AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Monique Wittig (72)


Monique Wittig
Il est fini le temps où nous demandions aux hommes - fût-ce des militants révolutionnaires - la permission de nous révolter.
Commenter  J’apprécie          60
Il y a quelque part une sirène. Son corps vert est couvert d'écailles. Son visage est nu. Les dessous de ses bras sont couleur d'incarnat. Quelquefois elle se met à chanter. Elles disent que de son chant on n'entend qu'un O continu. C'est ce qui fait que ce chant évoque pour elles, comme tout ce qui rappelle le O, le zéro ou le cercle, l'anneau vulvaire.
Commenter  J’apprécie          60
« Elles disent, tu es domestiquée, gavée, comme les oies dans la cour du fermier qui les engraisse. Elles disent, tu te pavanes, tu n’as d’autre souci que de jouir des biens que te dispensent des maîtres, soucieux de ton bien-être tant qu’ils y sont intéressés. Elles disent, il n’y a pas plus spectacle affligeant que celui des esclaves qui se complaisent dans leur état de servitude. Elles disent, tu es loin d’avoir la fierté des oiselles sauvages qui lorsqu’on les a emprisonnées refusent de couver leurs œufs. Elles disent, prends exemple sur les oiselles sauvages qui, si elles s’accouplent avec les mâles pour tromper leur ennui, refusent de se reproduire tant qu’elles ne sont pas en liberté. »
Commenter  J’apprécie          50
Elles disent qu'elles appréhendent leurs corps dans leur totalité. Elles disent qu'elles ne privilégient pas telle de ses parties sous prétexte qu'elle a été jadis l'objet d'un interdit. Elles disent qu'elles ne veulent pas être prisonnières de leur propre idéologie. Elles disent qu'elles n'ont pas été recueilli et développé les symboles qui dans les premiers temps leur ont été nécessaires pour rendre leur force évidente. Par exemple elles ne comparent pas les vulves au soleil à la lune aux étoiles. Elles ne disent pas que les vulves comme les soleils noirs dans la nuit éclatant.
Commenter  J’apprécie          50
Le petit garçon qui s'appelle Robert Payen entre dans la classe le dernier en criant qui c'est qui veut voir ma quéquette, qui c'est qui veut voir ma quéquette. Il est en train de reboutonner sa culotte. Il a des chaussettes en laine beige. Ma soeur lui dit de se taire, et pourquoi tu arrives toujours le dernier. Ce petit garçon qui n'a que la route à traverser et qui arrive toujours le dernier.
Commenter  J’apprécie          40
C'est que la catégorie de sexe est une catégorie totalitaire qui, pour prouver son existence, a ses inquisitions, ses cours de justice, ses tribunaux, son ensemble de lois, ses terreurs, ses tortures, ses mutilations, ses exécutions, sa police. Elle forme l'esprit tout autant que le corps puisqu'elle contrôle toute la production mentale. Elle possède nos esprits de telle manière que nous ne pouvons pas penser en-dehors d'elle. C'est la raison pour laquelle nous devons la détruire et commencer à penser au-delà d'elle si nous voulons commencer à penser vraiment, de la même manière que nous devons détruire les sexes en tant que réalités sociologiques si nous voulons commencer à exister.
Commenter  J’apprécie          40
QUICHOTTE : Considère bien, Panza, que ce qu'ils appellent folie, moi, je l'appelle réalité. (Pause.) Mais, me diras-tu, si tu es seule contre tous à penser que cette chose est réelle, n'est-ce pas la preuve que tu es folle ? (Pause.) En quoi, je te le demande, Panza, le fait que je sois seule contre tous à penser qu'une chose est réelle prouve que j'ai tort et eux, raison ? (Pause.) Ne peuvent-ils pas être tous fous pendant que je suis la seule raisonnable ?
Commenter  J’apprécie          30
Il est ridicule dans le monde d'avoir pitié des opprimés et le monde est ce qui dicte ce qu'une personne doit penser selon le goût du jour. Et pour le monde combattre l'injustice cela s'appelle se battre contre des moulins à vent ou donner des coups d'épée dans l'eau.
Commenter  J’apprécie          30
On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
Commenter  J’apprécie          30
Elles disent, esclave tu l'es vraiment si jamais il en fut. Ils ont fait de ce qui les différencie de toi le signe de la domination et de la possession. Elles disent, tu ne seras jamais trop nombreuse pour cracher sur le phallus, tu ne seras jamais trop déterminée pour cesser de parler leur langage, pour brûler leur monnaie d'échange leurs effigies leurs œuvres d'art leurs symboles. Elles disent, ils ont tout prévu, ta révolte ils l'ont d'avance baptisée révolte d'esclave, révolte contre nature, ils l'appellent révolte par laquelle tu veux t'approprier ce qui leur appartient, le phallus. Elles disent, je refuse désormais de parler ce langage, je refuse de marmotter après eux les mots de manque manque de pénis manque d'argent manque de signe manque de nom. Je refuse de prononcer les mots de possession et de non-possession. Elles disent, si je m'approprie le monde, que ce soit pour m'en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde. 
Commenter  J’apprécie          30
Je suis l'opoponax.
Commenter  J’apprécie          30
Il n'y a pas d'inscriptions sur les tertres pas de noms. Il tombe de la neige fondue. On enfonce dans la boue. Les coquelicots sont mouillés. On est debout, on serre les mains des parents de mademoiselle Caylus, On dit, les soleils couchants revêtent les champs les canaux la ville entière d'hyacinthe et d'or le monde s'endort dans une chaude lumière. On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
Commenter  J’apprécie          30
Chacun de nous est la somme des transformations effectuées par les mots.
Commenter  J’apprécie          20
« Elles disent, malédiction, c’est par la ruse qu’il t’a chassée du paradis de la terre, en rampant il s’est insinué auprès de toi, il t’a dérobé la passion de connaître dont il est écrit qu’elle a les ailes de l’aigle les yeux de la chouette les pieds du dragon. Il t’a faite esclave par la ruse, toi qui as été grande forte vaillante. Il t’a dérobé ton savoir, il a fermé ta mémoire à ce que tu as été, il as fait de toi celle qui n’est pas celle qui ne parle pas celle qui ne possède pas celle qui n’écrit pas, il a fait de toi une créature vile et déchue, il t’a baîllonée abusée trompée. Usant de stratagèmes, il a fermé ton entendement, il a tissé autour de toi un long textes de de défaites qu’il a baptisées nécessaires à ton bien-être, à ta nature.Il a inventé ton histoire. Mais le temps vient où tu écrases le serpent sous ton pied, le temps vient où tu peux crier, dressée, pleine d’ardeur et de courage, le paradis est à l’ombre des épées. »
Commenter  J’apprécie          20
Elsa Brauer dit quelque chose comme, il y a eu un temps où tu n'as pas été esclave, souviens-toi. Tu t'en vas seule, pleine de rire, tu te baignes le ventre nu. Tu dis que tu en as perdu la mémoire, souviens-toi. Les roses sauvages fleurissent dans les bois. Ta main se déchire aux buissons pour cueillir les mûres et les framboises dont tu te rafraîchis. Tu cours pour attraper les jeunes lièvres que tu écorches aux pierres des rochers pour les dépecer et les manger tout chauds et sanglants. Tu sais comment ne pas rencontrer un ours sur les pistes. Tu connais la peur l'hiver quand tu entends les loups se réunir. Mais tu peux rester assise pendant des heures sur le sommet des arbres pour attendre le matin. Tu dis qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce temps, tu dis qu'il n'existe pas. Mais souviens-toi. Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente.
Commenter  J’apprécie          20
"(...) On ne sait pas ce que c’est qu’un fantôme. On demande à mademoiselle ce que c’est qu’un fantôme. Elle dit que c’est un mort qui sort de sa tombe, qu’on sait que c’en est un parce qu’il y a son linceul par-dessus la tête, qu’il attend les gens pour leur sucer le sang à la gorge. On rit. Mais on n’est pas très sûr que Mademoiselle dise ça pour rire. (...)"
Monique WITTIG, L'opoponax, 1964, Minuit.
Commenter  J’apprécie          20
Et de fait, si l'on juge par les expressions de "désir" dont les hommes usent avec les femmes (viol, pornographie, meurtre, violence et humiliation systématique), ce n'est pas de désir dont il s'agit ici, mais plutôt d'un exercice de domination.
Commenter  J’apprécie          20
On ne sait pas ce que c’est qu’un fantôme. On demande à mademoiselle ce que c’est qu’un fantôme. Elle dit que c’est un mort qui sort de sa tombe, qu’on sait que c’en est un parce qu’il y a son linceul par-dessus la tête, qu’il attend les gens pour leur sucer le sang à la gorge. On rit. Mais on n’est pas très sûr que Mademoiselle dise ça pour rire.
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi folle exécrable m/a très chérie t'es-tu faite pierre alors que j/e taime si tendrement ? Tes cheveux châtains ont la raideur des fils de plomb, tes yeux marron sont les boules de verre d'une statue, à vouloir te faire revivre j/e m/e cogne la tête contre tes seins durs, le sang ne coule pas dans tes veines, l'air ne passe pas dans tes poumons, la bile, la lymphe la moelle les os les circuits nerveux tout est arrêté, ta vulve très douce à tenir dans m/es mains ne bat plus, tes nymphes sont rigides, ton
clitoris est un noyau dur, les parois de ton vagin sont jointes et scellées.
p. 24
Commenter  J’apprécie          10
On est debout, on serre les mains des parents de mademoiselle Caylus. On dit, les soleils couchants revêtent les champs les canaux la ville entière d'hyacinthe et d'or le monde s'endort dans une chaude lumière. On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
LirekaFnacAmazonRakutenCultura

Lecteurs de Monique Wittig (379)Voir plus

Quiz Voir plus

L'horreur du papier à l'écran.

Qui a écrit Shining, l'enfant lumière, qui a donné sa base au film de Stanley Kubrick?

Clive Barker
Stephen King
Dean Koontz
John W Campbell

9 questions
123 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..