à donner vie à toute cette société !



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La Revanche du petit juge

Mon avis : J'avais un petit peu peur à la lecture du résumé car je ne suis pas fan des histoires de mafia, j'ai toujours peur qu'elles se transforment en mauvais roman noir, alignant règlements de comptes, initiation d'un petit jeune ou poursuite en voitures. Oui je sais, j'énonce plusieurs stéréotypes...Quoi qu'il en soit, mes craintes ont été très vite apaisées et j'ai trouvé ce roman policier au contraire très fin.



Un petit juge indolent, Alberto Lenzi se voit confier une affaire qui paraît sans importance, presque résolue. En Calabre, de nos jours, Giorgio Maremmi, substitut du procureur, est retrouvé mort, assassiné. Peu de temps avant il a fait condamner un prévenu lié à la mafia italienne, le condamné le menace à la fin du procès. Le procureur en charge de l’affaire de la mort d’un de ses collègues, persuadé que l’on tient le coupable confie donc l’affaire au “petit juge”, soi-disant bien nommé pour son incompétence. Tout est déjà résolu, inutile selon lui, de faire appel à quelqu’un de plus coriace.



Mais dans ce pays calabrais, soumis à la mafia locale, la “ndrangheta”, rien n’est simple. Alberto Lenzi va se révéler être un juge, pour une fois, courageux et tenace. Il va faire de Mico Rota, le patron de la “ndrangheta” son indicateur à la fois précieux et retord. Celui-ci va l’aider, de sa cellule en prison, à résoudre cette affaire complexe où les meurtres s’accumulent. Pas question de lui mâcher le travail, Rota ne lui donne que des énigmes à décortiquer pour avancer. Rota ne fait nullement preuve de compassion, il distille des informations dans l’unique but de blanchir son organisation frauduleuse.



En dehors de l’intrigue, habilement conduite par l’auteur, on découvre une Calabre pittoresque, pleine de charmes. Et on découvre aussi un pays où la mafia règne en maître, où la corruption est reine, où on joue avec les déchets polluants, où les règlements de compte s’enchaînent, où la Justice est souvent bafouée, où les mafieux copinent avec les politiciens véreux. Les enquêtes du petit juge vont se poursuivre pour le plus grand plaisir du lecteur malgré la bizarrerie dont il peut faire preuve, à contrario de la sympathie qu’il dégage parfois.



Mimmo Gangemi réussit dans ce polar à faire ressortir le meilleur d’un homme connu pour sa flemmardise, son désintérêt pour son travail. Il utilise les codes chers à des Sherlock Holmes ou des Hercule Poirot pour rendre l’enquête subtile malgré la violence qui sert de toile de fond.
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Le pacte du petit juge

[...] L'affaire était morte et enterrée.



Après la déferlante scandinave, le temps serait-il venu de la vague italienne ?

À en croire nos lectures depuis quelques mois, c'est peut-être le cas.

Antonio Manzini, Marco Vichi, de Cataldo, de Giovanni, Gianrico Carofiglio, ... depuis deux ans les coups de cœur s'empilent sur l'étagère des polars venus de la botte méridionale.

Cette fois, c'est encore plus au sud, en Calabre où règne la 'Ndrangheta, la mafia locale, que nous emmène Mimmo Gangemi avec son deuxième polar : Le pacte du petit juge.

La prose de Gangemi est riche et ronflante, gorgée d'huile d'olives, goûteuse et charnue.

Autant dire qu'on est à l'antipode méridional de la prose sèche et efficace auxquels bon nombre d'auteurs anglo-saxons nous ont habitués. Pas question ici bas de tourner les pages à vive allure.

En Calabre, on prend son temps pour écrire.

Tout comme pour conclure une affaire, croupir en prison, enterrer un dossier ou ruminer une vengeance.

Un juge est assassiné au bas de chez lui. Les risques du métier en cette région ?

Peut-être, mais deux de ses amis ne l'entendent pas ainsi. Son collègue Alberto Lenzi va reprendre l'enquête.

Bref, le juge Lenzi est l'homme idéal à qui confier une affaire dont on souhaite qu'elle reste enterrée (et c'est le cas de le dire) et qu'elle ne voit jamais le jour.

D'où l'amère déception de ses supérieurs après quelques chapitres ...



[...] Comment aurait-il pu imaginer qu'il se mettrait à déployer de soudaines compétences au lieu de rester égal à lui-même ? Il avait découvert le dépôt de scories radioactives, arrêté des coupables, et trouvé Dieu sait quoi d'autre encore.



Une affaire de déchets. Toxiques.

L'affaire et les déchets sont toxiques.



[...] Et du plomb, il fallait s'attendre à ce qu'il y'en ait.



L'intrigue est simple, voire même un peu convenue, mais la prose de Gangemi est ronflante et savoureuse et ses personnages sont particulièrement épais (paradoxalement, c'est le juge Lenzi auquel on a le plus de mal à s'intéresser). On est passé à deux doigts du coup de cœur.

Pour celles et ceux qui, depuis Fukushima, aiment les histoires radioactives.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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La vérité du petit juge

Marco Morello, fils d’un chef de bâton de la ‘Ndrangheta, tombe dans un guet-apens alors qu’il sort de l’immeuble de sa maîtresse. Passé à tabac par un homme qui le ligote avant de l’embarquer dans sa voiture, Morello va finir – et c’est remarquable – à la fois noyé et enterré vivant. Règlement de comptes mafieux ? Vendetta familiale ? Meurtre crapuleux ? La mort naturelle et l’accident domestique exclus, les possibilités sont nombreuses pour le juge Lenzi, d’autant plus intéressé par l’affaire que la veuve de la victime est particulièrement séduisante et que le meurtrier le met au défi de le retrouver à travers des courriers anonymes.

On retrouve dans ce troisième roman de la série mettant en scène Lenzi tous les ingrédients des deux précédents épisodes. Lenzi est toujours tiraillé par le désir qu’il éprouve pour les belles femmes qui l’entourent, Don Mico Rota, le chef de bâton avec lequel Lenzi entretient une relation ambigüe, continue de jouer les pythies à travers ses histoires à clefs et, bien entendu, au club des officiers, la petite notabilité locale commente toujours avec ironie et une certaine bassesse, le fait divers qui passionne la ville. Ajoutons-y un nouveau personnage prometteur, Cippo, stagiaire de Lenzi, et l’on a de quoi passer a priori un agréable moment de lecture.

Ceci dit on peut aussi éprouver une certaine déception. Là où les romans précédents, à travers les enquêtes de Lenzi, nous dévoilaient en creux les courants qui agitent une société calabraise faisant la jonction, à sa manière bien particulière, entre code clanique traditionnel et mondialisation, La vérité du petit juge offre une enquête sans grande originalité. On a vu mille fois l’histoire du criminel animé par la vengeance mettant la justice au défi, et le cadre dans lequel la place Gangemi n’apporte pas grand-chose de plus. Par ailleurs, les situations qui font le sel des histoires de Lenzi – sa manière de courir après les femmes, sa nonchalance, les rencontres avec Don Mico ou les joutes verbales du club des officiers – sont ici expédiées un peu automatiquement, comme si Mimmo Gangemi était en roue libre et se contentait d’aligner les ingrédients d’une recette éprouvée sans réussir totalement à en retrouver le goût. Si la lecture de ce roman n’est pas désagréable, si quelques fulgurances la rendent même parfois très plaisante, il n’en demeure pas moins que l’on est assez loin de la richesse des deux volumes précédents et l’on espère Gangemi saura raviver la flamme dans son prochain roman.


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La Revanche du petit juge

Excellent
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La Revanche du petit juge



Premier volume dans lequel on fait la connaissance avec Alberto Lenzi, juge en Calabre amateur de bonne chère et de belles femmes. Il est bien loin d’ être un bourreau de travail jusqu’ au jour où l’ un de ses meilleur ami Giorgio Maremmi, substitut du procureur, est assassiné. Commence alors pour Alberto Lenzi, une enquête où chaque révélation amène son lot d’intimidation et de mort plus ou moins violente, plus ou moins maquillé en suicide ou accident.

Une histoire et une ambiance à placer entre le commissaire Montaldo d’Andrea Camilleri, version calabraise et le Romanzo Criminale de Giancarlo de Cataldo.

Une bonne lecture détente sans prétention ni prise de tête, d’ailleurs j’ ai hâte de retrouver tout ce petit monde.
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Le pacte du petit juge

J'ai beaucoup aimé le premier livre traduit de cet auteur : la revanche du petit juge. Je revenais d'un voyage en Calabre et je trouvais que l'auteur avait su parfaitement rendre ambiance et paysage de cette région. J'ai trouvé "le pacte" un peu moins bon que le premier, sans doute parce qu'il fonctionne un peu avec les mêmes recettes. Pourtant, le thème abordé, le trafic de drogue avec en toile de fond l'exploitation des clandestins dans les plantations est très différent de celui du premier. Je ne serai pas trop critique non plus car j'ai apprécié le livre du début à la fin...
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Le pacte du petit juge

Calabre. Plaine de Gioia Tauro. Le récit s'ouvre sur une scène d'émeute. Trois ouvriers agricoles noirs sont tabassés. Plus tard, deux cent kilos de coke se volatilisent alors que le petit juge surveillait l'affaire. Il passe pour un bouffon auprès du procureur, son pire ennemi, et de ses collègues alors que l'on retrouve Spanti, un employé de la Douane, dans un sale état. Son premier réflexe, qu'il a déjà eu précédemment, est de se tourner vers don Mico Rota, l'un des vieux caïds de la région, qui purge sa peine en détention à domicile.



Force est de reconnaître que lorsque l'on a fait un bout de chemin - « La Revanche du petit juge » (lien) - avec un auteur et que celui-ci fut d'une compagnie très agréable on a plaisir à lui serrer la poigne en le rencontrant à nouveau. Ainsi, alors que ses pas guident nos pas, on laisse le charme agir et c'est avec entrain et appétit que l'on suit le nouvel épisode de son petit juge. Ce dernier a toujours des problèmes de cœur. Non pas des extrasystoles qui font que les battements s'affolent, non plus de l'athérosclérose qui peut rendre morose car l'alimentation est souvent en cause. Non, sa crise de cœur (ou maladie d'amour) est autre, Marina a quitté son appartement. Alberto Lenzi est (et restera peut-être) un éternel amoureux des femmes qu'il s'acharne à faire fuir. La vanité et l'orgueil – dont il s'affuble - ne font pas bon ménage avec le partage hormis lorsqu'il s'agit de satisfaire sa libido. Monsieur ne conçoit qu'avec un certain malaise d'officialiser sa relation, monsieur est un butineur. Perturbé il l'est et ce n'est pas un atout pour diriger efficacement une enquête puis une autre s'y ajoutant.

La suite sur : http://bobpolarexpress.over-blog.com/2016/03/des-familles-en-guerre.html
Lien : http://bobpolarexpress.over-..
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La Revanche du petit juge

Mimmo Gangemi – "La revanche du petit juge" – Seuil/Points, 2014 (ISBN 978-2-7578-5880-6) traduit de l'original italien "Il giudice meschino" (cop. 2009)



Une intrigue assez classique dans un roman policier italien, mettant en scène le milieu napolitain de la "ndranghetta" et sa collusion avec les cercles économiques et politiques de la région.

Cette fois pourtant, l'assassinat d'un petit juge un peu trop curieux irrite profondément ladite 'ndranghetta, au point d'amener l'un de ses caïds à fournir très très discrètement quelques informations permettant de mettre l'enquête sur les bons rails. Les autres juges auront-ils le courage de reprendre cette piste ? C'est que d'autres intérêts, encore plus puissants que ceux des mafieux, pourraient bien en prendre ombrage...



Un récit bien mené, sans grands sermons politico-moralisateurs, une intrigue astucieuse, qui n'est pas parasitée par la vie privée de l'enquêteur (comme c'est devenu hélas si fréquent), des personnages bien vivants et crédibles.

La ville de Naples ici décrite de nos jours ne semble pas avoir tellement changé sur le fond par rapport au tableau qu'en dresse Elena Ferrante dans ses remarquables romans "L'amie prodigieuse" tome 1 et 2, au point qu'il est permis au lecteur de se demander une fois de plus si l'Italie, ce pays à l'origine de tant de beauté et d'originalité dans les arts, sortira un jour de cette corruption généralisée qui le gangrène, mais c'est une autre question...



Un bon moment de lecture.



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La Revanche du petit juge

L'auteur livre un portrait acerbe de la société calabraise avec toutes ses dérives.

Violent et pittoresque, noir et plein d'humour, La Revanche du petit juge est une belle découverte



Le suspense m'a tenu en haleine jusqu'à la dernière page.



Ce livre m'a donné envie de suivre "le petit juge" dans sa prochaine enquête.
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La vérité du petit juge

A la demande de l'éditeur français, l'auteur a réintégré plusieurs passages situés au cercle culturel Vicenzo Spatò qui avaient été supprimés de l'édition originale. Et c'est très bien ! Le cercle funcione comme le chœur grecque où les notables refont l'actualité et s'emploient à étaler leur "science", c'est à dire, répandre les ragots, les "ce qu'on dit". Pour les lecteurs, c'est une aubaine d'avoir toujours un résumé sur l'avancement de l'enquête du "petit juge" Albert Lenzi. Gangemi suit bien la tradition des auteurs du sud de l'Italie, comme Camilleri ou Sciascia.
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La Revanche du petit juge

Un petit polar divertissant et dépaysant. J'ai bien aimé le style, plein de métaphores, pas mal d'humour aussi, ça change du genre et ça rend les personnages attachants. En revanche, l'intrigue ne m'a pas passionnée, j'ai été perdue à plusieurs reprises dans les noms des protagonistes, leur rôle dans l'histoire, perdant un peu le fil par moment. Ce n'est donc pas un coup de cœur, mais une agréable découverte.
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