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Critiques de Minh Tran Huy (251)
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Les inconsolés

Lise et Louis ont tous deux vingt ans mais sont comme l'ombre et la lumière. Lui, issu de la grande bourgeoisie et promis à un brillant avenir dans la finance, a pour credo l'argent et l'action. Elle, métisse franco-vietnamienne grandie dans un milieu bien plus modeste, est une plante déracinée et meurtrie qui n'aspire qu'à la discrétion, et rêve d'art et de cinéma. Leur rencontre est le prélude à une passion dévorante qui va rapidement tourner au cauchemar : on n'enfreint pas impunément cette loi qui fait que, souvent, les contraires se repoussent.





Loin de la romance insipide et sans cervelle, cette histoire d'amour impossible et tragique possède une vraie singularité qui la fait sortir du lot : construite sous une forme originale et intrigante qui ne s'explique que peu avant le dénouement, elle entremêle les codes du thriller et du conte de fée, multipliant les références au cinéma et aux récits traditionnels, tant occidentaux que vietnamiens. Le résultat est une émouvante et terrible fable, aussi contemporaine qu'intemporelle, sur les difficultés du métissage, qu'il soit culturel ou social.





Touchée par les discrets accents autobiographiques qui parsèment de-ci de-là le texte, j'ai été totalement séduite par cette réflexion juste et sensible, exprimée avec une poésie teintée de cruauté qui m'est allée droit à l'âme. Coup de coeur.


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Les inconsolés

Je suis donc passée à côté de l'histoire d'amour de Lise et Louis, entre une jeune fille de milieu modeste aux origines franco-vietnamiennes qui ne doit sa rencontre sur les bancs de prépa du lycée Henri IV avec Louis, un rejeton de la bourgeoisie aisée, qu'à son travail et à la méritocratie républicaine. Une véritable passion qui comme le dit la chanson va être une histoire d'amour qui finit mal. Certes Minh Tran Huy écrit bien — à condition toutefois qu'elle évite une certaine pédanterie qui rend parfois son récit artificiel — mais je me suis ennuyée devant ses clichés récurrents (en particulier sur les bourgeois et ceux qui ne le sont pas) et ses longues tirades répétitives sur les mauvais rapports mère-fille. Pour être juste je sais depuis toujours que les romances ne sont pas faites pour moi (livre lu dans le cadre d'un cercle de lecture), il y avait donc peu de chance que j'apprécie Les inconsolés, en dépit de sa construction élaborée mêlant contes de fée, thriller, fantastique, mythes et légendes, de ses références littéraires et cinématographiques pertinentes, de ses analyses psychologiques poussées sur les difficiles métissages tant de classe que culturels.
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La double vie d'Anna Song

C'est complètement pas hasard que j'ai rencontré cette auteure qui offrait une séance de dédicaces lors des dernières "Correspondances" de Manosque (04) et j'avoue que je l'ai trouvé vraiment captivante, tout comme cet ouvrage d'ailleurs. Inspiré d'une histoire vraie qui a fait un gros scandale dans le monde de la musique classique en 2007. Dans cet ouvrage, le lecteur découre d'un côté est l'histoire d'une jeune fille d'origine vietnamienne, Anna Song, qui a une véritable prédisposition, semble-t-il, pour jouer du piano. Le chemin de cette dernière semble donc tout tracé : devenir une virtuose célèbre et reconnue. De l'autre, celle de Paul Desroches, un jeune orphelin et narrateur par la même occasion, qui a été privé de ses parents trop tôt et qui vit dorénavant seul avec sa grand-mère. Ces deux protagonistes vont se rencontrer dès leur plus tendre enfance et, sitôt que Paul entendra Anna jouer du piano, il ne pourra plus jamais s'enlever cette douce mélodie de la tête, tout comme il ne pourra d'ailleurs plus jamais effacer de sa mémoire ce visage angélique. Une amitié qui ne va pas tader à tourner à l'obsession pour Paul car lorsqu'Anna sera obligée de quitter la France pour s'installer aux Etats-Unis avec ses parents, Paul, lui, aura sans cesse l'impression de la voir partout, de l'imaginer et de ne plus penser qu'à une chose : leurs retrouvailles...

Cependant, même si celles-ci sont décrites à merveille dans ce roman, avec un mariage à la clé, les choses ne sont pourtant pas toutes roses. Anna étant atteinte d'une grave maladie qui lui paralyse les doigts dès qu'elle s'installe devant un piano, les choses commencent à se compliquer car, même si, elle, aurait tendance à baisser les bras, Paul, lui, ne l'entend pas de la même façon et n'aspire qu'à une chose : faire découvrir au monde entier le talent de celle qu'il n'a pas cessé d'aimer et d’idolâtrer alors qu'il n'était encore qu'un enfant, qui, à l'époque, n'y entendait rien en question de musique.



Un roman poignant, vraiment très bien écrit et qu je ne peux que vous conseiller de lire jusqu'à la dernière page (voir même de relire) car, en ce qui me concerne, je me suis prise une très grosse claque. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse le soin de juger par vous-mêmes. Pour ma part, mon opinion est déjà faite et cela ne m'a donné qu'une envie : faire des recherches plus approfondies sur ce qui s'est réellement passé concernant le destin de la femme dont cette histoire est inspirée !
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La double vie d'Anna Song

Chers amis, connaissez-vous Anna Song ? Non ? Pourtant il s'agit de « la plus grande pianiste vivante dont personne n'a jamais entendu parler ». Étonnant donc que vous n'en ayez pas encore entendu parlé... Alors je vais vous raconter son histoire...

Et dire que j'ai choisi ce livre un peu par hasard dans ma médiathèque préférée ! À le saisir, ce petit livre, je ne pensais pas qu'il serait si lourd...

Je l'ai ouvert, j'ai commencé à arpenter les premières pages et j'ai compris très vite qu'ici j'entrais dans un mystère, celui de l'amour absolu.

La double vie d'Anna Song. Comment pourrais-je vous parler de ce court roman si dense d'une auteure que je découvre par la même occasion, Minh Tran Huy ? Déjà dans le titre, vous imaginez que les choses ne sont pas si simples...

Anna Song est une pianiste classique devenue célèbre en quelques mois, après son décès, par la publication d'enregistrements..

Or, il s'agirait de faux enregistrements volés à des musiciens méconnus, ce sont pas moins de cent-deux enregistrements qu'elle aurait accomplis sur les toutes dernières années de son existence, de manière quasiment stakhanoviste et dont aucun ne serait d'elle : presque un scénario de roman policier. On pourrait se dire que ce livre nous entraîne dans les méandres d'une affaire d'escroquerie, de mystification. Très vite, le lecteur est happé vers autre chose, bien plus complexe... Et c'est ainsi que le sol se dérobe sous nos pieds. Parce qu'on aurait voulu croire à ce rêve, parce qu'on se raccroche à quelque chose qui referme la trappe encore béante où nos pas sont au bord du vide... Les êtres que nous aimons sont façonnés autant de chair que de chimères... On voudrait juste comprendre...

C'est l'histoire d'une profonde amitié qui se transforme un jour en amour. On dit que cela est impossible. Un homme nous démontre que c'est possible, nous parle, le narrateur Paul Desroches, l'homme qui aimait Anna Song depuis l'enfance, leur enfance partagée. Ils se sont perdus de vue, puis retrouvés. Celui qui est devenu plus tard son mari et son producteur...

Je sors de cette lecture et je cherche à y revenir, je rode autour des mots , je cherche une porte pour revenir au texte, sentir les mots, le texte, puiser une inspiration et trouver la clef qui vous permettrait de prendre le pas à la place des miens. Je suis encore sonné. Je voudrais me retirer du texte et vous laisser y entrer à votre tour...

Je referme le livre et je me demande encore ce que j'ai lu, ce qui était dans le texte, ce que l'auteure cherchait à dire et ce que je vais vous transmettre. Ce livre parlait-il de musique, d'exil, d'identité, de vérité, de faux-semblants, de folie, de chimères, d'amour finalement plus que tout... ? L'idéal serait que tout ceci soit aligné comme les planètes...

Les racines d'Anna Song se situent au Viêtnam, elle se sent déracinée sans être née là-bas, sans y avoir encore mis les pieds. Elle le fera un jour...

Et puis ses doigts un jour se crispent, frappés de dystonie... Et puis un autre jour, plus tard, bien plus tard la maladie vient, inexorablement. C'est un peu comme si le corps disait non, alors que l'âme fait encore semblant d'y croire encore un peu. C'est comme si à chaque fois le corps renonçait à ce voyage vers une destination qui n'était pas celle promise par les rêves, les attentes, la musique... Son voyage, sa musique, c'est un coeur qui bat accroché à une image, une photographie, celle d'un grand-père dans sa maison là-bas au Viêtnam, devant un arbre, et quel arbre ! Un ginkgo biloba ! L'arbre aux quarante écus. Un arbre qui survit à tous les désastres. On prétend même que seuls les ginkgo biloba sont les seuls arbres qui ont survécu aux deux effroyables drames d'Hiroshima et de Nagasaki... C'est peut-être cette photo d'un grand-père inconnu posant fièrement devant son arbre qui la fait tenir debout ou plutôt tenir devant son clavier, jeter ses doigts éperdus dans ce vide sidéral...

N'avez-vous jamais imaginé ce qui pouvait sommeiller derrière les doigts d'une pianiste, surtout lorsque les doigts de cette pianiste se crispent dans la douleur ? Ne veulent plus se déplier sur les touches noires et blanches ?

Le temps s'arrête parfois sur une photo. Un arrêt sur image, on appelle cela comme ça alors que l'image continue de bouger dans notre tête, ça devient même un film, un retour en arrière, sur un passé invisible, un passé qu'on n'a pas vécu, un pays pour lequel on est en exil et dans lequel on n'a jamais mis les pieds. On pourrait presque inventer le concept de double déracinement...

Ce court roman est magnifique comme une mélodie triste, remplie de chagrin et d'amour. Derrière les appoggiatures et les croches, j'ai cru parfois entendre Pavane pour une infante défunte venir à moi.

Cette ligne étrange entre l'imaginaire et la réalité, parfois elle existe... Comme j'aime la rechercher dans les livres, dans la vraie vie aussi... !

La musique n'est-elle pas pour Anna Song une manière d'écrire son histoire, de la réécrire, de la réinterpréter, de se projeter dans le miroir de son égarement ? Son amour de la musique est sincère, sa manière de l'interpréter l'était-elle tout autant ?

« Anna s'était raconté une belle histoire, comme les enfants qui croient aux légendes qu'on leur lit le soir avant de s'endormir, et celle-ci s'accordait si parfaitement avec ce qu'elle avait besoin d'entendre qu'elle n'était jamais allée voir au-delà. »

La fin du roman est un voile qui se déchire sous nos yeux pour faire entrer simplement sur les pages un peu de nos vies avec étonnement.

Bien sûr je vous laisse avec plein de mystères...

Une question continue plus tard de me tarauder comme dans un écho : jusqu'où peut-on aller par amour ?



Je ne résiste pas au plaisir de vous partager les deux magnifiques citations en exergue du récit et qui font écho au texte :

"Ton ombre qui s'étend sur moi, je voudrais en faire un jardin." Paul Éluard.

"Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir." René Char.

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Un enfant sans histoire

Ce livre éclaire, interpelle, bouleverse. L’histoire – car il y en a bien une – est celle d’un enfant autiste, racontée par sa mère. Les mots limpides disent la prise de conscience d’une différence, le tâtonnement du diagnostic, le cycle d’incertitude, de désarroi, d’espoir et de deuil de la « parentalité ordinaire ». Aucun pathos, mais une sincérité, une dignité, une justesse poignantes.



Ce livre est important, d’abord parce qu’il explique très bien le spectre de l’autisme, ce que cela peut impliquer pour les personnes concernées et leur entourage. Ce type de témoignage permet de mieux comprendre et, à elle-seule, cette compréhension peut contribuer à rendre notre société plus humaine et inclusive. Minh Tran Huy puise dans un amour sans bornes l’énergie non seulement de remuer ciel et terre pour son fils, mais de raconter. Du fond cœur, merci à elle.



Ce livre est important pour le réconfort qu’y trouveront les parents concernés. Ils sauront qu’ils ne sont pas seuls à se sentir en marge des autres. À tout donner sans que les « résultats » ne soient nécessairement au rendez-vous. À se sentir coupable de ne pas pouvoir faire mieux. Les livres sur le sujet tendent à raconter les histoires de « miraculés » qui parviennent à s’en sortir, parfois brillamment – que Minh Tran Huy compulse inlassablement dans l’espoir de trouver comment aider son fils. Elle choisit d’ailleurs d’entremêler son récit avec celui de la vie de Temple Grandin, rescapée américaine devenue universitaire, ingénieure, porte-voix des personnes autistes et personnage de film. Mais c’est pour mieux appuyer son plaidoyer pour les vulnérables, les laissés-pour-compte, ceux qui n’accéderont jamais à la parole. Et dont on ne parle pas, tant l’histoire d’une absence d’évolution semble difficile à raconter. Minh Tran Huy réussit magistralement l’impossible.



Ce livre est important, last but not least, pour le cri d’alarme, l’urgence soulignée d’agir enfin, de soutenir, de former, de développer les structures d’accueil et de mettre fin au « darwinisme sans foi ni loi » et à « l’hypocrisie de la méritocratie ». Le livre le montre avec force : le niveau de civilisation d’une société se mesure à la manière dont sont traités les plus vulnérables. Et la France a du chemin à faire.



Mais avant tout, ce livre est une émouvante déclaration d’amour maternel.



À lire absolument et à faire lire autour de vous !
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Les inconsolés

«  Vrai amour ne se change » .....



Comment ne pas être touché, saisi, transporté envoûté par les mystères de ce conte d'amour cruel, moderne à la beauté vénéneuse, où nous , lecteurs, chacun à notre façon , revisitons à satiété contes de Perrault, mythes et légendes asiatiques, créatures magiques, en même temps que «  La femme d'à côté de «  Truffaut » ou encore les descriptions. que fait la célèbre Edith-Wharton de la bourgeoisie new- yorkaise dans ses romans lorsque Lise, l'héroïne, aborde le cadre somptueux de l'hôtel particulier de son nouvel amoureux Louis Vatel : Salons tendus de velours grenat ou de satin bouton d'or, décorés de tableaux anciens , bibelots d'ivoire, de bronze ou de malachite, de meubles d'acajou ou de palissandre ,toujours pourvus d'un piano à queue » ....?



Tout oppose Louis et Lise même s'ils fréquentent la même école prestigieuse de la capitale.



Lise , métisse, c'est de son père , qui a émigré ici, dans les années 60 qu'elle tient sa peau mate, ses pommettes hautes et ses cheveux noirs.

Mélancolique , pudique, humble et silencieux : La mélancolie des exilés , son père a réussi de brillantes études scientifiques , à force de travail.

Sa mère, orpheline , élevée sans amour dans une ferme du Cotentin , issue de la paysannerie du bocage normand avait elle aussi brillé dans les matières scientifiques .

Grâce à une bourse , ils ont obtenu un diplôme d'ingénieur , ils se sont mariés—— elle était une des rares femmes de sa promotion.——-

Le cadre est est fixé : passionnée d'art et de littérature, Lise à vingt ans , ne comprend pas ce qui l'attire vers ce grand garçon blond , aux yeux «  bleu pur » , un amour fou , irrépressible, étincelant , ce Louis séduisant , issu de la grande bourgeoisie, à qui tout sourit , tout est donné, né pour triompher, à l'image de ses parents mais aussi cynique et impitoyable .



MinTran Huy conte leur amour fulgurant, foudroyant, romantique , improbable ,une faim d'aimer , malgré les différences infranchissables —— sinon impossibles —— à l'aide d'une écriture précieuse , lumineuse, précise , épatante , entre conte de fées diabolique, vengeance , jalousie à son paroxysme et analyse sociologique très fine...

Au coeur de leur romance —- entre maison secondaire en Normandie , voyage de luxe en Italie ,château mythique d' Étambel ——l'auteure nimbe l'histoire de petites musiques minantes , à travers rêves , légendes et littérature : enfance désenchantée pour Lise , tyrannie et froideur de sa mère , fantômes et vengeances ——qui l'aimait certes—- mais lui préférait sa soeur Liane , plus claire de peau , plus jolie...



L'auteure —— sincère, pousse les clichés et les malentendus jusqu'à une vérité Nue et Cruelle. ...



Une très belle histoire entre deux mondes : celui des héros ordinaires , anonymes , humbles , étrangers malgré tout par leur passé et leur culture et le monde de ceux qui ont tout: décor , culture, aplomb et plats servis, la décontraction naturelle de ceux qui n'ont jamais rien craint et jamais rien eu à craindre , convaincus de posséder le monde.

Une belle histoire d'amour offerte comme un cadeau somptueux sur un plateau qui nous touche en plein coeur !

Les histoires d'amour finissent - elles toujours mal lorsqu'on s'aime à en mourir ?

J'ai tout aimé , avec passion, de la première à la dernière page, J’avais lu «  La Princesse et le Pêcheur » en 2019 .
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La Princesse et le Pêcheur

Voici une bien belle histoire , entre conte cruel moderne , traditions , fuite, non- dits, guerre et mort, silence, amitié et amour déçu , voyage de la mémoire et souvenirs de retour au Vietnam, le pays que Nam, boat people , beau garçon réfugié en France a fui sans aucune garantie et la narratrice Lam, née en France, élevée et protégée comme une fille unique , très attachée à sa grand- mère , triste et digne, détentrice d’un passé douloureux , déposant le mince anneau d’or blanc dans la corbeille du bonze , .à l’instinct aiguisé par ses années vietnamiennes ....



Ils se rencontrent lors d’un voyage linguistique en Angleterre , sympathisent, deviennent amis et passent beaucoup d’heures ensemble .



Mais l’exil n’est pas seulement la fuite d’un pays .Quelque chose entre eux les retient ——des différences —— Lam s’attache au jeune homme ——, croit voir en lui son premier amour .



Les secrets affleurent, et les rencontres dévoilent parfois des tragédies qu’ont connues les siens .



Le récit , simple, sobre, retenu , émouvant , faussement candide regorge de références littéraires entrelacées de contes traditionnels vietnamiens qui font office de fil rouge ..



Une bien belle découverte où les questions d’identité et de racines sont traitées avec finesse , imprégnées de mélancolie ....Une part de l’histoire de ce pays où le temps et l’amitié adolescente , si fragile sont mis en exergue ...

L'écriture est douce, sensible et délicate , poétique et profonde...



«  Vivre c’est se lancer en solo tout en apprenant à chanter : tenir le rôle principal d’une pièce un soir de première sans jamais avoir répété , rédiger une histoire d’une traite , sans possibilité de retour en arrière . Il n’y a pas de deuxième prise. »

Je trouve que c’est un premier roman réussi qui m’avait échappé à la médiathèque, paru en 2007. déniché par hasard ...
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Les inconsolés

Pour Lise et Louis, c'est une évidence dès leur première rencontre, la certitude qu'ils vont s'aimer follement, passionnément. Mais la fille d'un émigré vietnamien et d'une orpheline normande peut-elle rêver d'un avenir avec un fils de bonne famille issu de la haute bourgeoisie ? Lise n'a rien, il a tout. Louis affronte la vie en conquérant, elle est timide, peu sûre d'elle. Et pourtant, ces deux-là feront fi des obstacles pour s'aimer, se déchirer, se séparer, se retrouver, se faire du bien, se faire du mal.



Conte moderne, suspens psychologique, romance sentimentale, dissection d'une passion, Les inconsolés est tout cela à la fois mais ne s'arrête pas là. Au-delà de l'histoire d'un amour destructeur entre deux personnages que tout oppose, Minh Tran Huy s'applique à raconter tout ce qui fait obstacle à l'harmonie du couple; toutes les choses que l'on trimbale depuis la petite enfance, ce vécu qui nous a construit et qui ne cesse de nous hanter.

Lise et ses deux cultures, et sa mère mal aimante, et son père silencieux croit désespérément aux contes de fée où la princesse est délivrée d'un mauvais sort par un beau prince charmant. Alors quand elle le rencontre, elle se donne corps et âme à ce grand bourgeois qui a tous les codes, toutes les entrées, tous les réseaux. Mais elle se sent comme une intruse à ses côtés. Passés les premiers moments de la passion, Louis ne va-t-il pas se rendre compte qu'elle n'est qu'une pauvre fille, laide et gauche, qui ne mérite pas son amour ? Pourtant Louis l'aime et l'admire, même s'il s'enferme parfois dans son rôle d'homme orgueilleux, avare de déclarations sentimentales.

A force de non-dits, de malentendus, d'incompréhension mutuelle, Louis et Lise vont se déchirer et s'éloigner mais on n'oublie jamais un premier amour...

Porté par la magnifique écriture de Minh Tran Huy, Les inconsolés est un roman à deux voix, celle de Lise et celle de ''L'autre'' qui raconte la passion, de ses débuts enchanteurs jusqu'au drame final, car, c'est bien connu, les histoires d'amour finissent mal, en général...
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La double vie d'Anna Song

Un double coup de cœur pour une double vie, celle d’Anna Song.

J’ai découvert ce texte lors de sa parution en 2009.

Je me souviens de l’émotion ressentie alors.



« La double vie d’Anna Song » est une magnifique histoire d’amour et de musique qui nous est narré par Paul Desroches, le mari d’Anna.

Il se souvient d’une musique qui avait touché son cœur d’enfant :



« Ma grand-mère s’est arrêtée devant la maison d’où provenait la musique et m’a expliqué que la petite fille de Mme Thi jouait depuis qu’elle était toute petite. Elle était très douée, et avait ému tous les parents lors d’une fête de fin d’année, en juin dernier. Et c’est ainsi que j’ai commencé d’aimer Anna avant même de l’avoir vue. »



Au fil des chapitres nous suivons les différentes étapes de cette amitié très forte. Paul s’attarde sur le lien étroit entre musique et sentiment, jusqu’au départ de la famille Thy pour la Californie, où la jeune enfant prodige ne manquera pas d’entreprendre une carrière remarquable.



Paul reste seul avec le vide du départ, absence physique qui le laisse aussi démuni que lors du décès accidentel de ses parents, légèrement antérieur à sa rencontre avec Anna.

Entre chaque chapitre nous découvrons des articles de revues musicales vantant les qualités d’interprète d’Anna Song.



Ce roman, peut de prime abord sembler être une belle histoire d’amour, mais on découvre très vite que s’y ajoute une intrigue fort bien menée dont le fin mot ne nous est dévoilé qu’à la fin du roman.



Jusqu’où peut-on aller par amour ?

Minh Tran Huy trouve les mots pour parler de la passion, ou plutôt des passions.

L’amour et la musique se partagent ces pages. L’écriture est belle.



Il m’est très difficile de parler de ce livre. Il a pour moi une place à part.

Coup de cœur en 2009, je l’ai dit. Il reste indissociable d’un évènement heureux de ma vie à cette époque.

Le relire était à la fois une nécessité et une crainte.



Quelles émotions allaient remonter ? Le ressenti est forcément différent, mais le principal reste : la qualité du roman qui est indéniable.

Anna Song m’a accompagné avec bonheur à deux périodes bien différentes avec toujours le même plaisir.

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La double vie d'Anna Song

Ce roman est pour partie inspiré d'une affaire réelle qui a fait grand bruit dans le milieu artistique en 2007 concernant la pianiste Joyce Hatto.



"La musique est le langage de l'âme, l'âme est la seule chose qui ne meurt pas" (p.60)



Il était une fois .... un petit garçon, Paul, qui tomba amoureux d'une jolie petite fille brune aux yeux en amande, Anna, et aux doigts de fées, qui sur son piano l'a subjugué.



Ils se sont aimés, puis la vie les a séparés.



En mémoire de celle qui fût et qui n'est plus que poussières de miel qui flotte dans l'atmosphère ; Paul monte une immense imposture afin qu'Anna ne soit pas oubliée, et que son nom brille au firmament des pianistes célèbres pour toujours.



Un amour désespéré pour donner le "la" à une pianiste qui se rêvait Génie !



Une fable inventée par un coeur amoureux pour que le nom de sa belle ne soit pas oublié.



"Si tu avais laissé échapper un signe de désarroi, un simple appel ; j'aurais traversé l'océan comme ta grand-mère et ton père autrefois, en avion, en bateau, à la nage s'il l'avait fallu , je serais parvenu jusqu'à toi et je t'aurais retenue, et je t'aurais sauvée, mais tu n'as rien dit, ni à moi, ni à tes parents, tu as choisi de te taire et tout s'est arrêté là". (p.220)



Belle passion absolue où tout sonne juste même ce qui est faux.
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Le goût de la musique

Le goût de la musique est un petit recueil de 32 textes choisis et présentés par Ariane Charton. Le livre est scindé en trois parties distinctes, à savoir : Sentiments et force de la musique, Paroles de musiciens mais également Galerie de compositeurs.

Ces parties permettent d'appréhender la musique sous différents angles de vue.



Tout d'abord, des extraits divers et variés, tirés de romans plus ou moins fameux (on compte parmi les écrivains cités Balzac, Flaubert, Tolstoï ou Proust). Il ne s'agit pas de la partie la plus intéressante à mon goût. Le parallèle effectué entre littérature et musique n'est pas vraiment efficace (probablement à cause de la faible longueur des textes)

Ensuite, les passages proposés sont tout droit sortis de la plume des grands compositeurs. Cette partie est fortement plaisante à lire. Liszt s'avère être un musicien doté d'une écriture élégante voire somptueuse, Berlioz nous relate le succès furieux d'un concert, Tchaïkovski délivre ses secrets de composition et Fauré nous parle de mettre des notes sur les mots. Ce dernier nous apprend d'ailleurs qu'il est absurde et inutile de mettre Hugo en musique, ses vers étant trop pleins et riches. Des témoignages aussi délicieux que précieux. Cependant, les compositeurs sont tous (sans exception) très connus du grand public et bien que leurs propos soient pertinents, il est dommage de ne pas y retrouver des écrits de figures plus contemporaines comme Schönberg, Cage ou simplement de musiciens moins célèbres.

Enfin, l'ultime partie nous livre les portraits de différents compositeurs confectionnés avec soin par des auteurs tel Roland Barthes, Jean Échenoz en passant par Baudelaire et Stendhal. Ici, ils expriment leurs préférences pour Un compositeur particulier avec par conséquent des descriptions enthousiastes ornées d'adjectifs mélioratifs.



Un livre donc, avec quelques lignes truculentes, pleines d'esprit de la part de tous ces hommes qui ont une passion commune pour la musique. La musique rassemble. Plus que n'importe quel art elle est singulière, inconcevable, inaccessible et pourtant elle n'en demeure pas moins universelle et intemporelle.
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La Princesse et le Pêcheur

Déjà plein de la délicatesse qui caractérise la plume de Minh Tran Huy, ce premier roman dit le déracinement, le gouffre entre parents d'ailleurs et enfants d'ici. Entremêlé à des bribes de contes vietnamiens, ce livre est aussi un récit initiatique tendre et attachant, subtile, où planent les non-dits et les silences incompris, inconsolés (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/07/17/la-princesse-et-le-pecheur-minh-tran-huy/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un enfant sans histoire

L'auteure nous livre ici un bouleversant témoignage sur son expérience de mère d'un jeune garçon autiste. Elle nous fait part de son parcours du combattant pour trouver les structures et les soins adéquats pour traiter ces troubles qui touchent 1% de la population. En France on constate malheureusement un grand retard dans ce domaine par rapport aux pays anglo-saxons.



Comme support à ce témoignage poignant, l'auteure a choisi d'évoquer la vie de Temple Grandin, l'une des personnalités autistes les plus connues au monde, avec Elon Musk, qui déclarait dans un récent entretien qu'il était autiste Asperger.



Pourquoi Temple Grandin, américaine âgée de 75 ans aujourd'hui? Son cas est exemplaire de la manière dont elle a pu être prise en charge et ensuite donner le meilleur d'elle-même en réalisant ce tour de force de transformer son handicap en atout, ainsi elle représente une lumière dans ce domaine peu facile.



Elle naît en 1947 à Boston dans une famille plutôt avantagée: son père a co-inventé le système de pilotage automatique des avions et sa mère était chanteuse et compositrice. Très vite elle se distingue des autres enfants, n'aime pas les câlins, passe du temps à regarder les objets, peut tapisser les murs de sa chambre d'excréments.. Son père veut la faire admettre dans un institut spécialisé mais sa mère Eustacia va réussir à lui apprendre la lecture. Plus tard un séjour dans le ranch de sa tante va lui donner une révélation: elle va inventer des équipements pour l'élevage du bétail, équipements parfois adaptés pour les humains comme une machine à câlins dont elle se sert pour calmer ses crises d'angoisse!



Très vite elle va devenir une des défenseurs de la cause animale et trouver les moyens pour que le passage aux abattoirs soit moins traumatisant pour les bêtes. Près de la moitié des abattoirs à bovins d'Amérique du Nord sont équipés du matériel qu'elle a conçu. Elle invente aussi des bassins pour que les vaches acceptent de se plonger plus facilement dans les pesticides. Elle va révolutionner tous les équipements et infrastructures pour le bétail.



Temple a aussi un autre mérite mis à part sa réussite en tant qu'ingénieure et femme d'affaires, c'est d'avoir écrit et communiqué sur son mode de pensée qui diffère quelque peu de celui des "neurotypiques".

Ainsi elle reconnaît que son mode de pensée "par images" l'a beaucoup aidée à mettre en place des dispositifs.



Elle est devenue un modèle, même si bien sûr elle ne représente pas le chemin parcouru par toutes les personnes dans ce cas.



Minh Tran Huy livre ici un livre magnifique qui donne beaucoup de données scientifiques et nous interroge sur ce qu'est la différence et ce qu'elle peut apporter dans nos sociétés parfois beaucoup trop "formatées".
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Voyageur malgré lui

C'est un ouvrage fort complexe centré sur les tragédies de l'exil, une réflexion, un aller et retour,une recherche sur l'importance des signes, des hasards, des échos qui constituent notre filiation et notre héritage, comme une marque que chacun porte au plus profond de soi.

Line, la narratrice, découvre , au hasard de ses déambulations new-yorkaises l'existence d'Albert Dadas, premier cas au XIX° siécle de " tourisme pathologique", un fugueur maladif, sans cesse jeté sur les routes par son inextinguible soif d'ailleurs, un homme aux errances perpétuelles, répertoriées pendant plus de vingt ans par le docteur Tissié qui deviendra célèbre en exposant son cas...sur lequel on avancera deux thèses : l'une , l'hystérie, l'autre l'épilepsie. Cette soif de mouvement qui animait Albert Dadas, " un aliéné voyageur",est restée une énigme....

Qu'est-ce qui nous sépare les uns des autres?

Qu'est ce qui nous lie?

Minh Tran Huy donne à entendre nombre de voix, nombre de souvenirs, liés aux voyageurs malgré eux de sa propre famille : Thinh, son oncle, un homme inaperçu, prisonnier de son exil géographique et mental, si mystérieux..'l'histoire bouleversante de Hoai, sa cousine dont la disparition n'a laissé aucune trace,sauf dans les mots de son pére, dont l'ombre s'évanouira bientôt....et surtout son pére, cet homme né pendant la guerre d'Indochine, cet immigré aux multiples vies, trop silencieux, " J'avais peut- étre fini par te transmettre l'instinct du silence" lui confie t- il. Grâce à Line, il va enfin partager les secrets de son enfance..

L'auteure, sensible aux sons et aux enregistrements pour garder la mémoire de ce qui fut, de ce qui frémit, de ce qui se tut, entrecroise mémoire familiale et mémoire collective et rend un hommage vibrant à quelques exilés que la guerre, la folie des hommes ou la misère ont conduit à errer entre deux rives, de la coureuse de fond Éthiopienne :Samia Ysuf Omar au destin d'Albert Dadas, aux centaines de silence de son pére quand à son enfance dans une ferme du nord Vietnam, avant que la guerre ne commence à emporter les hommes du village...

Comme une étrange nostalgie confondue avec l'enfance de ce pére, si lointaine au Vietnam jusqu'à l'acquisition d'un pavillon coquet en région parisienne et l'intégration! Une publicité vivante pour la méritocratie républicaine !

C'est un bel ouvrage, plus un témoignage qu'un roman, à mon sens,où les récits distanciés s'enchâssent, fruits sans doute de longues recherches méticuleuses, le disputent en parallèle, de maniére harmonieuse, à la mémoire familiale, un hommage ultime et doux, profond,des traces indélébiles et des secrets de ses origines, pour conserver vivante la mémoire de ce pére tant aimé, ce déraciné silencieux aux douleurs secrètes !
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Un enfant sans histoire

Minh Tran Huy, journaliste et écrivaine, présente un récit croisé de la vie de Paul, son fils né en 2013 et de celle de Temple Grandin, une scientifique figurant en 2010 dans la liste du Time des cent personnes les plus influentes du monde sous la catégorie « héros et héroïnes ».



Quel rapport entre cette femme et cet enfant ? Ils sont tous deux atteints d’un trouble du spectre autistique (TSA). La moitié des personnes pour lesquelles ce diagnostic est posé parviendra à acquérir le langage, avec parfois même une reconnaissance dans des domaines d’expertise pointus, grâce à une façon de réfléchir différente. L’autre moitié des personnes atteintes restera isolée du reste du monde.



Minh Tran Huy présente de manière très documentée ces troubles avec les méthodes employées pour établir une interaction sociale, une communication, une modification des comportements et ce livre permet d’en apprendre beaucoup sur le sujet. Sa force est de ne pas tomber dans le pathos tout en étant extrêmement émouvant dans sa description des parents surinvestis, mais qui ne bénéficieront malheureusement pas d’avancées notables malgré leur mérite.



Ce récit nécessaire et poignant interroge sur le handicap et la différence, sur sa prise en charge actuelle et sur la vie de famille autour d’un enfant dont l’âge de développement restera toujours inférieur à deux ans. Une très belle plume au soutien d’un sujet de non-fiction complexe !

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Ton frère

En ouvrant cet ouvrage vous trouverez une lettre écrite par une maman à son fils.



La collection "les affranchis" propose aux auteurs et autrices d'écrire une lettre qu'ils n'ont jamais écrite.

Un défi aussi compliqué que complexe.

En ouvrant cette collection, vous savez d'avance que vous aurez face à vous le vrai, l'intimité.



Cette maman pour qui le quotidien est compliqué, explique à son fils Serge, à travers cette lettre qu'il a un frère qui requiert beaucoup d'attention. Son frère, Paul (Polo) est autiste.

L'autrice arrive avec brio à avoir une plume subtile et délicate pour expliquer les beautés et difficultés de son quotidien de maman d'un enfant autiste. Car il ne peut rien faire seul et il faut toujours quelqu'un pour veiller sur lui.

Elle présente Polo d'une manière tellement magnifique : "Spécial, différent, exceptionnel, extra-ordinaire.... Il y a bien des mots pour qualifier Polo dont on a poli les contours, les arêtes et les angles, afin d'éviter que quiconque s'y blesse."



La couverture résume parfaitement le ressenti de cette maman :

"Ton frère m'a enseigné l'indulgence, le chagrin et la douceur ; toi, la gratitude".



"Je voudrais également que tu saches déjà, qu'il n'y ait rien à dévoiler, à révéler, à formuler, je voudrais ne pas avoir à chercher les mots devant toi qui attends, et c'est également pour cela que je t'écris, pour repousser les ombres, les déposer sur le papier comme s'il pouvait les enfermer, tandis qu'à toi je ne dis mot, puisque tu es trop petit, qu'il n'est pas temps encore, et qu'on vaut mieux me concentrer sur ton allégresse qui forme au-dessus de nous une cloche protectrice."



L'autrice partage avec ses enfants et avec nous lecteurs, quelque chose de fort et de très touchant.



Serge n'est pas un remplaçant, il permet à ses parents de vivre ce qu'il ne pourra jamais vivre avec Paul.

"Nous pouvons tant pour toi, et si peu pour lui, mon Serge. Et sans doute est-ce plus dur à vivre: le sentiment de son impuissance face à son enfant qui souffre. Se dire qu'on n'y peut rien, qu'on n'y pourra jamais rien, quand il se débat sous vos yeux."



Une maman qui partage également son histoire familiale, son passé et son enfance.



J'ai trouvé cet ouvrage émouvant et d'une grande beauté. C'est un livre rempli d'amour et de tendresse.

Mais pas seulement. C'est également cri d'indignation.



A savoir, il faut en moyenne 4 à 5 ans pour diagnostiquer un enfant autiste en France, contre 18 mois en moyenne aux États-Unis.

"C'est cinq ans de colère, de honte, de rage, d'incompréhension, de patience, de visites médicales. C'EST CINQ ANS VOLÉS À L'ENFANT ET SA PRISE EN CHARGE".



Il y a d'autres chiffres... il y a plus de 9000 autistes français placés en Belgique faute de places et de personnels formés.



- Je remercie chaleureusement Babelio ainsi que les éditions Robert Laffont pour cet envoi lors d'une Masse Critique Privilégiée.



Petite parenthèse :

Je ne sais pas si c'était voulu, mais l'email du résultat ne pouvait pas mieux tomber qu'en cette journée du 2 avril, journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme.

C'est également le jour où j'ai été diagnostiqué TSA sans déficience intellectuelle (anciennement appelé Asperger) ainsi que TDA. Et c'est un grand soulagement... car il m'a fallu 32 ans pour connaître l'explication de mon fonctionnement. Des aménagements sur mon lieu professionnel vont pouvoir être fait et je vais enfin mieux vivre. J'ai dû faire mon diagnostic ailleurs qu'en France car c'est encore malheureusement compliqué.
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La double vie d'Anna Song

Jusqu'où peut-on aller par amour ?

Pour l'amour d'Anna Song, sa femme, Paul Desroches a édifié un mythe.

Alors qu'une dystonie et plus tard un cancer incurable des ovaires ont mis un terme à la carrière de pianiste d'Anna, Paul produit le dernier travail de son épouse : l'enregistrement en studio des plus grands classiques du répertoire. En tout 102 CD, d'une époustouflante maîtrise musicale.

Mais après de dithyrambiques critiques, le culte d'Anna Song s'effondre.

Tous les enregistrements seraient faux, intégralement pillés à d'autres musiciens..



Si le roman est largement inspiré par l'affaire véridique de la pianiste Joyce Hatto, il ne tarde pas à égrener ses propres notes, à jouer sa propre partition et faire entendre sa propre musique, un lamento amoureux que viennent rythmer, comme des accords plaqués, les coupures de presse (fictives) qui scandent le récit de Paul Desroches.

Mélodie pure et cristalline, douce et mélancolique, "La double vie d'Anna Song" est une chanson triste, un chant tout entier dédié à la musique, au Viêtnam, pays des origines, et à la puissance absolue d'un amour fantasmé.

Nul doute que la petite musique aux notes accrocheuses de ce très beau roman, saura apposer sa touche délicate et profonde chez le lecteur qui voudra bien l'écouter.
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Le lac né en une nuit et autres légendes du Viêtnam

Petit livre découvert par hasard sur le présentoir d'une librairie. C'est bien sûr la jolie (et très sobre!) couverture qui m'a attirée en premier. Et puis, c'est vrai que les lectures des quelques romans vietnamiens que j'ai lu m'ont toujours transportée, j'étais donc curieuse de voir s'il en serait de même avec des contes traditionnels.

Une fois de plus j'ai été charmée par la nature luxuriante qui y est décrite, et c'est toujours avec émerveillement que je lis des histoires qui se déroulent lors de fêtes traditionnelles dont j'ai découvert l'existence et les rituels grâce à la littérature. Certes, on est loin des adaptations parfois trop mielleuses de nos contes traditionnels occidentaux, mais l'enchantement a été au rendez-vous ! Ces contes sont fortement marqués par la notion de réincarnation et de karma et de la tradition "animiste" du bouddhisme avec des esprits de la nature, des génies. Mais on y voit aussi des personnages qui souffrent beaucoup, dont la vie est difficile et où les vertueux se font souvent avoir par excès de candeur face à d'autres qui font preuve d'un excès de malice.

Je retiendrai tout particulièrement quatre de ces contes, dont Cam et Lam, équivalent de Cendrillon mais bien plus piquant ét poétique. Quant aux trois autres, c'est la simplicité et la description de la nature et des animaux (si différents de ceux qu'on croise dans les contes occidentaux) qui m'ont totalement transportée.



Une parenthèse poétique entre deux lectures et une belle découverte !
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La double vie d'Anna Song

Anna Song, pianiste exceptionnelle, vient de disparaître en ce mois de juin 2008. Incroyablement douée, une première maladie, la dystonie, qui frappe une de ses mains l'empêche d'accéder à la notoriété en temps que concertiste, puis un cancer contre lequel elle lutte des années vont contrarier une carrière prometteuse et, après plusieurs années de lutte contre la maladie elle s'éteint à quarante neuf ans dans sa villa où elle s'était retirée. Grâce au dévouement et à l'abnégation de son mari, Paul Desroches, éditeur musical, elle pu enregistrer avant son décès et dans la plus grande intimité, cent deux CD, interprétant des compositeurs majeurs, adaptant pour chacun sa sensibilité à fleur de peau.

Les critiques et les journalistes spécialisés sont d'abord admiratifs et crient au miracle après la découverte de cette artiste talentueuse, restée dans l'anonymat, mais, après l'écoute de certaines de ses interprétations, un grain de sable va insidieusement ternir la légende.



Mythologie ou mystification ? c'est la question que soulève La double vie d'Anna Song...A partir d'une histoire vraie, Minh Tran Huy construit un roman envoûtant mêlant le récit de Paul Desroches, époux et éditeur musical des oeuvres d'Anna Song, qui déroule leur histoire d'amour quand ils ne sont encore que des enfants, lui orphelin élevé par sa grand-mère et elle, issue d'une famille vietnamienne déracinée après la guerre civile. Dans ce récit, Minh Tran Huy y relate les traditions vietnamiennes, le passé colonial, le départ pour l'exil et l'influence des aïeux qui ont quitté le Vietnam, l'histoire d'amour hors norme d'un homme qui tisse patiemment les fils de la légende de sa femme pianiste. Ce récit alterne avec les articles de l'enquête journalistique sur cette pianiste inconnue du grand public. Mais au delà d'une histoire extraordinaire c'est avant tout le récit d'un grand amour d'un homme pour sa femme, une femme qu'il a idéalisée au delà de sa personnalité et au delà de sa propre vie.

Un roman magnifique sur l'amour absolu, la folie et ses chimères.
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Un enfant sans histoire

Difficile de ne pas être touché par l’histoire de cet enfant qui, quoi qu’en dise le titre, en a bien une…



Minh Tran Huy se dévoile et se révèle à travers le récit de son histoire personnelle, au moment où un diagnostic concernant Paul, son fils de deux ans, est posé. Elle passe d’un constat d’enfant turbulent, parfois violent, un peu en retard sur son âge à “enfant atteint de TSA” (Trouble du Spectre de l’Autisme). Le verdict est redoutable, implacable et source de nombreuses questions sans réponses car les formes d’autisme sont nombreuses et très différentes d’un cas à l’autre... Là où certains parviendront, malgré leurs difficultés d’adaptation sociale, à s’intégrer et à développer certaines capacités au-delà de la moyenne jusqu’à être qualifiés de génies, d’autres en revanche, ne dépasseront pas le stade de la petite enfance et ne parviendront pas à assimiler le langage oral, ni même la propreté, restant dépendants toute leur vie d’une assistance…



Ainsi, à travers le cas de Paul, Minh Tran Huy nous confie son combat au quotidien et celui de son mari, afin de donner le meilleur accompagnement à leur fils afin qu’il développe des capacités d'interaction avec les autres. N’ayant pas de cas d’autisme autour de moi, c’est grâce à son témoignage que j’ai découvert à quel point avoir un enfant atteint de TSA en France et lui donner des soins adéquats, relevait du parcours du combattant! Pénurie de places en centres spécialisés, manque de personnel formé, catégorie professionnelle sous payée, dossier administratif à remplir nécessitant limite un Master, bref, rien n’est fait pour faciliter la tâche à des parents en détresse, déjà épuisés par un quotidien particulièrement usant! La France est le plus mauvais élève européen sur ce sujet et enchaîne blâmes et procès lors des commissions, c’est grave et ça révèle à quel point les priorités ne sont pas tournées vers le social et vers l’humain…



En parallèle de son histoire, Minh Tran Huy dresse le portrait de Temple Grandin, née en 1947 aux Etats-Unis, à une époque où l’autisme n’avait pas de nom et où l’on internait automatiquement en hôpital psychiatrique toute personne différente… Grâce à une mère courage qui ressent la différence de son enfant mais aussi sa souffrance et va chercher à la comprendre afin de l’accompagner, Temple Grandin va réussir à échapper à l’asile. Avec beaucoup de patience et les bons accompagnements, la petite fille qui étalait ses excréments sur les murs lors de ses accès de rage, va peu à peu développer ses particularités jusqu’à devenir l’une des références mondiales dans le domaine de la zootechnie, rien que ça! Un parcours extraordinaire malgré de nombreux obstacles, qui a de quoi susciter l’espoir chez tout parent d’un enfant atteint de TSA…



Bref, à travers son récit-essai sur l’autisme, Minh Tran Huy nous offre un ouvrage passionnant et nécessaire qui devrait être lu par tous (et notamment par nos dirigeants!) afin d’informer les gens sur un sujet qui appelle à la tolérance et à la bienveillance. Bon après, j’avoue, si j’avais regardé le résumé avant de me lancer dans cette lecture, j’aurais tout de même attendu de ne plus être enceinte avant de m’y atteler, histoire de ne pas me rajouter d’angoisses supplémentaires hein…

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