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Citations de Monique Wittig (91)


(Dis-moi, Manastabal mon guide, depuis quand les anges ont-ils un sexe ? On m'a toujours dit pourtant qu'ils n'en avaient pas. Je peux d'ici même distinguer clairement leurs vulves quoiqu'on ne met pas appris à le faire dans mon jeune âge et que par la suite on ait voulu me faire croire qu'elles étaient invisibles.)
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PRISONNIÈRE 1 : Tu fais erreur, chevalier. Ce n'est pas ma vertu mais ma fermeté qui a été condamnée.
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Oreythya avec Antiope, Cleite avec Penthésilée, Myrine avec Lybia, Méduse avec Athéna, Camille avec Acca, Ana avec Artémise, Larina avec Tulla.
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«  (…) le genre et la mise en vigueur de la catégorie de sexe dans le langage , il a la même fonction que la déclaration de sexe dans le statut civil. (…) Sous la domination de genre, la catégorie de sexe imprègne tout le corps du langage et force chaque locuteur s'il en est une , à proclamer son sexe physique (sociologique) c'est-à-dire apparaît dans le langage représenté sous une forme concrète et non sous la forme abstraite la généralisation nécessite, celle que tout locuteur masculin a le droit inquestionnable d'utiliser. La forme abstraite, le général, l'universel , c'est bien ce que le prétendu genre masculin grammatical veut dire. Historiquement, on peut constater que la classe des hommes s'est approprié l'universel et la possibilité de le manipuler à son compte sans qu'il semble même y avoir abus de pouvoir, en somme « naturellement « . Il faut bien comprendre que les hommes ne sont pas né avec une capacité pour l'universel qui ferait défaut aux femmes à la naissance, réduites qu'elles seraient par constitution au spécifique et aux particuliers. Que l'universel a été approprié historiquement soit. Mais un fait de telle importance en ce qui concerne l'humanité n'est pas fait une fois pour toutes. il se refait, se fait sans cesse, à chaque moment , il a besoin de la contribution active, hic et nunc, de l'ensemble des locuteurs pour prendre effet sans relâche. Il s'agit d'un acte perpétré par une classe contre l'autre et c'est un acte criminel. (…)
Le genre nuit énormément aux femmes dans l'exercice du langage. » La marque du genre, chapitre 9.
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« L’idée qui m’importe ici, c’est qu’avant le conflit ( la révolte, la lutte) il n’y a pas de catégories d’opposition mais seulement des catégories de différence. Et ce n’est qu’au moment où la lutte éclate que la violence des oppositions et e caractère politique des différences deviennent manifestes. Car aussi longtemps que les oppositions ( les différences) ont l’air d’être données, d’être déjà là, «  naturelles », précédant toute pensée – tant qu’il n’y a ni conflit ni lutte – il n’y a pas de dialectique, il n’y a pas de changement, pas de mouvement.
La pensée dominante refuse de se retourner sur elle-même pour appréhender ce qui la remet en question. » Chapitre I .La catégorie de sexe.
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Elsa Brauer dit quelque chose comme, il y a eu un temps où tu n'as pas été esclave, souviens-toi. Tu t'en vas seule, pleine de rire, tu te baignes le ventre nu. Tu dis que tu en as perdu la mémoire, souviens-toi. Les roses sauvages fleurissent dans les bois. Ta main se déchire aux buissons pour cueillir les mûres et les framboises dont tu te rafraîchis. Tu cours pour attraper les jeunes lièvres que tu écorches aux pierres des rochers pour les dépecer et les manger tout chauds et sanglants. Tu sais comment ne pas rencontrer un ours sur les pistes. Tu connais la peur l'hiver quand tu entends les loups se réunir. Mais tu peux rester assise pendant des heures sur le sommet des arbres pour attendre le matin. Tu dis qu'il n'y a pas de mots pour décrire ce temps, tu dis qu'il n'existe pas. Mais souviens-toi. Fais un effort pour te souvenir. Ou, à défaut, invente.
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"(...) On ne sait pas ce que c’est qu’un fantôme. On demande à mademoiselle ce que c’est qu’un fantôme. Elle dit que c’est un mort qui sort de sa tombe, qu’on sait que c’en est un parce qu’il y a son linceul par-dessus la tête, qu’il attend les gens pour leur sucer le sang à la gorge. On rit. Mais on n’est pas très sûr que Mademoiselle dise ça pour rire. (...)"
Monique WITTIG, L'opoponax, 1964, Minuit.
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Et de fait, si l'on juge par les expressions de "désir" dont les hommes usent avec les femmes (viol, pornographie, meurtre, violence et humiliation systématique), ce n'est pas de désir dont il s'agit ici, mais plutôt d'un exercice de domination.
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On ne sait pas ce que c’est qu’un fantôme. On demande à mademoiselle ce que c’est qu’un fantôme. Elle dit que c’est un mort qui sort de sa tombe, qu’on sait que c’en est un parce qu’il y a son linceul par-dessus la tête, qu’il attend les gens pour leur sucer le sang à la gorge. On rit. Mais on n’est pas très sûr que Mademoiselle dise ça pour rire.
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Pour nous, la sexualité n'entretient qu'une lointaine relation avec l'hétérosexualité à partir du moment où cette dernière est dominée par sa finalité ultime, la reproduction, et à partir du moment où l'exercice obligatoire de l'hétérosexualité, loin d'avoir comme but l'épanouissement sexuel des individus, assure un contrôle absolu sur leurs personnes physiques. Les homosexuels ont en commun avec les femmes le fait de n'être que "sexe". Les homosexuels et les femmes ont été exclus de l'humanité.
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Ces règles et ces conventions rendent la vie possible comme on doit respirer pour vivre. En fait, les conventions sociales et le langage font apparaître avec une ligne en pointillé le corps du contrat social désignant ainsi l'hétérosexualité. Pour moi les deux termes de contrat social et d'hétérosexualité sont superposables, ce sont deux notions qui coïncident. Et vivre en société c'est vivre en hétérosexualité.
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Elles disent, tu es rapide comme Gurada la messagère, aux ailes et aux pattes d'hirondelle, qui a dérobé au ciel l'ambroisie et le feu. Elles disent, tu peux comme Esée dérober le pouvoir sur la vie et la mort et devenir comme elle universelle. Elles disent, tu t'avances avec le disque du soleil sur la tête, comme Othar au visage doré qui représente l'amour et la mort. Elles disent, dans ta colère, tu exhortes Out, qui tient le ciel et dont les doigts touchent la terre, à crever la voûte céleste. Elles disent, comme Itaura vaincue, tu réajustes les deux moitiés de ton corps, ciel et terre, debout tu vas en hurlant, en créant des monstres à chaque pas. Elles disent, tu sautes sur les cadavres, les yeux injectés de sang, la langue tirée, les dents en crocs, les paumes des mains rouges, les épaules ruisselant de sang, portant des colliers de crânes, des cadavres à tes oreilles, des guirlandes de serpents autour de tes bras, tu sautes sur les cadavres.
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De l'armée de Sporphyre il est dit qu'elle s'avance comme Koo, superbe, féroce, chevauchant un tigre, belle de visage. Elles disent de l'armée de Wou qu'elle est toujours sur pied de guerre comme Sseu-Kouan aux onze têtes, aux multiples bras, qui porte un œil sur chacune de ses paumes.
Celles de Perségame vont par plusieurs, semant le désordre et la confusion, déchaînant autour d'elles le désir de l'orgasme comme Obel à la tête de chat. Elles disent que dans les troupes ennemies certaines s'infiltrent, le corps peint, bleues et jaunes, semeuses de défaites, comme les Seumes cruelles. D'Apone, les cavalières ont appris à se tenir fermes sur les chevaux et le soin des campements. Celles de Gathma se disent aptes à détruire les ennemis comme Segma à la tête de lionne, la bien nommée, la puissante, la buveuse de sang.
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Les Ophidiennes les Odonates les Oogones les Odoacres les Olynthiennes les Oolithes les Omphales celles d'Ormur celles d'Orphise les Oriennes ont passé à l'attaque, rassemblées.
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Elles se tiennent au-dessus des remparts, le visage couvert d'une poudre brillante.
On les voit sur tout le tour de la ville, ensemble, chantant une espèce de chant de deuil. Les assiégeants sont près des murs, indécis. Elles alors, sur un signal, en poussant un cri terrible, déchirent tout d'un coup le haut de leurs vêtements, découvrant leurs seins nus, brillants.
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Elles disent qu'elles ont appris à compter sur leurs propres forces. Elles disent qu'elles savent ce qu'ensemble elles signifient. Elles disent, que celles qui revendiquent un langage nouveau apprennent d'abord la violence. Elles disent, que celles qui veulent transformer le monde s'emparent avant tout des fusils. Elles disent qu'elles partent de zéro. Elles disent que c'est un monde nouveau qui commence.
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Elles disent, je refuse désormais de parler ce langage, je refuse de marmotter après eux les mots de manque manque de pénis manque d'argent manque de signe manque de nom. Je refuse de prononcer les mots de possession et de non-possession. Elles disent, si je m'approprie le monde, que ce soit pour m'en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde.
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Tous les opprimés le connaissent et ont eu affaire à ce pouvoir, c'est celui qui dit : tu n'as pas le droit à la parole parce que ton discours n'est pas scientifique, pas théorique, tu te trompes de niveau d'analyse, tu confonds discours et réel, tu tiens un discours naïf, tu méconnais telle ou telle science, tu ne dis pas ce que tu dis.
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On est debout, on serre les mains des parents de mademoiselle Caylus. On dit, les soleils couchants revêtent les champs les canaux la ville entière d'hyacinthe et d'or le monde s'endort dans une chaude lumière. On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
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Gouine, l'origine de ce mot, suivant Eila Swan, est à chercher dans le mot queen qui signifie reine (...) Il y a eu , en effet, une coutume en Gaule qui consistait à élire comme reine les amantes les plus valeureuses... Plus tard ,elles ont été appelées queens par dérision, puis sales queens, ce qui, déformé, fait sales gouines et on leur a coupé le cou dans ces temps obscurs où il ne faisait pas bon être reine, ni amante.

Gouines rouges : le glorieux groupes d'amantes qui vivent en Gaule et qui ont découvert la poudre dite d'escampette se sont appelées « les gouines rouges » par pure modestie.
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