AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Monique Wittig (51)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Guérillères

🐚Chronique🐚



Elles me disent

Les couleurs du jour et de la nuit

Les nuances de femmes, leurs auréoles

Les senteurs, les saveurs, Les Échos

Les ombres, les vibrations, les tremblements



Elles me disent

Les silences, le O, le zéro, le cercle

La phrase, la poésie, les féminaires

Le chant, la voix, la répétition

La lune, les fleurs, les tambours



Elles me disent

L’histoire, les oppresseurs, le combat

Les efforts, la détermination, la vaillance

La colère, la rage, la prison, le piège

Les loups, les armes le chaos et la fureur



Elles me disent

Leurs prénoms de femmes

Précieux comme des talismans

Elles portent le mien, celui de ma fille

De ma cousine, de ma voisine, de mon amie

De toutes les Soeurs que je serai amenée

À connaître, à aimer, à invoquer, à aider

Dans le cercle émancipateur de la Sororité

Qu’elles imaginent, forgent, protègent

Défendent, espèrent, construisent…



Elles me disent

Et j’écoute avec attention

Les Guérillèrres, ces déesses

La violence qu’elles revendiquent

La poésie qu’elles soutiennent

La liberté qu’elles portent aux nues

La justice qu’elles conditionnent

Le féminin qu’elles incarnent

La force qu’elles possèdent

Les lendemains qu’elles travaillent

Le nouveau point zéro qui commence



Et mon cœur vibre, palpite, tambourine

S’éprend de tous leurs mots, leurs beautés

Leurs puissances, leurs possibles, leurs Chaleurs, leurs jouissances, leurs volontés

Et de tout cœur et âme, je chante avec Elles!


Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          230
Les Guérillères

"Les Guérillères" de Monique Wittig est un roman unique en son genre. Publié en 1969, il s'agit d'une épopée féministe qui raconte l'histoire d'un groupe de femmes en guerre contre un système patriarcal oppressif.



Le roman est écrit dans un style poétique et incantatoire. Wittig utilise un langage subversif et invente un pronom neutre, "elles", pour désigner les femmes. Ce choix linguistique radical vise à déconstruire les structures patriarcales du langage et à créer un nouvel espace de liberté pour les femmes.



L'histoire se déroule dans un univers symbolique et onirique. Le camp des guerrières est une oasis de liberté et de sororité, où les femmes vivent en harmonie avec la nature. Elles s'entraînent au combat, chantent des poèmes et célèbrent leur puissance collective.



"Les Guérillères" est un livre révolutionnaire qui a marqué l'histoire du féminisme. Il propose une vision radicale de la libération des femmes et appelle à la destruction du système patriarcal.



En conclusion, "Les Guérillères" est un livre important et audacieux qui continue d'inspirer les féministes aujourd'hui. Il est un classique de la littérature française et un incontournable pour quiconque s'intéresse aux questions de genre et de pouvoir.
Commenter  J’apprécie          190
Les Guérillères

Une communauté de femmes vit libre, autonome, heureuse. Leur sexualité est puissante, joyeuse et confiante. Utérus, vagin, vulve, nymphe et clitoris sont fêtés comme les merveilles qu'elles sont. « Elles disent qu'elles exposent leurs sexes afin que le soleil s'y réfléchisse comme dans un miroir. Elles disent qu'elles retiennent son éclat. » (p. 24) Ces femmes s'instruisent en lisant des féminaires et en se racontant de mythiques histoires de résistance et de libération. « Elles parlent ensemble du danger qu'elles ont été pour ce pouvoir, elles racontent comment on les a brûlées sur des bûchers pour les empêcher à l'avenir de s'assembler. » (p. 123) Hélas, une fois encore, elles doivent s'armer pour se défendre des hommes qui voudraient les asservir, les dominer, les contenir et les soumettre à leurs désirs et leurs règles.



Dans cette utopie où les femmes sont des amazones d'un nouveau temps, Monique Wittig en appelle à la sororité et à l'alliance des femmes dans un monde où jamais leurs droits et leur liberté ne sont définitivement acquis. Ce texte est un incontournable de la pensée féministe et il était temps que je le lise. L'amie qui me l'a offert y a ajouté un très beau message. À mon tour, je veux le faire circuler et ne jamais cesser de dire haut et fort les noms des femmes, qu'elles soient illustres ou anonymes.
Commenter  J’apprécie          170
La Pensée straight

Un pilier. Un monument. La genèse. Essai politique, sociologique, incontournable, fondamental.

«  Ce texte pose l’hétérosexualité en tant qu’institution politique à l’intérieur du patriarcat. » Louise Turcotte, La révolution d’un point de vue, préface.

Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          112
Les Guérillères

Les premières pages de ce livre m'ont un peu déconcertée: mise en page s'éloignant du canon du genre, manque de mise en place du récit, et puis les vilaines habitudes dans lesquelles on peut s'enkyster en tant que lecteur, à avoir l'habitude que l'auteur nous serve tout tout cru dans le bec!

Ceci passé, je suis devenue totalement fascinée par Les Guérillères, mélange de chant et de poésie épique, d'appel antique et de complaintes saphiques, de chants guerriers et d'ode à la construction d'un monde meilleur. C'est fort difficile, voire impossible à résumer, c'est un récit entremêlé de révolte et de cris de rage, et aussi de la beauté féroce du féminin qui se serait enfin libéré de millénaires de patriarcat. Peu à peu, à partir d'un premier noyau, les femmes se révoltent et partent en guerre, rejointes par de plus en plus de femmes et par quelques hommes jeunes, et elles en viennent à créer une société différente.

Un très beau texte que je recommande, mais que j'avoue déconcertant au premier abord. Sûrement un de ces textes que je relirais!

Commenter  J’apprécie          110
L'Opoponax

C'est un vrai roman moderne : un point de vue novateur sur des événements connus (l'enfance d'une française de la campagne), qui lui a valu un prix prestigieux. Le style force à la réflexion. Néanmoins, la première moitié est vite ennuyeuse et la seconde, même si elle est bien meilleure, est intéressante, sans plus.

N'hésitez pas à sauter des pages, vous ne manquerez rien, ou aller plutôt lire "Les guérillères" car Wittig y applique les mêmes principes stylistiques mais avec un récit bien plus intéressant.
Commenter  J’apprécie          110
L'Opoponax

Comment est-il possible que L'Opoponax de Monique Wittig, pourtant couronné du prix Médicis en 1964, soit ensuite passé totalement sous les radars de la littérature française ? Comment est-il possible qu'aucun extrait, aucune mention de ce titre n'ait jamais croisé mon chemin d'ex-étudiante de Lettres et future ex-prof de français, alors même que le nom de son auteure ne nous est, par ailleurs, et ce n'est que justice, pas inconnu – seulement depuis une période récente, certes –, alors que Marguerite Duras, l'idole de nos vingt ans, l'avait finement postfacé ? Lesbienne féministe, devancière et radicale, Wittig a subi l'anathème pour ses idées, et, par ricochet, ce magnifique récit, universel et poétique, connut le purgatoire (l'édition brochée est épuisée !).

Sortez ce texte de l'oubli aujourd'hui : gageons qu'il va vous ramener à votre enfance mieux qu'une madeleine, qu'il deviendra, pour certains, votre livre culte, votre livre de chevet. Pour peu que vous ayez passé la première page et compris le principe – on passe sans transition ni contextualisation d'une scène à une autre – vous deviendrez le corps-même de l'écriture, physiquement revenu à votre hauteur d'enfant, projeté derrière le pupitre à encrier que vous n'avez peut-être pourtant jamais connu. La magie de cette écriture de soi, écriture de l'intime qui ne dit jamais « je », c'est qu'elle restitue cette atemporalité de l'enfance, qu'elle fût vécue dans les années 40, 80 ou 2000, qu'elle se passât en Alsace, en Haute-Marne ou à Paris : la campagne, le village, sont ceux d'avant la ville, d'avant l'âge adulte. Peut-être ceux de votre mère, ou ceux de votre fils. On est Catherine Legrand. On est Catherine Legrand et Véronique Legrand, la petite soeur, qui elle aussi devient mythique. On est les enfants de l'école de campagne. Les filles de l'école de filles. Dans cet âge d'or de l'enfance, on est sauvage, comme les animaux qu'on recueille, on se bat avec la rage de tout son corps contre les garçons. On apprend la mort. On apprend aussi que les enfants d'aujourd'hui ne sont pas plus durs que ceux d'hier.

Le style de L'Opoponax nous habite. Cette déferlante d'évocations, aussi rudes que méticuleuses, sa mélodie vous reviendra le soir avant de dormir. Nous sommes les yeux de l'enfant qui ne sait pas tout nommer et utilise des périphrases objectives, nous sommes dans le pronom « on » de cette marmaille encore ni fille, ni garçon – à nous d'en échafauder notre interprétation. On se dit : Oui, c'est vrai, j'ai fait ça. Et puis, une description de ciels, une énumération de noms de fleurs des champs, décrochent le lecteur du temps révolu pour le transporter dans le monde poétique de la beauté. Cela pourrait sembler répétitif et circulaire, cependant le récit évolue. On est au collège, peut-être. La littérature apparaît. Elle est sondée, incantatoire. Et, ressort de ce récit sans schéma narratif, l'opoponax du titre surgit avant la fin, conviant le lyrisme sous les traits facétieux de l'élément perturbateur, pour éclore enfin dans la beauté de l'expression du sentiment amoureux des premières fois.
Commenter  J’apprécie          92
L'opoponax

Comment est-il possible que L’Opoponax de Monique Wittig, pourtant couronné du prix Médicis en 1964, soit ensuite passé totalement sous les radars de la littérature française ? Comment est-il possible qu’aucun extrait, aucune mention de ce titre n’ait jamais croisé mon chemin d’ex-étudiante de Lettres et future ex-prof de français, alors même que le nom de son auteure ne nous est, par ailleurs, et ce n’est que justice, pas inconnu – seulement depuis une période récente, certes –, alors que Marguerite Duras, l’idole de nos vingt ans, l’avait finement postfacé ? Lesbienne féministe, devancière et radicale, Wittig a subi l’anathème pour ses idées, et, par ricochet, ce magnifique récit, universel et poétique, connut le purgatoire (l’édition brochée est épuisée !).

Sortez ce texte de l’oubli aujourd’hui : gageons qu’il va vous ramener à votre enfance mieux qu’une madeleine, qu’il deviendra, pour certains, votre livre culte, votre livre de chevet. Pour peu que vous ayez passé la première page et compris le principe – on passe sans transition ni contextualisation d’une scène à une autre – vous deviendrez le corps-même de l’écriture, physiquement revenu à votre hauteur d’enfant, projeté derrière le pupitre à encrier que vous n’avez peut-être pourtant jamais connu. La magie de cette écriture de soi, écriture de l’intime qui ne dit jamais « je », c’est qu’elle restitue cette atemporalité de l’enfance, qu’elle fût vécue dans les années 40, 80 ou 2000, qu’elle se passât en Alsace, en Haute-Marne ou à Paris : la campagne, le village, sont ceux d’avant la ville, d’avant l’âge adulte. Peut-être ceux de votre mère, ou ceux de votre fils. On est Catherine Legrand. On est Catherine Legrand et Véronique Legrand, la petite sœur, qui elle aussi devient mythique. On est les enfants de l’école de campagne. Les filles de l’école de filles. Dans cet âge d’or de l’enfance, on est sauvage, comme les animaux qu’on recueille, on se bat avec la rage de tout son corps contre les garçons. On apprend la mort. On apprend aussi que les enfants d’aujourd’hui ne sont pas plus durs que ceux d’hier.

Le style de L’Opoponax nous habite. Cette déferlante d’évocations, aussi rudes que méticuleuses, sa mélodie vous reviendra le soir avant de dormir. Nous sommes les yeux de l’enfant qui ne sait pas tout nommer et utilise des périphrases objectives, nous sommes dans le pronom « on » de cette marmaille encore ni fille, ni garçon – à nous d’en échafauder notre interprétation. On se dit : Oui, c’est vrai, j’ai fait ça. Et puis, une description de ciels, une énumération de noms de fleurs des champs, décrochent le lecteur du temps révolu pour le transporter dans le monde poétique de la beauté. Cela pourrait sembler répétitif et circulaire, cependant le récit évolue. On est au collège, peut-être. La littérature apparaît. Elle est sondée, incantatoire. Et, ressort de ce récit sans schéma narratif, l’opoponax du titre surgit avant la fin, conviant le lyrisme sous les traits facétieux de l’élément perturbateur, pour éclore enfin dans la beauté de l’expression du sentiment amoureux des premières fois.
Commenter  J’apprécie          90
Le voyage sans fin

C’est vrai qu’on en rit, c’est vrai qu’on en pleure. De joie, de folie, ou de rage.

Du panache ! C’est un grand moment : le théâtre !!! La voix et le geste ! Le corps et la pensée.

Le texte. Ce texte, comme tous ceux que Monique nous a légué.e.s. Ce n’est pas un testament mais un manifeste. Une déclaration d’action ! Elle nous entraîne Wittig ! Par les mots, les gestes ! Dans une farandole , à la guerre comme à la guerre. Quichotte est flamboyante ! Panza est énervante !

C’est un récit d’un autre genre, un de ces récits qu’on oublie pas. Dont on parle entre nous, qui se partage, se transmet, ensemence !!! Chaque mot ira demain donner naissance ! Rien n’est jamais perdu. Il y a les guérillières, les gardiennes. Il s’agit de mémoire. De désir et de mémoire. Car que serait le désir sans mémoire ? Je ne peux que vous inviter à lire, donner, offrir ce texte. Et puis visionner cette pièce ( mise en scène en 1985 au Théâtre du Rond Point) qu’ Anne Faisandier a filmé, et que de bonnes médiathèques ou que le centre Simone de Beauvoir vous permettront de découvrir. ( https://www.centre-simone-de-beauvoir.com/produit/le-voyage-sans-fin/ ).

Le voyage n’est pas fini ! «  Quand bien même le monde entier me prendrait pour folle et pas seulement ces arriérés dans le village qui n'ont jamais rien vu, je dirais que le monde entier est fou et que c'est moi qui ai raison. » Monique Wittig. Infiniment : Merci !

Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          90
Paris-la-politique et autres contes

"Paris-la-politique et autres contes" est un ensemble de textes expérimentaux relativement austères, dont le principal, et je n'aborderai que celui-ci, concerne l'organisation d'une ville où se déroule un carnaval permanent. On devine, bien entendu, étant donné le titre du recueil, que cette ville n'est autre que Paris.



On entre dans un univers distancié et extrêmement déconcertant. Les raisons en tiennent au style d'abord.



Dans une subversion des usages et des règles grammaticales, est systématiquement utilisé le substantif féminin ou pronom "elle" en lieu et place du substantif masculin ou pronom "il" habituellement utilisé pour désigner un ensemble de personnes de genres non déterminés.



Ainsi on peut lire : "C'est une drôle de ville où si quelqu'une remarque qu'il est nécessaire de balayer les rues, il s'en trouve tout de suite une autre pour dire qu'il n'y a pas assez de poussière. (...) Celles qui viennent d'arriver essaient de concilier les débatteuses".

L'auteure renverse ainsi l'universel cul par dessus tête : de masculin, il devient féminin, et ne sont attachés au genre masculin que les substantifs grammaticalement masculins. Par exemple on peut lire : "Le vent est en train de pousser des tombereaux de poussière. ILS arrivent comme d'épais nuages rouges."



J'ai d'abord été désarçonnée par cette contrainte stylistique, mais (est-ce parce que je suis une femme ?) m'y suis vite habituée, avec un relatif confort de lecture, comme si l'effort à fournir pour adhérer au texte était moindre.



Je doute fort en revanche que les lecteurs hommes y trouvent leur compte : la place du féminin dans notre vie mentale, façonnée qu'elle est par notre langue d'origine latine, est en effet minorée du fait que même s'il est un sous-ensemble de l'ensemble/universel au même titre que le masculin, cet universel se désigne au masculin. Ce qui produit une confusion entre le sous-ensemble masculin et l'ensemble/universel, le premier tendant à se substituer au second dans notre compréhension du monde et à tirer, si j'ose dire, la couverture à lui.



Et voilà pourquoi Dieu porte une barbe et pourquoi votre fille est muette.



Venons-en maintenant au fond : la ville que nous décrit Monique Wittig est observée avec un regard extérieur proche de celui de Gulliver dans ses voyages. Cette ville offre un aspect étrange, décalé, cruel : son étendue se confond avec celle d'une immense fête foraine où des corps en transe s'entassent autour de ballons de baudruche avec un engouement sinistre ; un peu plus loin résonnent des appels à la folie auxquels on est supposé obéir : tout être raisonnable et persistant à l'être se verra incessamment placé dans une institution spécialisée ; une mode sévit en ville, consistant à marcher plié en deux, la tête entre les genoux, et l'auteure de se moquer : "ah c'est un beau spectacle que ces petits et ces grands culs qui se présentent en l'air tandis que (...) les cheveux tombent" ; partout sévissent les pires désordres et confusions : la parole est confisquée par un petit nombre, la moindre tentative de prise décision est bloquée par des oppositions systématiques et absurdes ; il est impossible de s'aventurer dans les rues à la nuit tombée sans se faire rouer de coups, et gare à qui se plaint, il sera aussitôt désigné comme responsable de la violence qui lui a été faite ; la justice est une pétaudière, tout argument que vous croirez en votre faveur sera retourné contre vous par de redoutables sophistes ; sans parler des abominables jeux du cirque ou de pauvres affamées devront se disputer devant une foule en délire les morceaux de viande qu'on a bien voulu leur jeter en pâture.



L'auteure se livre là, avec une jubilation féroce, à l'évocation haute en couleurs d'une démocratie corrompue, où sont bafouées toutes les règles du bon sens et de l'équité. Ce texte, écrit en 1985 a gardé toute son actualité, mais l'exercice parodique demeure assez classique.



Monique Wittig, féministe straight* a beaucoup contribué à la diffusion en France des études de genre et a adapté sa réflexion à la structure de la langue.



* le féminisme straight est un féminisme matérialiste selon lequel la division en genres joue le même rôle dans l'organisation économique et politique que la division en classes sociales dans la pensée marxiste.
Commenter  J’apprécie          90
La Pensée straight

Si je me souvenais avoir lu La pensée straight il y a une petite dizaine d’années, je ne me souvenais en revanche pas du contenu. Au cours de cette relecture, j’ai compris pourquoi : ce livre, qui est un recueil de textes, d’essais, n’est pas abordable par tout le monde comme peut l’être un essai tel que Sorcières de Mona Chollet. Il faut clairement avoir un certain bagage afin de pouvoir intégrer les notions et les idées présentes dans La pensée straight, de pouvoir les digérer, les analyser et enfin s’en faire un avis.

Monique Wittig est connue pour avoir écrit des romans mais aussi et surtout pour son militantisme féministe ; elle est l’une des fondatrices du MLF (Mouvement de libération des femmes). De Wittig, l’on retient également cette phrase : « Les lesbiennes ne sont pas des femmes. » Et c’est autour de cela que tourne La pensée straight. Pour résumer, Monique Wittig affirme que l’hétérosexualité est politique et non pas naturelle ; le groupe humain s’est divisé en deux, ce qui a mené à ce qu’une partie de l’humanité, l’homme, prenne le dessus sur l’autre, la-femme. A partir de là, la-femme se retrouve dominée dans de très nombreux domaines et se doit de correspondre aux attentes de l’homme. Or les lesbiennes – tout comme les gais d’ailleurs – sortent de cette attente parce qu’elles ne jouent pas le jeu de la séduction auprès des hommes (entre autres choses) et ne peuvent donc pas être considérées comme faisant partie du groupe la-femme. Pour être honnête, je résume très grossièrement les textes de Monique Wittig et je vous invite fortement à les lire pour mieux comprendre le développement de sa pensée et pour vous faire un avis plus juste.

S’il est vrai que les textes sont denses et demande une certaine concentration, une fois posée au calme je lisais assez rapidement chacun des textes, en prenant toutefois le temps de comprendre, quitte à relire une phrase ou un paragraphe. Les écrits qui m’ont le plus intéressée sont les sept premiers (« La catégorie de sexe », « On ne naît pas femme », « La pensée straight » – qui donne son nom au livre -, « À propos du contrat social », etc.) car ils parlent de la norme hétérosexuelle, de féminisme et de genre. D’après moi, ce sont les plus importants du livre car ils permettent vraiment de s’interroger, de se déconstruire, et donc de réfléchir sur soi et sur le monde qui nous entoure. En revanche, les deux ou trois derniers textes, même s’ils ont un propos intéressant, ne m’ont pas particulièrement enthousiasmée. Il faut dire qu’ils se basent sur des romans ou films que je ne connais pas.



La pensée straight est un livre très intéressant et apporte de nombreuses clés autour d’une réflexion pertinente. Comme tout essai, vous ne serez pas forcément d’accord avec tout, cela dit il serait bien dommage de ne pas le découvrir. Je vous conseille toutefois de le lire au calme afin de pouvoir vous concentrer sur cette lecture qui va faire chauffer votre cerveau.
Lien : https://malecturotheque.word..
Commenter  J’apprécie          80
Le corps lesbien

L'écriture de Wittig est excellente, redoutable, très visuelle. Les scènes qu'elle décrit sont gores, tristes, terrifiantes. Je ne donne pas de note car je n'ai pas réussi à finir le livre, mais j'ai apprécié les quelques mythes, repris ou non, que j'ai pu lire.
Commenter  J’apprécie          80
Les Guérillères

Le grand Féminaire. Ce n'est pas un conte mais l' Épopée universelle. Lire Monique Wittig c'est toujours une expérience qui vous traverse. Incontournable !



Astrid Shriqui Garain

Commenter  J’apprécie          70
Le corps lesbien

Un chant d’amour bègue au corps lesbien pétri et léché en toutes ses parties disloquées qui semblent s’assembler et se recomposer en un tout adoré par un désir aveugle, omnipotent et dirigé hors de toute autre chose qui trouve d’ordinaire à le déranger.
Commenter  J’apprécie          60
Le voyage sans fin

Réécrivant Don Quichotte de Cervantes, Monique Wittig s'en est servi pour illustrer la difficulté des combats féministes. La difficulté de ce qu'est être une femme qui se bat dans un monde écrit par et pour les hommes, où le système est tellement bien installé que même les femmes agissent parfois contre elle-même. On le voit ici dans le rôle de la mère et des sœurs qui tentent de la dissuader de se battre pour ce en quoi elle croit car il leur paraît à elles, que c'est de la folie et le produit de son imagination. Lutter contre le patriarcat, c'est lutter contre des moulins à vent et des loups déguisés en moutons ? Petite pièce de théâtre savoureuse... Première immersion dans l'écriture de Wittig pour moi, j'y reviendrai sûrement.
Commenter  J’apprécie          50
L'Opoponax

"L'Opoponax" est le premier roman de Monique Wittig, écrivaine et militante féministe qui a obtenu le prix Médicis en 1964. Mais c'est surtout pour la postface de Marguerite Duras ajouté à partir de l'édition de 1983 que j'ai voulu le lire. Duras considère ce livre comme un chef d'oeuvre et c'est une référence pour moi.

Et effectivement, je comprends pourquoi elle dit que «c'est le premier livre moderne qui ait été fait sur l'enfance».

Monique Wittig raconte l'histoire d'une petite fille au sein d'une école religieuse à la campagne. Catherine Legrand n'a pas vraiment d'aventure exceptionnelle, elle vit comme tous les enfants, entre ses maîtresses et ses camarades, au gré des préoccupations des jeux de récréation.

À l'instar de l'opoponax, une plante ombellifère, on se laisse envahir par l'écriture qui nous propulse dans le monde de l'enfance. Car ce nom bizarre sert de signature à de mystérieuses lettres anonymes indiquant « Je suis l'Opoponax » pour faire peur, comme le loup.

Parce que Monique Wittig se met à auteur des enfants appelés par leurs prénoms et leurs noms (par exemple Anne-Marie Losserand, nom très durassien), en décrivant tout ce qui se passe y compris la cruauté des jeux mais sans jamais juger ou commenter. Ce n'est que du factuel et c'est peut-être pour cela que c'est innovant mais malheureusement un peu trop long à mon goût.





Commenter  J’apprécie          50
L'Opoponax

J'ai lu Les Guérillères il y a plusieurs années déjà et j'avais trouvé L'opoponax en bouquinerie avec beaucoup de joie avant de le poser dans ma PAL où il s'est noyé depuis. Je me suis enfin décidée à me lancer dans cette lecture après avoir entendu la série radio consacrée à Monique Wittig sur France Culture cet été. Le moins qu'on puisse dire c'est que j'ai moins accroché qu'avec Les Guérillères, et sans doute j'aurais eu encore plus de difficulté à entrer dans cette lecture si je n'avais pas eu en tête les analyses entendues tout récemment.

Comme souvent avec les partis pris expérimentaux, le principe me séduit mais l'œuvre en elle-même a du mal à garder mon attention pendant plus d'une vingtaine de pages. C'est un texte écrit à hauteur d'enfant, dans une langue purement descriptive. On saute d'une scène à l'autre sans transition. C'est un peu comme écouter un enfant qu'on est venu·e chercher à l'école et qui nous raconte sa journée sur le chemin du retour - et oui, c'est charmant et doux. L'autre aspect qui a été abondamment commenté et qui reste troublant à la lecture c'est l'usage du pronom "on" dans lequel se mélangent la narratrice, ses camarades, dans un flou sans genre et sans nombre qui colle bien au monde de l'enfance.

Outre le côté expérimental ça reste un texte très beau. Les aventures des enfants dans la campagne, leurs bagarres et les noms de fleurs et d'arbres qui parsèment le récit m'ont beaucoup touchée. Sans avoir grandi exactement dans les mêmes conditions, c'est un roman qui m'a rendue nostalgique de l'enfance. Il m'a aussi fait penser à mes grands-parents, dont l'expérience est probablement plus proche de celle de l'autrice.

La reconnaissance attribuée à ce texte est totalement justifiée et j'aurais adoré travailler dessus pendant mes études. Je n'ai toutefois pas trop culpabilisé en sautant des passages entiers, dans la mesure où une fois que le concept est compris, une bonne part du roman m'a paru répétitive. Si je devais le relire autrement, je pense que je le lirais davantage comme je lis des poèmes que comme un roman : quelques pages avant de dormir, sans essayer de le lire d'une traite et d'y chercher du sens.

Commenter  J’apprécie          40
L'opoponax

« On dit, je suis l'Opoponax. »

Et on ne sait pas ce qu'est un Opoponax. On se lance dans cette lecture à l'aveugle, sans savoir, et on se prend une claque. Des vagues d'enfance, qui ne sont pas la nôtre, viennent s'écraser dans nos souvenirs. Des souvenirs d'une petite fille qui n'est pas nous, à une époque que l'on a pas connue, mais des souvenirs qui sont ceux de toutes les petites filles, de tous les petits garçons, à l'âge où l'on n'est même pas encore vraiment ni une petite fille ni un petit garçon.

On découvre une écriture d'une furieuse modernité, un exercice littéraire phénoménal et on s'étonne de ne le découvrir qu'aujourd'hui.

On parvient à avancer dans le récit initialement décousu, sans que ne soient utilisés les outils de la temporalité, on revit les sentiments exacts de l'enfance, exacts parce qu'ils sont amenés tels qu'ils ont été vécus, lorsqu'on ne savait ni les identifier ni les nommer. Lorsque les choses se présentaient telles quelles et que l'on n'avait pas d'autre choix que de les décrire de la manière la plus purement objective.

On revoit les petites choses, les bonshommes en mie de pain, les trajets sur la route de l'école, ces flashs qui nous reviennent parfois sans raison, une leçon de l'école élémentaire, une petite soeur qui ramasse des cailloux, les nattes d'une camarade, les jeux dans la cour. Les rires, la cruauté, l'insouciance sont vécus de plein fouet mais ne sont pas encore identifiés comme tels. La saveur des fleurs de sureau aspirées dans un rayon de soleil est décrite avec la même objectivité que le décès d'un camarade d'école, pourtant on sent le malaise ressenti, on sent cette terrible gêne de l'enfance qui ne parvient pas encore à verbaliser la tristesse. On sent ce malaise, qui imprègne certains souvenirs. On sent l'opoponax.

On finit par penser que « on », c'est la restitution parfaite de l'enfance, qu'il n'y a que « on » pour faire ressentir à des adultes les sentiments que toutes les petites filles, tous les petits garçons, n'ont jamais été en mesure d'exprimer. Cette manière absolue, objective et directe de vivre les choses. Cet indéfini propre à chacun de nous.

« On », c'est Catherine Legrand, c'est Valérie Borge, c'est Mademoiselle et c'est Reine Dieu, c'est Vincent Parme, Véronique Legrand et Pascale Fromentin.

Et puis soudain, on se rend-compte que le récit avance, sans qu'on en soit prévenus, mais soudain, on apprend le latin, les jeux dans la cour ne sont plus les mêmes. On découvre la poésie, on aime Baudelaire. "On dit tellement je l'aimais qu'en elle encor je vis." Les phrases se font plus longues, on perçoit la présence d'un malaise sournois. On pressent toujours l'opoponax, mais on ignore toujours ce qu'est un opoponax. On surprend la lumière du duvet blond sur la nuque de la fille assise devant nous, la beauté d'une chevelure en mouvement. On découvre la grâce. On est l'opoponax.

L'opoponax, c'est l'enfance la plus absolue, qui passe sans qu'on le remarque. L'opoponax, c'est la meilleure restitution de ce monde jamais opérée en littérature. Et puis l'opoponax, ce sont ces 1000 petites choses naïves qui font la beauté de l'enfance, jusqu'à la découverte de la beauté elle-même. L'opoponax, c'est lorsque l'on est pas préparé à avoir le souffle coupé par le ravissement.

L'opoponax, c'est une sublime claque de délicatesse.

Commenter  J’apprécie          40
L'opoponax

Il est fort évident que les choix d’écriture de Monique Wittig ne plairont pas à tout le monde.

Pas d’intrigue ni de fil narratif mais des flashs d’instants ou de scènes de vie de la petite enfance à l’adolescence, rapportées sur le plan uniquement descriptif (qui, en plus, s’enchaînent sans rupture de paragraphe, mais se répartissent en quelques chapitres tout de même – comme le flot des souvenirs). Ainsi on éprouvera les sensations mais on ne fera que deviner ou supputer les pensées, les intentions, les désirs, les émotions. Déstabilisant, certes, mais très immersif. Pour ma part, j’ai oscillé entre les souvenirs personnels et le monde de mes parents, la campagne autour des années 1950, et j’ai trouvé ça plutôt agréable. C’est assez régressif en fait ! D’un autre côté, c’est loin du page-turner, et il faut s’accrocher un minimum pour avancer et terminer.

J’ai beaucoup aimé m’immerger dans les jeux et les interactions de ces bandes de copains-copines, où les adultes se font très rares, en dehors des enseignantes. J’ai trouvé ces filles (très largement majoritaires dans l’oeuvre, scolarité non mixte oblige) pleines de vie, d’esprit, de curiosité, d’appétit, d’humour, les personnalités se dessinant à mesure qu’elles grandissent.

Cet ouvrage regorge d’excellents exemples des occupations des enfants avant la technologie ! Cela ne ferait sans doute pas de mal à la génération Z d’en lire quelques extraits ! ;-)
Commenter  J’apprécie          40
Le corps lesbien

Un texte extraordinaire où l’auteure ouvre le corps, en dit tous les états, le regardant, ne le représentant jamais. Tout se passe comme si Wittig ouvre si grand le corps qu’elle le rend impénétrable. C’est peut-être ça un corps lesbien, un corps amplifié, un corps sans profondeur, comme ce unique poil qui finit par faire de l’amante une louve (p. 14-15).
Commenter  J’apprécie          40




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Monique Wittig (540)Voir plus

Quiz Voir plus

quiz star wars niveau 1 (facile)

comment s'appelle le fils d'anakin skywalker?

han
luke
r2-d2
jabba

10 questions
331 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}