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Citation de wentworth23


Extrait de l'avant-propos

Tous les historiens sont désormais convaincus des rapports étroits unissant architecture et pouvoir. Cette prise de conscience est néanmoins assez récente. Le sujet n'était pas encore à l'ordre du jour en 1967, quand Hugh Murray Baillie signa dans l'indifférence générale son superbe essai fondateur. Malgré les perspectives passionnantes qu'il révélait, malgré l'immense succès rencontré quelques temps plus tard par le maître-livre de Mark Girouard, il fallut attendre vingt ans pour qu'il émerge véritablement, grâce à un colloque du Centre de la Renaissance de Tours tenu en 1988 qui posait les premiers jalons des recherches sur le début des Temps modernes. Cette étude pionnière, ainsi que les travaux conduits parallèlement par Werner Paravicini dans la sphère du Saint-Empire à la fin du Moyen Age suscitèrent l'émulation enthousiaste d'une nouvelle génération de chercheurs : en une trentaine d'années, une multitude de travaux de grande qualité sont venus analyser, monument par monument, époque par époque, État par État, les liens unissant architecture et cérémonial, vie de cour et distribution. Durant les mêmes décennies, la vogue anglo-saxonne des gender studies, en orientant les projecteurs vers les femmes, vint élargir un champ d'étude jusqu'alors trop exclusivement consacré aux hommes.
Le temps était venu d'une vaste confrontation à l'échelle européenne. En 2010, le réseau Palatium fut approuvé par la European Science Foundation pour une période de cinq ans. Avec le support de quatorze instituts de recherche relevant de onze pays européens, il a inscrit à son programme quinze rencontres internationales, trois sessions de conférences plus larges, et trois universités d'été ainsi que des bourses destinées aux jeunes chercheurs, créant ainsi une nouvelle plate-forme pluridisciplinaire dédiée à l'étude de la résidence de cour depuis la fin du Moyen Âge jusqu'au siècle des Lumières.
En juin 2011, dans le cadre de sa contribution à Palatium, le centre André Chastel a choisi pour sujet de ses septièmes Rencontres d'architecture européenne, une analyse comparée des logis masculins et féminins dans les résidences royales et princières d'Europe. La rencontre parisienne, tout en faisant dialoguer «pionniers» et jeunes chercheurs, a permis de confronter les uns et les autres au rayonnement fécond des court studies récentes, marquant ainsi, nous l'espérons, un nouveau jalon dans l'étude de la résidence de cour. Aussi regrettons-nous tout particulièrement la disparition de notre ami Charles McKean qui ne pourra plus désormais participer aux développements que ne manquera pas d'engendrer ce volume.
Sans apporter des conclusions définitives sur un immense sujet dont les ramifications commencent seulement à se dessiner, les vingt-cinq contributions au présent ouvrage permettent de dégager, à la vaste échelle du territoire européen, quelques principes communs au milieu d'une grande variété de pratiques architecturales et d'usages sociaux.
Le premier principe relève du rapport entre potestas et dignitas : alors qu'un seul membre du couple détient le pouvoir, tous deux ont en partage la dignité de leur statut. On constate en effet très anciennement une forme de «quasi égalité» entre les logis des princes et des princesses, égalité qui laisse toutefois subsister assez de différence pour que le détenteur de la potestas se distingue de son consort, que le premier soit un homme ou une femme, comme ce fut parfois le cas en Angleterre, en Écosse, ou dans les Pays-Bas du Sud. En France, en dépit de la loi salique, quand la reine veuve, mère d'un fils mineur, est régente du royaume, son logis tend à égaler celui du roi.
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