Moriah Gemel

— Est-ce que tu m’as amené à une séance de mise en scène ?
Elle lui sourit gentiment. Ça ne va pas avec l’expression de son visage.
— Non mais sérieux, Andy ? grince-t-il. Tu sais que j’ai arrêté de faire ça…
— Seulement parce que ton dernier mec était aussi vanille qu’un latte.
— Je ne l’ai fait qu’à cause d’un mec au départ.
— Et tu n’as jamais été plus heureux, répond-elle, l’air insipide, le regardant de haut et allant même jusqu’à repousser sa chevelure noire de ses yeux pour mieux l’observer. Même si Stanley était dix fois plus tolérable lorsque tu le bâillonnais que lorsque tu le laissais ouvrir la bouche. Ça fait partie de toi, Eric. Tu ne devrais pas le renier parce qu’il n’y a aucun mal à ça. Alors regarde autour de toi, joue le jeu, trouve-toi un soumis et apprécie ton whiskey.

-Tu as besoin de te détendre et de te taire, répond-elle en lui lançant un regard noir. Je fais ça parce que tu es important pour moi. Tu n’as même pas parlé à ce type et tu le regardais comme s’il était ton putain de prince dans toute sa perfection. Alors amuse-toi avec lui et assure-toi de lui donner ton numéro après, parce qu’il n’aura aucune idée de qui tu es.

-Ok. Eh bien. Je pense que je m’accroche. Genre… commence-t-il avant de soupirer et de se retourner pour le regarder nerveusement dans les yeux. Tu me fais ressentir beaucoup de choses, Eric. Je ne parle pas de beaucoup de différentes choses, mais que tu me fais ressentir chaque chose intensément. Est-ce que… tu vois ce que je veux dire ?

-Oui.

Il essaie de ne pas trembler, de ne pas se laisser aller dans son désir d’insouciance. La logique est ici son alliée. Contrôle. C’est lui le dominant.

-Beaucoup de cela… vient de la mise en scène.

-Je le sens aussi en dehors, Eric.

-Je sais, répond-il, honnêtement. Moi aussi. Mais c’est beaucoup plus fort avec… tout ce qui se passe dans nos têtes et dans notre corps…