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Critiques de Morgane Caussarieu (296)
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Vertèbres

Un enfant kidnappé par une femme à barbe, une histoire raconté par deux protagonistes : la maman et la meilleure amie du petit garçon, assistants à la "transformation".

La transformation de qui? Bah du petit garçon pardi !! Oui car cet enfant de 10 ans, il revient une semaine après son enlèvement, avec une vertèbre en plus !



Une vertèbre en plus ?



Je ne connaissais pas Morgane Caussarieu mais je vais adhérer, car l'originalité du récit, son écriture et ses personnages m'ont beaucoup plu. Cela change d'aborder la différence, et la transformation du corps de l'enfant vers celui de l'adulte avec cette idée.
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Dans les veines

Je n'aime pas du tout les romans de vampires. Cela m'ennuie.

J'ai pris un risque parce que j'avais adoré son roman Vertèbres. Je me suis dit que, peut-être, là où Anne Rice, Charlaine Harris, Bram Stoker et (même les Dents de l'Amour de Christopher Moore !!!) avaient échoué à me séduire, Morgane Caussarieu aurait pu y parvenir avec son côté subversif (elle ose beaucoup plus ! et c'est très bien écrit)

Malheureusement, je ne suis définitivement pas lectrice du genre.
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Vertèbres

Après un détour chez ActuSF pour son dytique YA Rouge Toxic/Rouge Venom, Morgane Caussarieu nous revient chez Au Diable Vauvert pour un nouveau récit sur la jeunesse qui a les crocs…mais pas ceux que vous pourriez croire. Pas de vampire cette fois pour la française mais une autre figure monstrueuse archi-connue : le loup-garou !



Vieux-Boucau-les-Bains, une enfance

Sasha a dix ans, c’est une gamine comme tant d’autres, une gamine de Vieux-Boucau dans les Landes, une gamine qui a des problèmes. Comme toutes les gamines en somme ou presque. Car Sasha n’aime pas qu’on la prenne pour une fille, elle n’aime pas les trucs réservés aux filles comme ce journal de couleur mauve avec une drôle de souris dessus, Diddl, comme ces robes idiotes qui la font paraître maladroite et peut-être même un peu « salope » comme son père lorsqu’il parle des femmes. Sasha n’apprécie pas les trucs de filles, n’a pas le look d’une fille, n’a pas les cheveux d’une fille. Bref, Sasha adorerait être un garçon et se tient le plus souvent à l’écart des autres, préférant traîner avec son propre « Club des Ratés » en compagnie de Brahim, l’arabe qu’on regarde de travers, et Jonathan, le gros diabétique dont tout le monde se moque. Voilà qu’un jour, JoJo disparaît, enlevé par une femme à barbe dans une camionnette et retrouvé quelques jours plus tard par les gendarmes tout maigrichon sur une aire d’autoroute. Un changement d’apparence qui bouleverse sa mère, Marylou, cette maman-poule qui couve son tout-petit Jonathan tellement fragile, tellement malade. Devant le mutisme du garçon après son enlèvement, Marylou s’inquiète d’autant plus… surtout lorsqu’une vertèbre qui n’était pas là auparavant apparaît sur sa colonne vertébrale…Mais qu’est-il arrivé à Jonathan ?

C’est sur cette intrigue qui sent bon les années 90 que Morgane Caussarieu nous offre sa version personnelle de Stranger Things version Chair de Poule. Vertèbres est un pur roman-doudou, une Madeleine de Proust pour tous les enfants qui ont grandit dans les années 90. Morgane y revient sur un monde aujourd’hui disparu et qui tirera certainement quelques larmes aux nostalgiques des Pogs à la récré et de chansons de Roch Voisine. Sasha est une enfant de ces années-là, avec tout le bon et le mauvais que l’on en retire, des stéréotypes ultra-genrés aux sorties entre potes sur la plage en passant bien évidemment par une certaine culture geek alors en pleine ascension.

C’est l’ère pré-internet, où les copains sonnent à la porte des uns et des autres pour partir en virer, où l’on soigne son Tamagotchi du mieux que l’on peut et où l’on appelle son chien Mégazord.

Cette atmosphère parlera donc à tout une frange de lecteurs biberonnées aux Minikeums et aux jeux Megadrive. Mais c’est aussi, paradoxalement, le point faible de ce récit, avec une fâcheuse tendance de temps à autre au name-dropping qui force le trait. Comme Stranger Things, Morgane Caussarieu installe une atmosphère générationnelle par la culture qui entoure Sasha, son héroïne, risquant parfois de s’y noyer elle-même.

Mais, heureusement, Vertèbres n’est pas que ça, loin de là.



Femme(s) des années 90

Écrit et pensé comme un Chair de Poule, ces récits d’horreur signé R.L. Stine qui ont fait le bonheur des enfants et adolescents des années 90, Vertèbres profite de l’écriture enlevée, faussement légère de la française qui explore son thème favori : celui des monstres…et des gamins. Comme Poil de Carotte dans Je suis ton Ombre, Sasha est aussi représentative des gamins de son époque qu’elle en est différente et fascinante. En explorant à demi-mots la dysphorie de genre, Morgane Caussarieu tente une chose très intelligente lorsqu’elle la fait correspondre au monde qui entoure sa jeune héroïne.

Une héroïne qui n’aime pas les filles et se sent garçon, mais comment vouloir être une fille quand votre père vous décrit sans cesse les femmes comme des « salopes », qu’il n’aime pas vous avoir dans ses bras parce que vous êtes une petite fille ou que votre autre modèle masculin est un grand frère qui agit comme un connard la plupart du temps ? Comment avoir envie d’être une fille quand les autres filles se moquent de vous et détestent vos centres d’intérêts et votre façon d’être ? L’environnement joue un rôle clé dans le phénomène et Morgane Caussarieu le comprend parfaitement, expliquant le rôle de l’entourage et même de la société en général. Sasha confie ses pensées à son journal intime, parce que même les garçons le font, et parce qu’elle a aussi besoin d’un confident, d’une « personne » à qui confier ce qu’elle n’arrive à exprimer à personne d’autre dans une époque qui ne semble jamais vouloir d’elle. C’est un peu le même problème dont souffre Jonathan, son ami obèse revenu totalement transformé après son enlèvement-mystère. Sauf que Jonathan n’intéresse pas tant Morgane que sa mère, Marylou au prénom si bien choisie, Marylou qui illustre et prolonge le propos sociétal qui accable déjà la jeune Sasha. Marylou, la « salope » qui couche avec tout le monde, la « mère-poule » toujours en demande. Quand on est une femme dans les années 90, on est soit une salope soit une mère, et plus rarement les deux à la fois, surtout quand il n’y a pas de père dans l’équation. Marylou servira de seconde narratrice, à la deuxième personne du singulier, s’interpellant et interpellant le lecteur, se questionnant ou s’admonestant.

Ensemble Marylou et Sasha vont assister à la naissance d’un monstre, le fameux loup-garou du récit qui ne sera une surprise pour personne et pour cause, le monstre est ailleurs.



The Evil Within

Comme dans Je suis ton ombre, Morgane Caussarieu joue avec une figure monstrueuse archétypale pour révéler le vrai monstre à côté, celui qui fait du mal en sourdine à son prochain, celui qui humilie et qui infantilise, celui qui frappe et celui qui fait mal. Car au-delà de la transformation des corps, de ce passage à l’adolescence où l’enfant devient parfois un « monstre » aux yeux des autres, la française dévoile la cruauté toute humaine d’un père ou d’une mère, des monstres qui s’ignorent et que le reste du monde ne voit pas avec autant d’évidence qu’un loup-garou qui se balade dans les rues de Vieux-Boucau. Chez Morgane Caussarieu, le monstre n’est jamais celui que l’on croit, il se terre, il se cache.

Et c’est là aussi où la française fait mouche, dans sa façon de rapporter les choses, un journal intime d’un côté, un récit-confession de l’autre. Des témoignages où la vérité n’est pas entière ou, du moins, elle l’est selon son autrice, pour se préserver parfois, pour garder une image qui n’est que celle que l’on souhaiterait voir clairement. Des petites divergences, des oublis sans importance mais qui changent quand même pas mal les évènements, prouvant que nous renfermons tous une part de mensonge lorsque l’on parle de soi, lorsque l’on témoigne du passé.

La monstruosité se terre peut-être dans nos mensonges, dans notre refus de voir notre part de culpabilité et d’accepter que le monde n’est pas en noir et blanc mais en niveaux de gris. Vertèbres n’aime pas le jugement binaire, il arrive à donner de l’empathie au lecteur envers un loup-garou tout en crocs et en fourrure mais aussi envers une mère à la dérive qui a été trop loin. Morgane Caussarieu n’excuse pas les monstres, elle les explique, elle les dissèque entre deux tubes de Lara Fabian. Et c’est l’humanité qui en ressort à la fin, toute nue et blessée.



Roman-pulp ou roman-doudou, Vertèbres soigne son atmosphère au risque d’en devenir parfois étouffant. Heureusement, Morgane Caussarieu a plus d’un tour dans son sac et construit une fois de plus des personnages magnifiques, troublants et monstrueusement humains pour une lecture qui se dévore au moins jusqu’à la pleine lune !
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Je suis ton ombre

C’était sensé être « un conte fantastique », je me suis dit: parfait pour cet été…..Ahaha, la bonne blague, faut croire que les lectures oppressantes me poursuivent et atterrissent dans mes mains sans même que je m’en aperçoive!!!!♫ Destinée, destinée ♫.



Comme il est dérangeant ce livre, comme il est angoissant, et l’horreur vous poursuit jusque dans vos rêves. Il agit sous la surface de votre inconscient, comme une ombre ténébreuse, pour mieux vous empoisonner la vision idyllique de l’enfance. Le trouillomètre est monté haut chez moi, car derrière l’apparence de la naïveté se cache une cruauté et une violence inouïe, de celles qui vous met un malaise sanglant, crocheté sur votre jugulaire.



Vous ne regarderez plus jamais les jolis petits blondinets avec les mêmes yeux! Et méfiez vous des regards vairons ça cache quelque chose aussi….



« Je remarque que les iris de Paul ne sont plus de la même couleur. Il en a un vert et un bleu ».



Enfance pervertie et mythe vampirique se mélange avec brio et efficacité dans cette lecture. Le Bayou garde toujours son charme mystérieux et dangereusement exaltant. Impossible de lâcher cette lecture, (vraiment!!!), comme Poil de Carotte, ne peut s’empêcher de lire ce petit carnet venu d’outre tombe, vous serez happé, dans cet univers, même s’il vous laisse un goût fort métallique sur les dents.



En bref, une lecture dont on ne ressort pas indemne!!!!Je compte me procurer le premier tome au plus vite Dans les veines, tellement j’ai été subjuguée par le talent de cette auteure!


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Je suis ton ombre

En résumé : Malgré un démarrage un peu compliqué, j’ai passé au final un bon moment de lecture avec ce roman qui offre une intrigue qui a réussi à me happer après une cinquantaine de pages pour ne plus me lâcher, plongeant lentement ces personnages dans une abyme de plus en plus sombre et angoissante de façon efficace, pour peu qu’on apprécie ce genre de récits d’horreur. L’auteur connait parfaitement bien les classique sur les vampires, et sait les réutiliser de façon clairement captivante et prenante , tout en y a joutant sa propre vision et sa propre mythologie. Les personnages sont loin de tout manichéisme et de toute caricature, se révélant complexe et intéressant, permettant à l’auteur de visiter le monde de l’enfance et de ses cauchemars. Je reproche juste un manque d’empathie, choix de l’auteur, mais qui fait que quand il arrive quelque chose aux héros on a du mal à se sentir touché. La plume se révèle toujours aussi incisive, visuelle et entrainante, plongeant avec facilité le lecteur dans ce récit. Au final Morgane Caussarieu tout le bien que je pensais suite à son premier roman et se pose comme une auteur à suivre. Je lirai ses autres romans sans soucis.





Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Dans les veines

Ce que j’ai ressenti:…Une note de sang indélébile…



« Tu crèveras dans le sang et la pisse. «



J’adore les films d’horreur, mais alors les livres d’horreurs, c’est juste l’envolée délicieuse! Morgane Caussarieu réussit le pari de faire du mythe vampirique, un orchestre puissant avec ses notes les plus sanglantes et les plus poisseuses qui soient! Quand j’ouvre un livre de vampires, c’est à ça que je pense!!! De l’horreur, du sang, de la violence! Je n’ai jamais trouvé de l’attirance pour ses êtres fantastiques, je ne sais pas le côté « vie éternelle » ne doit pas me brancher…Par contre, quand je lis cette jeune auteure, je pense qu’elle a tout saisi de cette légende: c’est malsain, dérangeant, révoltant. On en redemanderai presque, mais je pense que ma soif insatiable en aura eu pour son compte cette fois ci!



Dans les veines, c’est des histoires emmêlées dans le sang, des êtres ignobles aux déviances qui craignent la lumière du jour, des yeux qui vous rejoignent jusque dans vos nuits. Chaque ligne est plus oppressante que la suivante, chaque situation plus immonde que la précédente, et pourtant, il y a dans ses pages, une sorte de mal-être qui nous attire immanquablement, parce qu’il est Vrai, derrière le mythe, il y a la psychologie, la profonde rupture intérieure. Je ne voyais pas Bordeaux aussi décadent, avec ses boites de nuits aux noms bizarres, ses adeptes de chairs et de vices, ses musiques assourdissantes, et surtout cette dépendance aux drogues diverses.



Pour autant, on se délectera de ce nectar de talent, de cette écriture vivante, vibrante, visuelle. Ca palpite dans ses mots, ça coule d’une source pulsatrice dans ses champs lexicaux, ça passe dans les veines cette énergie du désespoir, ça crie d’une alarmante force de vie!



En bref un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, âmes sensibles s’abstenir, mais pour ceux qui veulent voir en face une légende effrayante, vous en serez retourné à jamais, mordu par des quenottes branlantes, mais terriblement dangereuse!



Meilleurs moments du livre:

•La transformation en vampire. Ce sont des scènes à la limite du supportable pour notre estomac, preuve indéniable de leur efficacité!

•La dernière scène de torture est épouvantable, et pourtant, on ne voudrait pas qu’elle s’arrête. Le Karma: toussa, toussa…..


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Le futur de la cité

Le festival des Imaginales va avoir lieu du 25 au 28 mai à Épinal, sous une nouvelle direction artistique, celle de Gilles Francescano. Et l’anthologie qui lui correspond vient juste de sortir. L’occasion de découvrir des nouvelles francophones d’horizons très divers, qui mêlent plusieurs générations d’auteurices. Tout cela pour s’interroger sur notre avenir urbain.



Nouvelle direction, nouvel éditeur. Les Imaginales ont connu une passation de pouvoir assez agitée, avec des mois sombres et des reproches dans les deux camps. Difficile, de mon côté, de prendre parti pour l’un ou l’autre, même si Stéphanie Nicot avait été particulièrement convaincante. Mais là n’est plus le sujet. Je ne suis jamais allé à ce festival. Je me contente de lire les anthologies qui paraissent à l’occasion. Et de noter que les éditions Mnémos ont laissé la place, cette année, aux éditions Au diable vauvert. Plongeons-nous à présent dans le contenu de ce livre : 14 textes (et non nouvelles, j’en parlerai ensuite) précédés d’une préface. Du beau monde, assurément. Des auteurices plus anciens aux plus récents. Un sommaire alléchant.



Si j’ai aimé dans l’ensemble la lecture (rapide) de cette anthologie, je n’en ressors pas empli d’espoir pour l’avenir. La plupart des auteurs, même s’ils ont des points de vue très différents et des approches très variées, n’imaginent pas des cités épanouissantes pour l’être humain. Comme souvent dans le domaine de l’imaginaire, les auteurices cherchent à pointer ce qui fait mal : le passage du temps qui abîme (« Tokyo 2115 ») et détruit, parfois de façon définitive au détriment de l’humanité même qui a causé les dégâts (« Histoire de Rome de nos jours à la fondation », « Tempus edax, homo edacior ([In]dispensables) », « L’histoire des oiseaux ») ; la tentation des sociétés à se tourner, comme ultime réponse, vers la dictature, la tyrannie, la poigne d’un homme (rarement une femme) fort et sans pitié, au nom du bien commun, mais destructeur de toute individualité, de tout rêve, de tout espoir (« Entartage », « 2084 ») ; un duel entre hommes et machines, les I.A. prenant le pouvoir ou non, suivant les instructions des humains ou non (« Le dernier jour de Paris », « Histoire de Rome de nos jours à la fondation ») ; l’humain changeant de peau, car le corps que nous avons à notre naissance ne suffit pas ou ne correspond pas ce que nous avons dans la tête, et car la technique le permet dorénavant (« Garou 2.0 ») ; l’être humain continuant à cramer le monde et à user de ses semblables comme d’objets (« Mobipolis ») dans une cité délétère (« Kontrol’za kacestvom »). Seule Sara Doke, ou presque, apporte un léger rayon de soleil en évoquant, dans « Phra au soleil », une société qui pourrait respecter l’autre et se rapprocher de celle que je découvre ces mois-ci dans différentes lectures (Un pays de fantômes de Margaret Killjoy, Cité d’ivoire de Jean Krug, Le monde de Julia d’Ugo Bellagamba & Jean Baret, Un psaume pour les recyclés sauvages et Une prière pour les cimes timides de Becky Chambers et même Les terres closes de Robert Jackon Bennett). Un panorama incomplet, certes, mais riche d’images d’un monde futur.



Cette lecture du Futur de la cité a été très agréable, alternant entre le vraiment passionnant et l’anecdotique, comme souvent dans une anthologie. Certains textes m’ont surpris, d’autres m’ont juste distrait (ce qui est déjà très bien). J’ai aimé me projeter dans ces multiples avenirs ainsi proposés, imaginés. Un bon cru, comme on dit.



Comme d’habitude, j’ai parlé de chaque texte individuellement, mais comme c'est un peu long, je n'ai placé cette partie que sur mon blog.
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Vertèbres

J'ai coché ce titre sur la liste de Masse critique Mauvais genres en me disant que je m'aventurais là bien loin de mes inclinations naturelles, et que je serai sans doute surprise. J'ai été retenue et je remercie Babelio et les éditions Au diable vauvert pour cette découverte.

***

Deux narrateurs vont raconter cette histoire. Non, en fait, il y en a un de plus, mais il n'est présent qu'au premier chapitre, puis il disparaît complètement. Deux autres narrateurs alterneront jusqu'à la fin du roman. Sasha, narratrice à le première personne, nous dit qu'elle a dix ans (l'âge de l'autrice à la même époque). Lui succède Marylou, veuve, la mère de Jojo, qui dialogue avec elle-même à la deuxième personne du singulier. L'histoire se déroule d'avril à juin 1997

***

Sasha confie à son journal, Diddl, certains de ses secrets ainsi que les événements violents et bouleversants qu'elle vit avec ses deux amis : Jonathan, dit Jojo, enfant obèse et diabétique, surprotégé par sa mère, et Brahim qui « est arabe [et qui] volera le travail de quelqu'un quand il sera grand » (p. 17). Sasha, pour sa part, agit comme un garçon, se représente en garçon, se rêve et se projette dans l'avenir comme un garçon, et se félicite de porter un prénom épicène. Ils forment tous les trois une petite bande qui ne fréquente pas les autres enfants. Mais Jonathan disparaît. Il est monté dans une camionnette conduite par une femme très poilue. Un homme, peut-être, insistent les gendarmes. Non, non, une femme, avec de longues dents, de grandes oreilles et beaucoup de poils. L'enfant reparaît un petite semaine plus tard, mais il porte la trace d'une méchante morsure et il a changé. Il changera bien plus encore…

***

J'ai lu ce roman sans déplaisir, mais j'avoue ne pas être enthousiasmée par ce genre d'histoires. J'ai trouvé intéressante la transformation de Jojo en loup-garou (je ne révèle rien, il suffit de regarder la couverture pour savoir de quoi il s'agit), d'autant qu'on n'a jamais accès à ses pensées : on le voit toujours par les yeux de Sasha ou ceux de Marylou, on ne peut donc que deviner son calvaire. La souffrance de Sasha, cette petite fille qui veut être un garçon, son adaptation réticente à sa famille dysfonctionnelle, son amour sans limite pour son chien Megazord, la peur qu'elle éprouve face à son grand frère Kévin, l'amour déçu qu'elle porte à son père, tous ces aspects en font un personnage attachant, peut-être plus encore quand elle avoue ses arrangements avec la vérité. J'ai regretté que Brahim soit réduit à la portion congrue et que Marylou soit si transparente, archétype de mère possessive qui va jusqu'à la caricature. On devine très vite ce dont elle souffre. J'avoue avoir été rebutée par certaines scènes et franchement déçue par les deux dernières scènes aussi obscènes que glauques. Bref, je vais retourner dans mes sentiers battus ; ils sont assez larges pour que j'y trouve mon bonheur, jusqu'à la prochaine incursion en pays étranger…

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Rouge toxic

Ce que j’ai ressenti:

🌹Rouge Sang.



Le rouge, encore et toujours. L’obsession et l’attraction. Le rouge Sang. La peur et le frisson. Il était temps que je retrouve Morgane Caussarieu, car elle a le chic pour nous rendre les vampires, mortellement attrayants. Avec ce nouveau roman, elle implante son décor dans un lycée et les jeunes n’ont qu’à bien se tenir! Un vampire traîne dans les couloirs et il a faim d’attentions et soif de leurs sangs, à moins que ce ne soit lui, la nouvelle attraction…?! Car il semble que ce Faruk est à croquer, et sème le désir partout où il passe….Toujours est-il que avec ce nouvel élève, les codes vont bientôt changer et l’adolescente rebelle Barbara, verra son sang faire des tours, plus d’une fois!



Il avait des yeux pas nets, des yeux de salopard, des yeux de fou. Dans ses iris, je crus distinguer une autre dimension, faite de fractales infinies, de paysages gris ensevelis sous des couches de glace.



❌Rouge Toxique.



Toute cette tension, c’est indécent! Il se passe quelque chose avec les sangs de Barbie et Faruk. Des rendez-vous san(g)s répulsions, des heures de cours san(g)s attractions et des relations toxiques san(g)s déplaisir. En chapitre alterné, nous avons les impressions de ce duo improbable que vont former, bon gré mal gré, Faruk et Barbie. Une jeune fille meurtrie et un jeune vampire meurtrier: nous avons là un duo des plus intéressants avec toutes les palettes émotionnelles de l’adolescence qui se fracassent sur cet âge charnier. La difficulté de devenir adulte en toute conscience mais soumis au poids du passé, Morgane Caussarieu crée deux personnages attachants, mais que tout oppose, jusqu’à leur nature. Et pourtant, l’attirance est là au dépit de la raison. Ils se jettent dans les crocs de l’amour tout en étant au coeur d’une affaire louche, de pouvoir et de scientifique dont ils ne soupçonnent même pas les conséquences effrayantes.



Je suis la mort, je suis l’excès. Je suis les travers des hommes. Je suis leurs addictions. Tu es à mon image. Ton irrépressible soif est un concentré de mes vices. De leurs vices.



❤️Rouge Passion.



Morgane Caussarieu nous embarque dans son univers et revisite les légendes urbaines, réveille les peurs ancestrales en invitant le folklore de la Louisiane et la mauvaise réputation des rues sombres de San Francisco. Elle ajoute quelques petits clins d’œil à ses précédents romans sulfureux, (Dans les veines et Je suis ton ombre), tout en créant une nouvelle saga de Young Adult bien trempée, et c’est délicieusement addictif. J’ai été contente de retrouver l’ombre de Gabriel, tout en étant séduite par le personnage complexe de Faruk. J’ai une passion pour les vampires de cette auteure et au vu de ce final explosif, elle risque d’encore de me surprendre avec sa manière de réinterpréter ce mythe. Une très belle surprise, avec juste ce qu’il faut de frissons, d’amour et d’adrénaline.



Mes pores gorgés de vie s’ouvraient, le sang murmurait dans mon cerveau, irriguant mes muscles d’une pluie d’étincelles.



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Dans les veines

Vous crèverez dans le sang et la pisse.

Ainsi commence ce récit que l'on peut situer, sans jeu de mots, dans la même veine que l'excellent Ames Perdues de Poppy Z Brite.

Morgane Caussarieu est une autrice française. Elle revendique, à juste titre, un style splatterpunk.

J'ai eu un gros coup de coeur pour ce récit dans lequel une jeune fille tombe sous le charme d'un vampire. Loin des clichés de la bit-lit, l'autrice nous entraîne dans un cercle vicieux où se confondent l'amour et la mort, le désir et la répulsion.

Un roman d'horreur et de sang où cruauté et perversion font loi.

Une belle apologie de la décadence.



J'ai aimé la fluidité du texte, le côté onirique et bestial.

Le roman fête bientôt ses 10 ans et n'a pas pris une ride. Ce n'est pas seulement grâce à l'immortalité des créatures qui hantent ce récit. Morgane Caussarieu excise les plaies de toute une génération mal dans sa peau et en quête de sens.

Le texte ne conviendra pas à tout le monde. Inceste, torture, descriptions gores.

Je vous considère prévenus.

Pour ma part, j'ai non seulement passé un excellent moment de lecture mais j'ai surtout bien envie de découvrir d'autres œuvres de cette autrice.
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Rouge Venom

Ce que j’ai ressenti:



💉Sang-Control



Quelle joie de retrouver Barbie et Faruk, le couple maudit! Le sang toujours au centre de leur relation, et le désir plus fort que tout…Nous les avions laissé avec Rouge Toxic, dans une passion débordante avec moult secrets et hémoglobines éparpillés aux quatre vents, sans compter les cadavres exsangues dans les recoins de rues sombres. Mais l’attirance et toujours là, et il semblerait que Emma, la surdouée de la seringue, est trouvé une solution pour les amants, afin qu’ils puissent vivre leur amour dévorant. Mais qui peut véritablement arrêter l’amour ou la soif du sang? Qui peut sincèrement déjouer les plans des vampires centenaires, malins et sans conscience, méchants et retors? Peut-on contrôler l’appel du sang? Avec Rouge Venom, nous allons voir que la mission est quasi impossible pour notre plus grand plaisir!



"Je t’abandonne le monde, dévore-le comme bon te semble."



💯 % Venineux



Morgane Caussarieu inverse la tendance avec son héroïne Barbie. C’est maintenant les vampires qui n’ont qu’à bien se tenir! Mais on le sait très bien, ça, ils ne savent pas le faire! Plus dynamique, plus rougeoyant, plus trash, ce deuxième tome m’a vraiment conquise! Du fait, d’avoir plusieurs voix aux chapitres, cela donne plus de perspectives et de rebondissements. J’étais complètement accro de leurs émotions contrariées, de leurs humeurs venimeuses, de leurs folies sanglantes. J’ai dévoré ce livre et j’attends une suite avec une certaine impatience, car il semblerait que j’ai attrapé le virus Caussarieu. Le virus Morgane Caussarieu! Talentueuse, sensible, irrésistible, elle réinvente le mythe vampirique avec une originalité indécente, et met à mal nos pauvres cœurs. Je ne suis pas sûre qu’il va s’en remettre, mais c’était le risque à prendre: à la fin, on est mordus! Comme ça, vous êtes prévenus!



"Normal, je suis irrésistible, et je dis cela sans fanfaronner. La plupart des gens tombent amoureux de moi, c’en est même lassant. Je ne fais pas grand-chose pour, juste, ça arrive."



❤️Passion Rouge



J’ai adoré retrouver et rencontrer de nouveaux vampires. Morgane Caussarieu fait des clins d’œil à ses romans précédents et c’est toujours agréable de revoir nos monstrueux vampires chouchous, notamment Gabriel…J’ai été aussi complètement sous le charme de Ai-apaec , il m’a fasciné avec tout cet esprit autour de la grotte et de l’art. C’était extraordinaire de mélanger la puissance intemporelle d’un lieu avec la beauté transcendante de la sculpture. C’est le plus beau passage de ce deuxième tome, parce que sinon, c’est juste poisseux de sang et complètement déjanté. Mais c’est pour cela que je peux vous confier un petit secret: je suis complètement « à crocs » de cette saga fantastique, addictive et passionnante. C’est tout l’effet Rouge Venom: je suis infectée!



"Sous son influence de Fée Clochette des Enfers, on devenait une partie d’elle, une simple extension de sa volonté toute puissante."



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
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Dans les veines

Je suis arrivée à la moitié de ce roman fantastico-horrifique quand j'ai commencé à m'ennuyer. Bienque je sais apprécier un langage désinvolte et sans gêne (non, je n'ai pas dit "cru" !), je ne sais pas faire l'impasse sur une histoire qui n'avance pas ou tourne en rond. J'avais ainsi l'impression que le récit se répétait : on suce le sang (ou autre chose) jusqu'à ce que mort s'ensuive et on passe au prochain méfait victimisé ... Attitude tout à fait normal pour des méchants prédateurs vampiriques, mais ca m'a lassée. La pauvre petite proie adolescente amoureuse (d'un vampire) et sous l'emprise de pressions indélicates d'un père-flic, n'a pas su gagner ma sympathie non plus... disons-le franchement : je la trouvais niaise.

Il reste une histoire de bite-hard et dur (cooccurrence aussi bien anglais que francais), violente et bestiale toute en larmes, sang, sueur, sperme et émanations diverses ...que j'ai finalement abandonné en mi-chemin.
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Dans les veines

Pour mon premier avis de 2015, je n'ai pas choisi le livre le plus facile à chroniquer... Et là, tout de suite, je ne sais pas vraiment par où , ni par quoi commencer. J'avais très envie de lire ce livre, même si j'étais finalement sure de ne pas ressortir entièrement satisfaite de cette lecture après avoir lu l'avis de Cali. Et le truc, c'est que je pourrais presque m'arrêter là en vous postant un lien vers sa chronique !





Bon, j'exagère un peu, et je vais tenter de mettre des mots sur mon ressenti. Avant toute chose, il faut dire que les vampires, c'était mon dada. Avant qu'on en fasse des créatures mièvres et tourmentées, que le mythe se casse un peu plus la gueule à chaque nouveau roman cucul au possible. Et ce, jusqu'à ce qu'une certaine saga chère à mon cœur ne vienne relever le niveau et me réconcilier avec les dents pointues (Si vous êtes nouveaux, je parle de Rose Morte, bien sûr!)





Alors forcément, quand on m'a vendu Dans les veines comme un roman mettant en scène de vrais vampires à l'ancienne, qui mangent de l'humain et qui aiment ça... J'ai été plus qu'intéressée. Puis sont venus tous les avis positifs et les coups de cœur en série sur la blogo, et si je ne l'avais pas reçu à mon anniversaire, je l'aurais probablement acheté moi-même. D'ailleurs, une fois reçu, je l'ai dévoré le jour même.





Clairement, on est loin de Twilight. L'auteur s'acharne peut-être même un peu trop à mettre cette particularité en avant, mais je chipote. Les quatre vampires que nous suivons sont déviants, malsains, cruels et pervers. En fait, tous les personnages le sont, ce qui a un peu déséquilibré le tout, mais j'y reviendrai. Il faut qu'une chose soit claire : ce livre peut choquer, et pas qu'un peu. Ce n'est pas qu'une question de sang, de gore et de dégueulasse, ni même une question de sexe un peu trop hardcore, c'est plus du côté impact psychologique qui m'a personnellement perturbée. On peut par exemple trouver dans Dans les Veines des scènes de viol ou de torture décrites avec un soin du détail particulièrement morbide, soyez donc sûrs d'être préparé avant d'entamer ce roman.





C'est un des points du roman qui m'a dérangée. Le gore, le malsain, je ne dis pas non, mais si cela sert l'intrigue. L'acharnement descriptif de certaines scènes m'a déplu, j'y voyais plus du voyeurisme qu'autre chose. Surtout lorsqu'on touche au viol incestueux ou à la pédophilie, ou même à la torture. Surtout qu'en suggérant, on peut arriver à des résultat semblables. Ce n'est pas toujours le cas et parfois bien sûr ces scènes servent l'intrigue du roman, mais j'en ai trouvé certaines superflues et pas forcément nécessaires.





Aussi, comme je l'ai dit plus haut, il n'y a aucun personnage qui puisse être qualifié de fréquentable. Les quatre vampires sont déviants au possible, chacun dans son genre, mais ils ne sont pas forcément les pires. Chacun des êtres humains présent dans le roman est détestable à cause d'une ou plusieurs choses, ce qui a créé une sorte de déséquilibre où les personnages mauvais avaient l'avantage. Le résultat, c'est que je ne me suis attachée à absolument aucun d'entre eux et j'étais indifférente à leur sort. Il n'y a que très peu de nuance et l'histoire en pâtit un peu.





Concernant les vampires, j'ai beaucoup aimé ce qui concernait leurs envies et leurs besoins. Leur soif ne s'arrête pas au sang, ils recherchent absolument tous les fluides, comme les larmes, afin de se renouveler constamment. Aussi, leur simple présence est un poison, poison qui agit sur tous les être vivants, végétation incluse.





Malheureusement, ce qui me plaisait a aussi été un peu entaché par la pseudo histoire d'amour caricaturale au centre de l'histoire. On avait d'un côté les vampires sans âme et finalement sans grand intérêt dès qu'on s'éloignait de la trame principale, parce qu'à ce stade autant suivre des animaux si les sentiments ne régissent rien... Et de l'autre, un vampire qui cherchait à retrouver des émotions passées, enfouies, et qui utilisait une jeune lycéenne pour cela. Un peu de nuance, moins de gore d'un côté et moins de mielleux de l'autre aurait rétabli un équilibre qui manquait de ce côté aussi. Et finalement, je suis restée un peu hors de l'histoire, à ne jamais vraiment voir quel était le fil conducteur. Surtout avec la fin qui casse totalement le rythme et nous abandonne un peu à notre sort.





Je dois cependant dire que le style de l'auteur était assez plaisant pour me donner envie de continuer et de finir le roman, et ce en une seule journée. J'ai été un peu gênée par le changement de ton de la narration qui adoptait à tour de rôle le style des personnages à travers les yeux desquels on suivait la scène. Ce n'est pas forcément mal fait, et pas forcément choquant non plus (à part pour un personnage particulièrement grossier) mais j'aurais préféré une narration linéaire, surtout à la troisième personne. Je chipote une fois encore, parce que j'ai vraiment trouvé que Morgane Caussarieu avait un style très fluide, qui se lisait tout seul.





J'ai l'impression que ça fait peu de points positifs en fait, mais le livre n'est clairement pas mauvais non plus. Il manquait juste de nuance, l'auteur était aussi beaucoup trop focalisée sur son idée d'offrir des vampires les plus éloignés possible des clichés récents et son histoire en a un peu souffert. Avec un peu moins de manichéisme et, à mon goût, un peu moins de scènes glauques trop détaillées, j'aurais été bien plus enthousiaste.





Au final, Dans les Veines un roman intéressant qui me donne envie de découvrir Morgane Caussarieu autrement. Et une fois encore, à ne surtout pas mettre entre toutes les mains !
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Dans les veines

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture avec ce livre qui ramène les vampires vers leurs origines sanguinaires et violents. L’auteur nous offre une histoire mélange de thriller et de fantastique efficace même si je reproche l’abandon sans raison et un peu trop facile de l’aspect thriller pour se consacrer aux vampires. L’univers punk-rock colle parfaitement à ces vampires et permet d’offrir quelques nouveautés et originalités. Les personnages sont complexes et travaillés, mais se révèlent tous rapidement très sombres ce qui fait qu’on a du mal à complètement s’attacher à eux et à ressentir quelque chose pour eux en cas de mort ou de souffrance. Je reproche aussi à l’auteur une histoire d’amour à la Roméo et Juliette sans surprises pour la conclusion. La plume se révèle vraiment incisif, entrainante efficace et surtout très visuelle ce qui permet de faire tourner les pages rapidement et avec envie pour peu qu’on apprécie ce genre de lecture. Un roman pas obligatoirement parfait, mais qui mérite d’être découvert pour tous les amoureux des vampires, des vrais.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
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Vertèbres

Morgane Caussarieu nous emmène à nouveau à Vieux-Boucan-lès-Bains, dans les années 90, non pas en compagnie de vampires, pour cette fois, mais pour explorer la thématique de la transformation du corps de l'enfance à l'âge adulte, à travers la figure du loup-garou.



A Vieux Boucau, une bande de gamins passent leur temps ensemble. Sasha qui n'aime pas et ne veut pas être une fille, Brahim, que tout le monde rejette, et Jonathan alias Jojo, diabétique et en surpoids. Ils m'ont fait penser au Club des Ratés de Stephen King.

Ce petit monde survit tant bien que mal au monde sans pitié des cours de recré.

Jusqu'au jour où Jojo est enlevé. Sa réapparition quelque temps plus tard le révèle mutique et de retour à un état primitif. Sa mère découvre également qu'il est revenu de son enfer avec une vertèbre en plus.



J'ai passé un bon moment de lecture. Le récit est très dynamique, raconté sous forme de journal intime par Sasha et Marylou, la mère de Jojo.

Morgane Caussarieu s'en donne à cœur joie sur la maternité à travers le personnage de Marylou. Une vision particulière du rôle de mère mais on n'en attend pas moins de la part de l'autrice qui aime à explorer les déviances.

Le personnage de Sasha, du haut de ses 10 ans, est très intéressant. Elle offre un regard pas si innocent que cela sur la transformation de son ami.



Métamorphose, transition de l'enfance vers l'âge adulte, sexualité, maternité, autant de thèmes explorés sans concession par une autrice qui ose aborder les tabous.

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Nous parlons depuis les ténèbres

Nous parlons depuis les ténèbres est une anthologie dirigée par Estelle Faye et Floriane Soulas, parue aux éditions Goater. Je me suis procuré ce recueil à Ouest Hurlant; c’était, un des bouquins sans lequels je ne voulais pas quitter le festival. J’avais assisté à la table ronde dédiée à l’anthologie, qui m’avait mis encore plus l’eau à la bouche. Malheureusement, je peux dire que la rencontre est loupée.



Je ne vais pas passer en revue les différentes nouvelles ici. Si vous le souhaitez, je vous invite à lire la chronique complète sur le blog, je mets le lien en-dessous.

En revanche, je vais plutôt livrer mon ressenti global et quelques remarques d'ensemble.



La déception vient d'abord de mes attentes, en fait. Cette anthologie promettait du lourd et du sombre. J’attendais un dépassement de l’imagination, des textes sans limites, des prises de risques. Mais finalement, je n’ai rien eu de tout cela.



D'abord, « aucune limite », avait dit Estelle aux autrices. Malheureusement, c’est la sensation que j’ai eue en lisant Nous parlons depuis les ténèbres. Certains textes ne sont pas suffisamment aboutis, d’autres se révèlent assez timides. J’ai senti de la retenue à plonger franchement dans les ténèbres, comme si les autrices avaient souhaité rester sur le seuil. Et j’ai même ressenti une sorte de froideur, de réticence à parler depuis les ténèbres. Comme un manque d’entrain, ou un texte écrit parce qu’il le fallait. Je n’ai pas ressenti le plaisir qu’ont eu les autrices à écrire ces nouvelles.



Ensuite, je n’ai pas vibré dans ces pages. Je n’ai pas frémi, je n’ai pas eu de frissons, rien ne m’a vraiment bousculée, dérangée ou mise mal à l’aise durablement. Et c’est surtout ça que je reproche au recueil. D’être mollasson, de manquer de punch, de volonté, de cœur à l’ouvrage, de fougue, de saut à pieds joints dans la noirceur collante des ténèbres. Il y a quand même la nouvelle de Morgane Stankiewiez, qui se détache très clairement des autres textes. Mais ça ne suffit pas; les nouvelles ne sont pas mauvaises, d'ailleurs j'ai bien aimé quelques textes (celui de Louise Le Bars avec sa prose poétique, celle de Cécile Guillot, très mélancolique...). Mais en termes de coup de poing dans la tronche, le compte n'y est pas. Et ça, c’est vraiment, vraiment dommage.



Est-ce parce que notre conception française de l'horreur est beaucoup plus restrictive que celle anglo-saxonne ? Peut-être, mais dans ce cas, il me semble que le recueil ne se positionne pas très bien, tant dans son projet littéraire que vers son lectorat. Il aurait peut-être fallu, dans la préface, réancrer l'anthologie dans un héritage plus marqué afin que les attentes soient en concordance avec les textes proposés. C'est juste une hypothèse, que je développe davantage dans mon billet, mais je me suis posé la question, en tout cas.



Enfin, quelques remarques sur la forme. J'ai trouvé dommage qu'il n'y ait pas davantage de liens entre les nouvelles. J'ai plus eu la sensation de lire une addition de textes qu'un ensemble harmonieux tissé de bout en bout, avec échos et clins d'œil. Je regrette aussi que la forme finale n'ait pas été plus soignée, avec une relecture performante éliminant les coquilles, oublis de ponctuation et maladresses de langage dans une nouvelle. Ce beau projet aurait mérité à mon avis de mûrir davantage.



Alors voilà, j'espérais un feu d'artifice, un océan de malaise, de frissons et de vertiges, un puits de noirceur sans fin, mais ma lecture a davantage ressemblé à un pétard, une promesse de nuits tranquilles et des nuances de gris. Je suis un peu déçue, il faut bien le dire...
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Je suis ton ombre

Poil de Carotte ne tourne pas rond. Tout le monde le pense : ses profs qui ne s’intéressent pas lui, ses camarades de classe qui le tabassent ou l’évitent, son père qui ne lui parle plus beaucoup… Ils n’ont pas tort. Depuis que son frère jumeau est mort, victime d’un accident stupide, quelque chose ne tourne plus rond chez Poil de Carotte. Il se sent seul, horriblement seul, et ferait n’importe quoi pour cesser d’être le souffre-douleur de son école, l’éternel repoussé. Un jour, il découvre dans les ruines d’une maison calcinée un étrange journal datant du XVIe siècle et racontant l’histoire épouvantable de deux jumeaux orphelins vivants à la Nouvelle Orléans et soumis aux sévices d’un marquis corrompu. Il y fait également la connaissance de Gabriel. Gabriel lui ressemble beaucoup : lui aussi a dix ans, lui aussi est seul, lui aussi a perdu un frère adoré. Mais Gabriel n’a rien d’humain, il est trop calme, trop blême, n’apparait que dans les rêves de Poil de Carotte et possède une dentition à faire pâlir de jalousie un requin. Poil de Carotte donnerait beaucoup pour que Gabriel soit son ami mais pour cela, il devra accomplir des actes terribles et plonger au plus noir d’un cauchemar éveillé…



Disons le tout de suite, les romans vampiriques ne me bottent pas particulièrement. Non que je n’ai pas un faible comme tout le monde pour les buveurs de sang, mais il y a tellement de clichés accrochés au genre, tellement de poncifs narratifs, qu’il est généralement très difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Avec son curieux petit roman, aussi profondément dérangeant que fascinant, Morgane Caussarieu prouve que l’on peut encore faire preuve d’originalité sur un sujet pourtant rongé jusqu’à la moelle. Oppressant et morbide, « Je suis ton ombre » tient davantage du conte de fée maléfique que du roman horrifique. Il s’en dégage une atmosphère poisseuse, un parfum de pourriture et de sang frais qui vous poursuit longtemps un fois le livre refermé. Le roman aborde avec succès le sujet des enfants maltraités et pervertis, y mêlant habilement une mythologie vampirique remaniée à la sauce vaudou. Très bon style également, pouvant déstabiliser le lecteur dans un premier temps par son côté cru et argotique, mais auquel on s’habitue très rapidement. A déconseiller aux âmes trop sensibles, mais les autres passeront un agréable moment à frissonner au coin de leur cheminée !

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Vertèbres

Habituée au fantastique grâce auquel elle s’est penchée à plusieurs reprises sur la figure du vampire (« Rouge Venom » ; « Rouge Toxic » ; « Je suis ton ombre »...), Morgane Caussarieu publie en cette fin d’année 2021 un nouveau roman qui s’inscrit parfaitement dans le genre mais propose cette fois d’explorer le mythe du loup-garou. Tout commence dans un paisible village balnéaire des Landes, à la fin des années 1990. Là, le lecteur fait la connaissance de Sacha, une enfant de dix ans très en marge du reste de la communauté (tant en raison de son milieu social défavorisé que de son attitude volontairement provocatrice) mais qui peut heureusement compter sur ses deux meilleurs amis, eux aussi peu populaires parmi les enfants du village : Brahim (car pauvre et arabe) et Jojo (car souffreteux et obèse). Le petit monde de la jeune fille va toutefois voler en éclat lorsque l’un de ses deux compagnons de jeu va être enlevé par une mystérieuse femme à barbe. La détresse de Sacha n’est toutefois rien en comparaison de celle de la mère du garçon, Marylou, qui est le second protagoniste de cette histoire. Une semaine après sa disparition, Jonathan refait finalement surface, au plus grand soulagement de tout le village et de ses proches. Sauf que le garçon est méconnaissable : mutique, il a perdu une quantité de poids impressionnante en seulement quelques jours et également gagné une vertèbre supplémentaire. Désireuse de protéger son petit des rumeurs et d’éventuelles investigations du corps médical, Marylou va isoler son fils et assister, impuissante, à sa transformation en une créature bien différente du petit garçon qu’elle couve furieusement depuis sa naissance. Relativement court, le récit est bien rythmé et porté par une écriture dynamique, si bien que la lecture s’effectue en un temps record. Le mode de narration choisi participe de cette envie de tourner encore et encore les pages puisque l’autrice opte pour deux méthodes différentes en fonction de ses héroïnes. Ainsi, Sacha, la petite fille de dix ans, s’exprime à la première personne et s’adresse à son journal intime, tandis que le point de vue de Marylou, la mère de Jonathan, nous est rapporté à la deuxième personne du singulier. Or, autant la première forme de narration est plutôt classique et trouve vite ses limites, autant la seconde se révèle plus originale et percutante.



La personnalité des deux héroïnes mises en scène ici participe également au plaisir de lecture et interpelle inévitablement le lecteur qui éprouve pour elles des sentiments ambigus, fait d’empathie en raison de leur flagrante vulnérabilité et de réprobation devant certains de leurs choix pour le moins discutables. Sacha est ainsi une enfant très attachante sous ses airs de petits durs et ses questionnements concernant son identité sexuelle s’avèrent touchants et occupent une place non négligeable dans le roman qui traite le sujet avec une grande sensibilité. Du côté de Marylou on alterne entre la pitié, l’admiration, la déception, voir carrément le dégoût, et c’est justement parce qu’ils nous font passer par une palette aussi variée d’émotions que les chapitres la concernant sont aussi intéressants. Le tutoiement adopté est, encore une fois, pour beaucoup dans le plaisir qu’on prend à découvrir son point de vue, tandis que le mode « journal intime » choisi par Sacha se révèle moins surprenant et parfois même trop peu crédible. Certains passages sont en effet typiques d’un récit écrit par une petite fille de dix ans, et leur simplicité pourra alors gêner le lecteur, tandis que d’autres témoignent d’une grande maturité qui ne colle pas avec l’âge du personnage. Les autres personnages sont quant à eux très secondaires et ne servent que de toile de fonds au récit, à commencer par les hommes qui sont ici traités de manière presque exclusivement négative, ce qui ne manque pas de susciter un sentiment d’oppression chez le lecteur, peut-être même davantage que la perspective de voir Jonathan se transformer en monstre sanguinaire. Le mythe est d’ailleurs abordé de manière très classique : on a affaire à une créature sauvage et imprévisible qui ne peut se contrôler et cherche par tous les moyens à contenter ses besoins primaires, se dépouillant ainsi totalement son humanité. Quelques petits ajouts liés à l’histoire personnelle du garçon et de mère viennent se greffer sur le mythe originel, mais dans l’ensemble les amateurs de récits faisant la part belle à la lycanthropie ne seront pas vraiment dépaysés.



Un autre aspect important du roman, qui a le pouvoir de déplaire autant que de séduire les lecteurs, concerne la période à laquelle se déroule l’histoire. L’autrice a en effet choisi de situer l’action à la fin des années 1990 et multiplie tout au long du récit les références aux classiques de cette époque, ce qui ne manquera pas de susciter la nostalgie de celles et ceux qui ont vécu leur enfance à la même période. Avec ses nombreux clins d’oeil cinématographiques (Didier, Maman j’ai raté l’avion, Hook, Dragon Ball Z…), publicitaires (Croustibat, Frosties, PEZ…) ou technologiques (tamagotchi, minitel, Super Nitendo…), Morgane Caussarieu créé ici une ambiance un peu désuète très particulière qui parlera à beaucoup mais court aussi le risque de lasser à force de vouloir trop en faire. En partie à cause de cette atmosphère pleine de nostalgie, mais aussi en raison de l’intrusion du surnaturel dans la vie de jeunes enfants, le roman fait évidemment beaucoup penser à d’autres œuvres du même type, à l’image de « Ça » de Stephen King, ou plus récemment de la série à succès « Stranger Things », avec laquelle elle partage pas mal de points commun. Le côté « village perdu et renfermé sur lui-même où tout se sait mais où personne ne dit rien » m’a également fait penser à d’autres romans d’imaginaire sortis récemment et dans lesquels on retrouvait approximativement le même schéma et une partie des thématiques concernant le passage à l’âge adulte et les effets de la maltraitance sur les enfants. Parmi eux je citerais notamment « Je suis ta nuit » de Loïc Le Borgne (ActuSF), qui m’avait beaucoup marqué lors de ma lecture, mais aussi « La princesse au visage de nuit » de David Bry (HSN).



Bien que classique dans sa façon d’aborder le mythe du loup-garou, le roman de Morgane Caussarieu séduit à la fois par son dynamisme et son côté un peu « cru » mais aussi par la personnalité atypique de ses héroïnes, une petite fille qui se sent garçon et une mère hyper-protectrice. Le mode de narration choisi par l’autrice, qui alterne entre le « je » et le « tu », présente quelques limites mais se révèle dans l’ensemble réussi, notamment parce que la subjectivité de chacun des deux points de vue permet d’habiles retournements qui viennent changer le regard du lecteur sur certains personnages ou pans de l’intrigue.
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Rouge toxic

Rouge Toxic ou l'histoire d'un vampire au lycée. Dans l'absolu, une idée frappée du sceau de la débilité profonde. Ce ne sont pas L'Etron crépusculaire et Diarrhée vampirique qui prétendront le contraire (traduction personnelle de Twilight et Vampire Diaries).

Souviens-toi des vampires du temps jadis… Avant de devenir un néon nanar, le vampire, c'était… ben un vampire. Une créature balèze, avec des pouvoirs plein la musette, capable de te pomper et te vider plus vite qu'une experte en gorge profonde. Une créature ancienne, qui a eu le temps d'accumuler connaissances et expérience de la (non-)vie, plus qu'aucun humain ne peut en rêver.

Partant de là, qu'est-ce que tu voudrais qu'un vampire aille glander dans un lycée ? Apprendre les figures de style dans Madame Bovary et le théorème de Pythagore en compagnie d'une bande de crétins boutonneux et immatures, tu penses que ça ferait rêver Dracula ou Lestat ? Déjà que nous, ça ne nous passionne pas des masses, alors eux…

Là en plus, on ne parle pas de n'importe quel lycée mais d'un bahut américain, mine de clichés par excellence, surtout à la télé et au cinéma. le quarterback star du lycée, la pimbêche reine de promo, la cheerleader aussi belle que bête, le souffre-douleur à lunettes, la goth-punk-freak et cetera ad nauseam, la clique de caricatures au grand complet, incarnée par des acteurs qui ont l'âge de préparer un doctorat.

Bref, drôle d'idée…





La première fois qu'on m'a parlé de Rouge Toxic, je me suis demandé si Caussarieu n'avait pas des envies de suicide littéraire. L'idée paraissait casse-gueule comme pas permis. Après, en bon germaniste, je me suis dit wait and see, on jugera sur pièce.

Je suis viendu, j'ai lu, j'ai pas regrettu.

Le monde des lettres se divise en deux catégories : les auteurs qui savent transformer l'idée la plus improbable en bon roman et les bras cassés. A l'évidence, on n'est pas là de voir Caussarieu plâtrée des épaules aux poignets. Elle a réussi un sacré tour de magie avec Rouge Toxic. Tu me diras, quand on se prénomme Morgane, la magie coule de source.

Rouge Toxic est un bon roman de vampire pour jeune public, pas de la romance adolescente générique avec du surnaturel à deux balles plaqué dessus.





Moins trash que Chéloïdes, moins fort dans son propos, mais rien de scandaleux, le public visé n'est pas du tout le même. Caussarieu a su adapter son écriture et c'est un bon point (encore neuf et tu auras une image).

Très différent, Rouge Toxic reste quand même du Caussarieu. On retrouve dans les personnages et les lieux son attachement pour les marges. Barbara est une Barbie fille dans un Barbie monde, pourtant tout n'est pas rose dans sa vie. Elle a du mal à s'intégrer et possède certaines particularités que je ne vais pas spoiler. Tout ce qu'il faut pour rester à l'écart.

Quant à Faruk… le vampire, l'inhumain, le monstre. Marginal par sa nature, junkie accroc au sang, il vit dans le Tenderloin, quartier pas tendre de San Francisco. Une marche urbaine où résident les invisibles, ceux que la société ne veut pas voir, [ ] SdF, [ ] drogués, [ ] prostituées, [ ] laissés-pour-compte (cochez la case correspondante, plusieurs choix possibles).





Si le propos vampirique n'a pas la même portée que la chronique punk, ça n'empêche pas qu'il y en ait un, là où le modèle du genre est creux comme une flûte à bec. Roman ado, donc avec quelque chose d'initiatique, ici le glissement entre la tutelle de l'enfance et l'autonomie de l'adulte. En clair, l'émancipation, le moment où tu deviens toi et plus seulement une extension de tes parents.

Dans Rouge Toxic, les parents, c'est surtout la figure paternelle. Figure aux deux visages, comme Janus ou la vengeance (ces références…), elle brille autant par son absence qu'elle pèse par son omniprésence. Barbie a perdu son paternel, depuis elle est surprotégée par son tuteur Abe. Faruk n'a aucune nouvelle de son père vampirique – dont il traîne l'héritage encombrant depuis des lustres – et c'est la carotte d'informations à son sujet qui va l'amener à accepter la quête “mission au lycée”.

Tout cela mis bout à bout permet au roman d'avoir quelque chose à raconter au-delà d'une bluette lycéenne. La présence d'un vampire sur les bancs de l'école se trouve justifiée par une raison plus profonde que “c'est le pitch, osef de l'incohérence”. Enfin, les deux personnages principaux ont un point commun à travers cette thématique, un moteur à leur rapprochement, là encore avec une raison valable, pas juste “c'est dans le scénario”. Caussarieu touche le tiercé dans l'ordre avec une construction romanesque solide.





Je te vois trépigner d'ici. Soit tu as envie de pisser, soit tu ne tiens plus d'avoir la réponse que tous les photographes se posent : qu'en est-il des clichés ?

Caussarieu connaît son affaire, les clichés et les codes, elle s'en amuse beaucoup. Il y a tout un jeu autour, de clins d'oeil, de références, de contre-pied… Même quand elle te sort un topos, tu sens qu'il y a une volonté et une réflexion derrière, qu'il n'est pas là au premier degré par flemme ou maladresse d'écriture. Par exemple, les personnages marquants du lycée ne sont pas des ratages caricaturaux, ils s'ancrent dans une certaine représentation du microcosme lycéen. Rouge Toxic se situe dans la lignée du Breakfast Club de John Hughes, avec un esprit identique, à la fois dans typologie des individus et le questionnement sur le “qui êtes-vous ?”.

En fait, ce roman respire la pop-culture des années 80-90, quelque part entre le film Teen Wolf (1985), des séries comme Buffy contre les vampires, le Caméléon ou 21 Jump Street et bien sûr les Chroniques des vampires d'Anne Rice.

Parce que là, on a enfin un VRAI vampire, comme on n'en avait pas eu depuis un bail. Quand Caussarieu met en scène un vampire, tu n'as pas envie de te fendre la poire comme devant Edward “guirlande de Noël” Cullen. Faruk est un prédateur, un tueur, pas un pleurnichard fluorescent. C'est aussi un personnage avec une épaisseur, à la différence de l'autre brindille. Faruk reste habité par le conflit entre l'humain qu'il a été et la bête qu'il est devenu. Buveur de sang, meurtrier, mais avec un petit quelque chose qui subsiste de son humanité perdue (cf. le choix de ses victimes dans le Tenderloin). Elle est loin, cette humanité, Faruk est vieux… mais bloqué à quinze ans. Dans son cas, l'éternelle jeunesse tient aussi de la malédiction. Passer l'éternité avec une tronche d'ado, merci du cadeau… Rappelez-vous comment ça s'est terminé pour la petite Claudia d'Entretien avec un vampire… S'il y a une parenté littéraire avec Rice, Caussarieu a aussi le bon goût de ne pas refaire du Lestat. Elle propose sa propre figure du vampire, moins aristo, moins romantique, avec moins de dentelles.





Rouge Toxic, c'est du bon roman de vampires, qui s'adresse à des lecteurs en lycée, qui vont y entrer ou viennent d'en sortir. Léger avec ce qu'il faut de noirceur, beaucoup de tension, du rythme, une écriture tonique… et une bonne dose de sang, moteur indispensable à tout récit vampirique.

Après le carnage des années 2000 qui a changé le vampire en figure nanarde et dilué l'esprit adolescent dans le jus de navet, voilà enfin un bouquin qui relève le niveau. Caussarieu renoue avec l'état d'esprit des années 80-90, quand les années collège-lycée étaient synonymes des premiers films d'horreur qu'on regardait dans le dos des parents, des premiers Stephen King qu'on dévorait, de la collection Terreur rouge et noir… Quand on allait au-devant de l'horreur, pour frissonner, voir des monstres et du sang, pas des vampires larmoyants qui font des bisous à des gogoles romantiques.
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Vampires & bayous

Opération Masse Critique.

Merci aux éditions Mnémos et à Babelio...



Cela fait plusieurs années que j'attends un essai comme celui-ci. C'est dit.

Toujours fascinée par les vampires, non pas seulement par la créature surnaturelle en elle-même mais plutôt par ce qu'elle révèle de la société dans laquelle elle évolue, le reflet d'une humanité débarrassée ou au contraire embarrassée du carcan des moeurs, j'ai trouvé dans cet ouvrage une analyse approfondie, documentée et argumentée de ce phénomène culturel majeur. Et cette étude a pour cadre la Louisiane, les bayous, les rues poisseuses et envoûtantes de la Nouvelle-Orléans, ce qui ne gâche rien !

Qui n'avait pas encore remarqué que la Louisiane et le Sud en général était devenu depuis quelque temps un terrain de chasse privilégié des suceurs de sang ? Entre les "Chroniques des vampires" d'Anne Rice, la série "True Blood" et les romans de Poppy Z. Brite, nous pouvons dire que nous sommes copieusement servis.



Mais Morgane Caussarieu ne fait pas qu'un inventaire et une description des différents romans, films et séries vampiriques que l'on trouve sur le marché ; elle avance une thèse très intéressante que l'on pourrait résumer ainsi : les vampires de Louisiane sont les reflets des tabous et des traumatismes sudistes. Racisme, rejet plus général de la différence, culpabilité coloniale, puritanisme, tabous liés à la sexualité, violence perverse, bref la décadence d'une société colonialiste moribonde traumatisée par la guerre de Sécession... Que de sombres tréfonds dans l'âme humaine présentés au travers d'une unique épouvantable créature, le vampire !

A travers une analyse documentée, rythmée par des chapitres percutants et des illustrations soigneusement choisies, l'auteur parvient à nous emporter dans cette atmosphère poisseuse du bayou où naissent et croissent les perversions et les violences les plus variées. Fascinant, non ? Parce que la décadence et les dépravations de l'être humain et a fortiori du vampire sont fascinantes, ô combien malsaines, certes, mais terriblement passionnantes.

Et pourtant, avec toute l'humilité dont je suis capable, je ne suis pas toujours d'accord avec Morgane Caussarieu dans ses interprétations. Malgré une argumentation solide, certaines de ses théories me semblent discutables, voire hasardeuses. Ne pas oublier que, parfois, une thèse poussée à l'extrême dresse d'imperceptibles oeillères et ne laisse que peu de place à d'autres interprétations possibles. J'ai souvent eu des réactions épidermiques à ce qui m'apparaissait comme des catégorisations faciles et des jugements de valeur sous-entendus, d'autant plus dans ce genre d'ouvrage, et j'ai le regret de dire qu'il y en avait quelques uns. C'est faire insulte à l'intelligence du lecteur : ne peut-il lui-même discerner ce qui est de qualité ou non, sans qu'il soit pris par la main ?

Mais cet essai reste un ouvrage de qualité, et je fais confiance au plus grand spécialiste français des vampires, Jean Marigny (qui a préfacé ce livre), s'il approuve, qui suis-je pour ne pas en faire autant ?

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Les Rougon-Macquart

" …..... des Rougon"

Le trésor
La maison
Le destin
La fortune

10 questions
29 lecteurs ont répondu
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