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4.02/5 (sur 26 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Californie , 1915
Mort(e) : 1991
Biographie :

Moritz Thomsen est un écrivain américain.

Né en 1915 dans une famille californienne aisée (un grand-père d'origine danoise, à l'époque des pionniers) où l'on cultive un solide conservatisme, Moritz Thomsen s'ingénie assez tôt à jouer les moutons noirs, en tout cas à frayer dans des voies excentriques. Engagé pendant la Seconde Guerre mondiale en qualité de bombardier dans l'US Air Force, il n'arrive pas à se persuader de la dimension héroïque du combat qu'il mène, et lutte surtout pour tenter d'y voir clair en lui (un livre posthume — My Two Wars, 1996 —, l'un des plus étonnants parmi ceux que l'Amérique a consacrés à la dernière guerre, rend compte de cette première expérience de la violence). Revenu à la vie civile, il mène une existence bohème, fréquente les milieux intellectuels marginaux, s'achète près de Sacramento une ferme où il élève des cochons — bien résolu au moins à éviter la carrière de brillant « manager » que son terrible père avait tracée pour lui. En 1963, à quarante-huit ans, Thomsen revend sa ferme, s'engage dans le Peace Corps et part en mission pour l'Équateur dans le cadre d'un programme d'aide à l'agriculture. Il découvre le visage brutal de la vraie misère, dans des villages où le propriétaire d'une demi-douzaine de poules passe pour « riche » et où la plupart des paysans achètent leurs cigarettes à l'unité (et à crédit)… C'est cette expérience qui le rendra écrivain : Living Poor (1969) rend compte de ce qu'il a vu et vécu en Équateur sur un ton assez inattendu — curieux mélange d'humour noir et de compassion —, et lui vaut de beaux coups de chapeau de la critique. Après plusieurs années passées sur le terrain, en sourde révolte contre ceux qui l'emploient au service d'un « modèle américain » qu'il a toujours récusé, il démissionne du Peace Corps et redevient fermier — mais en Équateur cette fois, et bien décidé à vivre enfin selon les principes de son utopie intime. C'est cette longue aventure — vite désenchantée — et ses suites qu'il évoque dans ses deux livres majeurs : The Farm on the River of Emeralds (1978) et The Saddest Pleasure (1990). Deux ouvrages qui le feront comparer aux plus grands : à H. D. Thoreau et au divin W. H. Hudson, rien de moins ; tandis que le San Francisco Chronicle n'hésite pas à le considérer comme « un des plus grands écrivains américains de l'époque ». Mais il n'a pas le temps de jouir de cette « gloire » tardive — qu'il n'aura d'ailleurs pas pris le soin de beaucoup cultiver, depuis son exil équa
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
C'était pour ainsi dire la première fois de ma vie que je rencontrais des familles harmonieuses, et les voir fonctionner était comme d'assister à une chorégraphie complexe interprétée à la perfection par les Ballets russes- chacun à sa place, chacun exécutant avec grâce les évolutions requises...Voila que je rencontrais des groupes étendus de gens qui s'aimaient les uns les autres. Ce fut pour moi la plus confondante des découvertes..
Cette amère définition de la famille- groupe d'individus apparentés dominé par son membre le plus névrosé- m'avait toujours semblé parfaite. Et voilà qu'en l'espace de quelque jours ma haine de l'hypocrisie familiale se dissipa complètement: je découvris, en prenant douloureusement conscience de ma carence affective, que la cellule familiale était la base de la grandeur américaine et que, à l'instar de la théorie de l'évolution, elle conférait une profonde cohérence à certains aspects fondamentaux du monde. Et la plus stupéfiante révélation entre toutes: la cohésion du monde trouve ses racines dans la morale.

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C'est sans doute John Steinbeck qui popularisa l'idée que l'on pouvait grâce au Norden loger,d'une altitude de 18 000 pieds, une bombe dans un baril de cornichons. Peut-être notre désillusion regardant Mr Steinbeck prit-elle naissance quand, au terme d'approches parfaitement léchées, nous voyions la lueur de nos bombes d'exercice s'allumer à 1000 pieds du centre de la cible, ce qui nous montra que nous pouvions non seulement manquer le baril de cornichons, mais également l'usine où ces condiments étaient conditionnés. Ainsi que l'aire de stationnement entourant ladite usine, et la voie de chemin de fer qui la desservait, sans oublier la ville voisine où résidaient les dix mille employés qui s'échinaient à confectionner des barils de cornichons dans le cadre de l'effort de guerre. (Discutant entre nous du type de monument qui pourrait être élevé après les hostilités en l'honneur des bombardiers, nous décidâmes que l'édifice le plus approprié serait un énorme baril de cornichons d'un diamètre de sept cents pieds. A baptiser 'Mémorial Steinbeck".)
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Il est invariablement entre trois et quatre heures du matin, cette heure entre toutes où il est le plus pénible d'avoir à regarder la vie en face.
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Clarence Jones. Un gosse de la campagne, de la Caroline du Sud, qui parlait un anglais traînant, avec un accent méridional à couper au couteau, si bien qu'il passa des mois et des mois avant qu'un seul d'entre nous parvînt à le comprendre. Tout ce qui sortait de sa bouche était (je crois) destiné à faire rire ; il avait des plaisanteries cyniques, irrévérencieuses, vulgaires, d'un réalisme cru, qui cachaient un amour passionné de l'Amérique. Toujours sur le qui-vive, un côté effronté, les muscles longs et nerveux, il possédait cette vigilance particulière au chasseur et je ne laissais pas d'être stupéfait devant sa jugeote, car il était pragmatique et futé comme un gamin des rues de New York. Il était aussi sec et coriace qu'un vieux coq déplumé, avec des yeux d'un bleu délavé et une tignasse toute raide de cheveux blonds. A mes yeux, il était le modèle du jeune, bagarreur et pugnace, façonné à l'image des ces rebelles sudistes, avec leur visage aquilin et leur dévouement sublime à une cause perdue. Il avait dix-neuf ans. Jusqu'au moment où je le vis à demi nu et mourant, sa présence et son culot m'avait inspiré une image hypertrophiée de ce garçon ; mais ici, dans l'avion, la poitrine éclatée, je l'apercevais tel qu'il était : menu, atrocement vulnérable, tendre comme un petit enfant. Perdu.
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Notre première analyse nous conduisait à voir une simple confrontation avec les forces de la nature. En ayant recours à notre intelligence, nous étions persuadés d'en sortir vainqueurs. Nous aurions comme alliées la science et la technologie ; nous nous plongerions dans les manuels ; notre ferme jouerait le rôle d'un phare pour tous les fermiers de ce secteur d’Esméraldas qui, en voyant notre savoir-faire, comprendraient que sur cette terre féconde c'était entêtement que de demeurer pauvre. Un des gringos installés dans la région depuis longtemps me dit : « Si tu veux partir de l'Équateur avec une petite fortune, arrive d'abord avec une grosse… », et moi de rire. Car cette boutade ne me concernait pas. Je ne projetais pas de quitter ce pays et la richesse inévitable qui nous reviendrait ne serait qu'une des retombées de la lutte contre la jungle dans laquelle nous nous engagions corps et âme.
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- Je me rappelle combien nous étions heureux quand nous étions tous ensemble. Mon Dieu, la rivière, les animaux, les pirogues flottant au soleil. Combien nous étions heureux à la ferme, je ne peux pas l'oublier, c'était comme être au paradis.
Je ne réponds rien. Je sais que ce n'était pas comme être au paradis...Ce ne sont pas les aspects célestes du passé dont nous nous souvenons avec une telle intensité, une telle nostalgie, une telle angoisse; ce dont nous nous souvenons c'est d'une époque magique embellie, parce que, plus que d'habitude, nous nous sommes éveillés à l'expérience et, avec une sorte de grâce, nous sommes ouverts à la vie comme une fleur s'ouvre tournée vers le soleil.
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Il avait attrapé cette maladie fatale qui ne se répand que par le brassage de grosses quantités d'argent et qui, une fois contractée, détruit à jamais la joie de vivre. Car tel est le malheur de la richesse : l'avoir n'est pas une garantie de bonheur et lorsqu'elle n'est plus, on ne s'en remet jamais. La perte de ce qu'on a eu produit une tristesse qui n'est jamais adoucie par des sentiments de gratitude pour ce que l'on a encore -ses enfants, son compte en banque secret, les années à venir et avec elles la possibilité de se refaire. La cicatrice d'avoir tout perdu, ce sentiment creux d'exister à peine deviennent avec le temps une insécurité permanente, une vulnérabilité, une castration. Jusqu'à la fin de sa vie on ne connaît guère de jours où l'on ne se retrouve brutalement rabaissé par l'imparable prise de conscience de son propre dénuement face à des circonstances adverses.
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Toi et moi nous aurions eu une vie plus belle si j'avais été un chien.
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Je me suis figuré le passé comme un immeuble brillamment éclairé, mais où quelqu'un, dans les étages supérieurs a commencé d'éteindre les lumières.
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