Quand je vois défiler cette multitude de bobos, de détresses, ou quelques hypocondriaques, je me dis que notre système de santé est vraiment " bout de souffle" . L'hôpital supporte à lui seul nos mutations sociétales, le consumérisme effréné, la fin du bon voisinage, de la proximité, le chamboulement urbain.
Devrons-nous aussi aseptiser notre psychisme, repousser ses méandres ? Nous ne savons plus vivre avec nos tracas intimes et nos peurs, malgré les psys et toutes les thérapies parallèles.
une semaine plus tard, retour à la case départ, sans numéro de téléphone à inscrire dans mes "nouveaux contacts" du portable, et les photos qui resteront images mortes dans un quelconque "fichier " vacances".
Les chirurgiens ou les médecins délèguent souvent leur examen clinique à des instruments sophistiqués, ou des examens complémentaires, pour comprendre l’origine d’une maladie. J’ai vu très peu de chefs de service soulever le drap de leurs patients, prendre le temps d’examiner une cicatrice ou en palper les environs.
Première surprise, une majorité de femmes, plutôt jeunes, coquettes, comme celles qui portent des boucles d’oreilles ou du rouge à lèvres. Preuve que la médecine s’est bien féminisée depuis quelques décennies. Mais pas le mot médecin. Pas de féminin ! Avis aux Académiciens, parce que franchement, avec « doctoresse », je pense à « ogresse », on est dans la désuétude absolue.
Difficile de parler devant un aréopage de spécialistes, de montrer que l’on sait beaucoup de choses en troisième année de médecine. C’est pourtant la règle, il est capital pour un médecin de maîtriser la parole, de donner des explications claires à ses pairs, ses patients et leurs familles.
C’est un moment de répit, on n’est plus dans le médical. Un malade a besoin d’être cajolé, sauf s’il est odieux évidemment. J’adore le nursing, je les masse quelquefois, je les mets au fauteuil, mais j’avoue que je déteste donner à manger, j’ai peur d’une fausse route.
Parfois je me stresse pour peu de choses, je suis prête à imploser, alors que ce métier me donne beaucoup d’assurance. Il faut croire que l’angoisse des malades est communicative. À moins que ce ne soit la mienne qui grandit…
la rentabilité obligatoire vire à l'abattage.S'ils veulent réduire les personnels soignants dans les hôpitaux, allons-y, on peut accélérer la toilette des malades, les aligner et les laver au karcher.L'argent rend cynique.