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Critiques de Monique Thomassettie (8)
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Tlimiaslo

La maîtrise des mots, aucun doute là dessus, même si, mis à la suite les uns des autres, ils forment parfois juste un ensemble d'une musicalité certaine mais au sens perdu !

De la poésie aussi, il y a, mais une poésie mêlée de pseudo-profondeurs métaphysiques et philosophiques qui en gâche la résonance qui du coup n'est même plus induite.

Des histoires un peu embrouillées en plus, comme si certains passages étaient restés à l'état de brouillons. Brouillons posés là entre deux belles phrases, entre deux belles pensées parfois.

Des contes méditatifs et poétiques pour mieux comprendre la vie, pour arriver à mieux se percevoir, pour gérer nos souffrances et pour traverser d'une manière zen notre temps de passage sur terre. Ben là, je ne vois vraiment pas. Bon, je suis peut-être un peu hermétique à ce genre d'enseignement...

L'auteure vit certainement une vie intérieure très riche mais je ne suis pas convaincue que sa plume soit le meilleur support pour nous la faire partager.

Je suis déçue... J'attendais de la poésie et j'en ai peu trouvé et mon âme n'a pas été sensible à la prose de l'auteure
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Tlimiaslo

Tlimiaslo, un olni, objet à lire non identifié.



J’avais commencé un soir après le boulot et pendant les préparatifs du repas... et là j’ai soupiré, pfff, je vais avoir du mal à arriver au bout.



Quelques jours après, durant le week-end, j’étais fatiguée, un rien fiévreuse, me suis installée dans le divan sous une couette et alors la magie a opéré, me suis sentie entraînée vers l’envers du décor, invitée à découvrir d’autres horizons. Et j’ai terminé Tlimiaslo en une soirée… retrouvant le bien-être au fil de la lecture, j’étais bien, je flottais me laissant porter par les mots.



Textes poétiques, méditatifs, récits empreints de spiritualité voire d’un certain animisme, il est difficile de caractériser cet ouvrage.

Il est certain qu’il faut adopter un certain « lâcher prise » auquel l’auteur fait allusion à la 1ere page de la 1ere nouvelle, faut-il y voir un clin d’oeil au lecteur qui sera amené à faire de même pour savourer pleinement cette œuvre ?



L’auteur vous invite à un voyage intime, laissez vous entraîner, ouvrez votre conscience et vibrez.



Ces vibrations sont de nature à enrichir nos existences.

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Tlimiaslo

Tout d'abord, je tiens à remercier le site Babelio ainsi que la maison d'édition M.E.O (Mode Est-Ouest) pour l'opportunité qui m'a été offerte de découvrir ce recueil de nouvelles.



J'ai adoré le style d'écriture de l'auteure. Sa plume est très poétique, onirique parfois. Elle a un réel sens de l'esthétique que ce soit dans le choix de ses mots, des métaphores employées, des images décrites. Le thème des nouvelles tournent principalement autour de la création ; le point fort, c'est qu'elle ne cantonne pas cela qu'à la peinture ou à la musique, elle arrive à étendre ce domaine à d'autres compétences comme la science, le droit, l'éducation... De plus, on sent qu'elle sait de quoi elle parle ce que j'ai vraiment apprécié.



Par contre, le gros point noir : j'ai trouvé que chaque nouvelle manquait d'une histoire en fil conducteur des idées et ressentis développés ce qui est dommage. Du coup, j'ai eu la sensation que l'auteure essayait de faire passer un message, de transmettre son sentiment quant à sa passion ; malheureusement, la quasi-absence d'histoire a davantage donné la sensation de lire des anecdotes et j'ai trouvé que ça rendait le recueil assez impersonnel. J'ai bien aimé quelques nouvelles, notamment celle d'une large famille, mais il manquait une suite, elle n'était pas assez développée, à peine entrée dans l'histoire des personnages, leur passé, leur vie, leurs relations qu'on passe à autre chose, c'était frustrant.



Bref, un avis assez mitigé quant à ce recueil. Le style de l'auteure m'a plu, cependant, je n'ai pas accroché sur les nouvelles en elles-même.
Lien : http://psylook.kimengumi.fr/..
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Tlimiaslo

Avec Monique Thomassettie, nul ne sait où il embarque, sur quel esquif, ni pour quelle destination. Il ne reste qu’à se laisser emporter sur des flots mouvants, imprévisibles, jamais conventionnels. Amateurs de croisières balisées, vous ne trouverez pas ici vos fêtes all in. « Mon désarroi est un désert. Un désert où l’on n’a plus à combattre, combattre pour mieux vivre. À son horizon se lève lentement une froide lueur. / Cette passivité, d’aucuns l’appellent “lâcher-prise”. Dois-je lâcher ce que j’ai, l’espace d’une création, non pris, mais saisi ? / Si j’ai pris, c’est une conscience. J’ai pris conscience, et cette conscience m’a peu à peu menée au seuil de ce désert. » s’analyse la narratrice, en plein désarroi existentiel et artistique, de “La serpe et le burin”, le texte qui introduit le recueil.

Nous voici prévenus. Encore que, à travers un dialogue entre les “Virgile gardiens” de l’artiste, grâce au travail d’un burin et d’une serpe, le texte se clôture, au-delà d’un “déluge purificateur”, sur un “Plein sourire / Plein soleil qui pénètre la terre jusqu’en son noyau aimantant”.

“T-li-mi-a-slo”, ultimes syllabes prononcées par sa mère avant de mourir en couches, selon son habitude d’inventer airs et bribes de paroles pour rythmer ses tâches ménagères, est devenu le deuxième nom de Lyra. Devant la maison natale, un arbre coupé, à la souche devenue table, a continué de bourgeonner, se faisant œuvre d’art et finissant par remplacer la maison elle-même. Revenue sur les lieux de son enfance, Tlimiaslo, désormais poète, y médite sur les sources de son art…

Impossible de raconter ces textes, impossible même de les cataloguer. Nouvelles ? Mises en scène de méditations poétiques ? On y croise la petite Claire de la gare chère à Paul Delvaux, qui projette sur les trams de son existence actuelle les trains qui l’ont bercée enfant. Devenue elle-même peintre, méditant sur les souffrances infligées à des enfants, elle retrouve sa gare. “Pour ces enfants meurtris, Claire dessinera (…) l’histoire d’un petit oiseau dont les ailes furent tant abîmées qu’il ne put plus voler. Devenu funambule, il sautille maintenant sur des fils invisibles, des fils spatiaux qui relient les âmes”.

Une femme qui manque son rendez-vous au festival du film d’amour de Mons, une écrivain un tantinet parano, une artiste que la non-reconnaissance confronte à la folie, les réflexions d’une jeune femme sur “L’origine du monde” de Gutave Courbet, une guide touristique laissant errer son commentaire, une étudiante élaborant une thèse “De Javert à Maigret” et discutant en rêve avec Dieu, sont tremplins pour nous faire bondir dans l’essence de l’art. Et, à travers l’art, dans l’essence de la vie.

L’ouvrage se clôture par la saga d’une famille, suivie sur quatre générations, où des savants donnent naissance à des musiciens, où des liens entre les êtres, non sus des uns et des autres, noués puis dénoués par la guerre, finissent par converger dans la descendance.

Impossible de raconter, disais-je. Du moins sans réduire, puisque tout détail, tant concret qu’abstrait, est ici indispensable, qu’il nous faut sans cesse glisser d’une narration à une intuition, d’une intuition à une pensée, d’une pensée à une perception spirituelle, mais avec une rigueur dans cet enchaînement, qui ne se découvre qu’ensuite, lorsqu’on sort du livre et se prend à en rêver pour mieux y revenir.

Livre rare, presque incongru dans un monde où “ lire” n’éveille l’intérêt qu’associé à “fureur” et “mots” que dans le cadre d’un “marathon”. Nulle fureur, ici, nul marathon, mais une incitation à s’asseoir, contempler, méditer, baignant dans une douce mélancolie, maîtrisée, qui par instants confine au bonheur.

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Les doigts de chèvrefeuille de la nuit

Constitué de trois suites poétiques (« Ivresse de roses », « Les doigts de chèvrefeuille de la nuit » et « Améthyste élégie ») suivies d’un dialogue (« Rêve ») dont l’auteur nous dit qu’il a été imaginé à partir d’un rêve réel, ce nouveau recueil est un jalon de plus dans la mise en art de ses méditations, qui s’affirme depuis son premier ouvrage comme la voie spirituelle de Monique Thomassettie.

Une voie spirituelle ancrée dans la réalité du monde.

En première couverture, un pastel de l’auteur (qui est aussi peintre). Une femme accroupie semble y écarter de la main la prétention d’un monstre (ou s’agit-il d’un dieu, d’un tyran, de la pensée unidimensionnelle qui menace notre monde ?) à imposer sa loi. Aussi frêle que se sente l’auteur, aussi menacée, elle se veut libre. Une liberté qui se retrouve dans sa poésie, farouchement personnelle, fermement à l’écart des chapelles et des modes.

Ne fût-ce qu’oser le mot « rose », quasiment banni de la poésie française contemporaine après avoir été symbole poétique par excellence (et de l’être toujours dans nombre de poésies étrangères, moins soumises aux oukases ; il n’est pas étonnant que Monique Thomassettie, nous dit l’éditeur, soit appréciée en Croatie ou en Bosnie).

« La perte est la pensée / qui plie et plisse / non sans narguer / des parfums de roses / Les enchevêtre aux mots / afin de leur donner cher / Puis ouvre les pétales // C’est la tentation épanouie / d’une pensée qui s’offre. »

Fusion de la méditation, de la sensualité, de la présence au concret du monde, mais dans ce qu’il a de plus subtil.

De plus menacé, aussi : et l’auteur de citer « l’Élégie contre les bûcherons de la forêt de Gastine », ce texte de Ronsard, oublié pour avoir été trop rabâché, qui nous semble aujourd’hui tellement prémonitoire.

« A tant de bûcherons / il fut demandé d’arrêter le bras ! / Qu’aujourd’hui ils rafraîchissent / leur tête enflée de faux calculs / dans les eaux froides encore / des deux pôles fondant // S’il m’arrive de déraciner / respectueusement l’arbre, / je ne le coupe pas // Proche est l’heure / d’une vaste élégie »

Poésie animiste, animée, où se mêlent et s’appellent sensations et pensées, amour et angoisse, visions (au sens de : visionnaire) et prémonitions.

« En mon nocturne fleuri / deux graines laconiques / ont germé / en énigmatiques / et généreux chèvrefeuilles // Deux notes complexes / m’ont alors offert / un concert innombrable // De multiples voix / ont invité la mienne »

Poésie à la fois ample et intime, l’intimité de la perception ouvrant sur l’immensité de l’univers, l’immensité de l’univers éveillant l’intimité de la perception.

« L’insaisissable est appel // Course folle / après des nuages // Libre dans les champs d’azur / et d’herbe sauvage // Courir et emplir / sa pensée / de son souffle cadencé / du battement de son cœur accéléré // Puis tendre au ciel / une coupe de souffle / et de sages soupirs »

Dans le dialogue qui clôture le livre, l’homme créé par le rêve se matérialise et dialogue avec la femme qui l’a rêvé, dont il est émanation. Permanent court-circuit entre les diverses strates du réel et leur résonance dans celles de la création, entre les diverses strates de la création et leur résonance dans celles du réel.

« Quel merveilleux rêve… Énigmatique… Le merveilleux est-il proportionnel à l’énigme ? Deux énigmes, deux questions… Cet homme, qui est-il ? Quelle est sa compréhension de mon histoire ? Le merveilleux se trouve d’abord dans la transformation du vent en air musical, puis dans l’incarnation de cette musique en homme… (Elle se lève). Le merveilleux ira-t-il jusqu’à me présenter cet homme, le faire apparaître dans ma vie éveillée ? Mais ce rêve me semble plus éveil que mon réveil ignorant… L’ignorance est sans merveille ! »

Et cette chute, en guise de conclusion :

« La femme (A part elle) : Le réel de mon rêve sera-t-il ignorance et oubli ? Ou bien mon réveil sera-t-il un merveilleux éveil ? Le rêve, au risque du réel…

L’homme (Il s’approche d’elle) : J’entends ta pensée… Seul ton cœur pourra te répondre…

La femme : Et le tien… »

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L'âme dénouée

Ils sont rares, les écrivains qui parviennent à faire passer dans leurs livres une spiritualité authentique débarrassée des carcans religieux, sans toutefois se couper des sources mythiques abreuvant les religions.

Monique Thomassettie est de ceux-là. D’ouvrage en ouvrage, elle élabore une œuvre singulière, aux confluents de la poésie, du conte, du récit intérieur et du théâtre, marquée par une symbolique profondément vécue, personnelle et originale, mais qui recoupe et revisite en permanence les grands archétypes.

« L’âme dénouée » en est un nouveau jalon.

Les personnages en sont pour la plupart des artistes. Albine, la poétesse des sonorités (« Un cœur symphonique »), enseigne à des enfants perturbés, les accompagnant sur leur chemin par un dialogue d’âme à âme ; celui-ci inspire à l’une de ses protégées une gestation interrogative sous la forme de poèmes (« L’Aile florale ») : « Si je me replie dans l’entre-deux / je rayonne dans l’entre-multiple / mes tenaces et résistantes / pensées / Le combat de mon rêve. » Une troupe de théâtre met en scène le rêve et la vie, l’espace-temps, le jeu et la réalité du monde, jusqu’à ce que le drame la rattrape… et lui offre le succès (« Denise, de mise »). Musiciens, acteurs et danseurs se jouent autant qu’ils ne jouent (« Un cœur constellé d’ombres et de clartés ») jusqu’à ce que le jeu suscite la vie, et plus encore ce qu’elle cèle. Une conteuse, un sculpteur, une conférencière, une pianiste… Tous sont passeurs de niveaux d’existence.

Si l’ouvrage porte la mention « Contes », l’auteur infiltre ceux-ci de poèmes, dialogues, réflexions philosophiques et spirituelles. Certains textes pourraient être qualifiés de nouvelles (comme « Aurore » où l’héroïne, visitant un pays ruiné par la guerre, y découvre l’amour avec son guide improvisé, jadis musicien, aujourd’hui ouvrier du bâtiment, « l’aidant à construire et reconstruire sa propre vie ravagée », tandis que son pays à elle bascule à son tour dans la guerre). En réalité, aucun tiroir ne convient à cette littérature inclassable, d’une richesse foisonnante, méditation poétique sur le rêve et le réel, sur les divers niveaux et sources de l’art et de la connaissance, qui ambitionne de « métamorphoser le chaos du monde en un foisonnement imagé ».

« Insoucieux / rêve le lys des champs / Si les champs deviennent de bataille, le lys meurt / son rêve demeure / Du lys dirai-je / la mort ? / ou le rêve ? La bataille ? / ou la fleur idéale ? / Choix poétique ? / La poésie n’est pas désertion / Le rêve est aussi compassion » (« L’aile florale »)

« Il n’est pas indispensable de saisir intellectuellement ce qui, en soi, touche ou a été touché. D’emblée, on entend, comprend, on donne ou reçoit, sans devoir d’analyse.

Animation, réanimation intérieure, intime viatique, miracle d’une plus qu’humaine insufflation.

En partie conscient, le créateur ne cerne donc pas toute son expression imagée, ses images vont le dépasser et l’entraîner dans une œuvre qu’il n’avait pas planifiée. Ce dépassement est sa créativité mobile, sa souplesse. » (« L’âme dénouée »)

À lire, et surtout à relire, tant il faut passer et repasser par ces chemins de métaphores, les méditer pour s’en imprégner.

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Mes bouteilles à la mer contenaient des tempêtes

Au commencement de la poésie est l’épopée. Achille au pied léger, Ulysse ou Gilgamesh, affrontant passions, destin, versatilité des dieux, forgent les mythes fondateurs de leur groupe et de l’humanité. Mais si leurs aventures nous font encore vibrer, c’est grâce à leur « mise en art », qui suscite l’émotion poétique.

Dans son œuvre, littéraire comme picturale, Monique Thomassettie renoue avec cette révélation de l’humain par le mythe poétisé. Mythe qu’elle forge ou plie à sa vision, tantôt inventant des héroïnes porteuses, tantôt féminisant les héros classiques (« Arielle », « Sisyphia »). Dans son nouvel opus « Mes bouteilles à la mer contenaient des tempêtes », elle réinvente Icare et Dédale à la lumière de trois de ses tableaux, qui nous sont présentés en couverture, ainsi que du chef-d’œuvre de Bruegel. D’où le sous-titre : « Chanson de geste ». « Espérant chevaucher le soleil / à l’heure plus accessible et douce / du couchant / Icarielle a glissé / à côté de son rêve ». La mer pour l’accueillir lui envoie « une vague perlée de lune / un toboggan ourlé d’écume ». Avalée par une bouteille, l’héroïne ressort en djinn, est reçue par un radeau, chevauche Pégase, glisse le long de l’arc-en-ciel… Rien d’anecdotique dans ces pérégrinations, chacune est méditation poétique sur ce qui baigne l’humain, le porte, le traverse et le constitue. La poésie est dès lors philosophie décapée, libérée du jargon. « Quand l’espace devient temps / les risques sont grands / de l’existence // Et le monde / en ses inextricables théorèmes / continue de se dédaliser ». Elle établit des ponts entre mythe et mystique : « La Terre mystique / se sait poussière / à ressusciter (…) La Mer mythique / aussi toujours / se recommence / Et ses déluges ! ». Et si l’auteur revendique « de n’avoir pas lu tous les livres », son chant épouse les grands textes mystiques de toutes les civilisations : « À l’école du Refus // Car il est des refus / qui ancrent l’ermite en son âme // Et quand l’ermite lève l’ancre / c’est pour naviguer / plus loin que le monde ».

Deux suites complètent le recueil. « Le poids des rêves », art poétique d’une ermite poète cherchant à faire comprendre comment la poésie jaillit de métamorphoses, glissements de sens, correspondances entre perceptions, sensations, intuitions, pensées, qu’elle contient et transcende en « légende collective ». Peine perdue : « Si un poète éternue / parce qu’il frissonne, / d’autres répéteront : atchoum / sans éprouver le frisson d’origine ». Condamnée à l’incompréhension, la poète l’assume grâce à l’humour et la pirouette : « Si farce il y a, / lui dit-elle, / c’est une juponnade / Ou pantalonnade / selon ma garde-robe ».

En clôture, dialoguent une harpe et la forêt qui lui a donné vie, en résonance avec les trois pièces d’un triptyque (dont les reproductions nous sont offertes). « Arbre déjà / j’aspirais à un autre état / Je n’aurais alors pu le définir / Mais devenue harpe / je le reconnus / Et je reconnus dans ma nouvelle voix / le ruissellement de la source / qui avait baigné mon pied »… Dialogue animiste et allégorique, deux autres facettes de cette poétesse, décidément inclassable.

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Mon beau cygne perlé

Pas facile, de présenter cette œuvre ! Tout commentaire serait ou paraphrase, ou réducteur. L’auteur l’appelle « conte », mais j’y vois plutôt un cheminement initiatique apparenté aux mythologies, provisoire aboutissement d’une démarche spirituelle, mystique autant que poétique. L’œuvre est d’ailleurs la suite et l’aboutissement d’une autre, « Un cœur symphonique », par laquelle s’ouvrait le recueil « L’âme dénouée ». Si la lecture de celle-ci n’est pas indispensable, elle n’en offre pas moins un éclairage précieux. Elle mettait en scène un écrivain, Albine, avatar de l’auteur, qui ne parvenait pas à donner son envol à un personnage resté pris dans les limbes de sa méditation. Celui-ci, Philipp, devient enfin le héros du présent conte, dans lequel, de temps à autre, réintervient Albine, pour rectifier son cheminement, orienter notre compréhension.

Comme tous les héros des contes, Philipp « Active » doit affronter des épreuves et vaincre une incarnation du mal, ici le tyran Ogrodoi. Impossible de narrer les péripéties. Ne prenons que l’origine du héros, issu de la sculptrice Miranda « Partage », qui l’a créé en modelant une de ses pensées dans l’argile originelle, et à laquelle en retour il insuffle vie par le présent d’un miroir aux étranges propriétés. Miranda l’accompagnera sous la forme de trois avatars : Vanessa la dramaturge somnambule, reine d’un rêve, autrefois délaissée par Philipp ; Emma la musicienne qui fuit l’Histoire, rencontrée nue dans la fontaine qu’a remplie ses larmes ; Flavia la danseuse flamboyante, experte en art amoureux. Quatre grâces, quatre éléments, réunis en une totalité féminine, et pourtant distincts.

Au fil de son périple, Philipp sera initié à la perplexité de Dieu et à son « impuissance panoramique », à la nature des Dieux et des dieux, et à bien d’autres choses : qu’avant même l’Univers existe « l’Entre », ou que « quand la totalité s’exerce en nous, elle nous fait danser ». Il lui faudra explorer un dédale en profondeur, escalader son pendant symétrique, le mont Eladèd. Il croisera un ermite, rencontrera un papillon, un cygne, un mandala, réconfortera un ange gardien déprimé qui s’attachera à ses pas. Il sera pris pour cible par une lanceuse de traits spirituels sous forme de couteaux qu’il devra éviter par la souplesse. Enfin, initié, il pourra, par la rectitude de son verbe, et assisté par le théâtre de ses protectrices, défaire – provisoirement – tous les tyrans Ogrodoi de tous les niveaux de conscience et d’existence.

L’ouvrage est composé en quatre partie, que l’on peut interpréter comme invitation au voyage, labyrinthe intérieur, affrontement du réel, chant de célébration, avant de s’apercevoir que tout est en tout et peut être inversé, jusqu’à fusionner dans la poésie les différents niveaux de notre être et de l’Être.

Dans les mythes classiques, les tribulations, les épreuves, les actes de héros manipulés par les dieux, sont narrés au premier degré. Libre au lecteur, à l’auditeur, au spectateur, d’en tirer ses interprétations (la psychanalyse en a fait son fond de commerce) ou de se tenir au niveau de l’histoire, qui peut se suffire à elle-même. Ici, par contre, les personnages m’apparaissent comme des pensées, des concepts, des visions poétiques, incarnés et animés certes, mais se mouvant en permanence dans le champ du rêve, de la méditation, voire de l’abstraction. Ce qui impose d’emblée un niveau philosophique et méditatif à la lecture, comme une échelle dont l’auteur aurait ôté le premier barreau. Mais telle est la hauteur de cette échelle que cette obligatoire enjambée, aussi ardue soit-elle parfois, obtient bientôt sa récompense.

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