Citations de Mo Hayder (294)
Je devais comprendre, disait-t-il, qu'à chaque personne sur notre planète, il en correspondait une autre qui était capable de la comprendre à la perfection. Que ces deux personnes s'emboîtaient comme les pièces d'un gigantesque puzzle métaphysique.
On a beau être aussi brave, aussi vaillant qu’on puisse l’être, on a beau se dire qu’on est invulnérable, qu’on sait ce qui nous attend, on s’imagine que ça ne sera jamais trop grave, qu’il y aura un avertissement avant que les choses aillent trop loin, une musique off, peut-être, comme dans les films. Mais il me semble que ce n’est pas comme ça qu’arrivent les désastres. Les désastres sont les grands maîtres de l’embuscade: ils savent nous tomber sur le dos quand on regarde ailleurs.
Se pouvait-il que chaque être humain soit soumis à une épreuve de volonté particulière toute sa vie durant, avec le devoir de l'accepter avec grâce et constance ?
- Les deux fois, le voleur a emmené une enfant en même temps que la voiture. Les deux fois il a pris peur, il l’a déposée quelque part. Je sais que c’est le même parce que dans les deux cas, c’étaient des petites filles. De moins de dix ans. – Martha en a onze fit observer distraitement Caffery. – Flea se sentit soudain lourde, lourde et glacée. Elle s’en voulait de ce qu’elle allait faire subir à Caffery : il avait une bonne raison de régir plus intensément que la plupart des gens à ce genre d’histoire. Un pédophile avait enlevé son frère trente ans plus tôt. On n’avait jamais retrouvé le corps. – Voilà, conclut-elle d’une voix radoucie. Ce n’est pas les voitures qu’il veut, c’est les gamines.
Vous avez été bon, vous avez eu la bonté de toujours me dire que l'ignorance n'était pas la même chose que le mal, mais je vous comprends.
Quand on sait qu'on a raison, l'important est de continuer à aller de l'avant.
Quand on prend le temps de penser aux siècles d'histoire et d'intrigues que recèle le plus minuscule idéogramme, comment ne pas se rendre compte de sa propre insignifiance ? Les kanji étaient pour moi d'une sublime logique. Je comprenais pourquoi le symbole de l'oreille accolé à celui de la porte voulait dire "entendre". Je comprenais pourquoi le symbole de trois femmes regroupées signifiaient "bruyant" et aussi pourquoi, en traçant des éclaboussures à la gauche de n'importe quel caractère, on modifiait son sens en lui associant l'idée de l'eau. Enrichi de ce signe aquatique, par exemple, un champ devenait la mer.
Des années plus tôt, un inspecteur militaire avait appris à Caffery qu'en cas de malaise pendant un défilé, il fallait regarder quelque chose de vert : une pelouse, un arbre. Les couleurs ont un effet sur le cerveau, elles l'empêchent de se bloquer et de renoncer.
(...) si tu as appris quelque chose, c'est qu'en ce monde aucun de nous n'en a pour très longtemps.
On a tous dans le cerveau des rengaines préenregistrées, des rythmes qu'on se contente de suivre quand on s'imagine savoir tout ce qu'il faut savoir. On finit par en oublier de chercher.
Je suppose que, dans certains domaines, il faut simplement savoir être adulte. Savoir respirer un bon coup et se dire :
« Je ne dois pas m'attendre à ce que cette chose-là fasse partie de ma vie. » Et que, à force de se le dire, on obtient des résultats surprenants, que ça finit par ne plus paraître aussi terrible.
Les désastres sont les grands maîtres de l'embuscade : ils savent nous tomber sur le dos quand on regarde ailleurs.
Voilà enfin ,un événement à célébrer. Un enfant pour donner raison aux lois de la physique et de l'amour, un enfant pour donner sens aux codes subtils de la société. Un enfant pour m'aider à envisager l'avenir de bon coeur.
... Tokyo rutilant, scintillant au bord de sa baie, et le Japon accroché comme une libellule au flanc de la chine.
Il le suit, pataugeant lourdement dans les tas de feuilles mouillées. Il découvre que le cœur de l'arbre a pourri et s'est transformé en une profonde caverne noire. L'if devrait être mort - il ne l'est pas. Stewart s'est glissé à l'intérieur. AJ prend son portable, vérifie s'il capte : aucune réception. Il le met en mode torche, appuie une main sur l'arche de l'entrée et braque le faisceau lumineux dans l'obscurité.
-Aveugle ?
-Oui. Peut-être à cause des exploqions de la porte Zhonghua…
-Non ! s’est écriée Shujin en portant les deux mains à son visage. Non ! C’est le pire des présages, le pire ! Un faisan doré ! L’oiseau de le Chine ! Aveuglé par les Japonais !
Enfouissant ses doigts dans ses cheveux comme une folle, elle a prononcé sur la pièce un regard frénétique, comme en quête d’une issue qui n’existait pas.
-Ça y est, c’est vraiment en train d’arriver. Notre terre, notre sol… Les Japonais vont s’en prendre à la terre, ils vont détruire les lignes souterraines des dragons, et…
Personne ne parle. Ils sentent tous l'odeur de pourriture. Pendant le peu de temps que les Anchor- Ferres ont passé dans la maison , les boyaux ont commencé à puer.
Mère Monstre ou, pour lui donner son vrai nom, Gabriella Jackson, est une des patientes qu’il préfère. La plupart du temps, c’est quelqu’un de très doux, et quand elle ne l’est pas, c’est généralement à elle-même qu’elle s’en prend. Elle a aux chevilles et aux cuisses des cicatrices qui ne partiront jamais et il lui manque la moitié du bras gauche. Elle se l’est coupé au coude un soir avec un couteau électrique, debout dans la cuisine
Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles semblent être.
- Tout le monde devrait avoir des enfants, Jack. Tout le monde. Même les cataclysmes ambulants dans ton genre. C'est le seul moyen de devenir un être humain à part entière. (p. 196)