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3.33/5 (sur 3 notes)

Nationalité : Tunisie
Né(e) à : Tunis , 1921
Mort(e) à : Tunis , le 1/05/2017
Biographie :

Mohamed Talbi (محمد الطالبي), né en 1921 à Tunis, est un universitaire et islamologue tunisien.

Premier doyen de la faculté des lettres de l'Université de Tunis en 1955, il soutient à la Sorbonne sa thèse de doctorat d'histoire sur les Aghlabides en 1968. Également agrégé d'arabe, il deviendra un historien spécialiste du Moyen Âge au Maghreb.

Il entre au Conseil national pour les libertés en Tunisie (ONG non reconnue par le gouvernement) en 1995.

Talbi prône une lecture vectorielle du Coran qui consiste à prendre en compte l'intentionnalité du livre saint et non pas les jugements émis à une époque révolue.



Source : http://nawaat.org
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Extrait du discours de Mohamed Talbi, philosophe et historien tunisien, lors de la séance de clôture à la Sorbonne de la 2ème Conférence internationale pour l'identité culturelle (22 mai 1982) présidée par Dominique Gallet, secrétaire général de l'Institut France Tiers-Monde (directrice: Mona Makki).


Citations et extraits (4) Ajouter une citation
p. 28 Le Coran refuse la conviction par les miracles. Il refuse l'écrasement de l'esprit et sa démission sous le poids des prodiges. Les temps avaient changés. A la pensée magique s'est substituée la pensée rationnelle : " Ceux qui ne savent pas disent : Si seulement Dieu nous parlait! Ou bien que vienne à nous un signe miraculeux! Ainsi disaient leurs prédécesseurs et ils tenaient des propos semblables. Leurs cœurs se ressemblent. Or Nous avons exposé clairement les Signes pour de gens de certitude" (II, 118).La certitude ne s'obtient plus par l'écrasement de l'esprit, mais par son exercice. Or, même pour les époques précédentes, les prodiges avaient perdu leur efficacité : "Rien en fait, ne Nous empêche d'accumuler les signes-prodiges, si ce n'est que les Anciens les traitaient déjà de mensonges" (XVII, 59). Dorénavant, les signes ont changé de nature. Ils ne désarment plus la réflexion pour entraîner la conviction, ils la suscitent.
Cependant, toute réflexion ne débouche pas forcément sur la lecture pertinente des signes. Le savant qui plonge son regard dans l'immensité - finie ou infinie de l'espace, qui peut le dire?- ou dans la profondeur de nos gènes peut s'émerveiller sans aller plus loin que l'émerveillement. Il peut s'abandonner à la quiétude de sa science, et s'arrêter là, au présent, sans autre souci. Le Coran est une invitation faite à l'homme, à tout homme, pas forcement homme de science, à aller plus loin. Ce pas décisif, pour avoir valeur de salut, doit demeurer sans contrainte. Ile ne s'impose pas à l'homme comme le CQFD d'une démonstration mathématique. Dieu ne se démontre pas, Il se montre à celui qui ne rejette pas l'espoir de Le rencontrer et ne refuse pas de Le voir. "A Dieu l'Orient et l'Occident. Où que vous vous tourniez, là est le Visage de Dieu. Dieu est Infini et Omniscient" (II, 115).
Dans le cas contraire, l'homme ne dépasse pas le seuil de l'émerveillement. Il dira : "La Nature fait bien les choses", sans se poser la question : "Qui est cette Dame Nature qui fait si bien, donc si intelligemment, les choses?" Cette formule magique est systématiquement employée par tous les chercheurs, dans tous les domaines du savoir scientifique, pour exprimer leur émerveillement devant certains phénomènes naturels, allant de la physique subatomique à l'astrophysique, en passant par l'organique et le biologique. Nous pensons qu'il s'agit, sous prétexte de méthodologie et d'objectivité, d'un formule pessimiste alibi et écran, pour éviter la question fondamentale de l'origine - non du commencement, d'un big bang qui sans nul doute n'est ni le premier ni le dernier - et du sens de la vie.
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p. 33 Dieu se montre dans tous ses signes, et ne se démontre jamais. La foi est liberté rationnelle et raisonnable, en ce sens qu'elle est l'aboutissement logique de la lecture raisonnée des signes, mais elle n'est pas contraignante: la fois est liberté d'intelligence. Car constater que "la nature fait très bien les choses" et s'arrêter là n'est qu'un écran de fumée "pseudo-rationnalo-scientifique" qui cache l'accès à l'intelligence de Dieu - qui a mis l'intelligence partout - et finalement, après beaucoup de peine, c'est échouer dans l'abrutissement de l'esprit.
La science est du reste en pleine mutation. Elle quitte progressivement ses certitudes arrogantes et naïves. Le déterminisme mécaniste laplacien a vécu. Il n'y a plus aujourd'hui aucun homme de science pour le défendre. Depuis Gödel (1906-1978), on sait que même dans une système mathématique on aboutit toujours à un énoncé indécidable. Le principe d'indécidabilité qui est aujourd'hui unanimement admis introduit toujours quelque part une marge de liberté. Dieu est liberté.
Le Prix Nobel de chimie 1977, Ilya Prigogine, écrit en conclusion de son ouvrage La fin des certitudes (Odile Jacob, 1996, p. 224) : "Ce qui émerge aujourd'hui est donc une description médiane, située entre deux représentations aliénantes, celle d'un monde déterministe et celle d'un monde arbitraire soumis au seul hasard. Les lois ne gouvernent pas le monde, mais celui-ci n'est pas non plus régi par le hasard. Les lois physiques […] décrivent les événements en tant que possibles, sans les réduire à des conséquences déductibles et prévisibles de lois déterministes [ nous découvrons qu'une grande partie du monde alentour avait jusqu'alors "glissé entre les mailles du filet scientifique".[…] Nous discernons de nouveaux horizons."
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p. 32 L'explication scientifique est une chaîne de phénomènes liés les uns aux autres, en une succession interminable qui n'aboutit nulle part. Une chaîne volontairement interrompue pour éviter l'aboutissement à la source, à une cause première. En définitive, elle n'explique rien. Elle décrit, sans plus. Si l'on désire une explication - naturellement, il faut la désirer, c'est-à-dire être a priori disponible, et on a priori et en tout état de cause fermé-, il faut consentir à lire le signe dans le phénomène. Dieu ne force personne à le faire, car autrement la foi cesse d'être un choix libre.
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...commence le passage du niveau ontologique qui a précédé, au niveau terrestre lorsque Dieu créa l'homme en acte et par phases successives (Coran, 71/14), graduellement "D'un argile crissante extraite d'une boue malléable" (Coran, 15:26-28-32) et de phase en phase afin de tester toutes les sortes de créatures animales dont il est le summum et la finalité. Quand l'homme se sépara-t-il de l'animal ? Nous ne pouvons le dire avec précision tant il est vrai que cela est lié à ce que vous voulons dire par l'homme.
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