Citations de Mireille Villeneuve (18)
La lycathropie, écrit Littré, est une "espèce de maladie mentale dans laquelle le malade s'imagine changé en loup".
La Possession par le Démon constitue la seconde forme involontaire, et relativement fréquente de la transformation animale. Le Diable qui obsède les corps dans l'incubat et les contraint de succomber sous ses caresses savantes et glacées, soit également investir les âmes hésitantes et débiles. Ange déchu, mais ange quand même, il connaît les hommes par illation, et le moment venu, s'empare de leurs sens.
Les landes bretonnes, sont très propres à séduire par leurs légendes, l'imagination candide des foules, les récits de voyages concernant les rituels d'initiation des hommes-léopards, les étranges exorcismes des personnes possédées par un animal, les affreuses coutumes des tribus de nécrophages font courir un délicieux émoi dans le dos du lecteur. Naïf ou curieux, ce dernier sera d'autant mieux disposé à prendre ces récits pour vrais, que l'action se passera au clair de lune, dans des forêts impénétrables et maléficiées. Nox et solitudo plenae sunt diabolo. C'est pendant la nuit où brille le "soleil des loups" que les sorciers quittent leur tanière et que les pierres des tombeaux, mues par une force occulte, érectiles, se dressent.
Pour Allacci, qui fut attaché à la bibliothèque vaticane, le vampire qu'il nomme "Vrykolakas" est un homme de mauvaise vie, un excommunié dont le Diable possède le cadavre et qui, la nuit, vient frapper aux portes en appelant lese gens par leur nom.
"Le Dr Fortin, de Paris, cite le cas d'une très vieille dame, demeurant, en 1868, rue Rochechouart. Son âge était inconnu, on la disait vampire. Elle avait à son service des jeunes filles qu'elle appelait des "demoiselles de compagnie", lesquelles arrivaient en parfaite santé, puis dépérissaient à vue d'oeil et mouraient assez rapidement.
Les mêmes phénomènes se produisent en Chine où les hommes se changent en tigres, et au Japon où les samouraï qui essaie de prendre au piège le renard Kitsouné retrouve bientôt sa maîtresse avec une main coupée.
Les successeurs et les séides de Lycaon prirent le nom de loup-garou, mot dont l'origine demeure controversée. "Les Allemands les appellent Werwolf, écrit Bodin, les Français loups-garous, les Picards loups-varous comme dirait lupos varios... Les Grecs les appelaient Lycanthropes et mormolycies; les Latins lese appelaient varios et versipelles...
L'histoire du roi d'Arcadie Lycaon, souverain mythique qui aurait vécu au temps de Cécrops, a donné naissance au mot. Célèbre par sa cruauté, ce souverain aurait, suivant des versions différentes, rassemblées par Platon, Pausanias et Ovide:
-servi à Zeus, au cours d'un repas, les membres d'un enfant qu'il venait d'égorger;
-essayé d'assassiner ce dieu pendant son sommeilè
-sacrifié des victimes humaines sur ses autels;
-osé goûter au sang d'un enfant qu'on sacrifiait au dieu.
Après tout, l'imagination ralentie, dépouillée par le quotidien, éprouve peut-être la nécessité du stimulant de ces visions de violence et d'effroi ? Ce désir d'évasion et de frémissement paraît assez naturel...
"Rien ne se fait en art par la volonté seule. Tout se fait par la soumission docile à la venue de l'inconscient"
(Odilon Redon)
[Au sujet de la nécrophagie]
Dites toujours que c'est infâme, mais ne dites pas que ce n'est pas bon, répondait un chef Batta à un missionnaire par trop intransigeant.
Le fait de manger des escargots et des grenouilles nous enlève, sans doute, beaucoup de prestige auprès de certains peuples, mais nous sommes effrayés d'apprendre que d'autre font leur régal de chenilles, de sauterelles,d’œufs pourris et de chairs avariées.
"Lorsque paraît sur la scène un de ces rares grands pervers, tel Vacher ou Kurten, qui tuent pour le simple plaisir, l'âme entière de la foule est soulevée. Non pas l'horreur seule, mais par un étrange intérêt, qui est la réponse de notre profond sadisme au leur. On dirait que nous tous, malheureux civilisés, aux instincts entravés, sommes en quelques façon reconnaissants à ces grands criminels désintéressés de nous offrir de temps en temps le spectacle de nos plus primitif et coupables désirs enfin réalisés"
(Marie Bonaparte)
Chassés, apaisés, adorés, les morts ne sont brûlés que chez les peuples les plus civilisés qui, semble-t-il, cherchent à éviter les plus rapidement possible, une infestation éventuelle. Les religions qui interdisent la crémation pour un motif ou pour un autre exposent donc leurs fidèles à subir la hantise du vampirisme.
D'autres vampires ont la fâcheuse habitude de frapper aux portes, de se mettre à table et d'annoncer la mort de quelqu'un des convives. Il ne faut jamais refuser la nourriture à un vampire car, affamé et rendu méchant, il risque de se jeter sur ses propres enfants et de les dévorer aussitôt.
Il (De Nynauld) déclare la nourriture habituelle des sorciers: châtaignes, pois, fèves, choux, lentilles, porc salé et chair de bouc, tout à fait propre à dépraver les facultés intellectuelles
"Le bruit courait que les villages voisins étaient infestés de loups de la grosseur d'un âne ordinaire. Ils dévoraient les gens, surtout les femmes - par galanterie sans doute - ajoute le narrateur".
Alors qu'au Moyen Age, les procès de sorcelleries étaient demeurés relativement rares et conservaient un aspect politique, ils se multiplièrent dès le début du XVIème siècle.