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Citations de Monique Wittig (91)


Monique Wittig
Il est fini le temps où nous demandions aux hommes - fût-ce des militants révolutionnaires - la permission de nous révolter.
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Elles disent, tu es domestiquée, gavée, comme les oies dans la cour du fermier qui les engraisse. Elles disent, tu te pavanes, tu n’as d’autre souci que de jouir des biens que te dispensent des maîtres, soucieux de ton bien-être tant qu’ils y sont intéressés. Elles disent, il n’y a pas plus spectacle affligeant que celui des esclaves qui se complaisent dans leur état de servitude. Elles disent, tu es loin d’avoir la fierté des oiselles sauvages qui lorsqu’on les a emprisonnées refusent de couver leurs œufs. Elles disent, prends exemple sur les oiselles sauvages qui, si elles s’accouplent avec les mâles pour tromper leur ennui, refusent de se reproduire tant qu’elles ne sont pas en liberté.
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« Elles disent, tu es domestiquée, gavée, comme les oies dans la cour du fermier qui les engraisse. Elles disent, tu te pavanes, tu n’as d’autre souci que de jouir des biens que te dispensent des maîtres, soucieux de ton bien-être tant qu’ils y sont intéressés. Elles disent, il n’y a pas plus spectacle affligeant que celui des esclaves qui se complaisent dans leur état de servitude. Elles disent, tu es loin d’avoir la fierté des oiselles sauvages qui lorsqu’on les a emprisonnées refusent de couver leurs œufs. Elles disent, prends exemple sur les oiselles sauvages qui, si elles s’accouplent avec les mâles pour tromper leur ennui, refusent de se reproduire tant qu’elles ne sont pas en liberté. »
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Et - raisonne, explique-toi raconte toi - si le bonheur c’est la possession de quelque chose, alors tends à ce bonheur souverain - mourir.
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Elles disent qu'elles appréhendent leurs corps dans leur totalité. Elles disent qu'elles ne privilégient pas telle de ses parties sous prétexte qu'elle a été jadis l'objet d'un interdit. Elles disent qu'elles ne veulent pas être prisonnières de leur propre idéologie. Elles disent qu'elles n'ont pas été recueilli et développé les symboles qui dans les premiers temps leur ont été nécessaires pour rendre leur force évidente. Par exemple elles ne comparent pas les vulves au soleil à la lune aux étoiles. Elles ne disent pas que les vulves comme les soleils noirs dans la nuit éclatant.
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Il y a quelque part une sirène. Son corps vert est couvert d'écailles. Son visage est nu. Les dessous de ses bras sont couleur d'incarnat. Quelquefois elle se met à chanter. Elles disent que de son chant on n'entend qu'un O continu. C'est ce qui fait que ce chant évoque pour elles, comme tout ce qui rappelle le O, le zéro ou le cercle, l'anneau vulvaire.
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Le petit garçon qui s'appelle Robert Payen entre dans la classe le dernier en criant qui c'est qui veut voir ma quéquette, qui c'est qui veut voir ma quéquette. Il est en train de reboutonner sa culotte. Il a des chaussettes en laine beige. Ma soeur lui dit de se taire, et pourquoi tu arrives toujours le dernier. Ce petit garçon qui n'a que la route à traverser et qui arrive toujours le dernier.
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C'est que la catégorie de sexe est une catégorie totalitaire qui, pour prouver son existence, a ses inquisitions, ses cours de justice, ses tribunaux, son ensemble de lois, ses terreurs, ses tortures, ses mutilations, ses exécutions, sa police. Elle forme l'esprit tout autant que le corps puisqu'elle contrôle toute la production mentale. Elle possède nos esprits de telle manière que nous ne pouvons pas penser en-dehors d'elle. C'est la raison pour laquelle nous devons la détruire et commencer à penser au-delà d'elle si nous voulons commencer à penser vraiment, de la même manière que nous devons détruire les sexes en tant que réalités sociologiques si nous voulons commencer à exister.
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QUICHOTTE : Considère bien, Panza, que ce qu'ils appellent folie, moi, je l'appelle réalité. (Pause.) Mais, me diras-tu, si tu es seule contre tous à penser que cette chose est réelle, n'est-ce pas la preuve que tu es folle ? (Pause.) En quoi, je te le demande, Panza, le fait que je sois seule contre tous à penser qu'une chose est réelle prouve que j'ai tort et eux, raison ? (Pause.) Ne peuvent-ils pas être tous fous pendant que je suis la seule raisonnable ?
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Il est ridicule dans le monde d'avoir pitié des opprimés et le monde est ce qui dicte ce qu'une personne doit penser selon le goût du jour. Et pour le monde combattre l'injustice cela s'appelle se battre contre des moulins à vent ou donner des coups d'épée dans l'eau.
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On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
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« Elles disent, malédiction, c’est par la ruse qu’il t’a chassée du paradis de la terre, en rampant il s’est insinué auprès de toi, il t’a dérobé la passion de connaître dont il est écrit qu’elle a les ailes de l’aigle les yeux de la chouette les pieds du dragon. Il t’a faite esclave par la ruse, toi qui as été grande forte vaillante. Il t’a dérobé ton savoir, il a fermé ta mémoire à ce que tu as été, il as fait de toi celle qui n’est pas celle qui ne parle pas celle qui ne possède pas celle qui n’écrit pas, il a fait de toi une créature vile et déchue, il t’a baîllonée abusée trompée. Usant de stratagèmes, il a fermé ton entendement, il a tissé autour de toi un long textes de de défaites qu’il a baptisées nécessaires à ton bien-être, à ta nature.Il a inventé ton histoire. Mais le temps vient où tu écrases le serpent sous ton pied, le temps vient où tu peux crier, dressée, pleine d’ardeur et de courage, le paradis est à l’ombre des épées. »
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« Je refuse de prononcer les mots de possession et de non-possession.Elles disent, si je m’approprie le monde, que ce soit pour m’en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde. »
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Elles disent, esclave tu l'es vraiment si jamais il en fut. Ils ont fait de ce qui les différencie de toi le signe de la domination et de la possession. Elles disent, tu ne seras jamais trop nombreuse pour cracher sur le phallus, tu ne seras jamais trop déterminée pour cesser de parler leur langage, pour brûler leur monnaie d'échange leurs effigies leurs œuvres d'art leurs symboles. Elles disent, ils ont tout prévu, ta révolte ils l'ont d'avance baptisée révolte d'esclave, révolte contre nature, ils l'appellent révolte par laquelle tu veux t'approprier ce qui leur appartient, le phallus. Elles disent, je refuse désormais de parler ce langage, je refuse de marmotter après eux les mots de manque manque de pénis manque d'argent manque de signe manque de nom. Je refuse de prononcer les mots de possession et de non-possession. Elles disent, si je m'approprie le monde, que ce soit pour m'en déposséder aussitôt, que ce soit pour créer des rapports nouveaux entre moi et le monde. 
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Je suis l'opoponax.
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Il n'y a pas d'inscriptions sur les tertres pas de noms. Il tombe de la neige fondue. On enfonce dans la boue. Les coquelicots sont mouillés. On est debout, on serre les mains des parents de mademoiselle Caylus, On dit, les soleils couchants revêtent les champs les canaux la ville entière d'hyacinthe et d'or le monde s'endort dans une chaude lumière. On dit, tant je l'aimais qu'en elle encore je vis.
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Quichotte a juré de combattre l'injustice partout où elle la rencontrerait. Or la réparation de l'injustice apparaît pour le monde beaucoup plus embarrassante que l'injustice elle-même. Elle fait apparaître l'injustice au grand jour, ce qui pour le monde est parfaitement de mauvais goût. Les victimes elles-mêmes si elles veulent trouver grâce aux yeux du monde doivent non seulement taire le traitement dont elles font l'objet mais encore renier et dénier bien haut qui les défend, les faire passer pour des ridicules. De là viennent tous les déboires de Quichotte et non pas de l'inexistence de ce qu'elle combat.
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Ils écrivent de ce droit de donner des noms qu’il va si loin que l’on peut considérer l’origine du langage comme un acte d’autorité émanant de ceux qui dominent Ainsi ils disent qu’ils ont dit, ceci est telle ou telle chose, ils ont attaché à un objet et à un fait tel vocable et par là ils se le sont pour ainsi dire appropriés. Elles disent, ce faisant ils ont gueulé hurlé de toutes leurs forces pour te réduire au silence. Elles disent, le langage que tu parles t’empoisonne la glotte le langage le palais les lèvres. Elles disent le langage que tu parles est fait de mots qui te tuent. Elles disent, le langage que tu parles est fait de signes qui à proprement parler désignent ce qu’ils se sont appropriés. Ce sur quoi ils n’ont pas mis la main, ce sur quoi ils n’ont pas fondu comme des rapaces aux yeux multiples, cela n’apparaît pas dans le langage que tu parles. Cela se manifeste juste dans l’intervalle que les maîtres n’ont pas pu combler avec leurs mots de propriétaires et de possesseurs, cela peut se chercher dans la lacune, dans tout ce qui n’est pas la continuité de leurs discours, dans le zéro, le O, le cercle parfait que tu inventes pour les emprisonner et pour les vaincre.
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Pourquoi folle exécrable m/a très chérie t'es-tu faite pierre alors que j/e taime si tendrement ? Tes cheveux châtains ont la raideur des fils de plomb, tes yeux marron sont les boules de verre d'une statue, à vouloir te faire revivre j/e m/e cogne la tête contre tes seins durs, le sang ne coule pas dans tes veines, l'air ne passe pas dans tes poumons, la bile, la lymphe la moelle les os les circuits nerveux tout est arrêté, ta vulve très douce à tenir dans m/es mains ne bat plus, tes nymphes sont rigides, ton
clitoris est un noyau dur, les parois de ton vagin sont jointes et scellées.
p. 24
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Chacun de nous est la somme des transformations effectuées par les mots.
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